Entrée intermédiaire terra Ronca 2 (Valérie Perret)
L’expédition spéléologique Goiás 2024 s’est déroulée du 20 juin au 7 juillet 2024. Elle a été organisée conjointement par le Groupe Spéléo Bagnols Marcoule de Bagnols sur Cèze dans le Gard, France et par le Grupo Bambui Pesquisas Espéléologicas de Belo Horizonte dans le Minas Gerais, Brésil. Cette expédition marquait l’anniversaire des 30 ans d’amitié et de collaboration entre les deux clubs. Cette histoire a commencé en 1994 sur ce massif du Goiás.
De 16 à 21 spéléologues français et brésiliens ont exploré le massif karstique de la Serra do Calcario et plus précisément la région du Parque Estadual de Terra Ronca dans l’état du Goiás. Le camp de base était installé dans le hameau de São João dans la commune de São Domingos, idéalement situé au cœur de la zone. A partir de ce point, les équipes ont pu rayonner dans toutes les directions. Les objectifs principaux se situaient entre 30 mn et 1h30 de voiture suivi d’une heure à cinq heures de marche sauf l’exceptionnelle grotte de Terra Ronca 1 dont l’entrée est au bord de la piste.
Plusieurs membres de l’expédition, notamment les plus anciens, connaissent très bien cette zone puisqu’elle a été l’objet de plusieurs projets depuis 1994. Les nombreuses découvertes réalisées durant ces années méritent d’être à nouveau inspectées voire re-topographiées avec des moyens plus modernes. Les principales cavités reprises sont : la partie aval de São Vicente1 et 2, Couro d’Anta, Gruta da Craibrinha, l’abismo de Vaca Brava, Terra Ronca 1 et 2, São Bernardo 1, São Bernado 3, São Mateus 4… Avec les photos aériennes plus récentes, la prospection de nouvelles zones de la région a fait également partie des objectifs en particulier la partie à l’ouest de São João vers la perte de Vaca Brava ainsi qu’au sud entre São Bernardo 1 et São Bernardo 2. Pendant un peu plus de quinze jours, les équipes vont, soit arpenter le massif à la recherche de nouvelles cavités, soit chercher de nouveaux passages dans les réseaux connus ou bien réaliser de nouvelles topographies plus précises. Cette stratégie s’est avérée payante puisque de nombreuses découvertes ont ainsi été faites. Sans que toutes les données soient encore traitées, l’expédition ramène environ 20 km de topographie dont à peu près 6 km de première. Plusieurs nouvelles galeries et salles ont été inventées notamment dans São Bernardo 1, São Vicente 1, Terra Ronca 2, Gruta de Vitorino… De nouvelles cavités ont été inventées : Gruta da Onça, Gruta do Tintin, Sumidoro de Vaca Brava, Pertes du Rio Seco,…
Lors de cette expédition, de nombreux contacts ont été pris avec les guides locaux pour les sensibiliser sur divers points tels que la géologie, la biologie, l’environnement, la sécurité et le secours sous terre notamment lors d’une conférence.
Les résultats de cette nouvelle expédition dans cette région ont permis de constater qu’il y avait encore beaucoup de potentiel pour faire de belles découvertes. Certes, elles sont moins évidentes qu’il y a quelques années ou nous n’avions qu’à suivre les cours d’eau et explorer la galerie principale aux dimensions hors normes pour nous. Aujourd’hui, nous devons utiliser des techniques modernes pour effectuer des escalades, rechercher avec des logiciels des entrées probables, suivre des cours d’eau asséchés sur des cartes et parfois même faire un peu de désobstruction mais le travail s’est avéré payant et gratifiant. En bouquet final, qui est sans doute le plus important, l’expédition s’est déroulée dans une exceptionnelle convivialité.
Participants du GSBM : Olivier et Isabelle SAUSSE, Guy DEMARS, Valérie et JeF PERRET. Responsable de l’expédition et rédacteur : Jean-François (JeF) PERRET.
Expédition spéléologique en Thaïlande – décembre 2023-avril 2024 Summary /Résumé- auteur Didier Rateau pour l’équipe.
L’expédition se déroule en trois phases distinctes, et s’inscrit dans la suite des 9 précédentes Depuis 2016.Principalement dans la région de Kanchanaburi
En premier lieu le mois de janvier est consacré à la poursuite des explorations dans le parc national de Saiyok Yai, topographies de nouvelles cavités dont Tham Tangodfri, repérées en 2020, arrêt sur étroiture boueuse à 625m de l’entrée, petit ruisseau affluent du système de Tham Keaw actif en cette période d’étiage , nous sommes dans une zone épi karstique qui réserve de belles surprises. Nous arrivons à 18km de réseaux topographiés dans le secteur de Saiyok Yai.
Photographie Philippe Crochet Tham Nok Han Aen janvier 2024
Exploration de la zone d’entrée de Tham Nok han Aen (D 3000m),nous y accédons par une grande fenêtre karstique profonde de 120 mètres, (Swalow cave porche h 70x40met grotte du bivouac Ostermann 1986)-Rencontre avec les Rangers du Parc National de Lam Nkhlong Ngu pour préparer les prochaines phases de l’expédition, profitant de la présence de Philippe Crochet nous consacrons du temps à la photographie. Repérage de l’accès à Tham Yai aval du système actuel.(en cours d’exploration)
Tham Daoprasut, avec des niveaux de CO² supérieurs à 5% Un grand article sur ce karst hypogène est en cours.(nombreuses séances photos , et relevés des taux de Co2)
Tham Nam Mae Krabung, (Srinagarindra National Park)le développement atteint maintenant 3230m topographiés, et en cours d’exploration).
Ci dessous Photographies de Philippe Crochet Tham Dao prasut-Srinagarindra National Park
Dans un deuxième temps dans la continuité des deux formations précédentes le mois de février est consacré au stage de formation aux techniques de progression sur corde, et à la topographie avec distox2-xble pour les géologues de DMR et de la DGR (Bangkok). Pour compléter le parcours, l’exploration et la topographie de Tham Nok Han Aen 2 avec les Rangers, une partie des gigantesques galeries jalonnant le canyon du Mae Nam Nkhlong Ngu sur plus de 30Km suivant une Fracture, encaissée dans les massifs du permien supérieur d’une puissance de 200m .
(Formation de Um Luk -carte géologique Ban Muang Song Tho 1/50000 – édition 3-RTSD -4738 2011) et au contact de la formation Bong Ti beaucoup plus résistant et moins soluble , au contact à l’Est.(karst de Khao Bo Ngam)
Ci dessus deux Thaïlandais en formation -Ban MongKala -Amphoe Thongphaphum, ci dessous grappe de stagiaires……..
En troisième lieu, le début du mois de mars a été consacré à l’exploration de Tham Saohin, l’extrême aval du Lam Nkhlong Ngu, avec quelques spasmes dans le calendrier liés aux autorisations fluctuantes ! Le grand puits de 147 m a été descendu, et ce que l’on pense être la plus haute colonne de stalagmites du monde a été vérifié à 68,62 mètres(elle était inscrite comme la plus haute a 61.5m par les Anglais en 1995). Une rapide incursion dans Tham KangKhao ne permet pas de poursuivre vers l’aval qui cette année est obstrué par des embacles, le courant d’air n’est plus perceptible. Quelques prélèvements de pseudos scorpions millimétriques sont réalisés par Claudine Masson dans les différentes cavités, et des séances photographiques assurées par Thierry Masson et Alexis Rateau.
Tham Saohin développe actuellement 3 210 mètres et ce n’est pas fini !!(les réseaux supérieurs sont en cours d’exploration)
La topographie de Tham Putoei est terminée et le développement dépasse maintenant un kilomètre. L’expédition 2025 est déjà en préparation, et une équipe sera en Thaïlande cet été.
Les topographies, contribution à une étude de géologie, biospéléologie, sont incluses dans le rapport qui est en cours d’élaboration.
(DMR Direction of Minéral Ressources, DGR Direction of Groundwater Ressources)
Liste des participants :
Janvier -Peter Lenahan , Andrew D.Foord NSS – Annie Guiraud , Philippe Crochet ,Didier Rateau FFS
Février stage de formation – Etienne Fabre , Didier Rateau FFS
DGR -DMR . Kotchapan Loedtawiwong Miss , Kittipong Palee Mr , Chutikan Sittikot Miss , Phyatharine Sopitthammakul Miss , Jeamliga Duangkeawroen Miss , Russarint Siripattarapureenon Miss , Chaiporn Siripornpibul Mr , Jutamas Junpanghern Miss , Itsara Phromta Mr , Surachet Saengsawang Mr , Weerachon Unsen Mr , Piyaporn Hinsaeng Miss , Patinya Uttha Miss , Thiengthum Chaweenuon Mr , Narongrit Boonchaiwong Mr ,Suriya Pantawan Mr , Naruenat Kangwanwong Mr.
Participation de quelques Rangers occasionnellement.
De fin Février au 5 Mars
Marc Bourreau , Claudine et Thierry Masson , Alexis et Didier Rateau, Valentin Bertrand , Etienne Fabre FFS.
Intervenants étrangers non FFS – Ryan Gardner NSS , Emilie Bertrand , Sylvain Mercier, David Temple men , Karn Romyasai , Wataka Pink.
ci dessus de gauche a droite , pseudo scorpion Tham Kangkhao Sai Yok ph.(Claudine Masson)-Tham Saohin Thongphaphum (ph. (Thierry Masson) – Tham Saohin ph.(Alexis Rateau).
Remerciements Aventure Verticale, Scurion, Croque Montagne, Subsa , CDS 37 ,avec le soutien de U.I.S. et FFS pour les actions internationales.
Photographie Thierry Masson-Tham Keaw – Sai Yok Yai-
Contexte : Ce projet d’expédition au Laos a été élaboré par un regroupement de clubs spéléo de toute la France : • Le Spéléo Club de Paris (SCP – Club Alpin Paris) • La section spéléo du Club Alpin Marseille Provence (CAF MP) • Le club Spéléo Canyon du Pays d’Aubagne (SCPA – ESCANDAOU) • Le Spéléo Club d’Aubenas (SCA) • Le Gruissan Prospection Spéléologie (GPS) • L’Association des Barbastelles dʼIssy-les-Moulineaux pour lʼExploration Spéléologique (ABIMES) • Le Spéléo Club Saint Marcellois (SCSM) KAPKO 2023 s’inscrit dans la continuité des expéditions spéléo déjà réalisées dans la région de Vang Vieng depuis 1998. La ville de Vang Vieng est située à cent kilomètres au nord de la capitale, Vientiane, au bord de la rivière Nam Song, sous affluent du Mékong. Celle-ci représente un des principaux lieux touristiques du Laos, entourée de massifs calcaires. Notre expédition a été officiellement parrainée par la Fédération Française de Spéléologie (la CREI étant actuellement inactive)
Résumé de l’activité: Nos principaux efforts se sont tournés vers le réseau de Tham Houey Yé / Tham Pha Leusi, vaste complexe de plus de 12 km de développement. Nous avons systématiquement descendu les puits demeurés inexplorés les années précédentes faute de matériel et nous avons réalisé les escalades entrevues les mêmes années. Nous avons longuement prospecté le poljé situé au milieu des formations calcaires surplombant le Nord de l’agglomération de Vang Vieng et nous sommes retournés dans toutes les cavités déjà connues de ce poljé. Nous sommes également allés bivouaquer dans le poljé supérieur, accessible uniquement à pied depuis le poljé inférieur précédemment cité : là encore, nos efforts n’ont donné que de maigres résultats en terme de découvertes. Enfin, nous avons réalisé des observations sur la faune et sur les différentes traces de fréquentation animales des cavités. Principales cavités explorées :
Résurgence de Tham Nam Yen • Réseau de Tham Houey Yé / Tham Pha Leusi • Perte de la Nam Ka • Système de la Nam Sang
Tham Gnaï • Tham Nam Them • Pha Boua Sud • Tham Pha Bong Est Principaux résultats :
Spéléologie : Tham Houey Yé :
200 m de première topographiée dans le réseau ouest 400 m de première explorée non topographiée dans le réseau ouest à proximité de l’entrée Tham Nam Ka : 39/62
150 m de galeries topographiées Perte de la Nam Sang Taï :
300 m de première explorée non topographiée Tham Gnaï IV :
100 m de première topographiée • Biologie :
Observation des tubes d’argile de Tham Pha Bong Est qui sont incontestablement des constructions d’origine animale. Des échantillons de ces tubes ont été prélevés et nous sommes dans l’attente des résultats des analyses.
Observation des chiroptères dans la grotte tunnel de Tham Nam Thèm. • Karstologie : Observations sur la spéléogénèse du réseau de Tham Houey Yé / Tham Pha Leusi. Mesures de conductivité électrique et premières interprétations de circulation des eaux souterraines le système de la Nam Sang. Préparation de l’expédition et relations officielles avec les autorités laotiennes : dans Lors de la préparation de notre expédition, nous avons pris contact avec l’ambassade du Laos à Paris et nous avons rencontré un de ses membres le 7 février 2023 qui nous a mis en contact avec le Ministère de l’Information, de la Culture et du Tourisme (MICT). Parallèlement, nous avons contacté une agence de tourisme, Green Discovery Laos, afin qu’elle nous assiste pour obtenir les autorisations officielles pour notre expédition. À la fin de notre expédition, lors de leur retour vers la France, plusieurs membres de KAPKO 2023 ont rencontré des membres du MICT afin de leur présenter nos résultats. Ainsi, il ressort de cet entretien que le Ministère souhaite promouvoir une montée en gamme qualitative du tourisme dans la région de Vang Vieng. Ainsi, il nous a fait part de sa volonté de préserver les grottes et d’améliorer les conditions de leur exploitation à des fins touristiques. La possibilité d’une collaboration plus formelle avec les spéléos français a été évoquée afin d’aider le Laos à progresser dans la pratique de la spéléo ainsi que dans l’organisation de visites à vocation touristique
Les perspectives :
Beaucoup de travail d’exploration et de topographie reste à faire dans le réseau de Tham Houey Yé / Tham
Pha Leusi. D’autres cavités telles que la perte de la Nam Sang et les grottes du Sud du Pha Boua
mériteraient également la poursuite des travaux d’exploration. Toutefois, nous envisageons également
d’organiser une prochaine expédition sur des territoires plus au Nord que la région située à proximité
Le karst morave est la plus grande région karstique de la République Tchèque. Il s’étend sur d’environ 100 km² sur une bande de 3 à 5 kilomètres de large qui remonte au nord de Brno jusqu’à Sloup, 25 kilomètres au nord environ. La partie souterraine du karst morave est très impressionnante avec 1 100 grottes répertoriées, plusieurs rivières souterraines et les deux réseaux souterrains les plus importants du pays : le réseau de la grotte des Amateurs qui dépasse 50 kilomètres et le réseau des grottes de Býčí skála (grotte du rocher du taureau) et de Rudické propadání de 13 kilomètres. Les réseaux du karst morave sont assez horizontaux, fréquemment noyés, leur profondeur n’excède pas 100 à 150 mètres.
La région a une très longue histoire dans laquelle son karst est essentiel.Les dépôts dans les grottes ont préservé des traces de la présence de l’homme de Neandertal il y a plus de 120 000 ans. On y trouve également des sculptures d’animaux datant de 10 000 à 13 000 ans avant notre ère, des traces d’extraction de minerai de fer durant les 8ème et 9ème siècles, etc. Cette proximité entre l’homme et le milieu karstique est une constante du territoire. Le karst morave est un des berceaux de la spéléologie avec dès la première partie du 18ème siècle une activité scientifique et d’exploration souterraine de plus en plus intense.
Un autre point remarquable est la très forte insertion territoriale de la spéléologie et du tourisme souterrain. Les spéléologues sont nombreux mais surtout la visite des cinq grottes aménagées du secteur attire plusieurs centaines de milliers de touristes chaque année : grottes de Punkva, grotte de Balcarka, grotte de Kateřinská, grotte de Výpustek, grottes de Sloupsko-šošůvské et grotte de Kůlna ( https://www.caves.cz/en ).
Le karst morave est une zone paysagère protégée pour son patrimoine karstique souterrain et de surface et plus largement pour ses patrimoines naturels et culturels ( https://moravskykras.nature.cz/ ). En termes de protection, les zones paysagères protégées sont l’équivalent de nos parcs naturels régionaux. Elles associent trois objectifs : conservation des patrimoines paysager, naturel et historico-culturel ; développement d’un tourisme durable (tourisme de nature ou culturel) compatible avec les enjeux de conservation ; éducation à l’environnement.
La protection des cavités du karst morave s’inscrit dans la zone paysagère protégée et fait partie des missions de son administration avec du personnel dédié. Il y a deux niveaux d’intervention :
La fermeture et la réhabilitation des cavités. Pour Antonín Tůma, géologue de l’administration de la zone paysagère : « La fermeture des grottes est la mesure de protection de base, elle est fondamentale pour empêcher les personnes non autorisées d’y pénétrer et ainsi protège les sédiments et la faune souterraine ». Certaines portes ménagent un passage pour les chiroptères, dans d’autres cas il y a installation d’un sas climatique composé de deux portes sans ouverture pour isoler la cavité des influences climatiques extérieures. L’entrée dans les cavités peut se faire lors de visites organisées pour le grand public ou avec autorisation et accompagnement par un responsable. Les autres activités de protection des cavités concernent : la réhabilitation de dolines endommagées par le creusement de puits aujourd’hui abandonnés et dangereux ; le nettoyage de cavités ; le balisage des chemins à respecter sous terre.
L’enherbement de cultures pour la protection des eaux et milieux souterrains. En 2019 et 2020, 114 hectares de cultures ont été transformés en prairies à l’aplomb des réseaux souterrains et autour des dolines. Les effets de cette opération commencent à se faire sentir sur la teneur en pesticides des eaux souterraines, l’effet n’est pas encore significatif sur les teneurs en nitrates.
La visite de quelques cavités moraves montre que la grande attention portée aux milieux souterrains n’a pas toujours été de mise. Les spéléologues d’aujourd’hui doivent s’appliquer à effacer les stigmates de leurs prédécesseurs. Les méthodes de protection employées peuvent nous paraître excessives. Leur caractère assez administratif et autoritaire peut heurter notre culture de spéléologues français peu habitués à de telles réglementations. Celles-ci s’inscrivent dans un autre contexte social et politique que le nôtre. Ceci dit, ces stratégies de protection sont efficaces et même si aujourd’hui elles paraissent peu applicables telles que en France elles n’en sont pas moins des sources d’idées et d’inspiration.
Clubs : Individuels (Hérault), Club Spéléo Vulcain (Rhône), Spéléo Club de Vesoul (Haute-Saône), Alpina Millau (Aveyron), Gruissan Prospection Spéléologie (Aude), Clan des Tritons (Rhône).
Responsable : Jean-Pierre Gruat.
Communiqué de Veronique Olivier- Crédit photos Philippe Crochet
Une expédition spéléologique de reconnaissance a été organisée du 6 mai au 22 mai 2023 sur le massif de Koytendag et, en particulier, dans le système des grottes de Kap Kutan et de Prometezmaya qui sont situées dans une réserve d’État sur le massif du Koytendag à 800 km à l’est d’Ashgabat. A l’issue des longues procédures administratives pour mener à bien ce projet (autorisations à obtenir du Ministère de l’Agriculture et de la Protection de l’Environnement et du Ministère des Affaires étrangères du Turkménistan), malgré la crise mondiale de la pandémie Covid19 durant 3 ans, nous avons enfin pu découvrir ce pays en mai 2023.
L’idée de ce projet avait germé, après avoir vu en 2019 depuis le village de Vandob en Ouzbékistan, l’immense falaise calcaire du Koytendag (600 à 1200 m de haut) qui s’étend sur 50 km de longueur et qui fait frontière entre le Turkménistan et l’Ouzbékistan. Ce massif constitue le dernier maillon des Monts de Gissar (zone occidentale du système Pamir-Alaï) qui débutent au Tadjikistan au nord de Douchanbé et qui traversent la province du Sourkhan-Daria en Ouzbékistan. En premier lieu, il a fallu rechercher la documentation existante concernant le massif du Koytendag (Kugitang) et les grottes de cette région. Cette documentation, qui date essentiellement des années antérieures à 1990 étant en russe, il a fallu la traduire. Grâce à l’aide de Son Excellence Maksat Chariev Ambassadeur du Turkménistan en France et de Mme Dilora Geldyeva de l’agence Owadan, nous avons obtenu toutes les autorisations nécessaires et la logistique indispensable pour mener à bien ce projet. Le 7 mai 2023, nous foulons enfin le sol du Turkménistan pour rejoindre, en train et en 4X4 notre camp de base à Köyten Genesligi, au bord de la rivière Kugitang. Nous avons été accompagnés et guidés durant notre séjour par Monsieur Shaniyaz Menliev, Chef du Département scientifique de la réserve du Koytendag. Dès le lendemain de notre arrivée sur place, nous accédons à la grotte de Kap Kutan, dans laquelle, malheureusement, une chute de bloc va nous priver de notre photographe pour le reste du séjour. Toutefois, notre expédition s’est poursuivie avec différentes activités : spéléologie dans les grottes situées au sud du massif près de Garlyk (anciennement Karkul), biospéléologie avec prélèvements d’invertébrés trouvés sous terre, prospection à la recherche de nouvelles cavités dans les beaux canyons du massif et enfin visite du site exceptionnel des empreintes de dinosaures au nord du Koytendag (sanctuaire de Hojapil). Le Turkménistan possède avec ce massif et ses cavités, un patrimoine exceptionnel et unique à étudier, protéger et valoriser :
– Le karst de montagne, qui culmine à 3139m au Mont Ayribaba, nous est apparu comme exceptionnel, tant par sa géographie (plateau incliné de 3000 m à 500 m d’altitude, coupé par d’innombrables canyons de 300 à 400 m de profondeur et de
20 à 30 km de long) et sa géologie (calcaire, gypse et présence de nombreux minéraux).
Ce coin magnifique, est resté depuis la chute de l’URSS, oublié des spéléologues et des karstologues.
– Le massif du Koytendag est une réserve d’État (Réserve naturelle de Köýtendag), composé de 3 sous réserves. Il possède un site remarquable de plus de 2000 empreintes de dinosaures au nord.
– Les chandeliers et les colonnes de gypse qui existent dans les grottes de Géophysiyeskaya et d’Hashimoyuk sont rares, exceptionnels et comparables à ceux que l’on trouve à la grotte de Lechugilla aux USA, considérée comme la plus belle cavité du monde.
– Les grottes connues sont toutes situées au sud du massif, près du village de Garlyk (anciennement Karkul), le reste du Koytendag n’ayant pas été, a priori, prospecté. Il recèle sûrement de nombreuses cavités à découvrir, aussi belles et spectaculaires que Géophysiyeskaya, grotte trouvée à la fin des années 1980. Vladimir Malsev (1957-2014), géologue et spéléologue russe est un des rares scientifiques à avoir étudié ces grottes dans les années 80, avant la dissolution de l’URSS. Tous ces éléments, nous conduisent à envisager dès 2024 une nouvelle expédition avec les objectifs suivants :
– réaliser des photos de qualité professionnelle,
– être accompagnés de scientifiques pour étudier les grottes et le karst du Koytendag et compléter les recherches faites il y a plus de 30 ans par Vladimir Malsev.
– scanner en 3D la grotte de Géophysiyeskaya.
– prospecter diverses zones, dont certaines en altitude pour découvrir de nouvelles cavités.
– réaliser une publication sur le massif du Koytendag, ses grottes et ses richesses.
– réaliser un film sur l’expédition.
Nous souhaitons établir un partenariat solide entre le ministère de l’Agriculture et de la protection de l’environnement du Turkménistan et la Fédération Française de Spéléologie (FFS) qui pourrait contribuer, si le Turkménistan le souhaite, à soumettre ce massif pour un classement en Géoparc mondial de l’Unesco.
Liste des participants de l’expédition 2023 :
•Bernard Lips, ancien président de la FFS,
Direction nationale de la Crei
•Josiane LIPS, trésorière adjointe de la
Commission scientifique de la FFS et spécialisée en biospéléologie, Direction nationale de la Commission documentation
• Philippe Crochet, hydrogéologue et photographe spéléologue
• Annie Guiraud, photographe spéléologue, et assistante de Philippe Crochet
• Jean-Marie Briffon, médecin, membre de la Commission médicale de la FFS
• Claire Falgayrac, trésorière de la Commission médicale de la FFS
• Jean-Philippe Grandcolas, Direction nationale de la CREI et de la Commission documentation/Centre national de documentation spéléologique (C.N.D.S.)
• Véronique Olivier, étudiante chercheuse en écologie, membre du Conseil technique de la CREI
• Philippe Auriol, médecin spéléologue
• Jean-Pierre Gruat, ancien membre du bureau et du Conseil d’administration de la
L’expédition Qattine Azar Comaty 2022 (commune d’Aintoura El-Matn, Monts Liban) a rassemblé 10 membres de l’association Continent 8 et une trentaine de Libanais de l’Association Libanaise d’Études Spéléologiques (ALES). Les explorations du gouffre Qattine Azar se sont concentrées sur trois branches principales : (i) l’affluent de la Galerie des Français, (ii) l’affluent Chocapic et (iii) l’affluent du Mât, les deux derniers appartenant au secteur Mawla. Plus d’une trentaine d’escalades en libre et en techniques artificielles totalisant plus de 500 m de verticale (obstacles de 5 à 46 m) ont permis de rajouter environ 2’340 m de nouvelles galeries et de puits au réseau. Celui-ci se hisse maintenant à la première place des cavités les plus longues du Liban avec plus de 10 km de galeries (devant la grotte très connue de Jeita). Ce projet d’expédition est une réussite sur plusieurs plans. Tout d’abord il permet de renforcer les liens de collaboration Franco-libanaise, liens qui se sont distendues ces dernières années en raison des nombreuses difficultés économiques et sociales que traverse le Liban actuellement. La collaboration entre l’ALES et Continent 8 a été excellente et elle ouvre de nombreuses perspectives pour le futur. Ensuite, le projet a bénéficié d’une très large couverture médiatique au Liban, aussi bien presse écrite que télévision, en français, mais aussi en arabe, ce qui a permis un large rayonnement de l’activité spéléologique au Liban. Enfin les nouvelles galeries découvertes sont très variées, passant de grandes salles (Salle de la Dame Blanche, Salle Point 6, etc.) à des méandres magnifiquement sculptés et souvent très concrétionnés (galerie de la Fée Clochette, galerie des Cristaux, etc.). Le gouffre de Qattine Azar est une cavité véritablement exceptionnelle et le potentiel est encore très important. A noter que projet bénéficie du soutien de Béal, mx3 Nutrition, du comité spéléologique régional d’Occitanie, des comités départementaux de spéléologie de l’Ariège, du Gard, du Doubs et de la Haute Garonne, et du club des Compagnons de la Nuit Minérale. Plus d’informations et rapport en téléchargement sur le site de Continent 8 : www.continent-8.org. Un projet était prévu pour 2024, mais en raison des évènements mêlant Israël, le Hamas et le Hezbollah, la situation au Liban empire de jour en jour et il a été décidé conjointement avec les Libanais d’annuler le projet. Beaucoup de membres de l’ALES ont quitté le pays pour des raisons professionnelles et ne peuvent garantir leur soutien. Par ailleurs, les problèmes économiques persistent rendant les projections budgétaires et logistiques difficiles voire impossibles pour le moment.
Ouzbékistan, région du Sourkhandaria, massif du Chulbair
31/07 à 22/08, 2021
En dépit d’un contexte sanitaire compliqué et des évènements géopolitiques récents en Afghanistan, l’expédition Boy Bulok 2021 a pu se dérouler dans de bonnes conditions en raison des nombreux appuis politiques et administratifs et de l’excellente collaboration qui unit le groupe spéléologique de l’Oural (Russie) et l’Association Continent 8. Cette expédition fait suite à la première expédition commune en 2018 pendant laquelle le gouffre de Vischnevskii est topographié jusqu’à une profondeur de 700 m environ. En 2019, l’équipe Russe poursuit seule les explorations jusqu’à la côte de -1158 m. Le gouffre se rapproche significativement de Boi Bulok et notamment des galeries dans le secteur de la “New Part”, vers -600 m. En 2020, malgré de nombreux échanges avec les Russes, aucune expédition n’est organisée en raison de l’épidémie de COVID. Malgré l’effectif réduit (17 personnes), les explorations ont pu être continuées dans les gouffres de Boi Bulok et de Vischnevskii pendant 14 jours sur place avec à la clef : (i) de nouvelles galeries découvertes et topographiées dans les zones profondes ainsi que dans les amonts, (ii) une sécurisation des équipements en place et (iii) la retopographies des galeries anciennes. La jonction tant espérée entre les deux cavités n’a pas pu être réalisée mais les deux galeries potentiellement “jonctionnables” ont été identifiées dans les deux cavités. La distance manquante est d’environ 100 m, mais le passage est étroit et nécessite quelques aménagements. L’expédition est lauréate des Bourses Expé by Cabesto 2021 et bénéficie d’un soutien matériel et financier de la part des entreprises Cabesto, Petzl, Béal et Katadyn Group. Le projet bénéficie aussi du soutien des comités départementaux de spéléologie du Doubs (25) et de l’Ariège (09). Plus d’informations et rapport en téléchargement sur le site de Continent 8 : www.continent-8.org. Depuis février 2022, en raison de la guerre déclenchée par la Russie sur le sol ukrainien, toute collaboration avec les ressortissants russes est délicate, notamment aux yeux de l’UIS, et par extension de la FFS. Par ailleurs les vols Europe <-> Moscou permettant ensuite d’atteindre Tashkent sont devenus plus difficiles à réserver pour les occidentaux. La région du Sourkhandaria reste aussi en vigilance extrêmement élevée du fait de la proximité avec l’Afghanistan – actuellement contrôlée par les groupes armés. Pour toutes ces raisons, les projets d’expédition dans cette région sont suspendus.
En dépit des difficultés liées au COVID 19, l’Edition 2020 de l’expédition Totesgebirge, Autriche, s’est déroulée sans soucis du 12 au 20 aout et a rassemblé 12 participants. Cette année, Les explorations se sont concentrées sur 4 cavités : le Bergwerkhöhle, l’Emmentalhöhle, le Dunstloch et le Tunnelhöhle. Le gouffre du Bergwerk (Bergwerkhöhle) a été exploré et connecté au réseau dans le secteur du Tunnelhöhle (+ 1’100 m de développement, 240 m de profondeur). L’Emmentalhöhle est une nouvelle cavité découverte cette année et explorée jusqu’à la cote de -47 m. La cavité développe 330 m et promet encore de belles découvertes. Dans le Dunstloch, plusieurs galeries ont été explorées dans les niveaux fossiles de Dagobah dont un nouveau passage (le « Triassic Park ») qui offre un accès plus aisé vers le fond. Une pointe a aussi été faite au fond du gouffre, repoussant sa profondeur à -564 m depuis l’entrée. La profondeur du réseau à cet endroit atteint donc la cote -706 m par rapport à l’entrée la plus haute (Tunnelhöhle). Au Tunnelhöhle, plusieurs travaux ont été menés : des explorations vers -350, du déséquipement et un travail de retopographie de la cavité entre la cote de -300 et la surface car nous nous doutions qu’il y avait une erreur. C’était bien le cas car le report topo indique une profondeur supplémentaire de 77 m ! Plus de 200 m de nouvelles galeries ont été découvertes et topographiées dans cette cavité en 2020. Quelques reconnaissances ont été faites en surface pour trouver de nouvelles entrées. Au total, ce sont 2’740 m de nouvelles galeries qui ont été explorées et topographiées pendant cette expédition. Fin 2020 le réseau du Griesskar développe 28’002 m pour une profondeur inchangée de 713 m. Le Fond du Dunstloch (- 706 m) est potentiellement le prochain record de profondeur du réseau car arrêt en tête d’un puits de 30 m. Cette expédition est avant tout un excellent travail de collaboration interclub entre Autrichiens, Français et Suisses de moyenne d’âge jeune. D’excellents contacts sont noués aussi avec les allemands qui explorent la partie supérieure du Tunnelhöhle. Plus d’informations et rapport en téléchargement sur le site de Continent 8 : www.continent-8.org. Les expeditions se sont poursuivies sur le massif en 2021, 2022 et en 2023
Responsable : Patrick Degouve, 33 rue de Labat 64800 Asson
Participants :
N. Bondon (S.C.Dijon), P. Degouve (S.C. Dijon/GSHP), S. Degouve (S.C. Dijon/GSHP), C. Clary (SCV), A. Fuentes (AER – Espagne), L. Garnier (GSV), L. Guillot (ASPP – 39), O. Haure (GUCEM), A. Lorentz (GSHP) R. Martinez (Wychy)(AER – Ramales Es), Ph. Mathios (SCC – 31), J.N. Outhier (ASPP), B. Pernot (S.C.V.), G. et M. Simonnot (+ famille), P. Smith (Matienzo caves – GB), M. Tessane (GUCEM), M. Ulises (GSHP), D. Vidal (GSHP), F. Verlaguet (GSVO – 64).
Malgré les perturbations liées au Covid, les explorations ne se sont pas vraiment interrompues durant ces 4 années. Celle-ci se sont principalement concentrées sur 5 secteurs situés sur les massifs de Porracolina, du Fraile, de la Lusa, de Piluca et du Mortillano. Elles ont été réalisées pour la plupart en collaboration avec des clubs Espagnols notamment l’AER (Ramales) mais aussi avec des anglais du Matienzo Cave Project pour la partie nord de la vallée d’Asón.
Malheureusement, en 2023, elles ont été endeuillées par la disparition de notre ami Bruno Pernot lors d’une exploration dans le massif de la Lusa. Bruno était depuis plus de 30 ans un pilier de nos explorations en Cantabria et sa disparition va laisser un grand vide.
Explorations sur le massif de Porracolina
· Réseau Cueto-Coventosa et environs
En amont de la résurgence de la Cubera, principal exutoire du réseau Cueto-Coventosa, nous nous intéressons depuis de nombreuses années à une émergence temporaire dont l’origine reste énigmatique : la fuente del río Sordo. Motivés par un fort courant d’air, des travaux de désobstruction ont été entrepris mais pour le moment sans résultat. Nous avons donc repris les plongées dans le siphon qui se présente à une cinquantaine de mètres de l’entrée. Celui-ci avait été reconnu sur 190 m avec un point bas à -39 m (P. Degouve 1993 puis Y. Tual en 2005 et 2009). En 2019 Fredo Verlaguet effectue une nouvelle plongée de reconnaissance mais après une remontée jusqu’à -20 m, la suite n’est pas trouvée. En fait, l’amont de ce delta souterrain semble plutôt se situer au point le plus bas du siphon (-43 m). Une nouvelle plongée prévue en juillet 2023 a été contrariée par une crue inattendue. De ce fait, elle constitue un objectif prioritaire pour l’année à venir.
En 2020, un autre siphon situé dans une cavité voisine a été reconnu sur 70 m (-10 m) par Manu Tessanne. Il est prolongé jusqu’à 120 m deux ans plus tard par Fredo Verlaguet qui atteint la profondeur de -36 m. La jonction entre les deux conduits noyés est quasi certaine mais reste à concrétiser.
Parallèlement nous avons repris l’exploration des galeries situées juste avant le siphon terminal de la cueva Coventosa. C’est une zone de conduits étagés, assez complexe, mais qui a déjà livré quelques bonnes surprises avec la découverte d’environ 440 m de nouveaux conduits.
En altitude, après quelques travaux, le gouffre de la Ruine a livré une succession de puits explorés jusqu’à la profondeur de -230 m.
Massif du Fraile
· Réseau du Gándara :
Durant ces dernières années, nos recherches se sont essentiellement concentrées sur l’aval du réseau et le delta souterrain qui se développe dans son extrémité orientale. Celle-ci est caractérisée, sur un plan géologique, par la présence de lentilles à Mudmouds qui favorisent la confluence de drains totalement indépendants plus en amont. Suite à quelques travaux de désobstruction parfois ingrats, nous avons pu accéder a des galeries post siphons dont l’exploration, réalisée dans les années 80, n’avait jamais été reprise. Cela nous a permis de connecter une nouvelle entrée au réseau et de découvrir des conduits fossiles qu’on ne soupçonnait pas. Au total 2200 m de galeries ont été parcourus. Le développement du réseau est désormais de 119 km pour un dénivelé total de 814 m.
· Cueva Tonia :
La cavité a été ouverte par désobstruction en 2019 notamment par José Leroy et son exploration a débuté dans la foulée aboutissant à la découverte d’un ruisseau souterrain qui a pu être remonté sur près d’un kilomètre jusqu’à une trémie. En 2020 une escalade est réalisée peu avant le terminus. Elle donne accès à un conduit fossile, continuation logique de celui existant peu avant. 900 m de nouvelles galeries ont ainsi été ajoutés au développement qui passe à 2025 m (± 170 m). Cette cavité constitue l’ultime affluent rive gauche du collecteur de la Gándara, mais la jonction semble peu évidente.
· Torca del Pasapuré
Située à l’aplomb même du réseau, nous pensions pouvoir établir sans trop de difficulté la jonction entre les 2 cavités. Une trémie en a décidé autrement et à stoppé notre progression à -326 m (développement : 1404 m)
· Recherches dans le secteur de la Lunada, la torca de Lastrias 1
A l’envers du massif, sur les extrêmes amonts du réseau, nous nous sommes intéressés à des cavités anciennement explorées par nos amis de Burgos. Dans l’une d’elle, la torca de Lastrias, un improbable boyau aspirant s’est révélé être l’accès à un gros conduit parallèle que nous avons pu explorer sur plus de 1100 m (développement total : 1756 m ; -144 m)
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Massif de la Lusa
· Torca de los Copetes :
Curieusement, la torca de los Copetes avait échappé aux recherches des différentes équipes étant intervenues sur le secteur. Nous l’avions repérée en 1987 lorsque nous explorions le réseau de la cueva del Lobo puis en 1991, mais compte tenu de l’altitude, nous avions imputé le courant d’air soufflant aux différentes entrées supérieures. Mais il fallait quand même en avoir le cœur net et il faudra attendre 30 ans pour que nous y retournions pour constater qu’il existait une autre origine à ce courant d’air violent et glacial. Après quelques travaux de désobstruction nous sommes parvenus à une série de puits rejoignant vers -200 m un niveau de galeries. L’exploration a livré près d’un kilomètre de conduits pour une profondeur totale de 242 m. Dans ce secteur d’autres gouffres ont été découverts et les chances d’atteindre un collecteur semblable à ceux s’écoulant plus au nord ne sont pas négligeables.
Massif de Piluca (Nord d’Arredondo)
· Torca de Rotura
Nous avions découvert ce gouffre en 1988 et exploré jusqu’à -73. A l’époque nous nous étions arrêtés devant un boyau impénétrable et parcouru par un violent courant d’air.
Trente ans plus tard, en février 2018, nous nous décidons à revoir le terminus car entretemps, une grande cavité, la cueva de la Vallina, a été explorée par nos amis anglais et l’une de ses galeries passe environ cent mètres sous l’entrée de la torca. Cinq sorties très sporadiques réparties entre 2018 et 2022 seront nécessaires pour ouvrir un conduit sur 7 m, accéder à deux autres petits puits de 14 et 10 m et rejoindre la cueva de la Vallina à -95 m.
Massif du Mortillano et karst de la Sierra Verde:
· Cueva de Carcabon
Ce réseau pourtant prometteur reste d’un accès délicat en raison de sa forte sensibilité aux moindres variations du niveau d’eau. En crue la grande majorité des galeries explorées (13 km au total) se retrouvent sous l’eau à l’exception de quelques conduits fossiles situés bien au-dessus de la zone épinoyée (point haut à +190 m). Pour cette raison et à cause d’une météo très capricieuse l’été, les explorations menées avec l’AER (Ramales) ne progressent pas aussi rapidement que nous le souhaiterions. Réalisées au cours de bivouacs rendus nécessaires pour atteindre les points les plus éloignés, elles ont toutefois permis de progresser de plus de 2,5 km durant cette période. Curieusement, sur la totalité du réseau que nous avons parcouru, la rivière souterraine n’est jamais visible à l’exception de quelques regards sur des niveaux noyés. En 2022 à l’extrémité d’une longue galerie épinoyée, mais totalement sèche lors de notre visite, nous nous sommes arrêtés pour la première fois à l’aplomb d’un véritable actif. Faute de cordes suffisantes nous n’avons pas pu l’atteindre. A suivre en 2024.
· Torca de los Cubillones
Face à ces difficultés nos efforts se sont donc reportés sur les recherches en surface afin de trouver un autre accès. Une bonne cinquantaine de nouvelles cavités ont été explorées, mais rares sont celles qui dépassent 50 m de profondeur. Toutefois parmi elles la torca de los Cubillones idéalement placée par rapport au réseau a pu être explorée jusqu’à la profondeur de 255 m suite à deux désobstructions épiques. La seconde, dans un étroit méandre arrosé, a percé la voûte d’une gigantesque salle de 130 m x 180 m et haute de plus de 70 m (salle José Gambino) offrant ainsi une spectaculaire descente plein vide. Malheureusement les quelques puits qui lui font suite sont tous colmatés et plusieurs escalades se sont soldées par des échecs.
Autres activités
· Inventaire
Notre travail d’inventaire se poursuit sur ces différents massifs. A la fin de l’année 2023 celui-ci contient un peu plus de 3560 références consultables pour une partie sur le site karstexplo.fr (fiches téléchargeables) et désormais sur la base de données fédérale karsteau.org . Toutes les infos sont en accès libre. Elles concernent à ce jour 2588 entrées assorties de 6511 documents.
· Participation au 14° congrés Eurospéléo (Burgos et Ramales) :
Conférence sur le réseau de la Gándara.
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Légende des photos
Bruno.jpg : Bruno Pernot (1968–2023), un ami et un pilier de nos explorations en Cantabria (Photo Damien Grandcolas)
Cartesecteurs.jpg : situation des principaux massifs.
Carte-Carcabon.jpg : La cueva de Carcabon ( 13055 m ; ±213 m) et la torca de los Cubillones (-255 m)
CoupeSalleGambino.jpg : Coupe développée de la salle José Gambino (torca de los Cubillones)
«SHUANGHE 400», la 22e expédition scientifique internationale dans le réseau de Shuanghedong, Suiyang, Guizhou a été organisée sur l’initiative concertée du géoparc national de Shuanghedong et de Shierbeihou (Twelve Backs Tourism Development Co., Ltd., en charge du développement touristique).
en partenariat avec le Guizhou Institute of Mountain Resources, GIMR et le Guizhou Cave Association, Guizhou Tourism Geoscience Society,
grâce à l’invitation de l’Académie des sciences du Guizhou,
avec le parrainage de l’Union Internationale de spéléologie (UIS), de la Fédération européenne de spéléologie (FSE), de la Commission des relations internationales et des expéditions – CREI de la Fédération française de spéléologie (FFS), et de la Société italienne de spéléologie (SSI)
avec le sponsoring de SCURION via la FSE.
Elle s’est déroulée du 16 septembre au 8 octobre 2023, sur et sous le massif de Shuanghe qui est situé sur le district de Suiyang, Zunyi, province du Guizhou en Chine,
Shuanghe 400 n’a pas bénéficié des meilleures conditions météorologiques. Une forte motivation et une allure régulière, acharnée, a permis de tirer le meilleur des objectifs accessibles en toute sécurité.
Explorations
Duiwodong
Le tiānkēng de Duiwodong laissait espérer une extension du réseau au nord/est. Hélas, les 3 principaux points d’interrogation du secteur n’ont pas remplis nos espérances. L’affluent en aval du siphon de la rivière du 500 m nage libre (300 l/s) a butée sur un siphon suspendu faiblement alimenté au bout de 260 mètres. L’affluent du Mâconnais a, lui aussi, buté rapidement sur un grand puits remontant. La galerie fossile de l’amont des Croûtes (350 m) s’est soldée par 4 arrêts différents sur des étroitures impénétrables bien ventilées, produites pour 3 d’entre elles par des coulées de calcites, et une étroiture en voûte mouillante pour la dernière.
L’aval de la petite rivière des Croûtes a bouclé au bout de quelques centaines de mètres avec le réseau connu.
Dans la paroi ouest du tiānkēng, face à notre ligne de descente, un semblant départ de galerie attirait notre attention. Il a été atteint après avoir été ouvert intégralement sur 800 mètres à la machette dans de très raides pentes envahies par des bambous et épineux variés. Il s’en est suivi une descente sur corde de 30 mètres enchaînant sur une vire. Grosse déception de constater que la galerie convoitée n’était qu’un petit puits remontant impénétrable au flanc éventré !
Par ailleurs, le seul problème de bouclage topo de tout le réseau a été résolu en refaisant quelques centaines de mètres de relevés.
Le développement ajouté à la topographie de Duiwodong est de 1319 m.
Les espoirs d’extension du réseau vers Zheng’an par Duiwodong résident désormais dans une branche aval non ventilée de la rivière.
Xiujiandong (traversée des Elagueurs)
Lors de l’ouverture du sentier d’accès évoqué ci-dessus, nous sommes tombés dans le fond d’un ravin sur une petite ouverture au courant d’air aspirant. Un petit réseau sympathique avec un P14, et de 219 m de développement nous a permis de ressortir à l’extérieur, dans un beau canyon, juste au sommet de la grande cascade ouest qui se jette dans le tiānkēng de Duiwodong.
Bien que située sans doute au-dessous du seuil de déversement du tiānkēng, les 219 m topographiés dans cette cavité ne seront pas comptabilisés dans le développement du réseau de Shuanghedong.
Bojiyandong
Les explorations à Bojiyan ont été facilitées et sécurisées par la pose de cordes sur l’accès qui présente des vires et désescalades faciles mais exposées. La trémie désobstruée à -100 a été re-calibrée et ne présente plus d’étroiture sélective.Nous avons descendu le P60 (en fait un P45) pour retomber dans les plafonds de la grosse galerie retrouvée. Coté aval elle bouclait avec la zone du P20 où plusieurs puits sans suite ont été descendus. Seul le rayon du laser est passé au-dessus des puits, nous épargnant un dur labeur. Coté amont, la grande galerie retrouvée (galerie du Cap Nord) a été suivie sur 800 mètres, après avoir dû traverser le grand puits du Coup de Bambou, et passer un passage très bas dû à une trémie et à un amas d’argile.
ci dessus Galerie du Cap Nord – Bojiiyandong Photo Bertrand Hauser
Une petite rivière latérale a été remontée jusqu’à un puits remontant arrosé. Le terminus exploré est un nouveau grand puits, descendu partiellement et en face duquel la galerie pourrait peut-être se poursuivre ?
Ces découvertes ouvrent sur des zones «blanches » à l’ouest du réseau.
Une autre galerie latérale, la galerie de la Chauve-souris a été parcourue sur plus de 700 m après le franchissement de plusieurs petits puits en vire. La partie terminale qui bute sur des bouchons de calcite est particulièrement concrétionnée.
Lors d’une journée avortée à cause d’une crue quelques prolongements ont été topographiés dans un enchevêtrement de petites galeries.
Salle de la Da coupole – Huoyangping Photo Bertrand Hauser
Un autre gros objectif à Bojiyan était le « P110 » situé vers -120 m au terminus de la galerie d’entrée. Il s’agit en fait d’un P240 ! (220 m depuis le palier d’accès). Le puits arrosé a été équipé hors crue, ce qui se traduit par «dans la boue !». Un pendule acrobatique à 25 m du fond a permis de rejoindre une galerie fortement ventilée qui a été parcourue sur environ 300 m, arrêt sur pincement de la fracture. Le réseau est un des plus «chers» de la Shuanghe !
Dans ce puits, le long réseau qui débute en lucarne a fait l’objet d’un début de déséquipement. Une branche a été découverte à cette occasion qui reste à poursuivre.
Développement ajouté à Bojiyan = 4697 m
Huoyangping
La branche la plus à l’ouest, où l’exploration était arrêtée sur un P30 au sommet d’un grand vide, a été poursuivie par la découverte de deux grandes salles de 150 x 120 mètres et de 120 x 80 mètres. Des galeries chaotiques ont été poursuivies de part et d’autre, mais elles butent assez rapidement sur des colmatages ne laissant aucun espoir de suite. A noter que cette découverte nous rapproche grandement de l’aval de la galerie du Far-West de Bojiyan, qui semble en constituer le prolongement.
L’escalade, commencée en 2019, d’un affluent au-dessus des grands puits (P200), a été terminée. Après 35 mètres d’escalade bien arrosée, la petite rivière du SMIC (c’est le prix qu’on estime avoir été payé pour l’escalade) à été poursuivie sur quelques centaines de mètres, jusqu’à une trémie avec radicelles. Dans une petite galerie latérale, l’exploration reste à poursuivre.
Dans la branche d’accès aux grandes salles, l’enchaînement de 2 puits de 17 et 60 mètres n’a pas permis de terminer cette branche qui se poursuit par un P50 non descendu.
Peu avant les grandes salles un P30 a été descendu, avec pour seule suite des puits fissures impénétrables.
Développement ajouté à Huoyangping = 1468 m
Hongdingyan
Entre le P36 et le P18, un P25 fractionné au départ boueux a livré accès à la rivière de la salamandre. Ce beau méandre caractérisé par de grandes marmites continue. La météo faisant craindre des orages, l’exploration a été interrompue au niveau d’un petit affluent arrosant un passage en opposition.
Développement ajouté à Hongdingyan : 168 m
Hors réseau… pour l’instant
A l’extrême sud, mais non connectée au réseau, une traversée de 2,5 km avait été réalisée en 2019 entre Liangfengdong et Liangfengshangdong. En rentrant par cette 2 ème cavité, les plafonds où subsistaient d’éventuels points d’interrogation, ont été auscultés minutieusement, permettant de clore définitivement tout espoir de suite. Dans le même ordre d’idée et dans le même secteur, la grotte Dawandong a été ré-inspectée pour être définitivement classée comme terminée.
La fin de l’expé nous a conduit à Zheng’an , à Mawangdong, entrée inférieure du réseau de Jishedafengdong, une cavité qui semble aujourd’hui ne pas pouvoir rejoindre le réseau de Shuanghedong. Le franchissement d’une escalade de 8 m nous a notamment permis d’explorer plus de 700 m de galeries chaotiques en direction du sud-est tandis que la rivière poursuit sa course à la profondeur de-334 m.
Développement ajouté à Jishedafengdong : 1118 m (développement total : 6830 m).
Dayingyandong, une cavité connue depuis 2023 a été poursuivie. Cette résurgence dans le poljé de Ranghui ne rejoindra jamais le réseau de Shuanghedong mais peut livrer un beau système sous le massif voisin de Kuankuoshui. Cette exploration a permis de détecter et corriger trois grosses erreurs dans le pointage des grottes du poljé de Rangshui qui alimente le réseau de Shuanghedong par la perte de Dadong.
Des prospections systématiques ont été conduites. Sept autres cavités, de moins de 200 m de développement chacune, totalisent 743 m de développement et complètent nos informations sur la karstification de la partie haute et de la bordure nord-ouest du massif sous lequel se développe le réseau de Shuanghedong. On notera notamment la grotte de Goujiadang qui, à 1640 m d’altitude, est la plus haute des cavités en exploration du secteur.
Enfin, une toute petite entrée perdue dans la montagne, Xiutanqidong (Snifette), a été parcourue sur 284 m. Elle pourrait devenir une des nombreuses têtes de réseau de Shuanghedong.
Shuanghedong Réseau, 09/2023: 415 km, -912 m. Jean Bottazzi, Marc Faverjon, Jo De Waele
Résumé des explorations en quelques chiffres :
10112,02 m topographiés en tout dont 7386,01 m dans Shuanghedong.
Le réseau de Shuanghedong à la fin de l’expédition affichait un développement de 414062 m pour une profondeur (inchangée) de 912 m.
Observations scientifiques
Jo De Waele et Wang Deyuan ont focalisé leurs efforts sur l’observation et l’échantillonnage de roches dans des cavités telles que Pixiaodong, Bojiyan, Shanlingdong, Hejiaodong, Liucaoguxiadong, Mawangdong et Datutianjiaodafengdong pouvant éclairer la question de la genèse du réseau. Les sites ont été sélectionnés principalement en fonction de la présence de gypse et de célestite et de la position par rapport aux strates de schistes.
Croûte de gypse (blanc) couvrant la célestine (Blue) – Pixiaodong Photo Jo De Waele
La participation des spéléologues
L’équipe de base a réuni 8 spéléologues européens dont 5 Français : Jean Bottazzi, Marc Faverjon, Bertrand Hauser, Bruno Hugon, Gilles Connes ; un Portugais : Carlos Placido, et deux Belges : Jean-Pierre Bartholeyns et Jo De Waele.
L’équipe d’expédition est composée et organisée autour de différentes compétences adaptées aux exigences de l’organisme qui nous invite : spéléologues, instructeurs en techniques de spéléologie, topographe ayant aussi des connaissances en géologie, cristallographie, informatique, cartographie, photographie et protection du karst. Chaque jour, ils ont travaillé en trois ou quatre équipes autonomes, selon l’importance et la difficulté des objectifs à atteindre et déterminés par la connaissance du terrain et les analyses topographiques. Relativement nombreux lors de cette expédition, des spéléologues chinois ont parfois été intégrés aux équipes d’exploration. Ils ont été plus de 27 dont Li Po, He Wei, Qian Zhi, Zhou Wenlong, Wang Deyuan, Zhang Kaiqi, Zhao Zhongguo, Zhao Fei, Ye Rurui, Liu Jia, Gao Zhan Dong, Wang Qiaoneng, Wang Sunhong, Wang Liangtong, Zhang Hongzhi, Luo Shuwen, Lorue, Kriss, Chao Jian, Yuan Na, Wuhai Bo, Hui Changwang, Wang Yong, Wang Rong, Shi Yichen, Tom.
Le temps passé sous terre par l’ensemble des participants atteint un total de 1059 heures, en ce non comptées les heures, non négligeables, passées à prospecter avec l’aide des volontaires locaux et qui ont permis la localisation de nouvelles entrées de grottes. Les renseignements ainsi glanés lors de ces journées de prospection sont précieusement archivés et géolocalisés sur carte. Leur interprétation permet une meilleure connaissance générale de la zone karstique étudiée.
Stage de formation
Mettant fin à 3 années d’interruption, la tradition des stages de formation à la spéléologie a été relancée. Treize stagiaires y ont participé. Nous avons été surpris par le niveau d’autonomie d’un bon nombre d’entre eux.
Conclusion et perspectives
La question prioritaire à laquelle cette expédition voulait répondre, à savoir les possibilités d’extension sous le karst de Zheng’an situé au nord-est, a trouvé une réponse déplaisante : ce ne sera pas facile du tout.
Par contre, le «blanc de la carte» au nord-ouest présente un potentiel suffisant pour épuiser bien des spéléologues. Bien que le grignotage systématique conduit par conduit constitue dorénavant la méthode d’investigation la plus efficace, des découvertes comme la galerie du cap nord montre que de grandes galeries peuvent encore être découvertes et offrir des avancées spectaculaires.
L’expédition «Shuanghe 400» a bénéficié d’une très large couverture médiatique tant dans la presse écrite que sur les plus importantes chaîne télévisées chinoises. Elle a également fournit un cadre pour un reportage sur les expéditions spéléologiques franco-chinoises en tant que modèle de réussite par l’amitié et la coopération.