Comme chaque année depuis 2003, une nouvelle expédition est organisée par le tandem franco-péruvien GSBM-ECA (Groupe Spéléo Bagnols Marcoule / Espeleo Club Andino) sur plusieurs secteurs du versant amazonien des Andes du Nord du Pérou. L’expédition 2024, qui se déroule d’août à octobre, rassemble 39 spéléologues originaires de 8 pays (Allemagne, Autriche, Equateur, France, Irlande, Pays-Bas, Pérou, Royaume-Uni).
La France aligne le plus gros contingent avec 13 participants dont 11 spéléos fédérés FFS issus de 4 clubs de la région Occitanie (GSBM Bagnols-sur-Cèze : Christian Klein, Florian Richard, Jean-Denis Klein, Jean-Loup Guyot, Jean-Yves Bigot, Pierre Bevengut, Raphael Gueit, Thibaud Duchateau ; SCSP Alès : Bastien Walter ; SCVV Nîmes : Adeline Ferrandez ; SRSASR Sorèze : Julien Jeannin). Arrivé à Lima, Patrice Baby (SCHS Tarascon-sur-Ariège) a dû interrompre sa participation à l’expédition pour raison de santé.
Découverte de la perte du col de l’arche
L’expédition débute le 12 août sur les hauts plateaux (3500 m d’altitude) qui dominent le village de Granada, au Nord-Est de Chachapoyas, la capitale de la région Amazonas. Cette première partie de l’expédition est pilotée par Peter Talling (UK) et rassemble tous les participants anglo-saxons, 2 français et 1 péruvien. Un premier groupe installe son camp à proximité des deux pertes de Lorenzo, découvertes en 2023 et qui sont explorées jusqu’à -265 et -275 m. Un deuxième groupe s’installe à proximité du Tragadero de la Soledad (Perte de la Solitude) découvert en 2022 et exploré sur 2200 m en 2023. Cette année, le développement passe à 4187 m (-323 m) et la perte devient la plus longue cavité du Pérou… De très nombreuses cavités de moindre importance sont explorées sur le massif. En fin de partie, deux autres français rejoignent ce deuxième groupe alors que l’équipe anglo-saxonne se retire. Cette équipe franco-péruvienne réduite découvre la perte du col de l’arche (Tragadero de Abra del Arco), avec un P170 et arrêt sur rien vers -200 m. Bilan de cette première partie de l’expédition : une soixantaine de cavités explorées, 3598 m de galeries topographiées.
Une céramique de facture « chachapoya »
Le gros de l’équipe franco-péruvienne se retrouve à Soloco, à l’Est de Chachapoyas, le 6 septembre alors que 3 français et 1 péruvien terminent l’explorations du massif de Granada. C’est depuis ce village de Soloco où nous sommes logés chez nos amis de la famille Rojas, que nous allons reprendre les explorations du massif situé plus au Sud, entre 2800 et 3000 m d’altitude. Les explorations débutent sur le secteur de Toclón découvert quelques années plus tôt. Dans la perte oubliée (Tragadero Olvidado) découverte et partiellement explorée en 2023 (arrêt par crue), le fond est atteint à -185 m pour un développement de 1331 m. Dans un réseau fossile proche de l’entrée, une magnifique céramique de facture « chachapoya » est découverte. A proximité, l’exploration de la perte de Toclón 5 donne accès à un beau collecteur qui rejoint à l’aval Toclón 3-4 exploré en 2002, le système de Toclón développe maintenant 2323 m. La petite équipe de Granada rejoint le groupe de Soloco, et tous ensemble, nous partons installer un camp avancé sous le porche de Santa Maria, au Sud de Soloco. La perte de Santa Maria, découverte en 2003 et partiellement reconnue en 2023 est explorée jusqu’à une grande salle terminale à -207 m pour 1244 m de développement. A proximité, la perte de Parjugsha Arriba découverte et partiellement explorée en 2005 est, elle aussi, revisitée. La nouvelle topographie annonce 836 m pour -221 m dans cette cavité qui se termine également par d’immenses salles. Bilan des explorations à Soloco : 9 cavités explorées, 4667 m de galeries topographiées.
Formation aux techniques de base en spéléo secours
Le 30 septembre, le groupe se sépare en deux. Une équipe part s’installer à la Cueva de Palestina, dans l’Alto-Mayo (région de San Martin), en forêt tropicale humide (800 m d’altitude). Une formation aux techniques de base en spéléo secours est organisée pour les guides de la grotte et les pompiers de la ville voisine de Nueva Cajamarca. Une dizaine de cavités sont visitées et explorées à proximité (230 m topographiés). La seconde équipe part effectuer une mission de collecte d’échantillons pour l’IRD sur les rios Marañón à Borja et Huallaga à Chazuta. En cours de route, une incursion rapide dans une vallée récemment colonisée (front pionnier, 1700 m d’altitude) permet d’explorer et de topographier partiellement la grotte de Valle Andino sur 1521 m.
L’objectif de la mission Homini-Karst conduite par Laurent Bruxelles, est de documenter la présence d’hominines il y a plusieurs millions d’années, dans la région d’Afrique australe, afin de faire le lien entre Afrique de l’Est et l’Afrique du Sud où la quasi-totalité des vestiges ont été découverts. Il s’agit d’explorer des grottes très anciennes, des avens pièges, et de continuer particulièrement à étudier la brèche, un remplissage karstique cimenté par la calcite qui comporte des fossiles. Dans cette brèche, l’équipe de Homini-Karst recherche des fossiles de micro et macrofaune et des vestiges d’hominines. Pour mener à bien cette mission du CNRS, une équipe pluridisciplinaire de 12 chercheurs, spéléologues géoarchéologues et paléontologues est constituée, dont quatre licenciés à la FFS, (Laurent Bruxelles, Gregory Dandurand, Philippe Auriol, Véronique Olivier) a été réunie, avec la collaboration d’une équipe d’une dizaine d’agents du Musée national du Botswana.
La formation des grottes par fantômisation et biocorrosion est également le sujet d’étude de Laurent et Gregory, qu’ils continuent de documenter. Une attention particulière a été portée sur l’étude des paysages et l’environnement autour des cavités, avec Bastien Chadelle, doctorant de Laurent, afin de mieux comprendre le fonctionnement de l’écosystème, les échanges avec la surface. Un congrès de deux jours dans la ville de Maun a permis de présenter les résultats préliminaires et de tisser des liens solides avec les scientifiques d’Afrique australe, notamment de Zambie, du Zimbabwe, d’Afrique du sud et du Mozambique. Le congrès s’est achevé avec la visite de l’ambassadeur de France au Botswana et sa rencontre avec la première secrétaire du ministère de l’environnement et du tourisme botswanais.
L’expédition s’est déroulée dans le nord-ouest du pays dans le désert du Kalahari, autour des collines de Gcwihaba et de Koanaka. Le séjour se déroule en 4×4 aménagés avec des tentes sur le toit, afin de garder de la mobilité entre les différentes zones d’étude, cuisine de campagne et douche solaire sont notre quotidien. Le masque FFP3 sur le visage est requis dans les cavités comportant des colonies de chauves-souris. La température est de 25 degrés sous terre jusque 28 degrés. La mission s’est déroulée après une année de sécheresse et des records de température : 46 °C, le jour le plus chaud de l’histoire du Botswana. Contrairement à l’année précédente, il n’y a pas eu de pluie.
La mission a produit dix fois plus de résultats que celle de 2023
Paléontologie : Jean-Baptiste Fourvel le paléofauniste a continué de documenter la présence des léopards dans la grotte de Gcwihaba. Apparemment il y a deux ados en plus du père et de la mère. Pierre Linchamps microfauniste et Raphaël Hanon taphomomiste ont fouillé, sur les indications de Laurent Bruxelles de la brèche fossilifère décalcifiée à Bones cave. Elle s’apparente à celle de Sterkfontein en Afrique du Sud par exemple. Sa texture meuble permet de réaliser un tri par tamisage, ce qui permet de traiter un volume beaucoup plus important de sédiments par rapport au traitement de la brèche dure à l’acide comme l’an dernier. Amel et Jacques Jaillet de l’institut des déserts et des steppes (les gentils séniors de notre équipe) ont activement participé aux opérations de tri des ossements. Bones cave est THE cavité qui fera le succès, à terme, de la mission. Les sédiments qu’elle contient ont le bon âge (entre 2 et 3 millions d’années) et elle recèle encore une grosse quantité de sédiments fossilifères. Parmi les fossiles retrouvés dans la brèche, les paléontologues ont retrouvé des os de poissons, mais aussi d’un théropithèque, un primate disparu il y a 2 millions d’années.
Spéléologie : Laurent Bruxelles, Véronique Olivier et Philippe Auriol ont visité plusieurs cavités pour étayer le mode de formation des grottes, des relevés stratigraphiques ont été dressés. La visite de Waxhou Sud a permis la découverte d’un babouin momifié en bas d’un aven piège, à – 50 m au pied d’un talus de sédiments. Il a été scanné dans sa position initiale, la même que Little foot, l’australopithèque découvert en 1997 à Sterkfontein. Le babouin a été sorti de la cavité en duo par temps bien sec pour qu’il n’y ait pas de reprise de pourriture à la sortie du gouffre. Philippe a levé le corps et Véro a assuré son transport. La momie a été présentée sur le campus éphémère de la mission avant de partir pour être exposé au musée d’histoire naturelle de Gaborone et ainsi documenter l’intérêt des avens pièges dans la recherche des fossiles.
Communauté scientifique et coopération : Les 20 jours d’expédition sur le terrain se sont déroulés avec le soutien de 10 fouilleurs, agents du musée de Gaborone. Un congrès de restitution des travaux en cours en Afrique australe a permis la présentation des premiers résultats et la structuration d’un réseau scientifique sur les paléosciences à l’échelle de l’Afrique australe. L’occasion de faire connaissance avec des chercheurs qui pourront apporter leur regard, par exemple sur la recherche d’objets lithiques.
Perspectives 2025
La prochaine expédition en 2025 permettra de continuer la fouille de Bones caves sur les niveaux de brèche 2 et 3, pour sortir plus de fossiles, continuer la fouille de surface, et trouver des restes d’hominine. Une conférence de restitution sera organisée au village de Xai Xai afin d’informer la population locale, de partager les découvertes et de poursuivre la collaboration (il y a 2 emplois de fouilleurs avec des villageois). L’équipe d’Homini-karst apportera ses connaissances pour la constitution du dossier d’inscription de Gcwihaba cave au patrimoine mondial de l’UNESCO, dont la candidature est acceptée. Il s’agira du premier site où le guano et la biocorrosion auront une valeur mondiale, car ils constituent la valeur originale et unique de ces cavités parmi tous les autres sites inscrits au patrimoine mondial.
Entrée intermédiaire terra Ronca 2 (Valérie Perret)
L’expédition spéléologique Goiás 2024 s’est déroulée du 20 juin au 7 juillet 2024. Elle a été organisée conjointement par le Groupe Spéléo Bagnols Marcoule de Bagnols sur Cèze dans le Gard, France et par le Grupo Bambui Pesquisas Espéléologicas de Belo Horizonte dans le Minas Gerais, Brésil. Cette expédition marquait l’anniversaire des 30 ans d’amitié et de collaboration entre les deux clubs. Cette histoire a commencé en 1994 sur ce massif du Goiás.
De 16 à 21 spéléologues français et brésiliens ont exploré le massif karstique de la Serra do Calcario et plus précisément la région du Parque Estadual de Terra Ronca dans l’état du Goiás. Le camp de base était installé dans le hameau de São João dans la commune de São Domingos, idéalement situé au cœur de la zone. A partir de ce point, les équipes ont pu rayonner dans toutes les directions. Les objectifs principaux se situaient entre 30 mn et 1h30 de voiture suivi d’une heure à cinq heures de marche sauf l’exceptionnelle grotte de Terra Ronca 1 dont l’entrée est au bord de la piste.
Plusieurs membres de l’expédition, notamment les plus anciens, connaissent très bien cette zone puisqu’elle a été l’objet de plusieurs projets depuis 1994. Les nombreuses découvertes réalisées durant ces années méritent d’être à nouveau inspectées voire re-topographiées avec des moyens plus modernes. Les principales cavités reprises sont : la partie aval de São Vicente1 et 2, Couro d’Anta, Gruta da Craibrinha, l’abismo de Vaca Brava, Terra Ronca 1 et 2, São Bernardo 1, São Bernado 3, São Mateus 4… Avec les photos aériennes plus récentes, la prospection de nouvelles zones de la région a fait également partie des objectifs en particulier la partie à l’ouest de São João vers la perte de Vaca Brava ainsi qu’au sud entre São Bernardo 1 et São Bernardo 2. Pendant un peu plus de quinze jours, les équipes vont, soit arpenter le massif à la recherche de nouvelles cavités, soit chercher de nouveaux passages dans les réseaux connus ou bien réaliser de nouvelles topographies plus précises. Cette stratégie s’est avérée payante puisque de nombreuses découvertes ont ainsi été faites. Sans que toutes les données soient encore traitées, l’expédition ramène environ 20 km de topographie dont à peu près 6 km de première. Plusieurs nouvelles galeries et salles ont été inventées notamment dans São Bernardo 1, São Vicente 1, Terra Ronca 2, Gruta de Vitorino… De nouvelles cavités ont été inventées : Gruta da Onça, Gruta do Tintin, Sumidoro de Vaca Brava, Pertes du Rio Seco,…
Lors de cette expédition, de nombreux contacts ont été pris avec les guides locaux pour les sensibiliser sur divers points tels que la géologie, la biologie, l’environnement, la sécurité et le secours sous terre notamment lors d’une conférence.
Les résultats de cette nouvelle expédition dans cette région ont permis de constater qu’il y avait encore beaucoup de potentiel pour faire de belles découvertes. Certes, elles sont moins évidentes qu’il y a quelques années ou nous n’avions qu’à suivre les cours d’eau et explorer la galerie principale aux dimensions hors normes pour nous. Aujourd’hui, nous devons utiliser des techniques modernes pour effectuer des escalades, rechercher avec des logiciels des entrées probables, suivre des cours d’eau asséchés sur des cartes et parfois même faire un peu de désobstruction mais le travail s’est avéré payant et gratifiant. En bouquet final, qui est sans doute le plus important, l’expédition s’est déroulée dans une exceptionnelle convivialité.
Participants du GSBM : Olivier et Isabelle SAUSSE, Guy DEMARS, Valérie et JeF PERRET. Responsable de l’expédition et rédacteur : Jean-François (JeF) PERRET.
Clubs : Individuels (Hérault), Club Spéléo Vulcain (Rhône), Alpina Millau (Aveyron), Gruissan Prospection Spéléologie (Aude), Clan des Tritons (Rhône), CRESPE (Alpes-Maritimes), Spéléo club Argilon (Saône-et-Loire), Società Speleologica Italiana (Italie), Slovak Speleological Society – Speleoklub Badizér, Ardovo (Slovaquie), SGCAF, Spéléos Grenoblois du Club Alpin Français (Isère), FJS, Furets Jaunes de Seyssins (Isère).
Responsable : Jean-Pierre Gruat.
Après une expédition de reconnaissance du 6 au 22 mai 2023, par une équipe de 10 spéléos, en 2024 ce sont 17 spéléos issus de plusieurs clubs français, italien et slovaque en partance pour le massif du Köýtendag.
Pour 2024 ce sera une équipe pluridisciplinaire plus importante pour cette deuxième expédition au Köytendag, du 8 avril au 2 mai 2024 (il y aura quelques défections de dernière minute, notamment notre vidéaste Daniel Penez). Dix-sept personnes participent : Philippe Audra, karstologue, Université Côte d’Azur, Jo De Waele et Lionel Barriquand, spécialisés en géologie et karstologie, Josiane Lips et Jozef Grego, spécialisés en biospéléologie, Jean-Paul Héreil, Bernard Lips, Xavier Robert et Alexandre Pont pour la topographie, Gaël Cazes pour la topographie 3D par photogrammétrie, Jean-Marie Briffon, Claire Falgayrac, Jean-Philippe Grandcolas, Jean-Pierre Gruat et Freddo Poggia pour l’exploration et la prospection, Annie Guiraud et Philippe Crochet en charge de la couverture photographique.
Les objectifs sont multiples : photographie, topographie de l’existant, karstologie, biospéléologie, prélèvements et documentation, prospection et explorations nouvelles.
– 12 cavités sont visitées à plusieurs reprises et topographiées : certains jours, 5 équipes de 2 à 3 personnes ont réalisé de la topographie (8571 stations topographiques, 18,7 km de réseau topographié, profondeur maximum atteinte – 157 m).
Les principales cavités reprises et topographiées partiellement ou complètement :
Geophyzicheskaya
Tush-Yurruck
Kaptharana
Promeszutochnaya
Hushm-Oyeek
Kutuzov cave ou grotte du Lac
Verticalnaya
Cupp-Coutunn
Malgré des « contraintes administratives » importantes, la zone se trouve sur une zone militaire, proche de la frontière ouzbèke, un temps journalier sur le terrain limité à 8 h maximum, il peut être envisagé de programmer une 3ème expédition en 2025 ou 2026, en envisageant d’explorer une autre zone en dehors de la zone militaire, toutefois la proximité de la frontière ne nous libère pas de toutes les contraintes. Cette année nous avons bénéficié de visas gratuits (119 dollars par personne en 2023), par contre comme en 2023, nous n’avons pas échappé au test PCR (29 dollars par personne en 2024) !
– Le 1er jour de l’arrivée à Ashgabat, avant de prendre le train pour Kerki, Philippe Audra, Lionel Barriquand, Gaël Cazes et Jean-Pierre Gruat, sont reçus par Mme Shirin Karryyeva, Mme Tatjana Rosen, M. Jumamyrat Saparmuradov et d’autres personnes. Ces personnes travaillent dans le cadre du projet CEPF/CLLC du Turkménistan (CEPF : Critical Ecosystem Partnership Fund et CLLC : Center for Large Landscape Conservation).
Ils souhaitaient échanger avec nous sur les objectifs de notre expédition, ils manquent d’informations sur la géologie et le karst du Koytendag et nous pouvons leur apporter certains éléments en ce domaine.
En parallèle, une autre partie de notre équipe (Jozef Grego, Josiane Lips et Jo De Waele) est reçue au Ministère de l’Environnement pour évoquer les autorisations nécessaires de prélèvement et d’exportation en biospéléologie (invertébrés) et en géologie (petits échantillons de pierre).
– Arrivée le 10 avril sur place au Koytendag, malgré quelques petits problèmes administratifs le 1er jour pour accéder aux grottes situées en zone militaire, nous avons pu réaliser les objectifs scientifiques, topographiques et photographiques durant l’ensemble du séjour. Seule, la prospection du massif n’a pas donné les résultats escomptés, puisqu’aucune nouvelle cavité majeure n’a été découverte, malgré l’exploration de porches difficiles d’accès dans certains canyons. Le massif est vaste et la prospection est difficile avec les nombreux et profonds canyons qui le découpent.
– Les scientifiques en karstologie, en géologie, biocorrosion ont pris des mesures de températures d’air et d’eau, des échantillons d’eau des sources et des lacs, relevé les failles et fractures, les emplacements de différents minéraux et concrétionnements.
Ils vont analyser tous ces éléments en laboratoire pour expliquer la formation de ces cavités, leur évolution et la présence des différents minéraux. Philippe Audra a aussi déposé un pluviomètre performant à basse altitude (maison de la réserve naturelle) et un autre à plus haute altitude (fond de la vallée). Tous les mois, M. Shaniyaz Mengliev, Directeur scientifique de la réserve du Koytendag relèvera l’eau, et plus tard, les isotopes seront étudiés.
– Une grande partie de la grotte de Geophysicalskaya a été relevée par photogrammétrie en 3D en collectant plus de 50 000 images superposées.
– L’équipe photographique s’est concentrée principalement sur deux cavités, Geophysicheskaya et Hushm-Oyeek. La présence de gypse en quantité en fait l’intérêt principal, Hushm-Oyeek , connue depuis plus longtemps, a été fortement endommagée alors que Geophysicheskaya, découverte plus tard, est relativement bien préservée. Cette dernière a été couverte photographiquement, elle est exceptionnelle : profusion de gypse sous toutes ses formes (chandeliers, stalagmites géantes creuses, aiguilles, fleurs, crosses, croûtes…), aragonite, vastes galeries aux plafonds rouges, immenses draperies colorées, un véritable festival pour les yeux tout autant qu’un concentré de phénomènes géologiques.
– Les scientifiques en biospéléologie ont fait beaucoup de prélèvements d’invertébrés dans les grottes et les sources. C’est un beau complément aux découvertes de l’an passé publiées dans le rapport 2023. Le tout est en cours de classification, d’analyse …
Des espèces nouvelles semblent avoir été relevées. Les scientifiques en biospéléologie – qui sont rentrés au bout de 15 jours passés au Turkménistan – ont délivré les premières informations sur leur découverte :
« Pour l’instant nous avons environ 3-6 candidats pour de nouvelles espèces de mollusques souterrains et de source. Les mollusques de surface nous ont également réservé quelques surprises, car dans deux cas, la famille de mollusques la plus proche se trouve à environ 500 km à l’ouest du Köytendag, et il est probable que ces données éloignées représentent également de nouvelles espèces. »
Jozef Grego rédigera prochainement un rapport préliminaire avec des photos.
Toutes ces études demandent beaucoup de temps et les éléments définitifs seront dans le rapport final de l’expédition.
– La prospection : des équipes légères (3 ou 4 personnes) ont parcouru certains secteurs du massif à la recherche de nouvelles cavités, sans résultat. De même, 2 équipes ont descendu des falaises pour atteindre des porches repérés en 2023 dans les canyons, ces porches se sont révélés être des baumes sans suite. Quelques escalades ont été tentées, sans résultat.
Toutefois, les hauts plateaux d’altitude à plus de 2000 mètres n’ont pas été parcourus, l’approche de la frontière ouzbèke nous étant interdite par les autorités turkmènes et un bivouac en altitude aurait été nécessaire. Cette zone reste à étudier dans les prochaines expéditions.
* Geophysicalskaya est absolument à protéger et à préserver de toute dégradation (et d’autres cavités du secteur), elle a des particularités rares et une beauté exceptionnelle avec des formations de gypse unique en splendeur et densité.
* Pour réaliser de nouvelles expéditions, il est nécessaire de trouver des financements, pour réaliser un travail scientifique, les études en laboratoire des résultats exigent aussi un apport financier important.
* Le nombre de photos ramenées de cette expédition 2024 permet de réaliser une publication sur les grottes du Köytendag, reste là aussi à trouver un financement.
Une équipe pluridisciplinaire pour l’expédition 2024 :
AUDRA Philippe, Docteur en géographie physique, karstologue, directeur du Département Hydroinformatique et ingénierie de l’eau et du Master hydroprotech, Université Côte d’Azur. CRESPE (Alpes-Maritimes).
BARRIQUAND Lionel, chimiste, doctorant Université Savoie-Mont-Blanc, Laboratoire EDYTEM de Dynamique des Environnements et Territoires de Montagne. Spéléo club Argilon (Saône-et-Loire).
CAZES Gaël, Expert chez CENOTE Sarl, doctorant Université de Montpellier, Géosciences Montpellier. Individuel (Hérault).
CROCHET Philippe, hydrogéologue et photographe spéléologue. Individuel (Hérault).
DE WAELE Jo, Doctorat en prospection minière, Professeur en géographie physique et géomorphologie Université de Bologne. Società Speleologica Italiana (Italie).
GRANDCOLAS Jean-Philippe, spéléologue. Clan des Tritons (Rhône).
GREGO Jozef, Doctorat diversité mondiale des gastéropodes stygobiotioc, diversité mondiale des Clausilidiae, chercheur indépendant, SubBio Lab Ljubljana University, Slovak Speleological Society – Speleoklub Badizér, Ardovo (Slovaquie).
HEREIL Jean-Paul, spéléologue. SGCAF, Spéléos Grenoblois du Club Alpin Français (Isère).
LIPS Bernard, bio-spéléologue. Club Spéléo Vulcain (Rhône).
LIPS Josiane, bio-spéléologue. Club Spéléo Vulcain (Rhône).
POGGIA Frédéric, spéléonaute. FJS, Furets Jaunes de Seyssins (Isère).
PONT Alex, spéléologue. Clan des Tritons (Rhône).
ROBERT Xavier, Doctorat en Thermochronologie, Chargé de Recherche (CRCN) IRD, Thermochronologie, tectonique, géomorphologie, géologie de terrain, ISTERRE – Université Grenoble Alpes. Club Spéléo Vulcain (Rhône).
Un bel article paraitra dans le Spelunca de l’automne 2024, suivi d’une publication et du compte-rendu complet de cette expédition 2024.
Remerciements à la FFS/CREI pour son parrainage, à L’Enseigne Peinte, Chatou, Yvelines (gérant : Thierry Flon, membre FFS du Clan des Tritons) pour la conception et la fabrication gracieuse de l’autocollant Koytendag 2024.
Jean-Philippe GRANDCOLAS & Jean-Pierre GRUAT, juillet 2024.
Expédition spéléologique en Thaïlande – décembre 2023-avril 2024 Summary /Résumé- auteur Didier Rateau pour l’équipe.
L’expédition se déroule en trois phases distinctes, et s’inscrit dans la suite des 9 précédentes Depuis 2016.Principalement dans la région de Kanchanaburi
En premier lieu le mois de janvier est consacré à la poursuite des explorations dans le parc national de Saiyok Yai, topographies de nouvelles cavités dont Tham Tangodfri, repérées en 2020, arrêt sur étroiture boueuse à 625m de l’entrée, petit ruisseau affluent du système de Tham Keaw actif en cette période d’étiage , nous sommes dans une zone épi karstique qui réserve de belles surprises. Nous arrivons à 18km de réseaux topographiés dans le secteur de Saiyok Yai.
Photographie Philippe Crochet Tham Nok Han Aen janvier 2024
Exploration de la zone d’entrée de Tham Nok han Aen (D 3000m),nous y accédons par une grande fenêtre karstique profonde de 120 mètres, (Swalow cave porche h 70x40met grotte du bivouac Ostermann 1986)-Rencontre avec les Rangers du Parc National de Lam Nkhlong Ngu pour préparer les prochaines phases de l’expédition, profitant de la présence de Philippe Crochet nous consacrons du temps à la photographie. Repérage de l’accès à Tham Yai aval du système actuel.(en cours d’exploration)
Tham Daoprasut, avec des niveaux de CO² supérieurs à 5% Un grand article sur ce karst hypogène est en cours.(nombreuses séances photos , et relevés des taux de Co2)
Tham Nam Mae Krabung, (Srinagarindra National Park)le développement atteint maintenant 3230m topographiés, et en cours d’exploration).
Ci dessous Photographies de Philippe Crochet Tham Dao prasut-Srinagarindra National Park
Dans un deuxième temps dans la continuité des deux formations précédentes le mois de février est consacré au stage de formation aux techniques de progression sur corde, et à la topographie avec distox2-xble pour les géologues de DMR et de la DGR (Bangkok). Pour compléter le parcours, l’exploration et la topographie de Tham Nok Han Aen 2 avec les Rangers, une partie des gigantesques galeries jalonnant le canyon du Mae Nam Nkhlong Ngu sur plus de 30Km suivant une Fracture, encaissée dans les massifs du permien supérieur d’une puissance de 200m .
(Formation de Um Luk -carte géologique Ban Muang Song Tho 1/50000 – édition 3-RTSD -4738 2011) et au contact de la formation Bong Ti beaucoup plus résistant et moins soluble , au contact à l’Est.(karst de Khao Bo Ngam)
Ci dessus deux Thaïlandais en formation -Ban MongKala -Amphoe Thongphaphum, ci dessous grappe de stagiaires……..
En troisième lieu, le début du mois de mars a été consacré à l’exploration de Tham Saohin, l’extrême aval du Lam Nkhlong Ngu, avec quelques spasmes dans le calendrier liés aux autorisations fluctuantes ! Le grand puits de 147 m a été descendu, et ce que l’on pense être la plus haute colonne de stalagmites du monde a été vérifié à 68,62 mètres(elle était inscrite comme la plus haute a 61.5m par les Anglais en 1995). Une rapide incursion dans Tham KangKhao ne permet pas de poursuivre vers l’aval qui cette année est obstrué par des embacles, le courant d’air n’est plus perceptible. Quelques prélèvements de pseudos scorpions millimétriques sont réalisés par Claudine Masson dans les différentes cavités, et des séances photographiques assurées par Thierry Masson et Alexis Rateau.
Tham Saohin développe actuellement 3 210 mètres et ce n’est pas fini !!(les réseaux supérieurs sont en cours d’exploration)
La topographie de Tham Putoei est terminée et le développement dépasse maintenant un kilomètre. L’expédition 2025 est déjà en préparation, et une équipe sera en Thaïlande cet été.
Les topographies, contribution à une étude de géologie, biospéléologie, sont incluses dans le rapport qui est en cours d’élaboration.
(DMR Direction of Minéral Ressources, DGR Direction of Groundwater Ressources)
Liste des participants :
Janvier -Peter Lenahan , Andrew D.Foord NSS – Annie Guiraud , Philippe Crochet ,Didier Rateau FFS
Février stage de formation – Etienne Fabre , Didier Rateau FFS
DGR -DMR . Kotchapan Loedtawiwong Miss , Kittipong Palee Mr , Chutikan Sittikot Miss , Phyatharine Sopitthammakul Miss , Jeamliga Duangkeawroen Miss , Russarint Siripattarapureenon Miss , Chaiporn Siripornpibul Mr , Jutamas Junpanghern Miss , Itsara Phromta Mr , Surachet Saengsawang Mr , Weerachon Unsen Mr , Piyaporn Hinsaeng Miss , Patinya Uttha Miss , Thiengthum Chaweenuon Mr , Narongrit Boonchaiwong Mr ,Suriya Pantawan Mr , Naruenat Kangwanwong Mr.
Participation de quelques Rangers occasionnellement.
De fin Février au 5 Mars
Marc Bourreau , Claudine et Thierry Masson , Alexis et Didier Rateau, Valentin Bertrand , Etienne Fabre FFS.
Intervenants étrangers non FFS – Ryan Gardner NSS , Emilie Bertrand , Sylvain Mercier, David Temple men , Karn Romyasai , Wataka Pink.
ci dessus de gauche a droite , pseudo scorpion Tham Kangkhao Sai Yok ph.(Claudine Masson)-Tham Saohin Thongphaphum (ph. (Thierry Masson) – Tham Saohin ph.(Alexis Rateau).
Remerciements Aventure Verticale, Scurion, Croque Montagne, Subsa , CDS 37 ,avec le soutien de U.I.S. et FFS pour les actions internationales.
Photographie Thierry Masson-Tham Keaw – Sai Yok Yai-
Contexte : Ce projet d’expédition au Laos a été élaboré par un regroupement de clubs spéléo de toute la France : • Le Spéléo Club de Paris (SCP – Club Alpin Paris) • La section spéléo du Club Alpin Marseille Provence (CAF MP) • Le club Spéléo Canyon du Pays d’Aubagne (SCPA – ESCANDAOU) • Le Spéléo Club d’Aubenas (SCA) • Le Gruissan Prospection Spéléologie (GPS) • L’Association des Barbastelles dʼIssy-les-Moulineaux pour lʼExploration Spéléologique (ABIMES) • Le Spéléo Club Saint Marcellois (SCSM) KAPKO 2023 s’inscrit dans la continuité des expéditions spéléo déjà réalisées dans la région de Vang Vieng depuis 1998. La ville de Vang Vieng est située à cent kilomètres au nord de la capitale, Vientiane, au bord de la rivière Nam Song, sous affluent du Mékong. Celle-ci représente un des principaux lieux touristiques du Laos, entourée de massifs calcaires. Notre expédition a été officiellement parrainée par la Fédération Française de Spéléologie (la CREI étant actuellement inactive)
Résumé de l’activité: Nos principaux efforts se sont tournés vers le réseau de Tham Houey Yé / Tham Pha Leusi, vaste complexe de plus de 12 km de développement. Nous avons systématiquement descendu les puits demeurés inexplorés les années précédentes faute de matériel et nous avons réalisé les escalades entrevues les mêmes années. Nous avons longuement prospecté le poljé situé au milieu des formations calcaires surplombant le Nord de l’agglomération de Vang Vieng et nous sommes retournés dans toutes les cavités déjà connues de ce poljé. Nous sommes également allés bivouaquer dans le poljé supérieur, accessible uniquement à pied depuis le poljé inférieur précédemment cité : là encore, nos efforts n’ont donné que de maigres résultats en terme de découvertes. Enfin, nous avons réalisé des observations sur la faune et sur les différentes traces de fréquentation animales des cavités. Principales cavités explorées :
Résurgence de Tham Nam Yen • Réseau de Tham Houey Yé / Tham Pha Leusi • Perte de la Nam Ka • Système de la Nam Sang
Tham Gnaï • Tham Nam Them • Pha Boua Sud • Tham Pha Bong Est Principaux résultats :
Spéléologie : Tham Houey Yé :
200 m de première topographiée dans le réseau ouest 400 m de première explorée non topographiée dans le réseau ouest à proximité de l’entrée Tham Nam Ka : 39/62
150 m de galeries topographiées Perte de la Nam Sang Taï :
300 m de première explorée non topographiée Tham Gnaï IV :
100 m de première topographiée • Biologie :
Observation des tubes d’argile de Tham Pha Bong Est qui sont incontestablement des constructions d’origine animale. Des échantillons de ces tubes ont été prélevés et nous sommes dans l’attente des résultats des analyses.
Observation des chiroptères dans la grotte tunnel de Tham Nam Thèm. • Karstologie : Observations sur la spéléogénèse du réseau de Tham Houey Yé / Tham Pha Leusi. Mesures de conductivité électrique et premières interprétations de circulation des eaux souterraines le système de la Nam Sang. Préparation de l’expédition et relations officielles avec les autorités laotiennes : dans Lors de la préparation de notre expédition, nous avons pris contact avec l’ambassade du Laos à Paris et nous avons rencontré un de ses membres le 7 février 2023 qui nous a mis en contact avec le Ministère de l’Information, de la Culture et du Tourisme (MICT). Parallèlement, nous avons contacté une agence de tourisme, Green Discovery Laos, afin qu’elle nous assiste pour obtenir les autorisations officielles pour notre expédition. À la fin de notre expédition, lors de leur retour vers la France, plusieurs membres de KAPKO 2023 ont rencontré des membres du MICT afin de leur présenter nos résultats. Ainsi, il ressort de cet entretien que le Ministère souhaite promouvoir une montée en gamme qualitative du tourisme dans la région de Vang Vieng. Ainsi, il nous a fait part de sa volonté de préserver les grottes et d’améliorer les conditions de leur exploitation à des fins touristiques. La possibilité d’une collaboration plus formelle avec les spéléos français a été évoquée afin d’aider le Laos à progresser dans la pratique de la spéléo ainsi que dans l’organisation de visites à vocation touristique
Les perspectives :
Beaucoup de travail d’exploration et de topographie reste à faire dans le réseau de Tham Houey Yé / Tham
Pha Leusi. D’autres cavités telles que la perte de la Nam Sang et les grottes du Sud du Pha Boua
mériteraient également la poursuite des travaux d’exploration. Toutefois, nous envisageons également
d’organiser une prochaine expédition sur des territoires plus au Nord que la région située à proximité
Clubs : Individuels (Hérault), Club Spéléo Vulcain (Rhône), Spéléo Club de Vesoul (Haute-Saône), Alpina Millau (Aveyron), Gruissan Prospection Spéléologie (Aude), Clan des Tritons (Rhône).
Responsable : Jean-Pierre Gruat.
Communiqué de Veronique Olivier- Crédit photos Philippe Crochet
Une expédition spéléologique de reconnaissance a été organisée du 6 mai au 22 mai 2023 sur le massif de Koytendag et, en particulier, dans le système des grottes de Kap Kutan et de Prometezmaya qui sont situées dans une réserve d’État sur le massif du Koytendag à 800 km à l’est d’Ashgabat. A l’issue des longues procédures administratives pour mener à bien ce projet (autorisations à obtenir du Ministère de l’Agriculture et de la Protection de l’Environnement et du Ministère des Affaires étrangères du Turkménistan), malgré la crise mondiale de la pandémie Covid19 durant 3 ans, nous avons enfin pu découvrir ce pays en mai 2023.
L’idée de ce projet avait germé, après avoir vu en 2019 depuis le village de Vandob en Ouzbékistan, l’immense falaise calcaire du Koytendag (600 à 1200 m de haut) qui s’étend sur 50 km de longueur et qui fait frontière entre le Turkménistan et l’Ouzbékistan. Ce massif constitue le dernier maillon des Monts de Gissar (zone occidentale du système Pamir-Alaï) qui débutent au Tadjikistan au nord de Douchanbé et qui traversent la province du Sourkhan-Daria en Ouzbékistan. En premier lieu, il a fallu rechercher la documentation existante concernant le massif du Koytendag (Kugitang) et les grottes de cette région. Cette documentation, qui date essentiellement des années antérieures à 1990 étant en russe, il a fallu la traduire. Grâce à l’aide de Son Excellence Maksat Chariev Ambassadeur du Turkménistan en France et de Mme Dilora Geldyeva de l’agence Owadan, nous avons obtenu toutes les autorisations nécessaires et la logistique indispensable pour mener à bien ce projet. Le 7 mai 2023, nous foulons enfin le sol du Turkménistan pour rejoindre, en train et en 4X4 notre camp de base à Köyten Genesligi, au bord de la rivière Kugitang. Nous avons été accompagnés et guidés durant notre séjour par Monsieur Shaniyaz Menliev, Chef du Département scientifique de la réserve du Koytendag. Dès le lendemain de notre arrivée sur place, nous accédons à la grotte de Kap Kutan, dans laquelle, malheureusement, une chute de bloc va nous priver de notre photographe pour le reste du séjour. Toutefois, notre expédition s’est poursuivie avec différentes activités : spéléologie dans les grottes situées au sud du massif près de Garlyk (anciennement Karkul), biospéléologie avec prélèvements d’invertébrés trouvés sous terre, prospection à la recherche de nouvelles cavités dans les beaux canyons du massif et enfin visite du site exceptionnel des empreintes de dinosaures au nord du Koytendag (sanctuaire de Hojapil). Le Turkménistan possède avec ce massif et ses cavités, un patrimoine exceptionnel et unique à étudier, protéger et valoriser :
– Le karst de montagne, qui culmine à 3139m au Mont Ayribaba, nous est apparu comme exceptionnel, tant par sa géographie (plateau incliné de 3000 m à 500 m d’altitude, coupé par d’innombrables canyons de 300 à 400 m de profondeur et de
20 à 30 km de long) et sa géologie (calcaire, gypse et présence de nombreux minéraux).
Ce coin magnifique, est resté depuis la chute de l’URSS, oublié des spéléologues et des karstologues.
– Le massif du Koytendag est une réserve d’État (Réserve naturelle de Köýtendag), composé de 3 sous réserves. Il possède un site remarquable de plus de 2000 empreintes de dinosaures au nord.
– Les chandeliers et les colonnes de gypse qui existent dans les grottes de Géophysiyeskaya et d’Hashimoyuk sont rares, exceptionnels et comparables à ceux que l’on trouve à la grotte de Lechugilla aux USA, considérée comme la plus belle cavité du monde.
– Les grottes connues sont toutes situées au sud du massif, près du village de Garlyk (anciennement Karkul), le reste du Koytendag n’ayant pas été, a priori, prospecté. Il recèle sûrement de nombreuses cavités à découvrir, aussi belles et spectaculaires que Géophysiyeskaya, grotte trouvée à la fin des années 1980. Vladimir Malsev (1957-2014), géologue et spéléologue russe est un des rares scientifiques à avoir étudié ces grottes dans les années 80, avant la dissolution de l’URSS. Tous ces éléments, nous conduisent à envisager dès 2024 une nouvelle expédition avec les objectifs suivants :
– réaliser des photos de qualité professionnelle,
– être accompagnés de scientifiques pour étudier les grottes et le karst du Koytendag et compléter les recherches faites il y a plus de 30 ans par Vladimir Malsev.
– scanner en 3D la grotte de Géophysiyeskaya.
– prospecter diverses zones, dont certaines en altitude pour découvrir de nouvelles cavités.
– réaliser une publication sur le massif du Koytendag, ses grottes et ses richesses.
– réaliser un film sur l’expédition.
Nous souhaitons établir un partenariat solide entre le ministère de l’Agriculture et de la protection de l’environnement du Turkménistan et la Fédération Française de Spéléologie (FFS) qui pourrait contribuer, si le Turkménistan le souhaite, à soumettre ce massif pour un classement en Géoparc mondial de l’Unesco.
Liste des participants de l’expédition 2023 :
•Bernard Lips, ancien président de la FFS,
Direction nationale de la Crei
•Josiane LIPS, trésorière adjointe de la
Commission scientifique de la FFS et spécialisée en biospéléologie, Direction nationale de la Commission documentation
• Philippe Crochet, hydrogéologue et photographe spéléologue
• Annie Guiraud, photographe spéléologue, et assistante de Philippe Crochet
• Jean-Marie Briffon, médecin, membre de la Commission médicale de la FFS
• Claire Falgayrac, trésorière de la Commission médicale de la FFS
• Jean-Philippe Grandcolas, Direction nationale de la CREI et de la Commission documentation/Centre national de documentation spéléologique (C.N.D.S.)
• Véronique Olivier, étudiante chercheuse en écologie, membre du Conseil technique de la CREI
• Philippe Auriol, médecin spéléologue
• Jean-Pierre Gruat, ancien membre du bureau et du Conseil d’administration de la
L’expédition Qattine Azar Comaty 2022 (commune d’Aintoura El-Matn, Monts Liban) a rassemblé 10 membres de l’association Continent 8 et une trentaine de Libanais de l’Association Libanaise d’Études Spéléologiques (ALES). Les explorations du gouffre Qattine Azar se sont concentrées sur trois branches principales : (i) l’affluent de la Galerie des Français, (ii) l’affluent Chocapic et (iii) l’affluent du Mât, les deux derniers appartenant au secteur Mawla. Plus d’une trentaine d’escalades en libre et en techniques artificielles totalisant plus de 500 m de verticale (obstacles de 5 à 46 m) ont permis de rajouter environ 2’340 m de nouvelles galeries et de puits au réseau. Celui-ci se hisse maintenant à la première place des cavités les plus longues du Liban avec plus de 10 km de galeries (devant la grotte très connue de Jeita). Ce projet d’expédition est une réussite sur plusieurs plans. Tout d’abord il permet de renforcer les liens de collaboration Franco-libanaise, liens qui se sont distendues ces dernières années en raison des nombreuses difficultés économiques et sociales que traverse le Liban actuellement. La collaboration entre l’ALES et Continent 8 a été excellente et elle ouvre de nombreuses perspectives pour le futur. Ensuite, le projet a bénéficié d’une très large couverture médiatique au Liban, aussi bien presse écrite que télévision, en français, mais aussi en arabe, ce qui a permis un large rayonnement de l’activité spéléologique au Liban. Enfin les nouvelles galeries découvertes sont très variées, passant de grandes salles (Salle de la Dame Blanche, Salle Point 6, etc.) à des méandres magnifiquement sculptés et souvent très concrétionnés (galerie de la Fée Clochette, galerie des Cristaux, etc.). Le gouffre de Qattine Azar est une cavité véritablement exceptionnelle et le potentiel est encore très important. A noter que projet bénéficie du soutien de Béal, mx3 Nutrition, du comité spéléologique régional d’Occitanie, des comités départementaux de spéléologie de l’Ariège, du Gard, du Doubs et de la Haute Garonne, et du club des Compagnons de la Nuit Minérale. Plus d’informations et rapport en téléchargement sur le site de Continent 8 : www.continent-8.org. Un projet était prévu pour 2024, mais en raison des évènements mêlant Israël, le Hamas et le Hezbollah, la situation au Liban empire de jour en jour et il a été décidé conjointement avec les Libanais d’annuler le projet. Beaucoup de membres de l’ALES ont quitté le pays pour des raisons professionnelles et ne peuvent garantir leur soutien. Par ailleurs, les problèmes économiques persistent rendant les projections budgétaires et logistiques difficiles voire impossibles pour le moment.
Ouzbékistan, région du Sourkhandaria, massif du Chulbair
31/07 à 22/08, 2021
En dépit d’un contexte sanitaire compliqué et des évènements géopolitiques récents en Afghanistan, l’expédition Boy Bulok 2021 a pu se dérouler dans de bonnes conditions en raison des nombreux appuis politiques et administratifs et de l’excellente collaboration qui unit le groupe spéléologique de l’Oural (Russie) et l’Association Continent 8. Cette expédition fait suite à la première expédition commune en 2018 pendant laquelle le gouffre de Vischnevskii est topographié jusqu’à une profondeur de 700 m environ. En 2019, l’équipe Russe poursuit seule les explorations jusqu’à la côte de -1158 m. Le gouffre se rapproche significativement de Boi Bulok et notamment des galeries dans le secteur de la “New Part”, vers -600 m. En 2020, malgré de nombreux échanges avec les Russes, aucune expédition n’est organisée en raison de l’épidémie de COVID. Malgré l’effectif réduit (17 personnes), les explorations ont pu être continuées dans les gouffres de Boi Bulok et de Vischnevskii pendant 14 jours sur place avec à la clef : (i) de nouvelles galeries découvertes et topographiées dans les zones profondes ainsi que dans les amonts, (ii) une sécurisation des équipements en place et (iii) la retopographies des galeries anciennes. La jonction tant espérée entre les deux cavités n’a pas pu être réalisée mais les deux galeries potentiellement “jonctionnables” ont été identifiées dans les deux cavités. La distance manquante est d’environ 100 m, mais le passage est étroit et nécessite quelques aménagements. L’expédition est lauréate des Bourses Expé by Cabesto 2021 et bénéficie d’un soutien matériel et financier de la part des entreprises Cabesto, Petzl, Béal et Katadyn Group. Le projet bénéficie aussi du soutien des comités départementaux de spéléologie du Doubs (25) et de l’Ariège (09). Plus d’informations et rapport en téléchargement sur le site de Continent 8 : www.continent-8.org. Depuis février 2022, en raison de la guerre déclenchée par la Russie sur le sol ukrainien, toute collaboration avec les ressortissants russes est délicate, notamment aux yeux de l’UIS, et par extension de la FFS. Par ailleurs les vols Europe <-> Moscou permettant ensuite d’atteindre Tashkent sont devenus plus difficiles à réserver pour les occidentaux. La région du Sourkhandaria reste aussi en vigilance extrêmement élevée du fait de la proximité avec l’Afghanistan – actuellement contrôlée par les groupes armés. Pour toutes ces raisons, les projets d’expédition dans cette région sont suspendus.
En dépit des difficultés liées au COVID 19, l’Edition 2020 de l’expédition Totesgebirge, Autriche, s’est déroulée sans soucis du 12 au 20 aout et a rassemblé 12 participants. Cette année, Les explorations se sont concentrées sur 4 cavités : le Bergwerkhöhle, l’Emmentalhöhle, le Dunstloch et le Tunnelhöhle. Le gouffre du Bergwerk (Bergwerkhöhle) a été exploré et connecté au réseau dans le secteur du Tunnelhöhle (+ 1’100 m de développement, 240 m de profondeur). L’Emmentalhöhle est une nouvelle cavité découverte cette année et explorée jusqu’à la cote de -47 m. La cavité développe 330 m et promet encore de belles découvertes. Dans le Dunstloch, plusieurs galeries ont été explorées dans les niveaux fossiles de Dagobah dont un nouveau passage (le « Triassic Park ») qui offre un accès plus aisé vers le fond. Une pointe a aussi été faite au fond du gouffre, repoussant sa profondeur à -564 m depuis l’entrée. La profondeur du réseau à cet endroit atteint donc la cote -706 m par rapport à l’entrée la plus haute (Tunnelhöhle). Au Tunnelhöhle, plusieurs travaux ont été menés : des explorations vers -350, du déséquipement et un travail de retopographie de la cavité entre la cote de -300 et la surface car nous nous doutions qu’il y avait une erreur. C’était bien le cas car le report topo indique une profondeur supplémentaire de 77 m ! Plus de 200 m de nouvelles galeries ont été découvertes et topographiées dans cette cavité en 2020. Quelques reconnaissances ont été faites en surface pour trouver de nouvelles entrées. Au total, ce sont 2’740 m de nouvelles galeries qui ont été explorées et topographiées pendant cette expédition. Fin 2020 le réseau du Griesskar développe 28’002 m pour une profondeur inchangée de 713 m. Le Fond du Dunstloch (- 706 m) est potentiellement le prochain record de profondeur du réseau car arrêt en tête d’un puits de 30 m. Cette expédition est avant tout un excellent travail de collaboration interclub entre Autrichiens, Français et Suisses de moyenne d’âge jeune. D’excellents contacts sont noués aussi avec les allemands qui explorent la partie supérieure du Tunnelhöhle. Plus d’informations et rapport en téléchargement sur le site de Continent 8 : www.continent-8.org. Les expeditions se sont poursuivies sur le massif en 2021, 2022 et en 2023