Archives de catégorie : Expédition

Chine : Expédition « Shuanghe et Pingtang » 2018

Une nouvelle expédition chinoise en collaboration avec les karstologues de l’université du Guizhou (GIMR) a lieu du 9 mars au 1er avril.

Durant les deux premières semaines de l’expédition, l’équipe retournera sur le plus grand réseau de Chine, la Shuanghe, au centre de la province du Guizhou, pour continuer les explorations. Ce réseau dépasse aujourd’hui les 200 km, avec plus de 50 entrées. En parallèle, aura lieu un stage de formation pour les spéléos chinois.

Le tiankeng de Duiwodong, un amont probable du réseau de Shuanghedong, fera partie des objectif prioritaires

Dans la seconde partie de l’expédition, les spéléos retourneront sur le secteur de Pintgtang, au sud-est de Guiyang, pour continuer l’exploration des cavités de ce secteur.

A Pingtang, nous explorons un des bassins amonts du système karstique de Dajing, parmi les plus importantes sources karstiques au monde.

Participants : Carlos Placido (Mowgli), Éric Sanson, Jean Bottazzi, Amandine Dransart-Laborde, Christian Delaire, Marc Guillot, Jérôme Lippart, Carole Jalibert, Denis Langlois, Emmanuel Vitte, Marc Tremblay et Jessica Morin-Buote et Florence Guillot et nos collègues chinois.

Expédition en Serbie

Dear cavers,

We have a pleasure to invite you to take a part of caving expedition  »Suva planina 2018 » in Serbia, in period 9th – 19th August 2018, organized by Speleological Committee of Mountaineering Association of Serbia and Mountaineering Caving Club  »Dvig ». I am sending you a program of expedition and kindly request to inform your members about it.

Don’t hesitate to contact us for more information.

e-mail: nemanja84@hotmail.com

Kind regards!

 

Santorin 2017

Pays : Grèce

Région : Santorin

Club : GS Vulcain

Responsable : Bernard Lips

Participants : Bernard Lips, Josiane Lips avec Patrick Deriaz, Pierre Strinati (Société Spéléologique Suisse)

Dates : jeudi 19 octobre au jeudi 26 octobre 2017

C’est sur proposition de Patrick Deriaz et Pierre Strinati que nous prenons l’avion pour l’île de Santorin le 19 octobre 2017. Pierre, biospéologue de 89 ans, désire refaire un inventaire biospéologique des quelques petites cavités de cette île essentiellement volcanique. Patrick désire en faire les topographies précises.

Rappelons que l’explosion du volcan de Santorin, vers 1600 avant JC, a été une des plus grandes catastrophes de cette époque et a probablement été à l’origine du mythe de l’Atlandide. Actuellement l’île est une destination touristique très prisée. La majeure partie est volcanique mais un petit massif calcaire culmine à 537 m au sud de la petite ville de Kamari.

Le potentiel spéléologique de l’île est plus que modeste. Pierre connait cinq cavités, la plus longue développant 100 m. Il les a déjà visitées dans un but d’inventaire biologique il y a quelques années.

C’est du fait de la modestie de ces objectifs que nous n’avons pas fait de demande de parrainage. Finalement les résultats biospéologiques et même quelques résultats spéléologiques méritent ce résumé ainsi qu’un rapport qui sera publié dans l’Echo des Vulcains et envoyé à la CREI. Nous avons découvert trois cavités supplémentaires, toujours aussi modestes, augmentant ainsi de 60% l’inventaire de l’île qui compte donc maintenant 8 cavités :

* la grotte marine de Red Beach ne développe que 12 m et a été creusée par les vagues lors des tempêtes. La faune se résume à quelques araignées.

* la grotte Blanche (inédit) : il s’agit d’une fissure s’ouvrant en base de falaise de cendre volcanique très claire. L’entrée est visible à partir de « Red Beach ». La fissure, au sol légèrement remontant, se développe sur 18 m. Au mois d’octobre, cette grotte fonctionnait en piège à chaleur. Nous n’avons détecté la présence d’aucun animal vivant. La présence de restes de toiles d’araignées montre que le lieu doit être occupé dans d’autres saisons.

* La grotte de Zoodochos Pigi 1 (dév. : env. 86 m) : elle s’ouvre dans le principal massif calcaire de l’île. Elle renferme la seule source permanente de l’île et les seules petites formations stalagmitiques (gours). Elle est assez riche en faune terrestre (araignées, isopodes, coléoptères, lépidoptères…) et aquatiques (isopodes, planaires).

Cette grotte renferme même une espèce troglobie (isopode aquatique). Il est probable que les quelques animaux sous terre aient été les seuls survivants de l’explosion du volcan à l’époque.

* la grotte de Zoodochos Pigi 2 (dév. : env. 102 m) : située une vingtaine de mètres plus haut que la précédente, cette grotte fossile est la plus importante en développement de l’île. La faune est toujours constituée d’araignées, diptères, lépidoptères mais il faut signaler la présence de deux espèces de pseudoscorpions (déjà trouvés par Pierre il y a quelques années).

* la grotte de Kiria Panaghia 1 (dév. : 46 m) : cette grotte a été en partie élargie dans le temps pour en faire une léproserie (qui ressemble d’avantage à une prison pour lépreux). Nous avons topographié un réseau se développant au-delà de cet aménagement dans une section de gros blocs éboulés.

* la grotte de Kiria Panaghia 2 (dév. : 47 m) : cette grotte a été découverte par Pierre lors de son premier séjour. Il s’agit d’un court tronçon de tube de lave d’environ 5 m de diamètre. La faune se compose principalement d’araignées, de diptères et orthoptères.

Josiane et moi sommes restés deux jours de plus sur l’île, après le départ de Pierre et de Patrick. Le dernier jour, nous avons prospecté une falaise basaltique, front de la coulée de lave renfermant les deux grotte de Pina Panaghia et y avons découvert deux nouvelles cavités. Faute de matériel topo, nous n’en avons fait que des schémas.

* la grotte de Pelagos 1 (dév. : env. 20 m) : une petite entrée entre de gros blocs d’éboulement donne accès à une salle presque circulaire d’environ 10 m de diamètre. Présence d’une chauve-souris (Oreillard). Le reste de la faune se compose principalement d’araignées.

* la grotte de Pelagos 2 (dév. : env. 30 m) : une entrée confortable donne accès latéralement à un tronçon de tube de lave. La faune est légèrement plus pauvre que dans Pelagos 1.

Nous avons visité quelques autres porches qui n’étaient finalement que des abris sous roche de quelques mètres de profondeur.

Nous avons bien entendu profité de notre présence sur l’île pour admirer les superbes paysages, visiter les sites archéologiques ainsi que le volcan sur l’île centrale (présence d’une fissure d’une vingtaine de mètres de profondeur) et apprécier l’accueil de la population.

Expédition spéléologique dans la région de Chachapoyas (Pérou)

Remontée du puits d’entrée de la cueva de Pantoja (Photo : P. Bence)

Du 15/11 au 26/11/2017

 

Participants : Constance Picque, Xavier Robert (ECA/Vulcain), Jean Loup Guyot (ECA/GSBM), Pierre Bevengut (GSBM), Olivier Fabre, James Apaéstegui (ECA), Isabelle Marques, Philippe Bence (CASC), Carlos Amasifuen, Camille Guyot et Gwendal Pouliquen.

 

Les buts de l’expédition ECA-GSBM-Vulcain-CASC dans la région de Chachapoyas au Pérou étaient :

  • Effectuer du film dans les cavités archéologiques du karst de Luya (Cueva de Vaquin et Tragadero del Pastor Pedro)
  • Explorer les résurgences donnant source au rio Olia au sud du Massif de Soloco
  • Explorer les cavités repérées sur le karst de Granada
  • Repérer les accès et les objectifs potentiels sur les amonts du karst de Soloco pour une future expédition en camp

L’ensemble des objectifs a été atteint :

  • De nombreuses images ont été tournées sur le karst de Luya, avec en prime l’exploration et la topographie de la perte du rio Zuta (135 m / -8 m). Arrêt sur siphon ensablé.
  • La résurgence Colgada del Rio Olia a été explorée et topographiée en deux sorties sur 614 m ; +36 m. Arrêts sur trémies à fouiller. Nous avons aussi trouvé la résurgence principale du rio Olia, mais celle-ci sort dans des blocs, à proximité d’un village chachapoyas en ruines.
  • Sur Granada, nous avons exploré la cueva de Pantoja (22 m de topographie), au bord de la
    Résurgence d’Olia, bâtie par les Chachapoyas (Photo : X. Robert)

    piste, mais nous avons du stopper l’exploration à cause des immondices et de trémie de gros blocs instable et dangereuse. Nous avons continué l’exploration de la cueva de Lindero, où nous nous sommes arrêtés sur des escalades faciles mais nécessitant un matériel que nous n’avions pas lors de l’exploration (812 m, +42 m).

  • Nous avons bien trouvé une piste qui permet un accès plus aisé sur les amonts du système de Soloco, et y avons repéré plusieurs pertes intéressantes (arrêts sur puits et courant d’air). La zone est grande et semble prometteur…

Au total, nous rajoutons 1583 m de topographies à l’inventaire des cavités naturelles du Pérou.

Expédition spéléologique à Chypre

Du 5 au 16 novembre 2017

Base : Larnaca

Participants : Bernard Chirol, Bernard et Josiane Lips (Groupe Vulcain, Lyon, France) et Chantal Roux, accompagnatrice.

Personnes ressources locales : Haris Nicolaou et les Responsables du Géoparc du Troodos (République de Chypre), Salih Gücel et Inan Tasci, membres du Groupe de Kalavaç (Kalyvakia) en Chypre du Nord, ces derniers impliqués dans le projet européen spéléologique dans la Chaîne de Kyrénia.

Dimanche 5 : voyage en 4 h 30 au départ de Paris / prise de contact avec logement (studio) et ses problèmes + chambre d’Hôtel tout proche.

Lundi 6 : au Nord, prise de contact avec Mustapha, gardien de la grotte du Figuier (Incirli cave) pour observation faune, dépollution et remise ouvrage Chypre. Rencontre avec Salih Gücel à Nicosie en soirée, celui-ci partant en Estonie ne sera pas dispo cette fois-ci mais nous discutons du projet européen et de ma probable venue en janvier 2018 pour travailler sur l’histoire à nouveau.

Mardi 7 : Nouvelle visite au Thalassa Museum (Agia Napa) sur côte sud. Au cours d’une baignade, topo des grottes marines vers Spelei Arch. Ensuite, retour à Agios Ayerdogi et à la grotte marine vers l’arche, atteinte en libre : cette fois, 4 icônes ont été placées là. Visite mi-ratée à Pyrga pour voir la Royal Chapel franque des Lusignan, l’intérieur est inaccessible malgré des renseignements contraires.

Mercredi 8 : zone d’Incirli Cave, avec retour sur First day cave et cavités satellites situées en corniche au-dessus. Aucun nouveau coup d’œil aux porches dans le gypse épars sur le versant derrière la zone. Nous avons topographié 3 grottes. Là encore, le retour dans certaines grottes est motivé par la présence de la biologiste Josiane. Excellente journée avec un temps magnifique (durant tout le séjour) nous préservant de la boue des chemins. Cette année, nous aurons utilisé 3 postes frontières de Chypre, dont celui de Pergamos, bien pratique depuis Larnaca.

Jeudi 9 : Balade vers la Kyrenian Range avec observations d’arches et grottes non citées dans les visites précédentes vers Balalan (au Nord). Reconnaissance et bain jusqu’à la pointe de la péninsule de Karpas, que nous n’avions jamais parcourue : sublime. Le long de la route de Famagouste, nous observons des cavités avec curieux escalier en colimaçon qui demandera une explication. Nous ne manquons pas de rendre visite à l’église St Nicolas, transformée en mosquée, la journée, nous avions visité la forteresse de Kantara, véritable nid d’aigle des Lusignan.

Vendredi 10 : nous visitons deux cavités du Cap Pyla sur la côte sud mais ne trouvons pas « la grotte de l’Anglaise » sur le littoral. La grande grotte topographiée par les militaires anglais a bel et bien un prolongement nécessitant une désobstruction musclée (en zone de tirs d’artillerie !).

Samedi 11 : visite reprise du canyon d’Avagas, seulement approché en 2015. Très beau mais court. Tourisme toujours actif mais calme. Zone finale ébouleuse. Un parking est à proximité, il y a environ 200 m de belle gorge étroite qui se parcourt en moins de 2 h A-R.

Dimanche 12 : au Nord, visite en voiture + marche du gouffre montré par Inan et Fuat en 2015. Un équipement artisanal sommaire est en place, ce qui aide en l’absence de corde (nous avons emprunté une gaine de dépannage dans un garage !). La cavité est vite retrouvée et inspectée avec bonheur (faune) ainsi que topographiée. Nous visitons Saint Hilarion, autre forteresse des Lusignan parmi 3 célèbres. Discussion à Nicosie avec Inan (politique d’exploration sur l’île) avant de voir Haris qui nous confie enfin des cordes que nous n’utiliserons pas !

Lundi 13 : Belle excursion fructueuse au Cap Pyla, qui se révèle plus riche en cavités que ce que nous pensions. Nous trouvons et repointons comme à l’habitude les sites dont English girl cave ! 4 topos nouvelles. Dépôt et vente du livre sur Chypre à la librairie académique de Larnaca, très accueillante.

Mardi 14 : direction le Troodos mountains UNESCO Geopark (non parcouru en 2014-15). Accueil par Haris Nicolaou, son amie Olga Pavli et l’équipe de Klelia Vasiliou qui savent recevoir.

Visite de deux mines entrecoupée par montée véhiculée vers le sommet du mont Olympe, proche de 2000 m d’altitude. Nous sommes ici dans le cortège ophiolithique et nous avons pu entrer dans une mine perchée vers 1300 m désaffectée mais affectée par l’écroulement et l’eau (précieuse ici). Recherche initiale d’amiante et pour l’autre, plus basse, de Chromite de cuivre. Visite d’un hôpital abandonné suite au départ des mineurs (l’amiante est dangereuse !) pour observation faune dont chiroptères. Le petit musée d’accueil du géopark est très agréable et la projection géologique complexe en Français nous sort un peu (beaucoup) du karst.

Mercredi 15 : nous visitons le site magnifique de Latsi vers Polis où la présence d’une sea-cave me tracassait. Haris nous l’a pointée et nous la trouvons vite avant de la topographier. Nous revisitons la grotte transformée en sanctuaire monastique complexe en falaise pour St Néophyte, près de Paphos. Après recherches et prise d’info, ce n’est pas à Alaminos qu’il faut chercher de beaux rochers blancs à faire pâlir de jalousie Moby Dick mais à Alamanos, par St Georgios, ne pas monter et passer vers 2 restaus (entre Larnaca et Limassol). Le soleil couchant sur ces croupes immaculées est d’un effet mémorable. En soirée, fête locale à Larnaca où nous avons nos repères. Danse avec 14 verres empilés sur la tête pour quelques élus.

Jeudi 16 : retour sur Paris

Bilan : voir le CR de B. Lips et son diaporama. Cette nouvelle expédition me satisfait pleinement, de par sa richesse en observations biologiques, ses nouvelles cavités, pointées soigneusement, topographiées. Reste une réflexion à conduire sur l’avenir de la spéléo chypriote, se développant au nord (Europe-UIS), avec faible audience au Sud. Nous avons convenu avec Haris que la création d’une structure officielle au sud pourrait être utile. L’objectif coopératif est là. Reste à l’atteindre. Je reste sollicité pour l’histoire déjà écrite : mon premier livre spéléo sur Chypre publié en 2015 doit être reconnu malgré les divergences Sud/Nord et j’envisage dès janvier 2018 un partage de ma documentation avec les autorités locales, ayant postulé en 2015 pour être dans le projet européen.

Bernard Chirol  

Expédition Khaophutong Khaothakhanun

Explorations spéléos en Thaïlande – février-mars 2018

Suite à une reconnaissance en août 2017, dans la région de Kanchanabury, dans un but de recherches minéralogiques, nous avons observé des massifs karstifiés au sud-ouest de Thongphaphum.

Une rapide première reconnaissance a mis en évidence un potentiel de 400 à 800m de dénivellation avec des systèmes pertes – résurgences, pour des percées atteignant 14 km à vol d’oiseau, dans des terrains permiens. Nous avons décidé de monter un projet d’exploration de ces massifs (40 x 12 km) qui devrait durer plusieurs années.

Le camp de base – dans le Park national de Thong phaphum – sera situé à Ban Pilok, village à proximité de la frontiere Birmane, où nous disposons d’une maison.

Les explorations seront délicates du fait de l’isolement du massif : longues marches dans la jungle (gros dénivelés très raides et pas de pistes), donc bivouacs en forêt. L’aventure sera de la partie !

Objectif de l’expédition

Les personnes désireuses de se joindre au projet sont les bienvenues, notamment biologistes et archéos ! Le secteur est connu pour receler des vestiges très anciens (aux dires des braconniers thaïs) !

Le peu que nous avons déjà pu reconnaitre est énorme et laisse présager de belles découvertes spéléos !

Le premier groupe décolle  le 20 fevrier et rentre le 17 mars.

Plus d’infos sur :

www.khao-phu-thong-khao-tha-khanun

Canyon y Machete Colombie

L’expédition Canyon y Machete a pour objectif l’ouverture de canyons en Colombie. Une première expédition s’est tenue du 15 novembre 2016 au 4 avril 2017. Elle avait pour objectif de développer le canyonisme en Colombie sur différents plans : développement de la pratique du canyonisme, formation en canyonisme et prospections de nouvelles courses. A cette fin, un gros travail de terrain nous a permis d’étudier les régions les plus propices à l‘ouverture de canyons, entre lesquelles : Valle del Cauca, Risaralda, Quindio, Cundinamarca, Meta, Huila et Putumayo. Durant cette expédition nous avons descendus 29 canyons, dont 11 font partie de nos ouvertures. La moitié du pays étant occupée par des massifs montagneux, nous nous sommes rendu compte que le potentiel d’ouverture était aussi grand que notre envie de revenir explorer ces terres.

C’est pourquoi nous organisons rapidement une nouvelle expédition, du 31 octobre au 4 décembre 2017, à laquelle fait partie un troisième canyoneur confirmé : Michael BOUILLOUX. Notre expédition est avant tout une aventure Franco-colombienne. Grâce à notre travail de repérage et à nos nombreuses rencontres et amitiés, nous avons pu cibler sur trois points de chute : en priorité le Nariño. Situé dans le sud du pays, ce département nous avait fait rêver la fois précédente mais des pluies diluviennes nous avaient empêchés d’aller repérer. Pourtant, là où la Cordillère des Andes donne naissance aux trois chaines de montagnes : occidentale, centrale et orientale, le nombre de cascades est inquantifiable ! Une fois satisfaits de notre travail dans le Nariño (2 semaines), nous planifions de retrouver nos amis colombiens dans le département voisin du Putumayo (1 semaine). Enfin, nous avons prévu de constituer une dernière équipe franco-colombienne dans le département de l’Antioquia, à une vingtaine d’heures de bus vers le nord du pays (1 semaine).

Mais arrivés en Colombie, nous devons déjà trouver des solutions de repli, un plan B. Lorsque nous nous dirigeons vers le Sud du pays, par la seule voie desservant Pasto, capitale du Nariño, une révolte de populations indigènes barre la route, empêchant toute circulation vers ce secteur. C’est seulement arrivés à Cali, à presque mi-chemin, que nous apprenons cet évènement. Nous évoquons bien sûr la possibilité d’un transport aérien, en ayant conscience des frais qu’engendreront nos bagages sur un vol interne, mais au même moment une grève des pilotes condamne également cette possibilité.

Nous ne pouvons pas retourner notre itinéraire, car ni nos amis de l’Antioquia, ni nos amis du Putumayo ne sont prêts à nous recevoir si tôt. Il nous faut un plan B… Notre travail précédent nous permet de nous retourner rapidement, et dès le lendemain nous descendons les cascades de tuf de Chicala, dans le département du Tolima, que Jérôme, le 4ème membre de Canyon y Machete, avait ouvert en 2014. Le soir même nous faisons la rencontre de Sigifredo, l’acteur local du développement du canyoning, pour établir un plan d’attaque dans ce secteur improvisé. Sigifredo nous accueille avec toute la gentillesse et la générosité propre aux Colombiens, mais comme nous n’avions pas prévu d’aller dans le T

Canyon de Makuk , Narino

olima, notamment à cause de la météo pluvieuse actuelle, il a été difficile d’organiser des ouvertures : les canyons sont en crue, l’eau ruissèle sur toutes les pentes. Cela dit, nous sommes reconnaissants de ce changement d’itinéraire, qui nous a permis de découvrir l’incroyable vallée du Combeima. C’est la première fois que nous rencontrons, depuis notre découverte de la Colombie, une vallée si propice au développement du canyoning. En logeant dans cette vallée, on peut rayonner en étoile pour descendre les 16 canyons aujourd’hui ouverts. 16 canyons, et on en recense une centaine encore jamais descendus. Pendant que les indigènes barrent notre route, nous profitons de ce temps pour descendre les incontournables classiques de la vallée, non sans émotions car elles sont bien chargées en eau. Nous profitons ainsi des belles descentes de la Honda et de la Plata (partie inf.) tout en rêvant du moment opportun d’ouvrir leur partie supérieure. L’idée nous reste dans un coin de la tête de revenir à la fin du mois, si notre agenda nous le permet. Nous passons le reste de notre temps à marcher en montagne, à repérer de nouveaux projets d’ouverture, si alléchants qu’on peine à quitter cette belle vallée pour reprendre nos projets initiaux. La situation avec les « groupes indigènes » ne s’est pas débloqué, mais nous pouvons contourner le barrage en prenant une route secondaire : « le tremplin de la mort ». Cette longue piste sinueuse nous permet de contourner le blocage en nous faufilant dans la Cordillère des Andes, et en priant pour qu’un des nombreux éboulements de terrain dont souffre cette voie ne se produise pas lors de notre passage.

 

 

Avec ce contre temps, nous avons déjà « perdu » une précieuse semaine d’expédition, et nous savons d’ores-et-déjà que soit l’étape du Putumayo, soit l’étape de l’Antioquia devra être sacrifiée.

Nous sommes accueillis dans la ville d’altitude de Pasto (2250m) par notre ami Colombien Tarik, seul et unique canyoneur du département. Tarik est de bon conseil, il connaît très bien sa région. La fois précédente, de nombreux colombiens nous ont fait rêver en disant que les deux canyons les plus ludiques de la Colombie se trouvaient dans le Nariño. Makuk et Mozamorra ont sculptés des sauts et des toboggans dans une roche ressemblant au granite. Lorsque nous avons vu les images, nous n’avions plus aucune hésitation : c’est exactement le type de canyon que nous cherchons. Et c’est la raison pour laquelle nous sommes venus jusqu’ici. Nous allons donc prospecter dans la région du cañón de Juanambu. D’après nos recherches Google Earth, et les échos que nous avons de cette région, le secteur regorge de canyons.

Pourtant, quand nous arrivons, la première idée qui nous vient en tête est : « Dis donc, c’est vraiment aride par ici ».

Canyon du Barranco, Narino

Après s’être fait cette réflexion, nous passons trois jours à marcher dans la montagne pour vérifier nos projets. Malheureusement, la plupart des canyons potentiels que nous avons pointés sont soit inaccessibles, soient … secs ! Nous dévalons tout de même avec joie les toboggans du canyon de Makuk, l’icône du ludisme en canyoning. Nous ouvrons également deux courses : le canyon sauvage de Las Delicias, avec plusieurs cascades de 30m sculptées dans une belle roche, ainsi qu’une étonnante petite course taillée dans une veine de marbre : le San Pedro. Finalement ça sera tout pour ce secteur.

Nous décidons d’aller prospecter un peu plus loin, dans le secteur de La Cruz, où la cascade de Tajumbina nous fait bien envie. Haute d’une soixantaine de mètres, elle cache en amont une étroiture tout à fait séduisante. Lorsque nous atteignons enfin la convoitée, une pluie battante la met en crue en moins d’une demi-heure. La saison des pluies commence juste dans le Nariño, le moment n’est pas opportun pour ouvrir cet estrecho. Mais il nous laisse plus que rêveur, et il reste dans un coin de notre tête. Nous rebroussons donc chemin, en notant au passage une autre ouverture possible : le grande verticale de San Francisco (200m), précédée également d’un très bel encaissement. Mais nous choisissons de respecter notre agenda et de passer au secteur suivant. Au passage, nous faisons tout de même halte au village de San Pablo, pour ouvrir le canyon de San Pablo qui finit dans le village. Il nous tends les bras. En amont le canyon est taillé dans un joli petit encaissement, permettant quelques sauts et toboggans dans des petites vasques profondes. Puis, arrivés à la plus grande verticale (45m), nous perçons dans une sorte de grès, la roche est très friable, plusieurs goujons ne prennent pas. Nous jouissons toute la descente d’une vue surplombant San Pablo.

Nous arrivons au village sous l’œil ébahit des villageois qui s’accumulent autour de nous alors que nous nous changeons. L’un nous filme, l’autre nous invite à nous changer à l’intérieur, une dame nous offre le café. Dans cette région qui voit si peu d’étrangers, nous paraissons pour des extraterrestres. Et effectivement, cette région a été extrêmement isolée jusqu’à l’année dernière (2016), lorsque les Guérillas, qui sévissaient sans relâche dans la région, ont accepté de rendre leurs armes. Depuis un an seulement, les villageois vivent enfin en sereinement. Je ne peux m’empêcher de penser aux enfants, qui sont venus se prendre en photo avec nous, qui n’avaient encore jamais connu, cette situation de paix. Il y a un an, les villages étaient tellement enclavés que les habitants pouvaient parfois ne jamais en sortir. Ils avaient régulièrement un couvre-feu qui leurs imposait de rentrer chez eux avant 14h. Pourtant, en passant dans ces villages, loin de nous l’idée qu’ils auraient pu être en proie à ces guérillas, tellement nous avons ressenti la gentillesse et la générosité des habitants.

Canyon de Yambinoy, Narino

Avec ces deux futurs projets en tête, nous passons étudier le secteur prévu suivant : la Florida, située au Nord Ouest du volcan de las Galeras. Les deux canyons potentiels que nous visons, le Yambinoy et le Rio Barranco, sont nichés dans les encaissements des contreforts du volcan. Les accès sont relativement aisés, mais leur encaissement et leurs grands bassins versant augmentent sévèrement la notion d’engagement. Lors de nos repérages, nous notons un fort niveau d’eau qui nous laisse dubitatifs. Est-ce que ça passe ? Les chutes d’eau sont puissantes, les vasques sont blanches, et pourtant quelque chose nous dit que c’est bon. Après concertation, nous descendons avec joie l’enchainement du Yambinoy. Son geyser (30m), le rappel de la faille (30m) et le joli saut final de 6m sont les obstacles qui nous ont le plus marqué. A peine sortis, nous trépignons d’impatience pour descendre son voisin le Rio Barranco. Il est plus long, il compte 3 estrechos, et il a encore plus d’eau que le précédent. Que faire ? Nous passons une bonne journée à marcher, à repérer, à collecter le maximum d’informations possibles sur les cartes, dans le paysage, auprès des locaux. Après concertation, nous concluons que ce canyon mérite une ouverture sur au moins deux jours, et impose quelques impondérables côté logistique : bivouac, transport, mules. Nous décidons d’ouvrir le premier estrecho. C’est le seul qui nous permet de réchapper juste après. Nous ferons ainsi mieux connaissance avec le canyon. Le débit approche le mètre cube/seconde, l’estrecho est taillé dans un basalte très sombre. Cette première partie est très courte mais nous mettons quand même 2h pour l’ouvrir, en installant notamment une belle main-courante d’accès à la dernière cascade que nous avions repéré de loin, alors qu’elle jaillissait de l’estrecho en une belle queue de cheval. C’est sûr, il faudra revenir à la saison sèche. Ce canyon a un énorme potentiel, il nous laisse tous les trois rêveurs. Décidément, que de beaux projets repoussés à demain. Mais en venant en Colombie en novembre, nous savions que ce début de saison des pluies pouvait nous faire défaut.

Nous passons donc au 4ème et avant-dernier secteur d’exploration du Nariño : le plateau de Cimarrones, aride, aux canyons taillés dans un granite d’une blancheur pure, nous rappelant presque les belles érosions du Tessin, en Suisse. Le canyon du Rio Salado est un objectif qui tient beaucoup à l’équipe. Les vasques de granite, d’une couleur bleu turquoise, si rares en Colombie, nous mettent l’eau à la bouche. Nous prions pour que les conditions soient réunies pour cette ouverture. Le plateau est assez éloigné. Afin de mettre toutes les chances de notre côté, nous devons demander l’hospitalité à une ferme, située à proximité du canyon. Ce qui nous permettra de nous lever à l’aube le lendemain, et d’attaquer la descente. Le Rio Salado est très encaissé, l’absence de végétation aux alentours et en amont, l’aridité du sol, et la forte inclinaison des pentes, sont autant de facteurs propices à une crue éclair, ce qui serait fatal une fois dans ce canyon encaissé, long de 2500m. Une seule condition sine qua non à l’ouverture : une météo stable. Ce soir nous dormons dans la petite ferme près du canyon. Les propriétaires sont d’une générosité incroyable, ils nous ont accueillis et nourri sans rien attendre en retour, sans même comprendre pourquoi nous voulions tant descendre leur rivière. Il a fait un soleil radieux toute cette journée de repérage, pourvu que demain ce soit pareil.

Membres : Frédéric CHEVALIER, Michael BOUILLOUX, Anaïs BOULAY.

Voir site de l’expédition : https://www.canyonymachete.com/