Tous les articles par Florence Guillot

Expédition Mbanza-Ngungu 2024 (République Démocratique du Congo)

Participants FFS : Bernard Lips, Josiane Lips, Jean-Philippe Dégletagne

Autres participants : Pascale Lahogue (Belgique), Michael Laumanns (Allemagne), Giuseppe Spitaleri (Italie), Nadège Ngala Ntambwe (RDC) et Nicy Bazebizonza (RC)

Entre le 10 et le 24 juillet 2024 l’expédition Mbanza-Ngungu 2024 a regroupé 3 spéléologues français (Josiane et Bernard Lips, Jean-Philippe Dégletagne), 1 allemand et 1 italien ainsi que des participants belges et congolais (Congo Kinshasa et Congo Brazzaville).  

Les travaux d’exploration s’intègrent dans le projet Géo-Ressources pour le Développement (GeoRes4Dev) du Musée de l’Afrique Centrale à Tervuren (Belgique). Ce projet vise à amener les étudiants en géologie de Brazzaville et de Kinshasa à un diplôme universitaire (DEA ou thèse) portant sur des recherches liées au karst, y compris la documentation des grottes.

L’équipe franco-italo-allemande de 5 spéléologues était budgétairement autonome, les autres participants étant financés par le projet GeoRes4Dev.

Cette nouvelle expédition fait suite à celle menée en 2023 et qui avait permis de topographier une dizaine de kilomètres de galeries dans 12 cavités. La surprise majeure de l’expédition de 2023 avait été la découverte de la grotte Ngungi, à l’ouest du village de Langa, topographié sur 2,1 km. L’arrêt des explorations 2023 ne se situait qu’à environ 600 m à vol d’oiseau de l’extrémité amont de la grotte de Ngovo.

Le principal objectif, cette année, était donc de tenter la jonction entre ces deux cavités. Une première sortie dans les amonts de la grotte de Ngovo a permis de retrouver l’amont de la rivière dans un méandre de même style que celui de la grotte de Ngungi et d’avancer de plus de 300 m.

Le lendemain deux équipes sont entrées respectivement dans la grotte de Ngungi et dans la grotte de Ngovo. C’est cette dernière équipe qui rejoint en premier, après 833 m de topographie, le cairn mis en place l’année dernière. L’équipe en provenance de la grotte de Ngungi arrive peu après. Deux autres sorties dans la grotte de Ngovo permettent de compléter la topographie. Nous avons ajouté en 4 sorties 2487 m. Finalement le réseau complet développe 9522 m, occupant ainsi la 13ème place par le développement des cavités africaines (et la 6ème place en excluant les cavités de Madagascar). La traversée directe entre la grotte de Ngungi et la grotte de Ngovo nécessite un cheminement de plus de 4 km et semble donc la traversée la plus longue du continent africain. A signaler que la résurgence du réseau n’est pas connue. Plusieurs sources peuvent correspondre mais il faudra faire des colorations.

Nous avons également retopographié la grotte de Ndimba, topographiée par Yves Quinif en 1984 mais dont les mesures étaient perdues. La cavité développe finalement 2130 m. Pendant notre séjour, une expédition archéologique franco-belge a consacré plusieurs jours à la grotte de Ndimba pour effectuer un sondage dans la zone d’entrée et pour étudier le remplissage de cette cavité. Cette expédition nous a également accompagnés dans la grotte de Ngovo.

Les villageois nous ont indiqué deux cavités, une perte et une résurgence, à proximité de la grotte de Ndimba. Des passages aquatiques et souvent étroits nous ont permis de jonctionner ces deux entrées, mettant en évidence une traversée de 500 m (grotte de Ntadi Masa, développement 566 m).

Deux journées ont été consacrées à la grotte de Nkieza, partiellement retopographiée l’année dernière. Nous avons trouvé une suite en aval et surtout une nouvelle petite entrée à proximité d’une petite résurgence dont l’eau se reperd directement sous terre. Cette découverte permet une autre traversée et surtout un accès plus rapide vers l’aval. L’exploration en aval a malheureusement été arrêtée trop rapidement pas un petit siphon. Nous avons ajouté 345 m portant le développement total à 1135 m. Une galerie fossile, certainement plus intéressante que l’actif, méritera probablement un essai de désobstruction. La résurgence de Nkieza ainsi que celle de la rivière parallèle, plus importante, de la grotte de Nkikolo ne sont actuellement pas connues. Il est d’ailleurs possible que les deux rivières se rejoignent sous terre.

Enfin une journée a été consacrée aux grottes de Ndundu, d’une part pour poursuivre l’étude lithographique de la grotte de Ndundu 1 et d’autre part pour explorer et topographier la grotte de Ndundu 3, récemment signalée par les villageois (développement 89 m).

L’inventaire de la faune souterraine, concernant principalement les invertébrés, a également été poursuivi dans les diverses cavités visitées.

Au total l’expédition ramène 5,74 km de topographie dont environ la moitié en première.  Elle a surtout mis en évidence trois nouvelles traversées. Nous avons passé 10 jours à Mbanza-Ngungu dont 9 jours en exploration spéléologique.

Il reste de nombreux points d’interrogation dans la zone pour comprendre le fonctionnement hydrologique et de nombreuses cavités, plus ou moins importantes, à explorer ou à retopographier.

Un problème logistique important concerne l’état des pistes. Le moindre déplacement prend beaucoup de temps (1 h pour parcourir en véhicule 4×4 les 12 km qui séparent notre lieu de résidence à Mbanza-Ngungu du village de Langa où s’ouvrent les grottes de Ngovo et de Ngungi.

Il faut également prévoir chaque jour, ce qui est habituel dans beaucoup de pays africains, un temps de négociations et de palabres dans chaque village pour obtenir les autorisations d’entrée dans les cavités.

Ce sont inversement ces moments de discussion qui permettent d’avoir des informations sur d’éventuelles nouvelles cavités.     

Köýtendag 2024 – seconde expédition spéléologique au Turkménistan

Agrément FFS 1 / 2024

Pays : Turkménistan

Région : Lébap, massif de Köýtendag

Du 8 avril au 2 mai 2024

Nombre de participants : 17 membres fédérés

Clubs : Individuels (Hérault), Club Spéléo Vulcain (Rhône), Alpina Millau (Aveyron), Gruissan Prospection Spéléologie (Aude), Clan des Tritons (Rhône), CRESPE (Alpes-Maritimes), Spéléo club Argilon (Saône-et-Loire), Società Speleologica Italiana (Italie), Slovak Speleological Society – Speleoklub Badizér, Ardovo (Slovaquie), SGCAF, Spéléos Grenoblois du Club Alpin Français (Isère), FJS, Furets Jaunes de Seyssins (Isère).

Responsable : Jean-Pierre Gruat.

Après une expédition de reconnaissance du 6 au 22 mai 2023, par une équipe de 10 spéléos, en 2024 ce sont 17 spéléos issus de plusieurs clubs français, italien et slovaque en partance pour le massif du Köýtendag.

Pour visualiser le compte-rendu 2023 et les documents annexes (cliquer sur cette phrase)

Pour 2024 ce sera une équipe pluridisciplinaire plus importante pour cette deuxième expédition au Köytendag, du 8 avril au 2 mai 2024 (il y aura quelques défections de dernière minute, notamment notre vidéaste Daniel Penez). Dix-sept personnes participent : Philippe Audra, karstologue, Université Côte d’Azur, Jo De Waele et Lionel Barriquand, spécialisés en géologie et karstologie, Josiane Lips et Jozef Grego, spécialisés en biospéléologie, Jean-Paul Héreil, Bernard Lips, Xavier Robert et Alexandre Pont pour la topographie, Gaël Cazes pour la topographie 3D par photogrammétrie, Jean-Marie Briffon, Claire Falgayrac, Jean-Philippe Grandcolas, Jean-Pierre Gruat et Freddo Poggia pour l’exploration et la prospection, Annie Guiraud et Philippe Crochet en charge de la couverture photographique.

Les objectifs sont multiples : photographie, topographie de l’existant, karstologie, biospéléologie, prélèvements et documentation, prospection et explorations nouvelles.

– 12 cavités sont visitées à plusieurs reprises et topographiées : certains jours, 5 équipes de 2 à 3 personnes ont réalisé de la topographie (8571 stations topographiques, 18,7 km de réseau topographié, profondeur maximum atteinte – 157 m).

Les principales cavités reprises et topographiées partiellement ou complètement :

Geophyzicheskaya

Tush-Yurruck

Kaptharana

Promeszutochnaya 

Hushm-Oyeek

Kutuzov cave ou grotte du Lac

Verticalnaya

Cupp-Coutunn

Malgré des « contraintes administratives » importantes, la zone se trouve sur une zone militaire, proche de la frontière ouzbèke, un temps journalier sur le terrain limité à 8 h maximum, il peut être envisagé de programmer une 3ème expédition en 2025 ou 2026, en envisageant d’explorer une autre zone en dehors de la zone militaire, toutefois la proximité de la frontière ne nous libère pas de toutes les contraintes. Cette année nous avons bénéficié de visas gratuits (119 dollars par personne en 2023), par contre comme en 2023, nous n’avons pas échappé au test PCR (29 dollars par personne en 2024) !

– Le 1er jour de l’arrivée à Ashgabat, avant de prendre le train pour Kerki, Philippe Audra, Lionel Barriquand, Gaël Cazes et Jean-Pierre Gruat, sont reçus par Mme Shirin Karryyeva, Mme Tatjana Rosen, M. Jumamyrat Saparmuradov et d’autres personnes. Ces personnes travaillent dans le cadre du projet CEPF/CLLC du Turkménistan (CEPF : Critical Ecosystem Partnership Fund et CLLC : Center for Large Landscape Conservation).

Ils souhaitaient échanger avec nous sur les objectifs de notre expédition, ils manquent d’informations sur la géologie et le karst du Koytendag et nous pouvons leur apporter certains éléments en ce domaine.

En parallèle, une autre partie de notre équipe (Jozef Grego, Josiane Lips et Jo De Waele) est reçue au Ministère de l’Environnement pour évoquer les autorisations nécessaires de prélèvement et d’exportation en biospéléologie (invertébrés) et en géologie (petits échantillons de pierre).

– Arrivée le 10 avril sur place au Koytendag, malgré quelques petits problèmes administratifs le 1er jour pour accéder aux grottes situées en zone militaire, nous avons pu réaliser les objectifs scientifiques, topographiques et photographiques durant l’ensemble du séjour. Seule, la prospection du massif n’a pas donné les résultats escomptés, puisqu’aucune nouvelle cavité majeure n’a été découverte, malgré l’exploration de porches difficiles d’accès dans certains canyons. Le massif est vaste et la prospection est difficile avec les nombreux et profonds canyons qui le découpent.

– Les scientifiques en karstologie, en géologie, biocorrosion ont pris des mesures de températures d’air et d’eau, des échantillons d’eau des sources et des lacs, relevé les failles et fractures, les emplacements de différents minéraux et concrétionnements.

Ils vont analyser tous ces éléments en laboratoire pour expliquer la formation de ces cavités, leur évolution et la présence des différents minéraux. Philippe Audra a aussi déposé un pluviomètre performant à basse altitude (maison de la réserve naturelle) et un autre à plus haute altitude (fond de la vallée). Tous les mois, M. Shaniyaz Mengliev, Directeur scientifique de la réserve du Koytendag relèvera l’eau, et plus tard, les isotopes seront étudiés.

– Une grande partie de la grotte de Geophysicalskaya a été relevée par photogrammétrie en 3D en collectant plus de 50 000 images superposées.

– L’équipe photographique s’est concentrée principalement sur deux cavités, Geophysicheskaya et Hushm-Oyeek. La présence de gypse en quantité en fait l’intérêt principal, Hushm-Oyeek , connue depuis plus longtemps, a été fortement endommagée alors que Geophysicheskaya, découverte plus tard, est relativement bien préservée. Cette dernière a été couverte photographiquement, elle est exceptionnelle : profusion de gypse sous toutes ses formes (chandeliers, stalagmites géantes creuses, aiguilles, fleurs, crosses, croûtes…), aragonite, vastes galeries aux plafonds rouges, immenses draperies colorées, un véritable festival pour les yeux tout autant qu’un concentré de phénomènes géologiques.

– Les scientifiques en biospéléologie ont fait beaucoup de prélèvements d’invertébrés dans les grottes et les sources. C’est un beau complément aux découvertes de l’an passé publiées dans le rapport 2023. Le tout est en cours de classification, d’analyse …

Des espèces nouvelles semblent avoir été relevées. Les scientifiques en biospéléologie – qui sont rentrés au bout de 15 jours passés au Turkménistan – ont délivré les premières informations sur leur découverte :

« Pour l’instant nous avons environ 3-6 candidats pour de nouvelles espèces de mollusques souterrains et de source. Les mollusques de surface nous ont également réservé quelques surprises, car dans deux cas, la famille de mollusques la plus proche se trouve à environ 500 km à l’ouest du Köytendag, et il est probable que ces données éloignées représentent également de nouvelles espèces. »

Jozef Grego rédigera prochainement un rapport préliminaire avec des photos.

Toutes ces études demandent beaucoup de temps et les éléments définitifs seront dans le rapport final de l’expédition.

– La prospection : des équipes légères (3 ou 4 personnes) ont parcouru certains secteurs du massif à la recherche de nouvelles cavités, sans résultat. De même, 2 équipes ont descendu des falaises pour atteindre des porches repérés en 2023 dans les canyons, ces porches se sont révélés être des baumes sans suite. Quelques escalades ont été tentées, sans résultat.

Toutefois, les hauts plateaux d’altitude à plus de 2000 mètres n’ont pas été parcourus, l’approche de la frontière ouzbèke nous étant interdite par les autorités turkmènes et un bivouac en altitude aurait été nécessaire. Cette zone reste à étudier dans les prochaines expéditions.

* Geophysicalskaya est absolument à protéger et à préserver de toute dégradation (et d’autres cavités du secteur), elle a des particularités rares et une beauté exceptionnelle avec des formations de gypse unique en splendeur et densité.

* Pour réaliser de nouvelles expéditions, il est nécessaire de trouver des financements, pour réaliser un travail scientifique, les études en laboratoire des résultats exigent aussi un apport financier important.

* Le nombre de photos ramenées de cette expédition 2024 permet de réaliser une publication sur les grottes du Köytendag, reste là aussi à trouver un financement.

Pour consulter la sélection des photos de Philippe Crochet (cliquer sur cette phrase)

Une équipe pluridisciplinaire pour l’expédition 2024 :

AUDRA Philippe, Docteur en géographie physique, karstologue, directeur du Département Hydroinformatique et ingénierie de l’eau et du Master hydroprotech, Université Côte d’Azur. CRESPE (Alpes-Maritimes).

BARRIQUAND Lionel, chimiste, doctorant Université Savoie-Mont-Blanc, Laboratoire EDYTEM de Dynamique des Environnements et Territoires de Montagne. Spéléo club Argilon (Saône-et-Loire).

BRIFFON Jean-Marie, spéléologue, médecin. Gruissan Prospection Spéléologie (Aude).

CAZES Gaël, Expert chez CENOTE Sarl, doctorant Université de Montpellier, Géosciences Montpellier. Individuel (Hérault).

CROCHET Philippe, hydrogéologue et photographe spéléologue. Individuel (Hérault).

DE WAELE Jo, Doctorat en prospection minière, Professeur en géographie physique et géomorphologie Université de Bologne. Società Speleologica Italiana (Italie).

FALGAYRAC Claire, spéléologue. Gruissan Prospection Spéléologie (Aude).

GRANDCOLAS Jean-Philippe, spéléologue. Clan des Tritons (Rhône).

GREGO Jozef, Doctorat diversité mondiale des gastéropodes stygobiotioc, diversité mondiale des Clausilidiae, chercheur indépendant, SubBio Lab Ljubljana University, Slovak Speleological Society – Speleoklub Badizér, Ardovo (Slovaquie).

GRUAT Jean-Pierre, responsable d’expédition, spéléologue. Alpina Millau (Aveyron).

GUIRAUD Annie, spéléologue, assistante-photographe. Individuelle (Hérault).

HEREIL Jean-Paul, spéléologue. SGCAF, Spéléos Grenoblois du Club Alpin Français (Isère).

LIPS Bernard, bio-spéléologue. Club Spéléo Vulcain (Rhône).

LIPS Josiane, bio-spéléologue. Club Spéléo Vulcain (Rhône).

POGGIA Frédéric, spéléonaute. FJS, Furets Jaunes de Seyssins (Isère).

PONT Alex, spéléologue. Clan des Tritons (Rhône).

ROBERT Xavier, Doctorat en Thermochronologie, Chargé de Recherche (CRCN) IRD, Thermochronologie, tectonique, géomorphologie, géologie de terrain, ISTERRE – Université Grenoble Alpes. Club Spéléo Vulcain (Rhône).

Le Turkménistan possède un patrimoine exceptionnel, caché au sein d’un magnifique massif montagneux : le Koytendag.

https://tm.ambafrance.org/Le-Turkmenistan-possede-un-patrimoine-exceptionnel-cache-au-sein-d-un

Un bel article paraitra dans le Spelunca de l’automne 2024, suivi d’une publication et du compte-rendu complet de cette expédition 2024.

Remerciements à la FFS/CREI pour son parrainage, à L’Enseigne Peinte, Chatou, Yvelines (gérant : Thierry Flon, membre FFS du Clan des Tritons) pour la conception et la fabrication gracieuse de l’autocollant Koytendag 2024.

Jean-Philippe GRANDCOLAS & Jean-Pierre GRUAT, juillet 2024.

Des nouvelles des spéléos en Chine !

Participants

Jean BOTAZZI (URSUS)
Eric DAVID (CASC – Club Action Spéléo Canyon), Jean François FABRIOL (FSC – Figeac Spéléo Club), Bruno HUGON (SCASSE : Spéleo Club Annemasse), Yves MARANG (SCOF : Spéléo Club Orsay Faculté), Cécile PACAUT (SGCAF : Spéléo Grenoblois du CAF), Eric SANSON (FLT : Fontaine La Tronche)
Xiaoheima

RDV à Lyon Saint Exupéry : Eric S, Eric D, Bruno, Cécile Transit à Paris Roissy. On récupère Yves qui nous rejoint au bar…

5 mars 2019
Arrivée à Guiyang à 19h30. L’équipe de la télévision japonaise NHK nous repère à la récupération des bagages et nous annonce qu’ils nous retrouveront pour nous suivre à partir du 15/3.
Repas d’accueil puis nuit à l’hôtel au 19è étage. Retrouvailles avec les petits déjeuners à base de nouilles.

6 mars 2019

Transfert sur la vallée de la Shuanghe (district de Suiyang) à environ 250km au nord est de Guiyang (3h de route).
La météo s’annonce humide pour les 2 semaines à venir. On retrouve avec plaisir les tables montées sur poêles qui permettent de se réchauffer en mangeant.

Arrivée à 15h au bout de la vallée de la Shuanghe : on stationne dans le plus bel hôtel (qui n’existerait pas sans le travail des spéléos français) où on retrouve les rolls-royces électriques baptisées il y a 2 ans : luxe, charme et volupté… Les expés spéléos ne sont plus ce qu’elles étaient…
On décharge les affaires perso, le matos collectif, on organise le local matériel, la salle de réunion / travail, les chambres etc…

Cécile Pacaut

Expédition Boy Bulok 2018 – Ousbékistan

29 Juillet au 20 aout 2018

Le projet 2018 avait pour but de réaliser la jonction entre deux cavités du massif du Schulbair: le gouffre mythique de Boy Bulok (1450m de dénivelé) découvert et exploré jusqu’à son terminus dans les années 80 et le gouffre de Vishnevskii exploré actuellement jusqu’à -750 m. Du fait des profondeurs et des différences d’altitudes des entrées (2650 m pour Boy-Bulok et 3500 m pour Vishnevskii ), la jonction aurait porté le dénivelé du système à 2150 m environ, soit le troisième gouffre le plus profond au monde !

L’expédition se composait de 24 participants, treize Russes du groupement CGC (Sud-Oural), huit Français et trois Suisses de l’association Continent 8.

Pendant trois semaines, nous avons poussé les explorations en nous concentrant sur 4 objectifs:

  • Remonter l’affluent de -560 m dans la rivière de Boy-Bulok. Cet affluent serait en effet une des arrivées possibles du gouffre de Veschnevkii
  • Poursuivre les explorations dans les amonts de Boy-Bulok (cote +250 m) pour tenter une sortie en falaise vers 3500 m d’altitude
  • Poursuivre les explorations au fond du gouffre de Vishnevskii (cote actuelle -750 m) en direction de Boy-Bulok
  • Poursuivre les explorations des affluents de la rivière de Vishnevskii à la cote -400 pour trouver éventuellement d’autres rivières qui se développeraient en direction de Boy-Bulok

Au final la jonction entre les deux gouffres n’a pas été établie, mais les résultats de l’expédition sont encourageants:

  • Le gouffre de Boy-Bulok a été entièrement rééquipé jusqu’à la côte de -500 m. En effet certains des équipements en place – pour ne pas dire tous – dataient des années 1980.
  • A Boy-Bulok, dans l’affluent de -560 m, les escalades ont buté sur des méandres impénétrables.
  • Dans la partie amont de Boy-Bulok, un bivouac de 10 jours et une centaine de tirs ont permis de remonter 300 à 400 m de méandres en direction de la falaise
  • Au fond de Vishnevskii , tous les passages ont été fouillés systématiquement lors d’un bivouac de cinq jours. Plus de 700 m de topographie ont été levés dans cette partie. L’exploration est en arrêt sur rien dans un affluent rive gauche qui part en direction de Boy-Bulok sur 300 à 400 m.
  • Au bivouac 1 de Vishnevskii (cote -400 m), deux équipes se sont succédés sur une période de deux fois cinq jours et ont pu progresser dans trois affluents. Ils totalisent environ 700 à 800 m de première.

Au total, nous avons réalisé 4,5 km de topographie dont 2 km de nouvelles galeries, principalement dans le gouffre de Veschnevkii.

Les gouffres de cette région sont particulièrement exigeants: longs, froids, hauts en altitude, étroits, marche d’approche importante, etc. La progression y est lente et difficile en raison du poids des sacs (8h pour atteindre le fond de Vishnevskii sans kits, 14h avec un kit à bout de bras!…) et des accès souvent délicats (l’entrée de Vishnevskii s’ouvre dans une falaise à pic de 300 m).

A ces conditions s’ajoutent aussi les difficultés géopolitiques et les trafics de stupéfiants. Entre la fin des années 1990 et la fin des années 2000, les autorisations d’exploration ont été suspendues du fait de la présence américaine qui utilisait le sud de l’Ouzbékistan pour mener les raids en Afghanistan.

Enfin, il faut aussi prendre en compte l’éloignement de la zone. Depuis Tashkent, il faut compter 12 h de transport jusqu’à Boysun (train ou bus), 4 h de camion à 6 roues motrices pour rejoindre Dehibolo et 7 h de marche d’approche pour accéder au camp de base à 3000 m d’altitude.

Par conséquent, peu de gens vont la-bas; et à l’exception d’un certain “Jérome Dupuis” qui serait venu sur le camp en 1994, nous sommes manifestement les seuls francophones à avoir mis les pieds sur le massif !

Le réseau Suiyang Shuanghedong en Chine (Guizhou) devient le plus long d’Asie

Le 24/03/2018, pendant l’expédition Shuanghe et Pingtang 2018, une conférence de presse a été organisée à Shuanghe.

Galerie de Longtanze
Crédit Christian Delaire – Amandine Laborde

Le réseau souterrain de Suiyang Shuanghedong a été officiellement annoncé comme le plus long d’Asie en développement topographié avec 238479 m, ce qui le place au sixième rang mondial.

La présentation de la conférence de presse 

 

Chine : Expédition « Shuanghe et Pingtang » 2018

Une nouvelle expédition chinoise en collaboration avec les karstologues de l’université du Guizhou (GIMR) a lieu du 9 mars au 1er avril.

Durant les deux premières semaines de l’expédition, l’équipe retournera sur le plus grand réseau de Chine, la Shuanghe, au centre de la province du Guizhou, pour continuer les explorations. Ce réseau dépasse aujourd’hui les 200 km, avec plus de 50 entrées. En parallèle, aura lieu un stage de formation pour les spéléos chinois.

Le tiankeng de Duiwodong, un amont probable du réseau de Shuanghedong, fera partie des objectif prioritaires

Dans la seconde partie de l’expédition, les spéléos retourneront sur le secteur de Pintgtang, au sud-est de Guiyang, pour continuer l’exploration des cavités de ce secteur.

A Pingtang, nous explorons un des bassins amonts du système karstique de Dajing, parmi les plus importantes sources karstiques au monde.

Participants : Carlos Placido (Mowgli), Éric Sanson, Jean Bottazzi, Amandine Dransart-Laborde, Christian Delaire, Marc Guillot, Jérôme Lippart, Carole Jalibert, Denis Langlois, Emmanuel Vitte, Marc Tremblay et Jessica Morin-Buote et Florence Guillot et nos collègues chinois.

Expédition Khaophutong Khaothakhanun

Explorations spéléos en Thaïlande – février-mars 2018

Suite à une reconnaissance en août 2017, dans la région de Kanchanabury, dans un but de recherches minéralogiques, nous avons observé des massifs karstifiés au sud-ouest de Thongphaphum.

Une rapide première reconnaissance a mis en évidence un potentiel de 400 à 800m de dénivellation avec des systèmes pertes – résurgences, pour des percées atteignant 14 km à vol d’oiseau, dans des terrains permiens. Nous avons décidé de monter un projet d’exploration de ces massifs (40 x 12 km) qui devrait durer plusieurs années.

Le camp de base – dans le Park national de Thong phaphum – sera situé à Ban Pilok, village à proximité de la frontiere Birmane, où nous disposons d’une maison.

Les explorations seront délicates du fait de l’isolement du massif : longues marches dans la jungle (gros dénivelés très raides et pas de pistes), donc bivouacs en forêt. L’aventure sera de la partie !

Objectif de l’expédition

Les personnes désireuses de se joindre au projet sont les bienvenues, notamment biologistes et archéos ! Le secteur est connu pour receler des vestiges très anciens (aux dires des braconniers thaïs) !

Le peu que nous avons déjà pu reconnaitre est énorme et laisse présager de belles découvertes spéléos !

Le premier groupe décolle  le 20 fevrier et rentre le 17 mars.

Plus d’infos sur :

www.khao-phu-thong-khao-tha-khanun

Expédition Spéléozistan 2017

9 Français, 5 Kirghizes, 3 Américains, 2 Italiens, 1 Écossais et 1 Belge constituent l’expédition internationale Spéléozistan qui aura lieu du 24 août au 11 septembre 2017.

Initiée par l’hydrogéologue Alexei Dudashvili, elle a pour but de topographier et de reprendre l’exploration d’une grotte-mine et de son massif situé en Asie Centrale, dans le massif du Turkestan, au sud du Kirghizistan, proche de la frontière tadjike. Il s’agit d’une région relativement aride et très montagneuse.

Objectifs de l’expédition

Comme il s’agit d’une mine, le réseau est labyrinthique et la topographie risque d’être complexe. Des archéologues participent aussi à l’expédition pour pouvoir étudier les vestiges. Nommée Kan-i-Gut, cette mine passe pour être médiévale et produisait de l’argent (filon polymétallique) dans un vaste secteur minier s’étendant jusqu’à l’Ouzbékistan et proche de la fameuse route de la soie.

Expédition internationale organisée par les associations française et kirghize : Explos et Foundation for Preservation and Exploration of Caves. Elle est parrainée par la FFS, la FSE et l’UIS et soutenue par les sociétés Béal, Aventure Verticale, et Petzl-Bicchek, le Comité Départemental de Spéléo de l’Ariège, la Turkish Airlines et l’association.

Le site web et le blog de l’expé : http://kgz.explos.fr