Porracolina 2020 à 2023

Communication Patrick Degouve

Pays : Espagne

Région : Santander

Clubs : GSHP (65) et S. C. Dijon(21)

Responsable : Patrick Degouve, 33 rue de Labat 64800 Asson

Participants :

N. Bondon (S.C.Dijon), P. Degouve (S.C. Dijon/GSHP), S. Degouve (S.C. Dijon/GSHP), C. Clary (SCV), A. Fuentes (AER – Espagne), L. Garnier (GSV), L. Guillot (ASPP – 39), O. Haure (GUCEM), A. Lorentz (GSHP) R. Martinez (Wychy)(AER – Ramales Es), Ph. Mathios (SCC – 31), J.N. Outhier (ASPP), B. Pernot (S.C.V.), G. et M. Simonnot (+ famille), P. Smith (Matienzo caves – GB), M. Tessane (GUCEM), M. Ulises (GSHP), D. Vidal (GSHP), F. Verlaguet (GSVO – 64).

Malgré les perturbations liées au Covid, les explorations ne se sont pas vraiment interrompues durant ces 4 années. Celle-ci se sont principalement concentrées sur 5 secteurs situés sur les massifs de Porracolina, du Fraile, de la Lusa, de Piluca et du Mortillano. Elles ont été réalisées pour la plupart en collaboration avec des clubs Espagnols notamment l’AER (Ramales) mais aussi avec des anglais du Matienzo Cave Project pour la partie nord de la vallée d’Asón.

Malheureusement, en 2023, elles ont été endeuillées par la disparition de notre ami Bruno Pernot lors d’une exploration dans le massif de la Lusa. Bruno était depuis plus de 30 ans un pilier de nos explorations en Cantabria et sa disparition va laisser un grand vide.

Explorations sur le massif de Porracolina

·        Réseau Cueto-Coventosa et environs

En amont de la résurgence de la Cubera, principal exutoire du réseau Cueto-Coventosa, nous nous intéressons depuis de nombreuses années à une émergence temporaire dont l’origine reste énigmatique : la fuente del río Sordo. Motivés par un fort courant d’air, des travaux de désobstruction ont été entrepris mais pour le moment sans résultat. Nous avons donc repris les plongées dans le siphon qui se présente à une cinquantaine de mètres de l’entrée. Celui-ci avait été reconnu sur 190 m avec un point bas à -39 m (P. Degouve 1993 puis Y. Tual en 2005 et 2009). En 2019 Fredo Verlaguet effectue une nouvelle plongée de reconnaissance mais après une remontée jusqu’à -20 m, la suite n’est pas trouvée. En fait, l’amont de ce delta souterrain semble plutôt se situer au point le plus bas du siphon (-43 m). Une nouvelle plongée prévue en juillet 2023 a été contrariée par une crue inattendue. De ce fait, elle constitue un objectif prioritaire pour l’année à venir.

En 2020, un autre siphon situé dans une cavité voisine a été reconnu sur 70 m (-10 m) par Manu Tessanne. Il est prolongé jusqu’à 120 m deux ans plus tard par Fredo Verlaguet qui atteint la profondeur de -36 m. La jonction entre les deux conduits noyés est quasi certaine mais reste à concrétiser.

Parallèlement nous avons repris l’exploration des galeries situées juste avant le siphon terminal de la cueva Coventosa. C’est une zone de conduits étagés, assez complexe, mais qui a déjà livré quelques bonnes surprises avec la découverte d’environ 440 m de nouveaux conduits.

En altitude, après quelques travaux, le gouffre de la Ruine a livré une succession de puits explorés jusqu’à la profondeur de -230 m.

Massif du Fraile

·        Réseau du Gándara :

Durant ces dernières années, nos recherches se sont essentiellement concentrées sur l’aval du réseau et le delta souterrain qui se développe dans son extrémité orientale. Celle-ci est caractérisée, sur un plan géologique, par la présence de lentilles à Mudmouds qui favorisent la confluence de drains totalement indépendants plus en amont. Suite à quelques travaux de désobstruction parfois ingrats, nous avons pu accéder a des galeries post siphons dont l’exploration, réalisée dans les années 80, n’avait jamais été reprise. Cela nous a permis de connecter une nouvelle entrée au réseau et de découvrir des conduits fossiles qu’on ne soupçonnait pas. Au total 2200 m de galeries ont été parcourus. Le développement du réseau est désormais de 119 km pour un dénivelé total de 814 m.

·        Cueva Tonia :

La cavité a été ouverte par désobstruction en 2019 notamment par José Leroy et son exploration a débuté dans la foulée aboutissant à la découverte d’un ruisseau souterrain qui a pu être remonté sur près d’un kilomètre jusqu’à une trémie. En 2020 une escalade est réalisée peu avant le terminus. Elle donne accès à un conduit fossile, continuation logique de celui existant peu avant. 900 m de nouvelles galeries ont ainsi été ajoutés au développement qui passe à 2025 m (± 170 m). Cette cavité constitue l’ultime affluent rive gauche du collecteur de la Gándara, mais la jonction semble peu évidente.

·        Torca del Pasapuré

Située à l’aplomb même du réseau, nous pensions pouvoir établir sans trop de difficulté la jonction entre les 2 cavités. Une trémie en a décidé autrement et à stoppé notre progression à -326 m (développement : 1404 m)

·        Recherches dans le secteur de la Lunada, la torca de Lastrias 1

A l’envers du massif, sur les extrêmes amonts du réseau, nous nous sommes intéressés à des cavités anciennement explorées par nos amis de Burgos. Dans l’une d’elle, la torca de Lastrias, un improbable boyau aspirant s’est révélé être l’accès à un gros conduit parallèle que nous avons pu explorer sur plus de 1100 m (développement total : 1756 m ; -144 m)

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Massif de la Lusa

·        Torca de los Copetes :

Curieusement, la torca de los Copetes avait échappé aux recherches des différentes équipes étant intervenues sur le secteur. Nous l’avions repérée en 1987 lorsque nous explorions le réseau de la cueva del Lobo puis en 1991, mais compte tenu de l’altitude, nous avions imputé le courant d’air soufflant aux différentes entrées supérieures. Mais il fallait quand même en avoir le cœur net et il faudra attendre 30 ans pour que nous y retournions pour constater qu’il existait une autre origine à ce courant d’air violent et glacial. Après quelques travaux de désobstruction nous sommes parvenus à une série de puits rejoignant vers -200 m un niveau de galeries. L’exploration a livré près d’un kilomètre de conduits pour une profondeur totale de 242 m. Dans ce secteur d’autres gouffres ont été découverts et les chances d’atteindre un collecteur semblable à ceux s’écoulant plus au nord ne sont pas négligeables.

Massif de Piluca (Nord d’Arredondo)

·        Torca de Rotura

Nous avions découvert ce gouffre en 1988 et exploré jusqu’à -73. A l’époque nous nous étions arrêtés devant un boyau impénétrable et parcouru par un violent courant d’air.

Trente ans plus tard, en février 2018, nous nous décidons à revoir le terminus car entretemps, une grande cavité, la cueva de la Vallina, a été explorée par nos amis anglais et l’une de ses galeries passe environ cent mètres sous l’entrée de la torca. Cinq sorties très sporadiques réparties entre 2018 et 2022 seront nécessaires pour ouvrir un conduit sur 7 m, accéder à deux autres petits puits de 14 et 10 m et rejoindre la cueva de la Vallina à -95 m.

Massif du Mortillano et karst de la Sierra Verde:

·        Cueva de Carcabon

Ce réseau pourtant prometteur reste d’un accès délicat en raison de sa forte sensibilité aux moindres variations du niveau d’eau. En crue la grande majorité des galeries explorées (13 km au total) se retrouvent sous l’eau à l’exception de quelques conduits fossiles situés bien au-dessus de la zone épinoyée (point haut à +190 m). Pour cette raison et à cause d’une météo très capricieuse l’été, les explorations menées avec l’AER (Ramales) ne progressent pas aussi rapidement que nous le souhaiterions. Réalisées au cours de bivouacs rendus nécessaires pour atteindre les points les plus éloignés, elles ont toutefois permis de progresser de plus de 2,5 km durant cette période. Curieusement, sur la totalité du réseau que nous avons parcouru, la rivière souterraine n’est jamais visible à l’exception de quelques regards sur des niveaux noyés. En 2022 à l’extrémité d’une longue galerie épinoyée, mais totalement sèche lors de notre visite, nous nous sommes arrêtés pour la première fois à l’aplomb d’un véritable actif. Faute de cordes suffisantes nous n’avons pas pu l’atteindre. A suivre en 2024.

·        Torca de los Cubillones

Face à ces difficultés nos efforts se sont donc reportés sur les recherches en surface afin de trouver un autre accès. Une bonne cinquantaine de nouvelles cavités ont été explorées, mais rares sont celles qui dépassent 50 m de profondeur. Toutefois parmi elles la torca de los Cubillones idéalement placée par rapport au réseau a pu être explorée jusqu’à la profondeur de 255 m suite à deux désobstructions épiques. La seconde, dans un étroit méandre arrosé, a percé la voûte d’une gigantesque salle de 130 m x 180 m et haute de plus de 70 m (salle José Gambino) offrant ainsi une spectaculaire descente plein vide. Malheureusement les quelques puits qui lui font suite sont tous colmatés et plusieurs escalades se sont soldées par des échecs.

Autres activités

·        Inventaire

Notre travail d’inventaire se poursuit sur ces différents massifs. A la fin de l’année 2023 celui-ci contient un peu plus de 3560 références consultables pour une partie sur le site karstexplo.fr (fiches téléchargeables) et désormais sur la base de données fédérale karsteau.org . Toutes les infos sont en accès libre. Elles concernent à ce jour 2588 entrées assorties de 6511 documents.

·        Participation au 14° congrés Eurospéléo (Burgos et Ramales) :

Conférence sur le réseau de la Gándara.

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Légende des photos

Bruno.jpg : Bruno Pernot (1968–2023), un ami et un pilier de nos explorations en Cantabria (Photo Damien Grandcolas)

Cartesecteurs.jpg : situation des principaux massifs.

Carte-Carcabon.jpg : La cueva de Carcabon ( 13055 m ; ±213 m) et la torca de los Cubillones (-255 m)

CoupeSalleGambino.jpg : Coupe développée de la salle José Gambino (torca de los Cubillones)

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