Expédition Mbanza-Ngungu 2024 (République Démocratique du Congo)

Participants FFS : Bernard Lips, Josiane Lips, Jean-Philippe Dégletagne

Autres participants : Pascale Lahogue (Belgique), Michael Laumanns (Allemagne), Giuseppe Spitaleri (Italie), Nadège Ngala Ntambwe (RDC) et Nicy Bazebizonza (RC)

Entre le 10 et le 24 juillet 2024 l’expédition Mbanza-Ngungu 2024 a regroupé 3 spéléologues français (Josiane et Bernard Lips, Jean-Philippe Dégletagne), 1 allemand et 1 italien ainsi que des participants belges et congolais (Congo Kinshasa et Congo Brazzaville).  

Les travaux d’exploration s’intègrent dans le projet Géo-Ressources pour le Développement (GeoRes4Dev) du Musée de l’Afrique Centrale à Tervuren (Belgique). Ce projet vise à amener les étudiants en géologie de Brazzaville et de Kinshasa à un diplôme universitaire (DEA ou thèse) portant sur des recherches liées au karst, y compris la documentation des grottes.

L’équipe franco-italo-allemande de 5 spéléologues était budgétairement autonome, les autres participants étant financés par le projet GeoRes4Dev.

Cette nouvelle expédition fait suite à celle menée en 2023 et qui avait permis de topographier une dizaine de kilomètres de galeries dans 12 cavités. La surprise majeure de l’expédition de 2023 avait été la découverte de la grotte Ngungi, à l’ouest du village de Langa, topographié sur 2,1 km. L’arrêt des explorations 2023 ne se situait qu’à environ 600 m à vol d’oiseau de l’extrémité amont de la grotte de Ngovo.

Le principal objectif, cette année, était donc de tenter la jonction entre ces deux cavités. Une première sortie dans les amonts de la grotte de Ngovo a permis de retrouver l’amont de la rivière dans un méandre de même style que celui de la grotte de Ngungi et d’avancer de plus de 300 m.

Le lendemain deux équipes sont entrées respectivement dans la grotte de Ngungi et dans la grotte de Ngovo. C’est cette dernière équipe qui rejoint en premier, après 833 m de topographie, le cairn mis en place l’année dernière. L’équipe en provenance de la grotte de Ngungi arrive peu après. Deux autres sorties dans la grotte de Ngovo permettent de compléter la topographie. Nous avons ajouté en 4 sorties 2487 m. Finalement le réseau complet développe 9522 m, occupant ainsi la 13ème place par le développement des cavités africaines (et la 6ème place en excluant les cavités de Madagascar). La traversée directe entre la grotte de Ngungi et la grotte de Ngovo nécessite un cheminement de plus de 4 km et semble donc la traversée la plus longue du continent africain. A signaler que la résurgence du réseau n’est pas connue. Plusieurs sources peuvent correspondre mais il faudra faire des colorations.

Nous avons également retopographié la grotte de Ndimba, topographiée par Yves Quinif en 1984 mais dont les mesures étaient perdues. La cavité développe finalement 2130 m. Pendant notre séjour, une expédition archéologique franco-belge a consacré plusieurs jours à la grotte de Ndimba pour effectuer un sondage dans la zone d’entrée et pour étudier le remplissage de cette cavité. Cette expédition nous a également accompagnés dans la grotte de Ngovo.

Les villageois nous ont indiqué deux cavités, une perte et une résurgence, à proximité de la grotte de Ndimba. Des passages aquatiques et souvent étroits nous ont permis de jonctionner ces deux entrées, mettant en évidence une traversée de 500 m (grotte de Ntadi Masa, développement 566 m).

Deux journées ont été consacrées à la grotte de Nkieza, partiellement retopographiée l’année dernière. Nous avons trouvé une suite en aval et surtout une nouvelle petite entrée à proximité d’une petite résurgence dont l’eau se reperd directement sous terre. Cette découverte permet une autre traversée et surtout un accès plus rapide vers l’aval. L’exploration en aval a malheureusement été arrêtée trop rapidement pas un petit siphon. Nous avons ajouté 345 m portant le développement total à 1135 m. Une galerie fossile, certainement plus intéressante que l’actif, méritera probablement un essai de désobstruction. La résurgence de Nkieza ainsi que celle de la rivière parallèle, plus importante, de la grotte de Nkikolo ne sont actuellement pas connues. Il est d’ailleurs possible que les deux rivières se rejoignent sous terre.

Enfin une journée a été consacrée aux grottes de Ndundu, d’une part pour poursuivre l’étude lithographique de la grotte de Ndundu 1 et d’autre part pour explorer et topographier la grotte de Ndundu 3, récemment signalée par les villageois (développement 89 m).

L’inventaire de la faune souterraine, concernant principalement les invertébrés, a également été poursuivi dans les diverses cavités visitées.

Au total l’expédition ramène 5,74 km de topographie dont environ la moitié en première.  Elle a surtout mis en évidence trois nouvelles traversées. Nous avons passé 10 jours à Mbanza-Ngungu dont 9 jours en exploration spéléologique.

Il reste de nombreux points d’interrogation dans la zone pour comprendre le fonctionnement hydrologique et de nombreuses cavités, plus ou moins importantes, à explorer ou à retopographier.

Un problème logistique important concerne l’état des pistes. Le moindre déplacement prend beaucoup de temps (1 h pour parcourir en véhicule 4×4 les 12 km qui séparent notre lieu de résidence à Mbanza-Ngungu du village de Langa où s’ouvrent les grottes de Ngovo et de Ngungi.

Il faut également prévoir chaque jour, ce qui est habituel dans beaucoup de pays africains, un temps de négociations et de palabres dans chaque village pour obtenir les autorisations d’entrée dans les cavités.

Ce sont inversement ces moments de discussion qui permettent d’avoir des informations sur d’éventuelles nouvelles cavités.     

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