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Expédition Mbanza-Ngungu 2024 (République Démocratique du Congo)

Participants FFS : Bernard Lips, Josiane Lips, Jean-Philippe Dégletagne

Autres participants : Pascale Lahogue (Belgique), Michael Laumanns (Allemagne), Giuseppe Spitaleri (Italie), Nadège Ngala Ntambwe (RDC) et Nicy Bazebizonza (RC)

Entre le 10 et le 24 juillet 2024 l’expédition Mbanza-Ngungu 2024 a regroupé 3 spéléologues français (Josiane et Bernard Lips, Jean-Philippe Dégletagne), 1 allemand et 1 italien ainsi que des participants belges et congolais (Congo Kinshasa et Congo Brazzaville).  

Les travaux d’exploration s’intègrent dans le projet Géo-Ressources pour le Développement (GeoRes4Dev) du Musée de l’Afrique Centrale à Tervuren (Belgique). Ce projet vise à amener les étudiants en géologie de Brazzaville et de Kinshasa à un diplôme universitaire (DEA ou thèse) portant sur des recherches liées au karst, y compris la documentation des grottes.

L’équipe franco-italo-allemande de 5 spéléologues était budgétairement autonome, les autres participants étant financés par le projet GeoRes4Dev.

Cette nouvelle expédition fait suite à celle menée en 2023 et qui avait permis de topographier une dizaine de kilomètres de galeries dans 12 cavités. La surprise majeure de l’expédition de 2023 avait été la découverte de la grotte Ngungi, à l’ouest du village de Langa, topographié sur 2,1 km. L’arrêt des explorations 2023 ne se situait qu’à environ 600 m à vol d’oiseau de l’extrémité amont de la grotte de Ngovo.

Le principal objectif, cette année, était donc de tenter la jonction entre ces deux cavités. Une première sortie dans les amonts de la grotte de Ngovo a permis de retrouver l’amont de la rivière dans un méandre de même style que celui de la grotte de Ngungi et d’avancer de plus de 300 m.

Le lendemain deux équipes sont entrées respectivement dans la grotte de Ngungi et dans la grotte de Ngovo. C’est cette dernière équipe qui rejoint en premier, après 833 m de topographie, le cairn mis en place l’année dernière. L’équipe en provenance de la grotte de Ngungi arrive peu après. Deux autres sorties dans la grotte de Ngovo permettent de compléter la topographie. Nous avons ajouté en 4 sorties 2487 m. Finalement le réseau complet développe 9522 m, occupant ainsi la 13ème place par le développement des cavités africaines (et la 6ème place en excluant les cavités de Madagascar). La traversée directe entre la grotte de Ngungi et la grotte de Ngovo nécessite un cheminement de plus de 4 km et semble donc la traversée la plus longue du continent africain. A signaler que la résurgence du réseau n’est pas connue. Plusieurs sources peuvent correspondre mais il faudra faire des colorations.

Nous avons également retopographié la grotte de Ndimba, topographiée par Yves Quinif en 1984 mais dont les mesures étaient perdues. La cavité développe finalement 2130 m. Pendant notre séjour, une expédition archéologique franco-belge a consacré plusieurs jours à la grotte de Ndimba pour effectuer un sondage dans la zone d’entrée et pour étudier le remplissage de cette cavité. Cette expédition nous a également accompagnés dans la grotte de Ngovo.

Les villageois nous ont indiqué deux cavités, une perte et une résurgence, à proximité de la grotte de Ndimba. Des passages aquatiques et souvent étroits nous ont permis de jonctionner ces deux entrées, mettant en évidence une traversée de 500 m (grotte de Ntadi Masa, développement 566 m).

Deux journées ont été consacrées à la grotte de Nkieza, partiellement retopographiée l’année dernière. Nous avons trouvé une suite en aval et surtout une nouvelle petite entrée à proximité d’une petite résurgence dont l’eau se reperd directement sous terre. Cette découverte permet une autre traversée et surtout un accès plus rapide vers l’aval. L’exploration en aval a malheureusement été arrêtée trop rapidement pas un petit siphon. Nous avons ajouté 345 m portant le développement total à 1135 m. Une galerie fossile, certainement plus intéressante que l’actif, méritera probablement un essai de désobstruction. La résurgence de Nkieza ainsi que celle de la rivière parallèle, plus importante, de la grotte de Nkikolo ne sont actuellement pas connues. Il est d’ailleurs possible que les deux rivières se rejoignent sous terre.

Enfin une journée a été consacrée aux grottes de Ndundu, d’une part pour poursuivre l’étude lithographique de la grotte de Ndundu 1 et d’autre part pour explorer et topographier la grotte de Ndundu 3, récemment signalée par les villageois (développement 89 m).

L’inventaire de la faune souterraine, concernant principalement les invertébrés, a également été poursuivi dans les diverses cavités visitées.

Au total l’expédition ramène 5,74 km de topographie dont environ la moitié en première.  Elle a surtout mis en évidence trois nouvelles traversées. Nous avons passé 10 jours à Mbanza-Ngungu dont 9 jours en exploration spéléologique.

Il reste de nombreux points d’interrogation dans la zone pour comprendre le fonctionnement hydrologique et de nombreuses cavités, plus ou moins importantes, à explorer ou à retopographier.

Un problème logistique important concerne l’état des pistes. Le moindre déplacement prend beaucoup de temps (1 h pour parcourir en véhicule 4×4 les 12 km qui séparent notre lieu de résidence à Mbanza-Ngungu du village de Langa où s’ouvrent les grottes de Ngovo et de Ngungi.

Il faut également prévoir chaque jour, ce qui est habituel dans beaucoup de pays africains, un temps de négociations et de palabres dans chaque village pour obtenir les autorisations d’entrée dans les cavités.

Ce sont inversement ces moments de discussion qui permettent d’avoir des informations sur d’éventuelles nouvelles cavités.     

Köýtendag 2024 – seconde expédition spéléologique au Turkménistan

Agrément FFS 1 / 2024

Pays : Turkménistan

Région : Lébap, massif de Köýtendag

Du 8 avril au 2 mai 2024

Nombre de participants : 17 membres fédérés

Clubs : Individuels (Hérault), Club Spéléo Vulcain (Rhône), Alpina Millau (Aveyron), Gruissan Prospection Spéléologie (Aude), Clan des Tritons (Rhône), CRESPE (Alpes-Maritimes), Spéléo club Argilon (Saône-et-Loire), Società Speleologica Italiana (Italie), Slovak Speleological Society – Speleoklub Badizér, Ardovo (Slovaquie), SGCAF, Spéléos Grenoblois du Club Alpin Français (Isère), FJS, Furets Jaunes de Seyssins (Isère).

Responsable : Jean-Pierre Gruat.

Après une expédition de reconnaissance du 6 au 22 mai 2023, par une équipe de 10 spéléos, en 2024 ce sont 17 spéléos issus de plusieurs clubs français, italien et slovaque en partance pour le massif du Köýtendag.

Pour visualiser le compte-rendu 2023 et les documents annexes (cliquer sur cette phrase)

Pour 2024 ce sera une équipe pluridisciplinaire plus importante pour cette deuxième expédition au Köytendag, du 8 avril au 2 mai 2024 (il y aura quelques défections de dernière minute, notamment notre vidéaste Daniel Penez). Dix-sept personnes participent : Philippe Audra, karstologue, Université Côte d’Azur, Jo De Waele et Lionel Barriquand, spécialisés en géologie et karstologie, Josiane Lips et Jozef Grego, spécialisés en biospéléologie, Jean-Paul Héreil, Bernard Lips, Xavier Robert et Alexandre Pont pour la topographie, Gaël Cazes pour la topographie 3D par photogrammétrie, Jean-Marie Briffon, Claire Falgayrac, Jean-Philippe Grandcolas, Jean-Pierre Gruat et Freddo Poggia pour l’exploration et la prospection, Annie Guiraud et Philippe Crochet en charge de la couverture photographique.

Les objectifs sont multiples : photographie, topographie de l’existant, karstologie, biospéléologie, prélèvements et documentation, prospection et explorations nouvelles.

– 12 cavités sont visitées à plusieurs reprises et topographiées : certains jours, 5 équipes de 2 à 3 personnes ont réalisé de la topographie (8571 stations topographiques, 18,7 km de réseau topographié, profondeur maximum atteinte – 157 m).

Les principales cavités reprises et topographiées partiellement ou complètement :

Geophyzicheskaya

Tush-Yurruck

Kaptharana

Promeszutochnaya 

Hushm-Oyeek

Kutuzov cave ou grotte du Lac

Verticalnaya

Cupp-Coutunn

Malgré des « contraintes administratives » importantes, la zone se trouve sur une zone militaire, proche de la frontière ouzbèke, un temps journalier sur le terrain limité à 8 h maximum, il peut être envisagé de programmer une 3ème expédition en 2025 ou 2026, en envisageant d’explorer une autre zone en dehors de la zone militaire, toutefois la proximité de la frontière ne nous libère pas de toutes les contraintes. Cette année nous avons bénéficié de visas gratuits (119 dollars par personne en 2023), par contre comme en 2023, nous n’avons pas échappé au test PCR (29 dollars par personne en 2024) !

– Le 1er jour de l’arrivée à Ashgabat, avant de prendre le train pour Kerki, Philippe Audra, Lionel Barriquand, Gaël Cazes et Jean-Pierre Gruat, sont reçus par Mme Shirin Karryyeva, Mme Tatjana Rosen, M. Jumamyrat Saparmuradov et d’autres personnes. Ces personnes travaillent dans le cadre du projet CEPF/CLLC du Turkménistan (CEPF : Critical Ecosystem Partnership Fund et CLLC : Center for Large Landscape Conservation).

Ils souhaitaient échanger avec nous sur les objectifs de notre expédition, ils manquent d’informations sur la géologie et le karst du Koytendag et nous pouvons leur apporter certains éléments en ce domaine.

En parallèle, une autre partie de notre équipe (Jozef Grego, Josiane Lips et Jo De Waele) est reçue au Ministère de l’Environnement pour évoquer les autorisations nécessaires de prélèvement et d’exportation en biospéléologie (invertébrés) et en géologie (petits échantillons de pierre).

– Arrivée le 10 avril sur place au Koytendag, malgré quelques petits problèmes administratifs le 1er jour pour accéder aux grottes situées en zone militaire, nous avons pu réaliser les objectifs scientifiques, topographiques et photographiques durant l’ensemble du séjour. Seule, la prospection du massif n’a pas donné les résultats escomptés, puisqu’aucune nouvelle cavité majeure n’a été découverte, malgré l’exploration de porches difficiles d’accès dans certains canyons. Le massif est vaste et la prospection est difficile avec les nombreux et profonds canyons qui le découpent.

– Les scientifiques en karstologie, en géologie, biocorrosion ont pris des mesures de températures d’air et d’eau, des échantillons d’eau des sources et des lacs, relevé les failles et fractures, les emplacements de différents minéraux et concrétionnements.

Ils vont analyser tous ces éléments en laboratoire pour expliquer la formation de ces cavités, leur évolution et la présence des différents minéraux. Philippe Audra a aussi déposé un pluviomètre performant à basse altitude (maison de la réserve naturelle) et un autre à plus haute altitude (fond de la vallée). Tous les mois, M. Shaniyaz Mengliev, Directeur scientifique de la réserve du Koytendag relèvera l’eau, et plus tard, les isotopes seront étudiés.

– Une grande partie de la grotte de Geophysicalskaya a été relevée par photogrammétrie en 3D en collectant plus de 50 000 images superposées.

– L’équipe photographique s’est concentrée principalement sur deux cavités, Geophysicheskaya et Hushm-Oyeek. La présence de gypse en quantité en fait l’intérêt principal, Hushm-Oyeek , connue depuis plus longtemps, a été fortement endommagée alors que Geophysicheskaya, découverte plus tard, est relativement bien préservée. Cette dernière a été couverte photographiquement, elle est exceptionnelle : profusion de gypse sous toutes ses formes (chandeliers, stalagmites géantes creuses, aiguilles, fleurs, crosses, croûtes…), aragonite, vastes galeries aux plafonds rouges, immenses draperies colorées, un véritable festival pour les yeux tout autant qu’un concentré de phénomènes géologiques.

– Les scientifiques en biospéléologie ont fait beaucoup de prélèvements d’invertébrés dans les grottes et les sources. C’est un beau complément aux découvertes de l’an passé publiées dans le rapport 2023. Le tout est en cours de classification, d’analyse …

Des espèces nouvelles semblent avoir été relevées. Les scientifiques en biospéléologie – qui sont rentrés au bout de 15 jours passés au Turkménistan – ont délivré les premières informations sur leur découverte :

« Pour l’instant nous avons environ 3-6 candidats pour de nouvelles espèces de mollusques souterrains et de source. Les mollusques de surface nous ont également réservé quelques surprises, car dans deux cas, la famille de mollusques la plus proche se trouve à environ 500 km à l’ouest du Köytendag, et il est probable que ces données éloignées représentent également de nouvelles espèces. »

Jozef Grego rédigera prochainement un rapport préliminaire avec des photos.

Toutes ces études demandent beaucoup de temps et les éléments définitifs seront dans le rapport final de l’expédition.

– La prospection : des équipes légères (3 ou 4 personnes) ont parcouru certains secteurs du massif à la recherche de nouvelles cavités, sans résultat. De même, 2 équipes ont descendu des falaises pour atteindre des porches repérés en 2023 dans les canyons, ces porches se sont révélés être des baumes sans suite. Quelques escalades ont été tentées, sans résultat.

Toutefois, les hauts plateaux d’altitude à plus de 2000 mètres n’ont pas été parcourus, l’approche de la frontière ouzbèke nous étant interdite par les autorités turkmènes et un bivouac en altitude aurait été nécessaire. Cette zone reste à étudier dans les prochaines expéditions.

* Geophysicalskaya est absolument à protéger et à préserver de toute dégradation (et d’autres cavités du secteur), elle a des particularités rares et une beauté exceptionnelle avec des formations de gypse unique en splendeur et densité.

* Pour réaliser de nouvelles expéditions, il est nécessaire de trouver des financements, pour réaliser un travail scientifique, les études en laboratoire des résultats exigent aussi un apport financier important.

* Le nombre de photos ramenées de cette expédition 2024 permet de réaliser une publication sur les grottes du Köytendag, reste là aussi à trouver un financement.

Pour consulter la sélection des photos de Philippe Crochet (cliquer sur cette phrase)

Une équipe pluridisciplinaire pour l’expédition 2024 :

AUDRA Philippe, Docteur en géographie physique, karstologue, directeur du Département Hydroinformatique et ingénierie de l’eau et du Master hydroprotech, Université Côte d’Azur. CRESPE (Alpes-Maritimes).

BARRIQUAND Lionel, chimiste, doctorant Université Savoie-Mont-Blanc, Laboratoire EDYTEM de Dynamique des Environnements et Territoires de Montagne. Spéléo club Argilon (Saône-et-Loire).

BRIFFON Jean-Marie, spéléologue, médecin. Gruissan Prospection Spéléologie (Aude).

CAZES Gaël, Expert chez CENOTE Sarl, doctorant Université de Montpellier, Géosciences Montpellier. Individuel (Hérault).

CROCHET Philippe, hydrogéologue et photographe spéléologue. Individuel (Hérault).

DE WAELE Jo, Doctorat en prospection minière, Professeur en géographie physique et géomorphologie Université de Bologne. Società Speleologica Italiana (Italie).

FALGAYRAC Claire, spéléologue. Gruissan Prospection Spéléologie (Aude).

GRANDCOLAS Jean-Philippe, spéléologue. Clan des Tritons (Rhône).

GREGO Jozef, Doctorat diversité mondiale des gastéropodes stygobiotioc, diversité mondiale des Clausilidiae, chercheur indépendant, SubBio Lab Ljubljana University, Slovak Speleological Society – Speleoklub Badizér, Ardovo (Slovaquie).

GRUAT Jean-Pierre, responsable d’expédition, spéléologue. Alpina Millau (Aveyron).

GUIRAUD Annie, spéléologue, assistante-photographe. Individuelle (Hérault).

HEREIL Jean-Paul, spéléologue. SGCAF, Spéléos Grenoblois du Club Alpin Français (Isère).

LIPS Bernard, bio-spéléologue. Club Spéléo Vulcain (Rhône).

LIPS Josiane, bio-spéléologue. Club Spéléo Vulcain (Rhône).

POGGIA Frédéric, spéléonaute. FJS, Furets Jaunes de Seyssins (Isère).

PONT Alex, spéléologue. Clan des Tritons (Rhône).

ROBERT Xavier, Doctorat en Thermochronologie, Chargé de Recherche (CRCN) IRD, Thermochronologie, tectonique, géomorphologie, géologie de terrain, ISTERRE – Université Grenoble Alpes. Club Spéléo Vulcain (Rhône).

Le Turkménistan possède un patrimoine exceptionnel, caché au sein d’un magnifique massif montagneux : le Koytendag.

https://tm.ambafrance.org/Le-Turkmenistan-possede-un-patrimoine-exceptionnel-cache-au-sein-d-un

Un bel article paraitra dans le Spelunca de l’automne 2024, suivi d’une publication et du compte-rendu complet de cette expédition 2024.

Remerciements à la FFS/CREI pour son parrainage, à L’Enseigne Peinte, Chatou, Yvelines (gérant : Thierry Flon, membre FFS du Clan des Tritons) pour la conception et la fabrication gracieuse de l’autocollant Koytendag 2024.

Jean-Philippe GRANDCOLAS & Jean-Pierre GRUAT, juillet 2024.

Expédition Khaophuthong Khaothakhanun 3

A l’instar des précédentes, l’objectif de cette expédition, est de poursuivre l’exploration du karst, dans la région de Kanchanaburi .Cette région située à 200.00km au Nord de Bangkok est drainée principalement par la Mae Nam Kwae Noi, qui entaille sur quelques centaines de kilomètres des massifs calcaires datant du Permo-Carbonifère, qui présentent une puissance moyenne de 700m.

L’équipe du Spéléo club de Caniac du Causse(S3C Sunanta Losuwan, Alexis Rateau, Didier Rateau), renforcée de Christophe Rognon, et Gérald Jouillerot, tous deux du Département du Doubs, va privilégier les raids en équipes légères, avec bivouacs sommaires. Sur les bases acquises , l’études des données géologiques, et photographies aériennes, une partie de la team positionne au préalable, les résurgences jalonnant la rivière Kwae sur une centaine de km en pirogues.

Autorisations en kit, obtenues auprès des différentes instances administratives , et propriétaires nous entrons dans la jungle .Sur Ban pilok, nous reprenons l’exploration de Tham Nam Pya Seaw, sur plus de 600m, et stoppons par manque de temps et matériel sur une dernière cascade de 18m.

Sur Khao Phu Thong, seul avec mes fidèles compagnons Karens Pida et Khao nous passons une semaine sur le massif après deux jours de crapahut hors-piste, explorons une partie du réseau Tham Nam Phi qui s’enfonce de plusieurs kilomètres sous la montagne, nous stoppons par manque de matériel à 3650m de l’entrée principale .Le Co²   et un orage auront raison de notre optimisme !

Tham Chai Boy (vu en 2018)qui est une entrée en aval du réseau, présente un débit moins important et le co² deviens acceptable a 3.2% nous permet d’espérer de shunter la portion pénible l’ exploration est stoppée par manque de matériel, et je suis seul avec deux Karens.

Tham Haob Krajok, la résurgence probable du système est plongée en reconnaissance par Christophe Rognon, avec du matériel bidouillé in situ vue a -20m plonge vers le sud dans le pendage et continue étroit et boueux.

Sur Erawan, nous prolongeons de quelques centaines de mètres Tham Nam Tok , le Co² encore une fois aura raison de nous, ce qui porte le développement à 1260métres.

Parfois quatre parfois deux, la progression en équipes légère nous a permis de prospecter un grand périmètre , mais a limité les possibilités de grandes explorations .Le courage, et la volonté ne suffisent pas à oublier le poids des sacs dans une jungle humide , hors des pistes connues.

Ban Bong ti Noi, ce nom inconnu, est devenu un objectif, invités par les villageois, nous avons exploré, découvert et redécouvert des sites ornés de peintures et gravures peu étudiés, ainsi que nombre de cavités .Les villageois nous invitent en 2020 à poursuivre les recherches.

En cours d’expédition nous allons rendre visite à Thierry Tournier , sur Lamphun, reconnaitre et explorer Tham Chian Dao (5170 m) ce qui donnera lieu à un compte rendu comique, nous explorons quelques cavités, dont une prometteuse, étant seul à descendre les puits , je me limite à quelques dizaines de mètres Thierry n’ayant aucun matériel.

A cette occasion nous nous retrouvons face à une découverte du corps d’un moine dans Tham To Nam dans une galerie que Thierry n’avait pas explorée, cette rencontre inattendue avec l’au-delà, nous entrainera dans une histoire formidable.

Les perspectives d’avenir sont très encourageantes , et nous préparons déjà l’éxpé de 2020.

Nous clôturons cette expédition par un passage a la grotte de Tham Luang , rendue célèbre par suite de la disparition des adolescents, bloqués plus de 10 jours par une crue !

Ainsi après trois mois formidables, nous clôturons a Bangkok cette expédition avec le professeur Chaiporn Siripornpibul, en charge de l’inventaire des cavités en thailande, nous le mettons en contact avec Thierry Tournier.

Merci à nos partenaires Aventure verticale, Petzl, Scurion, Rodcle. et bien sûr à la CREI pour les infos diverses principalement pour les conseils en dessin et reports topo.

Didier Rateau

www.khaophuthong-khaothakhanun.com

Phouhin Namno 2020

Du 25 février au 28 mars 2020, une équipe de l’EEGC – Étude & Exploration des Gouffres & Carrières – a poursuivi le travail engagé depuis 2002 dans les secteurs de Vang Vieng et Kasi au Laos. Les neuf membres de l’expédition Phouhin Namno 2020 : Ilian Robin, Leny Plumey, Thomas Marguet, Ludovic Guérault, Francois Lallier, Manon Perrin, Houari Kherbane, Guillaume Lapie et Marina Ferrand; ont poursuivi les explorations du système karstique de la Nam Fuang ainsi que le massif de Pha To (Pha Koi et Pha Lay) dans la région de Kasi.

Tham Loynam – Photo Francois Lallier

Sur le Pha Lay, la topographie de Tham Pha To 4 (découverte en 2019) a été poursuivie et s’achève sur un siphon. Quatre nouvelles cavités ont été découvertes et ont commencé à être explorées: Tham Lom (topo 305m), Tham Pha Hony, Tham Pha Hok ainsi qu’une petite cavité en pied de massif: Tham Pha To 8. Des observations biospéléologiques ont été faites dans Tham Pha (Tham Pha To 2) pour compléter celles de 2019, en vue de décrire une nouvelle espèce de coléoptère stygobie. Au pied du Pha Koy, une petite cavité, Tham Nam O (topo. 122m), a été découverte au niveau d’une résurgence qui alimente la Nam Kham en saison sèche.

Une nouvelle piste minière depuis Ban Houaytangnaï a facilité l’accès à l’extrême sud de la vallée centrale et a permis à une équipe d’atteindre la perte de la Nam Fuang dans Tham Pha Ka (topo. 920m). La topographique de cette cavité, engagée par l’EEGC à partir de la résurgence (2014, 2016 et 2019) a donc été poursuivie par un autre front mais la jonction avec la partie sud du réseau n’a pas été achevée et sera dans les objectifs à la prochaine expédition. Plusieurs suites fossiles ont été identifiées et notamment une grande galerie remontant vers le nord au delà de la perte actuelle. Dans le même secteur, un porche repéré sur image satellite s’est avéré être une nouvelle grotte qui a été explorée : Tham Thom (topo. 755m).

Tham Pha Yem – salle R2D2, photo Francois Lallier

Une autre partie de l’expédition s’est concentrée sur la vallée centrale du système de la Nam Fuang, qui a permis d’avancer sur l’exploration de Tham Pha Yem par la résurgence, notamment avec la découverte de nouvelles galeries fossiles supérieures grâce à des escalades souterraines. Ces parties nous ont permis d’atteindre le point le plus haut de la grotte (+210m au dessus du niveau de la rivière à la perte). Ce nouveau terminus pourrait donner une traversée en perspective, étant donné la présence de feuilles mortes et de graines germées trouvées sur le sol de la salle R2D2. Nous n’avons pas vu la lumière du jour, mais une traînée sombre le long du mur de la grande salle pourrait faire espérer une arrivée d’eau par le plafond de la salle. À noter que cette année était particulièrement sèche, et que la rivière souterraine dans Tham Pha Yem ne coulait pas, et la présence d’eau discontinue permettait de progresser dans le lit sec (boueux) de la rivière. Seul le siphon terminal n’avait pas l’air d’être affecté par cet épisode de sécheresse.

La perte du deuxième verrou souterrain de la Nam Fuang, Tham Loynam, a été explorée et topographiée jusqu’à être traversée par un fossile au dessus de la résurgence (50m d’altitude au dessus). La rivière Nam Fuang avait beaucoup plus de débit ici que dans Tham Pha Yem, et cette rivière provenait de la “résurgence de la pelleteuse” (NFR1-2). Nous n’avons pas eu le temps de topographier cette résurgence, mais elle donne l’impression d’être le principal bras actif de la Nam Fuang, tandis que Tham Pha Yem semble être un actif temporaire secondaire qui fonctionne par trop plein.

Enfin plusieurs tentatives ont été menées pour atteindre le gouffre Go Tham, dans le piton au nord de la vallée centrale et à l’est de la jonction de la vallée nord/centrale, mais sans réussir à l’atteindre à cause de la densité de végétation et du dénivelé trop important. Malgré tout, après avoir échangé un peu avec des chasseurs, il doit exister un chemin tracé, à chercher à la prochaine expédition. Néanmoins ces tentatives ont quand même permi de trouver quelques cavités en chemin, Tham Kob une résurgence temporaire (siphonnant rapidement), et une résurgence dans le canyon de Nam Yunan (nom donné par un chasseur) de type vauclusienne de 40m de profondeur sur pente argileuse encombrée de tronc d’arbre avec une vasque profonde en bas et aucune suite sèche.

Les mesures topographiques ont été faites à l’aide de DistoX1 et DistoX2 couplés à des terminaux Android équipés du logiciel TopoDroid. Le traitement des données, leur assemblage et la cartographie des grottes explorées sont toujours en cours. Nous utilisons le logiciel allemand CaveRenderPro pour traiter les résultats de cette expédition.

Nous avons topographié environ 6 800 mètres en cumulé et ajouté neuf nouvelles grottes à la liste des cavités répertoriées par nos expéditions précédentes.

L’ensemble de nos rapports d’expédition sont publiés sur https://eegc.org/.

PHOUHIN NAMNO 2019 :

https://eegc.org/wp-content/uploads/2020/03/EEGC.PHOUHINNAMNO.2019.pdf

PHOUHIN NAMNO 2016 :

https://eegc.org/wp-content/uploads/2020/03/PhouhinNamno_2016.pdf (la bonne version)

PHOUHIN NAMNO 2014 :

https://eegc.org/wp-content/uploads/2020/03/PhouhinNamno_2014.pdf

Phouhin Namno 2010 :

https://eegc.org/wp-content/uploads/2020/03/PhouhinNamno_2010.pdf

Expédition Cerro Rabón 2020

Coucher de soleil sur la montagne du Cerro Rabón (photo Diego Sanz)

Rentrés in extremis avant le début du confinement, c’était au milieu de la jungle mexicaine, qu’avait décidé de s’isoler une équipe de spéléos franco-helvético-italiano-américaine afin d’explorer le massif du Cerro Rabón (Etat d’Oaxaca au centre du Mexique). L’expédition s’est déroulée du 15 février au 13 mars 2020 et a rassemblé au total 19 spéléologues. L’objectif principal était de reprendre les explorations dans le système du Kijahe Xontjoa, un réseau karstique de grande ampleur dont les explorations, menées depuis les années 1980 et jusque dans les années 2000, ont déjà permis de découvrir ~30km de réseau pour ~1200m de profondeur. Le gouffre de Hard Rock, déjà en partie exploré, semblait être un accès plus direct au fond du système et c’est donc là que ce sont tout d’abord concentrés nos efforts pour permettre la jonction de cette cavité avec le reste du réseau du Kijahe Xontoja. 3 personnes ont été mobilisées sur 2 jours pour retrouver l’entrée de la cavité du Hard Rock et surtout pour tailler un chemin d’accès à travers la végétation tropicale afin de gravir les 300m de dénivelé et les 2,5km qui séparent le gouffre du camp de base. Un gros travail de rééquipement de la cavité a ensuite été nécessaire, et s’est vu perturbé par deux contraintes, une étroiture à -200m qui a fortement réduit les effectifs pour la suite de l’exploration et une météo très pluvieuse la première semaine du camp, freinant les descentes dans cette cavité. En effet, de nombreux puits, dont certains dépassent 150m de profondeur, sont parfois fortement arrosés. Plusieurs pointes ont permis d’une part la jonction de Hard Rock cave avec le système du Kijahe Xontoja vers –920m et d’autre part l’exploration de nouvelles galeries vers -650m. Face à une météo capricieuse et un temps restant limité, seule une pointe de 3 jours, réalisée par des suisses et des italiens, a permis de descendre au fond du Kijahe Xontoja afin d’évaluer les chances de poursuite du réseau. Au cours de cette expédition, 2,5km ont été rajoutés au réseau du Kijahe Xontoja qui atteint à ce jour un développement de 34,9km et une profondeur de 1206m.

Prospection par jour de beau temps dans la forêt mexicaine (photo Diego Sanz)

Dans le même temps, une autre cavité, Nita Nanga, s’ouvrant à proximité d’Hard Rock, a été explorée jusqu’à -250m présentant une succession de puits parallèles à ceux d’Hard Rock sans pour autant les rejoindre.

Parallèlement, une prospection a été initiée dans une grande doline située au-dessus du fond du réseau du Kijahe Xontojoa, moins loin du camp de base et moins haut en altitude. Bien que l’accès de cette zone soit relativement facile, la progression dans la doline en elle-même est difficile de part la densité de végétation dans la jungle et le relief karstique chaotique. Les signaux GPS se perdaient et nous avions alors recours aux levés topographiques de surface pour nous repérer. Les cavités explorées dans cette zone ne dépassent guère 100m pour l’instant, mais nos espoirs demeurent sur d’autres entrées repérées et encore non explorées, faute de temps.

D’autres secteurs ont également fait l’objet de prospections pour ouvrir de nouvelles zones d’exploration. La progression dans la jungle n’est pas toujours aisée. Il faut parfois jusqu’à 2h30 pour avancer de… 150m… Plusieurs cavités ont été repérées, quelques unes explorées dont la plus profonde, le gouffre de Crêtes, atteint -190m dans des volumes importants sans avoir pu être intégralement explorée, par manque de temps, et qui reste un objectif prometteur.

Exploration dans la cavité Nita Nanga, nom mazatec signifiant la « grotte du papillon » (photo Diego Sanz)

Suite à cette expédition 2020, la liste des cavités du Cerro Rabón s’enrichit donc 22 nouvelles cavités recensant ainsi un total de 180 cavités dont certaines offrent de belles perspectives d’exploration pour les prochaines expéditions. Au-delà du bilan spéléologique, l’expédition Cerro Rabón 2020 fut aussi une belle expérience humaine riche d’échanges linguistiques et philosophiques entre des spéléos venant de divers horizons, riche en partages avec les locaux, et (très) riche en tortillas et en chocolat (merci aux suisses !).

Cette expédition fut le fruit d’une collaboration entre membres de plusieurs fédérations de spéléologie européennes : FFS, SSS et SSI. Nous remercions ici particulièrement la Fédération Française de Spéléologie pour le parrainage de cette expédition par l’intermédiaire de la CREI.

Amandine Laborde, pour la team Cerro Rabón 2020.

 

Lettre Direction des sports, Chine et coronavirus

Les autorités chinoises et l’OMS ont confirmé avoir identifié un nouveau virus (coronavirus nCoV) à Wuhan à la suite de plusieurs cas de pneumonies virales et notamment des formes graves.

Si votre calendrier sportif nécessite actuellement un séjour en Chine ou l’accueil de délégations sportives chinoises, je vous prie de suivre les recommandations du ministère des affaires étrangères et du ministère de la santé sur les liens ci-dessous :

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays-destination/chine/

https://solidarites-sante.gouv.fr/coronavirus

En raison de l’évolution constante de la situation, je vous saurais gré de consulter régulièrement ces sites.

Je compte sur vous pour l’application de ces mesures.

Bien cordialement.

Gilles QUENEHERVE

Ankarana 2019, Madagascar.

Objectifs atteints

  1. Butte de Iharana  : La prospection difficile de ce massif, à permis la découverte de plusieurs petites cavités et de la Grotte des piliers qui se développe sur 1059m. Cette cavité labyrinthique doit certainement alimenter la grotte du lac, mais il reste à trouver la jonction.
  2. Butte d’Antafiantsoka : A partir de la nouvelle entrée, nous avons pu explorer facilement les galeries situées dans la zone profonde de la cavité. La grotte  atteint maintenant 5 551m de développement et traverse complètement le massif.
  3. Massif de l’Analamera : Nous avons continué la prospection de la zone d’Ampondrabe, en repérant les résurgences éventuelles sur Google Earth. Les résultats n’ont pas été à la hauteur des espérances.
  4. En dernier ressort, nous avons repris l’ exploration de la Grotte d’Antsarahaso. 258m de nouveaux conduits ont été découverts. La grotte atteint maintenant 15 363m de développement.
  5. Ankarana: Grotte d’Abemapaye
  6. Ce n’était pas prévu au programme. Le broussard qui m’avait fait connaitre plusieurs cavités dans l’Andrafiamena me propose d’aller voir une nouvelle Grotte dans l’Ankarana. Après une longue marche, nous arrivons devant un beau tunnel avec de l’eau. Arrêt au bout de 393m, mon canot fuyait et la navigation paraissait longue.

Conclusion

         Nous avons découvert 4112m de nouvelles galeries dans 4 massifs différents, mais surtout, la grotte d’Abemapaye va nous permettre de pénétrer sous une zone de l’Ankarana Spéléologiquement inconnue.

Jean Claude Dobrilla