Expédition biospéléologique au Maroc : focus sur les araignées

Cette expédition de biospéologie, du 14 au 26 mai 2025 fait suite à plusieurs stages de formation à la biologie souterraine (Tazekka, Agadir 2022), à une première expédition de biospéléologie en 2023 et à diverses autres missions ou expéditions. L’ensemble de ces actions a impliqué Soumia, qui a ainsi été accompagnée dans son travail de thèse sur la faune souterraine du Maroc, thèse qu’elle a soutenue avec succès en 2023 et qui vient d’obtenir un poste d’enseignante-chercheuse à Oujda dans le nord-est du Maroc.

Sylvain Lecigne est spécialiste des araignées et assume le travail de détermination des espèces récoltées, soit dans le domaine souterrain, soit sur des sites extérieurs. Il a participé à l’expédition « Biospéléologie au Maroc 2023 » ainsi qu’au camp d’exploration RIF 2024. Il a ainsi pu publier une note de 184 pages, décrivant notamment 24 nouvelles espèces d’araignées pour la Science et 51 autres espèces nouvelles pour le pays. Cette publication montre que la connaissance de la biodiversité des araignées reste très embryonnaire au Maroc. De nombreuses espèces restent à découvrir et pour d’autres espèces, seul un sexe est connu  et il faut donc trouver le second pour le décrire.

L’expédition s’est déroulée dans 4 zones karstiques

* Le massif du Tazekka, au sud de Taza, correspond à la partie nord du Moyen Atlas. Hébergés dans le gîte de Daya Chiker, nous y avons visité en 5 jours sur le terrain, 8 cavités, souvent de développement assez modeste (ghar Bouslama, ghar Izoura, mine de plomb de Bab Boudir, ghar Bab M’Tik, ghar Bouym 1, ghar Bouym 2, ghar Sidi M’Jber, grotte ou Trou de la Piste).

Amine Lasri, un spéléologue marocain nous a accompagné dans cette partie de l’expédition. Nous avons profité de ces visites pour lever des topographies ou faire des schémas assez précis de 5 cavités pour lesquelles n’existaient aucun plan ni schéma (ghar Bab M’Tik, ghar Bouym 1, ghar Bouym 2, ghar Sidi M’Jber, Trou de la Piste).

* Ghar el Kef est une cavité importante du Maroc mais très isolé, au nord de Taza, donc dans la chaîne de l’atlas tellien. Il s’agit d’une traversée d’environ un kilomètre, sans difficulté technique. Nous l’avons visité en inventoriant la faune le 21 mai en faisant un large crochet sur la route de Taza à Oujda. 

* Le massif des Béni Snassen, dernier massif marocain à l’est de l’atlas tellien. Hébergés chez Soumia à Oujda, nous y avons visité deux cavités (ghar Jleda, que nous avons partiellement topographié, et Ifri Ntafaghi).

* Enfin, un archéologue de l’université d’Oujda nous a proposé de visiter une cavité d’intérêt archéologique, ghar Guenfouda, à une trentaine de kilomètres au sud d’Oujda. Cette cavité, très sèche, s’est révélée pauvre en faune mais se situe dans une zone non citée dans l’inventaire des cavités marocaines et qui est probablement riche d’autres cavités.

12 cavités inventoriées

Ce sont en définitive 12 cavités qui ont été inventoriées sans compter une petite cavité trouvée en bord de route dont nous avons simplement fait un schéma.

Dans ces quatre zones, le but principal était la recherche d’araignées, qui seront étudiées par Sylvain, mais également de l’ensemble de la faune souterraine (essentiellement étudiée par Soumia, mise à part les coléoptères pour lesquels j’essayerai de trouver des spécialistes en France).

Tout comme en 2023, nous avons également recherché des araignées sur une douzaine de sites extérieurs. Nul doute que cette expédition permettra encore de mettre en évidence de nouvelles espèces d’araignées et de toute manière de fournir des informations sur la répartition, la phénologie et l’écologie des diverses espèces échantillonnées.

L’équipe

Participants fédérés à la FFS : Bernard Lips, Josiane Lips, Jean-Philippe Dégletagne

Autres participants : Sylvain Lecigne (spécialiste des araignées) et Soumia Moutaouakil (enseignante – chercheuse marocaine en biospéologie), Mohammed Amine Lasri (spéléologue marocain)