L’expédition Qattine Azar Comaty 2022 (commune d’Aintoura El-Matn, Monts Liban) a rassemblé 10 membres de l’association Continent 8 et une trentaine de Libanais de l’Association Libanaise d’Études Spéléologiques (ALES). Les explorations du gouffre Qattine Azar se sont concentrées sur trois branches principales : (i) l’affluent de la Galerie des Français, (ii) l’affluent Chocapic et (iii) l’affluent du Mât, les deux derniers appartenant au secteur Mawla. Plus d’une trentaine d’escalades en libre et en techniques artificielles totalisant plus de 500 m de verticale (obstacles de 5 à 46 m) ont permis de rajouter environ 2’340 m de nouvelles galeries et de puits au réseau. Celui-ci se hisse maintenant à la première place des cavités les plus longues du Liban avec plus de 10 km de galeries (devant la grotte très connue de Jeita). Ce projet d’expédition est une réussite sur plusieurs plans. Tout d’abord il permet de renforcer les liens de collaboration Franco-libanaise, liens qui se sont distendues ces dernières années en raison des nombreuses difficultés économiques et sociales que traverse le Liban actuellement. La collaboration entre l’ALES et Continent 8 a été excellente et elle ouvre de nombreuses perspectives pour le futur. Ensuite, le projet a bénéficié d’une très large couverture médiatique au Liban, aussi bien presse écrite que télévision, en français, mais aussi en arabe, ce qui a permis un large rayonnement de l’activité spéléologique au Liban. Enfin les nouvelles galeries découvertes sont très variées, passant de grandes salles (Salle de la Dame Blanche, Salle Point 6, etc.) à des méandres magnifiquement sculptés et souvent très concrétionnés (galerie de la Fée Clochette, galerie des Cristaux, etc.). Le gouffre de Qattine Azar est une cavité véritablement exceptionnelle et le potentiel est encore très important. A noter que projet bénéficie du soutien de Béal, mx3 Nutrition, du comité spéléologique régional d’Occitanie, des comités départementaux de spéléologie de l’Ariège, du Gard, du Doubs et de la Haute Garonne, et du club des Compagnons de la Nuit Minérale. Plus d’informations et rapport en téléchargement sur le site de Continent 8 : www.continent-8.org. Un projet était prévu pour 2024, mais en raison des évènements mêlant Israël, le Hamas et le Hezbollah, la situation au Liban empire de jour en jour et il a été décidé conjointement avec les Libanais d’annuler le projet. Beaucoup de membres de l’ALES ont quitté le pays pour des raisons professionnelles et ne peuvent garantir leur soutien. Par ailleurs, les problèmes économiques persistent rendant les projections budgétaires et logistiques difficiles voire impossibles pour le moment.
Ouzbékistan, région du Sourkhandaria, massif du Chulbair
31/07 à 22/08, 2021
En dépit d’un contexte sanitaire compliqué et des évènements géopolitiques récents en Afghanistan, l’expédition Boy Bulok 2021 a pu se dérouler dans de bonnes conditions en raison des nombreux appuis politiques et administratifs et de l’excellente collaboration qui unit le groupe spéléologique de l’Oural (Russie) et l’Association Continent 8. Cette expédition fait suite à la première expédition commune en 2018 pendant laquelle le gouffre de Vischnevskii est topographié jusqu’à une profondeur de 700 m environ. En 2019, l’équipe Russe poursuit seule les explorations jusqu’à la côte de -1158 m. Le gouffre se rapproche significativement de Boi Bulok et notamment des galeries dans le secteur de la “New Part”, vers -600 m. En 2020, malgré de nombreux échanges avec les Russes, aucune expédition n’est organisée en raison de l’épidémie de COVID. Malgré l’effectif réduit (17 personnes), les explorations ont pu être continuées dans les gouffres de Boi Bulok et de Vischnevskii pendant 14 jours sur place avec à la clef : (i) de nouvelles galeries découvertes et topographiées dans les zones profondes ainsi que dans les amonts, (ii) une sécurisation des équipements en place et (iii) la retopographies des galeries anciennes. La jonction tant espérée entre les deux cavités n’a pas pu être réalisée mais les deux galeries potentiellement “jonctionnables” ont été identifiées dans les deux cavités. La distance manquante est d’environ 100 m, mais le passage est étroit et nécessite quelques aménagements. L’expédition est lauréate des Bourses Expé by Cabesto 2021 et bénéficie d’un soutien matériel et financier de la part des entreprises Cabesto, Petzl, Béal et Katadyn Group. Le projet bénéficie aussi du soutien des comités départementaux de spéléologie du Doubs (25) et de l’Ariège (09). Plus d’informations et rapport en téléchargement sur le site de Continent 8 : www.continent-8.org. Depuis février 2022, en raison de la guerre déclenchée par la Russie sur le sol ukrainien, toute collaboration avec les ressortissants russes est délicate, notamment aux yeux de l’UIS, et par extension de la FFS. Par ailleurs les vols Europe <-> Moscou permettant ensuite d’atteindre Tashkent sont devenus plus difficiles à réserver pour les occidentaux. La région du Sourkhandaria reste aussi en vigilance extrêmement élevée du fait de la proximité avec l’Afghanistan – actuellement contrôlée par les groupes armés. Pour toutes ces raisons, les projets d’expédition dans cette région sont suspendus.
En dépit des difficultés liées au COVID 19, l’Edition 2020 de l’expédition Totesgebirge, Autriche, s’est déroulée sans soucis du 12 au 20 aout et a rassemblé 12 participants. Cette année, Les explorations se sont concentrées sur 4 cavités : le Bergwerkhöhle, l’Emmentalhöhle, le Dunstloch et le Tunnelhöhle. Le gouffre du Bergwerk (Bergwerkhöhle) a été exploré et connecté au réseau dans le secteur du Tunnelhöhle (+ 1’100 m de développement, 240 m de profondeur). L’Emmentalhöhle est une nouvelle cavité découverte cette année et explorée jusqu’à la cote de -47 m. La cavité développe 330 m et promet encore de belles découvertes. Dans le Dunstloch, plusieurs galeries ont été explorées dans les niveaux fossiles de Dagobah dont un nouveau passage (le « Triassic Park ») qui offre un accès plus aisé vers le fond. Une pointe a aussi été faite au fond du gouffre, repoussant sa profondeur à -564 m depuis l’entrée. La profondeur du réseau à cet endroit atteint donc la cote -706 m par rapport à l’entrée la plus haute (Tunnelhöhle). Au Tunnelhöhle, plusieurs travaux ont été menés : des explorations vers -350, du déséquipement et un travail de retopographie de la cavité entre la cote de -300 et la surface car nous nous doutions qu’il y avait une erreur. C’était bien le cas car le report topo indique une profondeur supplémentaire de 77 m ! Plus de 200 m de nouvelles galeries ont été découvertes et topographiées dans cette cavité en 2020. Quelques reconnaissances ont été faites en surface pour trouver de nouvelles entrées. Au total, ce sont 2’740 m de nouvelles galeries qui ont été explorées et topographiées pendant cette expédition. Fin 2020 le réseau du Griesskar développe 28’002 m pour une profondeur inchangée de 713 m. Le Fond du Dunstloch (- 706 m) est potentiellement le prochain record de profondeur du réseau car arrêt en tête d’un puits de 30 m. Cette expédition est avant tout un excellent travail de collaboration interclub entre Autrichiens, Français et Suisses de moyenne d’âge jeune. D’excellents contacts sont noués aussi avec les allemands qui explorent la partie supérieure du Tunnelhöhle. Plus d’informations et rapport en téléchargement sur le site de Continent 8 : www.continent-8.org. Les expeditions se sont poursuivies sur le massif en 2021, 2022 et en 2023
Responsable : Patrick Degouve, 33 rue de Labat 64800 Asson
Participants :
N. Bondon (S.C.Dijon), P. Degouve (S.C. Dijon/GSHP), S. Degouve (S.C. Dijon/GSHP), C. Clary (SCV), A. Fuentes (AER – Espagne), L. Garnier (GSV), L. Guillot (ASPP – 39), O. Haure (GUCEM), A. Lorentz (GSHP) R. Martinez (Wychy)(AER – Ramales Es), Ph. Mathios (SCC – 31), J.N. Outhier (ASPP), B. Pernot (S.C.V.), G. et M. Simonnot (+ famille), P. Smith (Matienzo caves – GB), M. Tessane (GUCEM), M. Ulises (GSHP), D. Vidal (GSHP), F. Verlaguet (GSVO – 64).
Malgré les perturbations liées au Covid, les explorations ne se sont pas vraiment interrompues durant ces 4 années. Celle-ci se sont principalement concentrées sur 5 secteurs situés sur les massifs de Porracolina, du Fraile, de la Lusa, de Piluca et du Mortillano. Elles ont été réalisées pour la plupart en collaboration avec des clubs Espagnols notamment l’AER (Ramales) mais aussi avec des anglais du Matienzo Cave Project pour la partie nord de la vallée d’Asón.
Malheureusement, en 2023, elles ont été endeuillées par la disparition de notre ami Bruno Pernot lors d’une exploration dans le massif de la Lusa. Bruno était depuis plus de 30 ans un pilier de nos explorations en Cantabria et sa disparition va laisser un grand vide.
Explorations sur le massif de Porracolina
· Réseau Cueto-Coventosa et environs
En amont de la résurgence de la Cubera, principal exutoire du réseau Cueto-Coventosa, nous nous intéressons depuis de nombreuses années à une émergence temporaire dont l’origine reste énigmatique : la fuente del río Sordo. Motivés par un fort courant d’air, des travaux de désobstruction ont été entrepris mais pour le moment sans résultat. Nous avons donc repris les plongées dans le siphon qui se présente à une cinquantaine de mètres de l’entrée. Celui-ci avait été reconnu sur 190 m avec un point bas à -39 m (P. Degouve 1993 puis Y. Tual en 2005 et 2009). En 2019 Fredo Verlaguet effectue une nouvelle plongée de reconnaissance mais après une remontée jusqu’à -20 m, la suite n’est pas trouvée. En fait, l’amont de ce delta souterrain semble plutôt se situer au point le plus bas du siphon (-43 m). Une nouvelle plongée prévue en juillet 2023 a été contrariée par une crue inattendue. De ce fait, elle constitue un objectif prioritaire pour l’année à venir.
En 2020, un autre siphon situé dans une cavité voisine a été reconnu sur 70 m (-10 m) par Manu Tessanne. Il est prolongé jusqu’à 120 m deux ans plus tard par Fredo Verlaguet qui atteint la profondeur de -36 m. La jonction entre les deux conduits noyés est quasi certaine mais reste à concrétiser.
Parallèlement nous avons repris l’exploration des galeries situées juste avant le siphon terminal de la cueva Coventosa. C’est une zone de conduits étagés, assez complexe, mais qui a déjà livré quelques bonnes surprises avec la découverte d’environ 440 m de nouveaux conduits.
En altitude, après quelques travaux, le gouffre de la Ruine a livré une succession de puits explorés jusqu’à la profondeur de -230 m.
Massif du Fraile
· Réseau du Gándara :
Durant ces dernières années, nos recherches se sont essentiellement concentrées sur l’aval du réseau et le delta souterrain qui se développe dans son extrémité orientale. Celle-ci est caractérisée, sur un plan géologique, par la présence de lentilles à Mudmouds qui favorisent la confluence de drains totalement indépendants plus en amont. Suite à quelques travaux de désobstruction parfois ingrats, nous avons pu accéder a des galeries post siphons dont l’exploration, réalisée dans les années 80, n’avait jamais été reprise. Cela nous a permis de connecter une nouvelle entrée au réseau et de découvrir des conduits fossiles qu’on ne soupçonnait pas. Au total 2200 m de galeries ont été parcourus. Le développement du réseau est désormais de 119 km pour un dénivelé total de 814 m.
· Cueva Tonia :
La cavité a été ouverte par désobstruction en 2019 notamment par José Leroy et son exploration a débuté dans la foulée aboutissant à la découverte d’un ruisseau souterrain qui a pu être remonté sur près d’un kilomètre jusqu’à une trémie. En 2020 une escalade est réalisée peu avant le terminus. Elle donne accès à un conduit fossile, continuation logique de celui existant peu avant. 900 m de nouvelles galeries ont ainsi été ajoutés au développement qui passe à 2025 m (± 170 m). Cette cavité constitue l’ultime affluent rive gauche du collecteur de la Gándara, mais la jonction semble peu évidente.
· Torca del Pasapuré
Située à l’aplomb même du réseau, nous pensions pouvoir établir sans trop de difficulté la jonction entre les 2 cavités. Une trémie en a décidé autrement et à stoppé notre progression à -326 m (développement : 1404 m)
· Recherches dans le secteur de la Lunada, la torca de Lastrias 1
A l’envers du massif, sur les extrêmes amonts du réseau, nous nous sommes intéressés à des cavités anciennement explorées par nos amis de Burgos. Dans l’une d’elle, la torca de Lastrias, un improbable boyau aspirant s’est révélé être l’accès à un gros conduit parallèle que nous avons pu explorer sur plus de 1100 m (développement total : 1756 m ; -144 m)
Massif de la Lusa
· Torca de los Copetes :
Curieusement, la torca de los Copetes avait échappé aux recherches des différentes équipes étant intervenues sur le secteur. Nous l’avions repérée en 1987 lorsque nous explorions le réseau de la cueva del Lobo puis en 1991, mais compte tenu de l’altitude, nous avions imputé le courant d’air soufflant aux différentes entrées supérieures. Mais il fallait quand même en avoir le cœur net et il faudra attendre 30 ans pour que nous y retournions pour constater qu’il existait une autre origine à ce courant d’air violent et glacial. Après quelques travaux de désobstruction nous sommes parvenus à une série de puits rejoignant vers -200 m un niveau de galeries. L’exploration a livré près d’un kilomètre de conduits pour une profondeur totale de 242 m. Dans ce secteur d’autres gouffres ont été découverts et les chances d’atteindre un collecteur semblable à ceux s’écoulant plus au nord ne sont pas négligeables.
Massif de Piluca (Nord d’Arredondo)
· Torca de Rotura
Nous avions découvert ce gouffre en 1988 et exploré jusqu’à -73. A l’époque nous nous étions arrêtés devant un boyau impénétrable et parcouru par un violent courant d’air.
Trente ans plus tard, en février 2018, nous nous décidons à revoir le terminus car entretemps, une grande cavité, la cueva de la Vallina, a été explorée par nos amis anglais et l’une de ses galeries passe environ cent mètres sous l’entrée de la torca. Cinq sorties très sporadiques réparties entre 2018 et 2022 seront nécessaires pour ouvrir un conduit sur 7 m, accéder à deux autres petits puits de 14 et 10 m et rejoindre la cueva de la Vallina à -95 m.
Massif du Mortillano et karst de la Sierra Verde:
· Cueva de Carcabon
Ce réseau pourtant prometteur reste d’un accès délicat en raison de sa forte sensibilité aux moindres variations du niveau d’eau. En crue la grande majorité des galeries explorées (13 km au total) se retrouvent sous l’eau à l’exception de quelques conduits fossiles situés bien au-dessus de la zone épinoyée (point haut à +190 m). Pour cette raison et à cause d’une météo très capricieuse l’été, les explorations menées avec l’AER (Ramales) ne progressent pas aussi rapidement que nous le souhaiterions. Réalisées au cours de bivouacs rendus nécessaires pour atteindre les points les plus éloignés, elles ont toutefois permis de progresser de plus de 2,5 km durant cette période. Curieusement, sur la totalité du réseau que nous avons parcouru, la rivière souterraine n’est jamais visible à l’exception de quelques regards sur des niveaux noyés. En 2022 à l’extrémité d’une longue galerie épinoyée, mais totalement sèche lors de notre visite, nous nous sommes arrêtés pour la première fois à l’aplomb d’un véritable actif. Faute de cordes suffisantes nous n’avons pas pu l’atteindre. A suivre en 2024.
· Torca de los Cubillones
Face à ces difficultés nos efforts se sont donc reportés sur les recherches en surface afin de trouver un autre accès. Une bonne cinquantaine de nouvelles cavités ont été explorées, mais rares sont celles qui dépassent 50 m de profondeur. Toutefois parmi elles la torca de los Cubillones idéalement placée par rapport au réseau a pu être explorée jusqu’à la profondeur de 255 m suite à deux désobstructions épiques. La seconde, dans un étroit méandre arrosé, a percé la voûte d’une gigantesque salle de 130 m x 180 m et haute de plus de 70 m (salle José Gambino) offrant ainsi une spectaculaire descente plein vide. Malheureusement les quelques puits qui lui font suite sont tous colmatés et plusieurs escalades se sont soldées par des échecs.
Autres activités
· Inventaire
Notre travail d’inventaire se poursuit sur ces différents massifs. A la fin de l’année 2023 celui-ci contient un peu plus de 3560 références consultables pour une partie sur le site karstexplo.fr (fiches téléchargeables) et désormais sur la base de données fédérale karsteau.org . Toutes les infos sont en accès libre. Elles concernent à ce jour 2588 entrées assorties de 6511 documents.
· Participation au 14° congrés Eurospéléo (Burgos et Ramales) :
Conférence sur le réseau de la Gándara.
Légende des photos
Bruno.jpg : Bruno Pernot (1968–2023), un ami et un pilier de nos explorations en Cantabria (Photo Damien Grandcolas)
Cartesecteurs.jpg : situation des principaux massifs.
Carte-Carcabon.jpg : La cueva de Carcabon ( 13055 m ; ±213 m) et la torca de los Cubillones (-255 m)
CoupeSalleGambino.jpg : Coupe développée de la salle José Gambino (torca de los Cubillones)
«SHUANGHE 400», la 22e expédition scientifique internationale dans le réseau de Shuanghedong, Suiyang, Guizhou a été organisée sur l’initiative concertée du géoparc national de Shuanghedong et de Shierbeihou (Twelve Backs Tourism Development Co., Ltd., en charge du développement touristique).
en partenariat avec le Guizhou Institute of Mountain Resources, GIMR et le Guizhou Cave Association, Guizhou Tourism Geoscience Society,
grâce à l’invitation de l’Académie des sciences du Guizhou,
avec le parrainage de l’Union Internationale de spéléologie (UIS), de la Fédération européenne de spéléologie (FSE), de la Commission des relations internationales et des expéditions – CREI de la Fédération française de spéléologie (FFS), et de la Société italienne de spéléologie (SSI)
avec le sponsoring de SCURION via la FSE.
Elle s’est déroulée du 16 septembre au 8 octobre 2023, sur et sous le massif de Shuanghe qui est situé sur le district de Suiyang, Zunyi, province du Guizhou en Chine,
Shuanghe 400 n’a pas bénéficié des meilleures conditions météorologiques. Une forte motivation et une allure régulière, acharnée, a permis de tirer le meilleur des objectifs accessibles en toute sécurité.
Explorations
Duiwodong
Le tiānkēng de Duiwodong laissait espérer une extension du réseau au nord/est. Hélas, les 3 principaux points d’interrogation du secteur n’ont pas remplis nos espérances. L’affluent en aval du siphon de la rivière du 500 m nage libre (300 l/s) a butée sur un siphon suspendu faiblement alimenté au bout de 260 mètres. L’affluent du Mâconnais a, lui aussi, buté rapidement sur un grand puits remontant. La galerie fossile de l’amont des Croûtes (350 m) s’est soldée par 4 arrêts différents sur des étroitures impénétrables bien ventilées, produites pour 3 d’entre elles par des coulées de calcites, et une étroiture en voûte mouillante pour la dernière.
L’aval de la petite rivière des Croûtes a bouclé au bout de quelques centaines de mètres avec le réseau connu.
Dans la paroi ouest du tiānkēng, face à notre ligne de descente, un semblant départ de galerie attirait notre attention. Il a été atteint après avoir été ouvert intégralement sur 800 mètres à la machette dans de très raides pentes envahies par des bambous et épineux variés. Il s’en est suivi une descente sur corde de 30 mètres enchaînant sur une vire. Grosse déception de constater que la galerie convoitée n’était qu’un petit puits remontant impénétrable au flanc éventré !
Par ailleurs, le seul problème de bouclage topo de tout le réseau a été résolu en refaisant quelques centaines de mètres de relevés.
Le développement ajouté à la topographie de Duiwodong est de 1319 m.
Les espoirs d’extension du réseau vers Zheng’an par Duiwodong résident désormais dans une branche aval non ventilée de la rivière.
Xiujiandong (traversée des Elagueurs)
Lors de l’ouverture du sentier d’accès évoqué ci-dessus, nous sommes tombés dans le fond d’un ravin sur une petite ouverture au courant d’air aspirant. Un petit réseau sympathique avec un P14, et de 219 m de développement nous a permis de ressortir à l’extérieur, dans un beau canyon, juste au sommet de la grande cascade ouest qui se jette dans le tiānkēng de Duiwodong.
Bien que située sans doute au-dessous du seuil de déversement du tiānkēng, les 219 m topographiés dans cette cavité ne seront pas comptabilisés dans le développement du réseau de Shuanghedong.
Bojiyandong
Les explorations à Bojiyan ont été facilitées et sécurisées par la pose de cordes sur l’accès qui présente des vires et désescalades faciles mais exposées. La trémie désobstruée à -100 a été re-calibrée et ne présente plus d’étroiture sélective.Nous avons descendu le P60 (en fait un P45) pour retomber dans les plafonds de la grosse galerie retrouvée. Coté aval elle bouclait avec la zone du P20 où plusieurs puits sans suite ont été descendus. Seul le rayon du laser est passé au-dessus des puits, nous épargnant un dur labeur. Coté amont, la grande galerie retrouvée (galerie du Cap Nord) a été suivie sur 800 mètres, après avoir dû traverser le grand puits du Coup de Bambou, et passer un passage très bas dû à une trémie et à un amas d’argile.
ci dessus Galerie du Cap Nord – Bojiiyandong Photo Bertrand Hauser
Une petite rivière latérale a été remontée jusqu’à un puits remontant arrosé. Le terminus exploré est un nouveau grand puits, descendu partiellement et en face duquel la galerie pourrait peut-être se poursuivre ?
Ces découvertes ouvrent sur des zones «blanches » à l’ouest du réseau.
Une autre galerie latérale, la galerie de la Chauve-souris a été parcourue sur plus de 700 m après le franchissement de plusieurs petits puits en vire. La partie terminale qui bute sur des bouchons de calcite est particulièrement concrétionnée.
Lors d’une journée avortée à cause d’une crue quelques prolongements ont été topographiés dans un enchevêtrement de petites galeries.
Salle de la Da coupole – Huoyangping Photo Bertrand Hauser
Un autre gros objectif à Bojiyan était le « P110 » situé vers -120 m au terminus de la galerie d’entrée. Il s’agit en fait d’un P240 ! (220 m depuis le palier d’accès). Le puits arrosé a été équipé hors crue, ce qui se traduit par «dans la boue !». Un pendule acrobatique à 25 m du fond a permis de rejoindre une galerie fortement ventilée qui a été parcourue sur environ 300 m, arrêt sur pincement de la fracture. Le réseau est un des plus «chers» de la Shuanghe !
Dans ce puits, le long réseau qui débute en lucarne a fait l’objet d’un début de déséquipement. Une branche a été découverte à cette occasion qui reste à poursuivre.
Développement ajouté à Bojiyan = 4697 m
Huoyangping
La branche la plus à l’ouest, où l’exploration était arrêtée sur un P30 au sommet d’un grand vide, a été poursuivie par la découverte de deux grandes salles de 150 x 120 mètres et de 120 x 80 mètres. Des galeries chaotiques ont été poursuivies de part et d’autre, mais elles butent assez rapidement sur des colmatages ne laissant aucun espoir de suite. A noter que cette découverte nous rapproche grandement de l’aval de la galerie du Far-West de Bojiyan, qui semble en constituer le prolongement.
L’escalade, commencée en 2019, d’un affluent au-dessus des grands puits (P200), a été terminée. Après 35 mètres d’escalade bien arrosée, la petite rivière du SMIC (c’est le prix qu’on estime avoir été payé pour l’escalade) à été poursuivie sur quelques centaines de mètres, jusqu’à une trémie avec radicelles. Dans une petite galerie latérale, l’exploration reste à poursuivre.
Dans la branche d’accès aux grandes salles, l’enchaînement de 2 puits de 17 et 60 mètres n’a pas permis de terminer cette branche qui se poursuit par un P50 non descendu.
Peu avant les grandes salles un P30 a été descendu, avec pour seule suite des puits fissures impénétrables.
Développement ajouté à Huoyangping = 1468 m
Hongdingyan
Entre le P36 et le P18, un P25 fractionné au départ boueux a livré accès à la rivière de la salamandre. Ce beau méandre caractérisé par de grandes marmites continue. La météo faisant craindre des orages, l’exploration a été interrompue au niveau d’un petit affluent arrosant un passage en opposition.
Développement ajouté à Hongdingyan : 168 m
Hors réseau… pour l’instant
A l’extrême sud, mais non connectée au réseau, une traversée de 2,5 km avait été réalisée en 2019 entre Liangfengdong et Liangfengshangdong. En rentrant par cette 2 ème cavité, les plafonds où subsistaient d’éventuels points d’interrogation, ont été auscultés minutieusement, permettant de clore définitivement tout espoir de suite. Dans le même ordre d’idée et dans le même secteur, la grotte Dawandong a été ré-inspectée pour être définitivement classée comme terminée.
La fin de l’expé nous a conduit à Zheng’an , à Mawangdong, entrée inférieure du réseau de Jishedafengdong, une cavité qui semble aujourd’hui ne pas pouvoir rejoindre le réseau de Shuanghedong. Le franchissement d’une escalade de 8 m nous a notamment permis d’explorer plus de 700 m de galeries chaotiques en direction du sud-est tandis que la rivière poursuit sa course à la profondeur de-334 m.
Développement ajouté à Jishedafengdong : 1118 m (développement total : 6830 m).
Dayingyandong, une cavité connue depuis 2023 a été poursuivie. Cette résurgence dans le poljé de Ranghui ne rejoindra jamais le réseau de Shuanghedong mais peut livrer un beau système sous le massif voisin de Kuankuoshui. Cette exploration a permis de détecter et corriger trois grosses erreurs dans le pointage des grottes du poljé de Rangshui qui alimente le réseau de Shuanghedong par la perte de Dadong.
Des prospections systématiques ont été conduites. Sept autres cavités, de moins de 200 m de développement chacune, totalisent 743 m de développement et complètent nos informations sur la karstification de la partie haute et de la bordure nord-ouest du massif sous lequel se développe le réseau de Shuanghedong. On notera notamment la grotte de Goujiadang qui, à 1640 m d’altitude, est la plus haute des cavités en exploration du secteur.
Enfin, une toute petite entrée perdue dans la montagne, Xiutanqidong (Snifette), a été parcourue sur 284 m. Elle pourrait devenir une des nombreuses têtes de réseau de Shuanghedong.
Shuanghedong Réseau, 09/2023: 415 km, -912 m. Jean Bottazzi, Marc Faverjon, Jo De Waele
Résumé des explorations en quelques chiffres :
10112,02 m topographiés en tout dont 7386,01 m dans Shuanghedong.
Le réseau de Shuanghedong à la fin de l’expédition affichait un développement de 414062 m pour une profondeur (inchangée) de 912 m.
Observations scientifiques
Jo De Waele et Wang Deyuan ont focalisé leurs efforts sur l’observation et l’échantillonnage de roches dans des cavités telles que Pixiaodong, Bojiyan, Shanlingdong, Hejiaodong, Liucaoguxiadong, Mawangdong et Datutianjiaodafengdong pouvant éclairer la question de la genèse du réseau. Les sites ont été sélectionnés principalement en fonction de la présence de gypse et de célestite et de la position par rapport aux strates de schistes.
Croûte de gypse (blanc) couvrant la célestine (Blue) – Pixiaodong Photo Jo De Waele
La participation des spéléologues
L’équipe de base a réuni 8 spéléologues européens dont 5 Français : Jean Bottazzi, Marc Faverjon, Bertrand Hauser, Bruno Hugon, Gilles Connes ; un Portugais : Carlos Placido, et deux Belges : Jean-Pierre Bartholeyns et Jo De Waele.
L’équipe d’expédition est composée et organisée autour de différentes compétences adaptées aux exigences de l’organisme qui nous invite : spéléologues, instructeurs en techniques de spéléologie, topographe ayant aussi des connaissances en géologie, cristallographie, informatique, cartographie, photographie et protection du karst. Chaque jour, ils ont travaillé en trois ou quatre équipes autonomes, selon l’importance et la difficulté des objectifs à atteindre et déterminés par la connaissance du terrain et les analyses topographiques. Relativement nombreux lors de cette expédition, des spéléologues chinois ont parfois été intégrés aux équipes d’exploration. Ils ont été plus de 27 dont Li Po, He Wei, Qian Zhi, Zhou Wenlong, Wang Deyuan, Zhang Kaiqi, Zhao Zhongguo, Zhao Fei, Ye Rurui, Liu Jia, Gao Zhan Dong, Wang Qiaoneng, Wang Sunhong, Wang Liangtong, Zhang Hongzhi, Luo Shuwen, Lorue, Kriss, Chao Jian, Yuan Na, Wuhai Bo, Hui Changwang, Wang Yong, Wang Rong, Shi Yichen, Tom.
Le temps passé sous terre par l’ensemble des participants atteint un total de 1059 heures, en ce non comptées les heures, non négligeables, passées à prospecter avec l’aide des volontaires locaux et qui ont permis la localisation de nouvelles entrées de grottes. Les renseignements ainsi glanés lors de ces journées de prospection sont précieusement archivés et géolocalisés sur carte. Leur interprétation permet une meilleure connaissance générale de la zone karstique étudiée.
Stage de formation
Mettant fin à 3 années d’interruption, la tradition des stages de formation à la spéléologie a été relancée. Treize stagiaires y ont participé. Nous avons été surpris par le niveau d’autonomie d’un bon nombre d’entre eux.
Conclusion et perspectives
La question prioritaire à laquelle cette expédition voulait répondre, à savoir les possibilités d’extension sous le karst de Zheng’an situé au nord-est, a trouvé une réponse déplaisante : ce ne sera pas facile du tout.
Par contre, le «blanc de la carte» au nord-ouest présente un potentiel suffisant pour épuiser bien des spéléologues. Bien que le grignotage systématique conduit par conduit constitue dorénavant la méthode d’investigation la plus efficace, des découvertes comme la galerie du cap nord montre que de grandes galeries peuvent encore être découvertes et offrir des avancées spectaculaires.
L’expédition «Shuanghe 400» a bénéficié d’une très large couverture médiatique tant dans la presse écrite que sur les plus importantes chaîne télévisées chinoises. Elle a également fournit un cadre pour un reportage sur les expéditions spéléologiques franco-chinoises en tant que modèle de réussite par l’amitié et la coopération.
2-18 août 2022 et 10-23 août 2023-Communiqué Michel Chassier
Le site de l’expédition.
Maroc, Province de Chaouene, Cercle de Talembote. Dorsale calcaire du Rif, massif du Lakraa-Tissouka.
Les participants.
2022 : Michel CHASSIER, Frédéric BERTRAND et Pascal CHASSIER (Spéléo Club de Blois), Pierre MARECHAL (Spéléo Club de Touraine), Abdelmoghit El HASNAOUI (Association Chefchaouene de Spéléologie et Activités de Montagne), Mohamed Amin LASRI (Association Marocaine de Spéléologie de Taza).
2023 : Frédéric BERTRAND, Michel CHASSIER, Pascal CHASSIER, Hubert DUPOU, Jean-François HAZON et Patrick JULLIEN (Spéléo Club de Blois), Abdelmoghit El HASNAOUI (Asociación de Deportes de Montana y Medio Ambiente en Xaouen), Ayoub NEHILI, Soufian KAAB, Taha Younes ARRAD (Moroccan Explorers), Soumia El MOUTAOUKIL (biologiste) et Samira KADDOURI (géologue).
Résultats.
Kef Ansar Tinioune : 852 m supplémentaires topographiés en 2022 grâce aux pompages mis en place par les autochtones pour l’irrigation, le développement atteint 1 989 m.
Le fonctionnement de cette exurgence temporaire a pu être mieux compris, les possibilités de continuation sont limitées (siphon étroits), mais une étude hydrologique globale reste à faire.
Kef Bradâa : découvert en juin 2022 par des spéléos de Chaouene, exploré et topographié sur 1 164 m en 2022, le développement atteint 3 209 m en 2023.
Ce système en cours d’exploration comprend deux réseaux qui se sont recoupés par capture. L’actif principal situé au niveau supérieur prend désormais une autre direction.
Comme dans le cas du Kef Ansar Tinioune ce réseau subhorizontal met en évidence la présence d’aquifères étendus qui restent à étudier pour déterminer leur niveau de base, leur potentiel et les conditions géologiques qui ont conduit à l’établissement de drains karstiques importants.
Une expédition est prévue en 2024 en liaison avec les spéléos marocains afin de poursuivre les explorations au Kef Bradâa et d’entreprendre des recherches en surface.
Quelques cavités ont été explorées sur le massif, portant le bilan à 2 261m topographié en 2022, 2045 m en 2023.
A ce jour 217 cavités sont explorées dans ce secteur de la Dorsale calcaire, pour un développement total de 25 519 m.
Ci dessus Le siphon amont du Kef Bradâa (Oued Abdoune)
Participants fédérés à la FFS : Jean-Loup GUYOT, Jean-Yves BIGOT, Julien JEANNIN, Pierre BEVENGUT
Autres participants : Andreas KLOCKER (AT), Antonio de POMAR (PE), Boaz LANGFORD (IL), Chris DENHAM (GB), Dominik FROHLICH (DE), Elisa ARMIJOS (EC), Gareth DAVIES (GB), Liz HIDALGO (PE), Martin HOLROYD (GB), Mike FUTRELL (USA), Olivier FABRE (FR), Peter TALLING (GB), René HAEMERS (NL).
Dates : 25 août -> 30 novembre 2023
L’expédition Nord Pérou 2023 s’est déroulée dans les régions d’Amazonas, de Loreto et de San Martín. Avec 17 participants, les explorations se sont portées sur des terrains variés pendant plus de deux mois.
Première partie en altitude : massif de Granada (Rodriguez de Mendoza, Amazonas)
L’expédition a débuté en altitude (3500 m) sur les sites repérés en 2022, avec une équipe internationale de 9 spéléos, malheureusement sans présence française suite à une succession de problèmes personnels. Le Tragadero de la Soledad repéré l’année précédente a donné une suite prometteuse (2345 m, -205 m), et de nombreuses autres pertes ont été repérées et partiellement explorées dans le même secteur. Plus au Nord, au-delà du Pico del Oro, deux gouffres indiqués par le guide Lorenzo ont été explorés jusqu’à -150 m, arrêt par manque de corde dans ces deux cavités, très bien situées au-dessus de la source du Rio Negro (20 m3/s) située 2500 m plus bas… Bilan : 7 cavités explorées et topographiées (3102 m de développement) et plusieurs gouffres/pertes repérés – non explorés.
Deuxième partie à Luya et Soloco (Luya/Chachapoyas, Amazonas)
Au cours de la seconde quinzaine de septembre, une équipe franco-péruvienne réduite (2 péruviens et 1 français) explore quelques petites cavités dans les environs de Luya, puis se dirige à Soloco pour entreprendre l’exploration du Tragadero de Santa Maria découvert en 2003 ! Cette perte n’avait jamais été explorée, malgré sa situation remarquable en tête du réseau de Parjugsha, le système karstique le plus long connu à ce jour au Pérou. En deux sorties, ce groupe a atteint la profondeur de -160 m pour un développement estimé de 500 m, mais sans réaliser de topographie précise. Bilan : 4 cavités explorées dont 3 topographiées (110 m de développement), et ça continue gros à Santa Maria…
Troisième partie à Soloco (Chachapoyas, Amazonas)
L’équipe franco-péruvienne, maintenant au complet (5 personnes) se retrouve à Soloco. Les premiers jours sont dédiés au secteur de Toclón situé dans les parties hautes du massif de Soloco. Une cavité (Toclón 50) avait échappé à nos prospections menées depuis le camp d’Ancayrrumo en 2018. Cette cavité, nommée Tragadero Olvidado, est reconnue et topographiée (300 m, -69 m) jusqu’à une cascade infranchissable. Le collecteur en crue (environ 1 m³/s) ne nous permet pas de poursuivre l’exploration. Dans le même secteur, d’autres cavités sont explorées sans grand succès : Toclón 09 (102 m, -54 m), Toclón 10 (102 m, -80 m), Toclón 11 (87 m, -46 m) et Toclón 23 (47 m, -26 m). L’équipe reprend ensuite l’exploration du Tragadero de Santa Maria, sans dépasser le terminus de l’équipe précédente en raison de fortes pluies, et réalise une topo partielle (270 m, -91 m). Bilan : 7 cavités explorées (823 m), et 2 cavités repérées – non explorées.
Quatrième partie : mission hydrologique (Loreto, Amazonas et San Martín)
La fin de l’expédition correspond à une mission pour l’IRD aux stations hydrologiques de Borja (Alto Amazonas, Loreto) et Chazuta (San Martín, San Martín) du Service d’Observation HYBAM. En cours de route, un détour permet de découvrir un nouveau massif inexploré à Valle Andino, riche en cavités selon les habitants du secteur (Rodriguez de Mendoza, Amazonas). A suivre…
Participants fédérés à la FFS : Gino STACCIOLI, Jean-Loup GUYOT, Jean-Yves BIGOT, Patrice BABY, Pierre BEVENGUT, Raphael GUEIT, Sara GUYOT
Autres participants : Antonio de POMAR (PE), Carol ROMERO (PE), Fleur LOVERIDGE (GB), Liz HIDALGO (PE), Mirla RAMIREZ (PE), Olivier FABRE (FR), Patricio REATEGUI (PE), Peter TALLING (GB)
Dates : 04 septembre -> 04 novembre 2022
L’expédition Nord Pérou 2022 s’est déroulée dans trois régions du Pérou : Amazonas, San Martín et Cajamarca. Avec une douzaine de participants, les explorations se sont portées sur des terrains variés pendant deux mois.
Première partie en altitude Granada – Pico del Oro (Chachapoyas et Rodriguez de Mendoza, Amazonas)
L’expédition a débuté en altitude (3500 m) avec une équipe réduite, sur les hauteurs du village de Granada à la recherche de gouffres et de pertes alimentant la puissante résurgence du Rio Negro (20 m3/s) située 2500 m plus bas. Les distances, l’altitude, les problèmes de santé, et le temps réduit n’ont pas permis de grandes avancées dans l’exploration de ce massif distant du « Pico del Oro ». Le 20 septembre, la seconde vague de participants a rejoint l’équipe initiale, ce qui a permis la reprise de l’exploration du Tragadero de la Laguna Maria Gondolan (LMD). Là aussi, les difficultés techniques rencontrées ont été telles, que l’équipe a décidé d’écourter l’exploration de la perte et de la reprendre lors de la prochaine expédition. Bilan : une cavité explorée et topographiée près du village de Granada (Cueva del Rio Cashcala : 427m), une autre prolongée mais non terminée (Tragadero LMD : 48 m de plus), et 8 gouffres/pertes repérées dont le Tragadero de la Soledad.
Deuxième partie à Soloco, le secteur de Toclon (Chachapoyas, Amazonas)
Le 23 septembre, l’équipe au complet (sauf Fleur et Peter rentrés en Angleterre) s’installe à Soloco. Delà, nous empruntons la piste nouvellement construire qui nous permet d’atteindre en 40 min (15 km) les hauteurs du karst de Toclon (3100 m). Le secteur est immense et d’innombrables méga-dolines se présentent en contrebas de la piste. En deux semaines, une trentaine de ces dolines sont visitées, certaines colmatées, d’autres s’ouvrant sur des puits. Seuls, 6 tragaderos (gouffre-perte) sont explorés dont ceux de la Ventanilla (738 m, -114 m), et de Toclon 03-04 (1183 m, -165 m) donnant accès à un beau collecteur (200 l/s). Bilan : 6 cavités explorées et topographiées (2311 m de développement) et 10 gouffres repérés – non explorés.
Troisième partie dans l’Alto-Mayo (Rioja, San Martín)
Le 8 octobre, le groupe quitte Soloco pour s’installer à la Cueva de Palestina (850 m), notre traditionnelle base arrière dans l’Alto-Mayo. Une dizaine de grottes et gouffres sont explorés dans les secteurs de Palestina (Nueva Cajamarca) et de Aguas Claras (Pardo Miguel), dont le Pozo de Satanas (-101 m). Le 17 octobre, l’essentiel de l’équipe quitte Palestina et rentre à Lima via Tarapoto. Seuls Antonio et Jean-Yves restent sur place, où ils font une reconnaissance à Vista Alegre (Rodriguez de Mendoza, Amazonas), et y repèrent quelques cavités. Bilan : 6 cavités explorées (286 m), et 5 cavités repérées – non explorées.
Quatrième partie au Sud de Cajamarca (Cajamarca, Cajamarca)
Les deux spéléos restant se dirigent au sud de Cajamarca, dans les districts de San Juan et Asunción où ils explorent 3 cavités, dont la Cueva de la Peña Blanca (582 m, -101 m). Bilan : 3 cavités explorées et topographiées (672 m de développement).
Responsable : Bernard Lips, 4, avenue Salvador Allende, 69100, Villeurbanne
Participants fédérés à la FFS : Bernard Lips, Josiane Lips
Autres participants : Sylvain Lecigne (spécialiste des araignées) et Soumia Moutaouakil (chercheuse marocaine en biospéologie)
Dates : 6 au 15 novembre 2023
Cette expédition fait suite à notre participation au congrès spéléo international de Rabat qui s’est déroulé du 2 au 5 novembre (voir compte rendu correspondant).
Le projet de cette expédition est le résultat de plusieurs années de contacts et de travail dans le domaine de la biospéologie marocaine.
Soumia, après participation à deux stages de biologie souterraine en France (Aude et Chartreuse, 2018), organisés par le GEB, a démarré une thèse concernant la biologie souterraine du Maroc à l’université de Marrakech.
Josiane et moi avons encadré le module scientifique (biologie souterraine et topographie) de deux stages de formation, respectivement à Babou Idir (sud de Taza) en 2018 puis à Agadir en 2019. Ces deux stages ont été l’occasion de continuer à aider et à suivre Soumia dans son travail de thèse.
Dans le cadre de ce travail, Sylvain a été contacté pour déterminer des spécimens d’araignées récoltés dans diverses cavités. Plusieurs spécimens se sont révélés correspondre à des espèces nouvelles pour la science et Sylvain a pu décrire ainsi 5 nouvelles espèces.
Désirant poursuivre ce travail d’inventaire, il nous a suggéré d’organiser une expédition dans ce but.
Nous avons fixé les dates de cette expédition en tenant compte du congrès spéléo international de Rabat.
Pendant 10 jours nous avons parcouru la partie centrale du Maroc pour rechercher des araignées dans diverses grottes mais également à l’extérieur dans divers biotopes. Au total nous avons visité 9 cavités et chaque jour nous avons prospecté un ou deux sites extérieurs.
Nous avons profité également de ces visites pour continuer à collecter le reste de la faune souterraine ce qui permettra de compléter l’inventaire de cette faune. Josiane et moi avions visité et même topographié plusieurs de ces cavités lors de notre séjour au Maroc de septembre 1979 à juillet 1981.
Liste des cavités prospectées dans l’ordre chronologique :
* kef el Baroud, visité lors de la journée touristique du congrès,
* ghar Hordaifa, visité en compagnie de Jean-Philippe Dégletagne et Lionel Barriquand avant leur départ pour la France,
* ghar Takkout près d’Oualidia sur la côte atlantique, non loin de Safi,
* ghar Goran, une grande cavité labyrinthique entre Oualidia et Safi, toujours sur la côte atlantique,
* ghar Karkar, une cavité importante creusée dans le gypse au nord de Marrakech,
* la Perle de Ait, nouvelle cavité découverte par le club de Béni Mellal, rencontré lors du congrès, qui nous guide dans cette visite,
* Tagzout, une cavité à l’est de Béni Mellal,
* Ifri ou Berrid, une perte dans la zone de la forêt de cèdres au sud d’Azrou,
* Ifri Ouska, un court tube de lave, à quelques kilomètres d’Ifri ou Berrid.
La plupart de ces cavités ont des développements assez modestes et aucune n’a nécessité de matériel spécifique de progression. Chaque visite durait entre 2 et 3 h, temps nécessaire pour parcourir quelques dizaines de mètres tout en prospectant minutieusement les parois, le sol et les flaques d’eau à la recherche de faune. La plupart des animaux observés ont été photographiés sur site.
Il ne reste plus qu’à faire le plus important : trier, conserver dans de bonnes conditions et déterminer le matériel récolté.
Sylvain s’occupe spécifiquement des araignées. Soumia a gardé au Maroc la majeure partie de la récolte des autres groupes. Bernard a ramené les coléoptères pour faire déterminer, au moins les espèces de la famille des Tenebrionidae, par un spécialiste du musée lyonnais de la Confluence.
Comme d’habitude pour ces expéditions de biospéologie, il faudra l’aide de nombreux spécialistes et des mois, sinon des années pour avoir une liste complète des espèces. En attendant, Josiane tient à jour un diaporama avec les photos des espèces prélevées, accessible sur le site du GEB.