Pour la quatrième année consécutive, l’EFS organise, en collaboration avec les spéléologues marocains, un stage de formation multi niveaux au Maroc.
Il se déroulera cette année du 22 au 29 octobre dans la région de Taza (nord du pays). 6 cadres seront présents sur place pour encadrer une vingtaine de stagiaires marocains de tous niveaux.
Si vous êtes intéressé pour faire partie de l’équipe de cadres, merci de renvoyer l’acte de candidature ci joint avant le 1er septembre à Marc Latapie : malatapie@sfr.fr
Tandis qu’une seconde expédition est actuellement en Chine, dont nous attendons les résultats avec impatience, voici un résumé de l’expédition Donglan 2016, du mois de février.
Les 6 spéléologues français de l’association Hommes des Cavernes (lien : http://www.hommes-des-cavernes.org) sont partis 3 semaines en Chine, avec un double objectif. Tout d’abord poursuivre les explorations de la plus longue grotte de Chine, le réseau de Shuanghedong (Guizhou Suiyang Shuanghedong National Geopark), une grotte de 168km de développement, explorée depuis 13 ans maintenant. Les spéléologues ont poursuivi les explorations dans des condition hivernales et ont pu explorer 4km de nouvelles galeries. Ils ont observé des traces d’ursidés (panda probablement) dans certaines galeries, et réaliser une nouvelle traversée à l’intérieur du massif, qui se termine sur un magnifique puits de 120m de profondeur.
Le second objectif était une reconnaissance du potentiel spéléologique du conté de Donglan (24.4°N, 107.3°E), dans la province autonome Zhuang du Guangxi, sur invitation des autorités locales.
Les spéléologues français ont retrouvé leurs homologues chinois, et durant 8 jours très intenses, ils ont exploré 12 grottes, et topographié 16,5km de galeries.
Ces résultats ont été rendus possible grâce notamment à la grande efficacité de la logistique mise en place par les autorités du conté.
Parmi les principales grottes explorées, la grotte de Banbadong 板芭洞, une importante cavité du poljé de Simeng, qui a vu plusieurs générations de pilleurs faire un travail colossal pour exploiter les gigantesques concrétions de la grotte. Cette grotte a été topographiée sur 2,5km, et après un passage étroit qui a arrêté les pilleurs, la grotte est assez préservée et l’on trouve une belle rivière souterraine. L’exploration n’est pas terminée.
Seconde cavité majeure, le réseau perte-résurgence Lanmu-Wuzhuan 排洪武篆洞.
Ce réseau réalise une traversée hydrogéologique de 5km à vol d’oiseau, et les spéléologues, attaquant les explorations avec une équipe à l’amont et une à l’aval, ont topographié près de 10km de tubes gigantesques, faisant jusqu’à 50m de diamètre. Les explorations sont loin d’être terminées.
Enfin, l’exploration, et la descente de deux tiankengs, des gouffres d’effondrement géant typiques du Guangxi, qui n’avaient jamais été descendus, a constitué un moment fort de l’expédition. Le premier, le tiankeng des frères dragon, fait plus de 400m de profondeur et 120m de large. Au fond se trouve un petit siphon et des ossements de primate ont été observés. Le second est caractérisé par un nuage permanent à mi-hauteur qui empêche de voir le fond. Le fond n’a pas été touché.
De nombreuses observations biologiques ont été faites, et les spéléologues ont trouvé dans une des rivières souterraines des poissons cavernicoles dépigmentés du genre Sinocyclocheilus, à déterminer.
Les spéléologues sont en train de traiter les données récoltées sur le terrain, et une nouvelle expédition est déjà programmée pour poursuivre le travail.
Contact : info@hommes-des-cavernes.org
France : Hommes des Cavernes, Daniel Betz, Annie Caillault, Serge Caillault, Fabien Mullet, Olivier Testa (chef d’expédition), Jean Bottazzi, 薛莲 (Xue Lian)
Chine : 李光宇 Li guangyu, 陈立新 Chen Lixin, et toute la广西黑洞探险队 (Blackhole Team)
25 spéléos et plongeurs spéléos dans un karst d’exception rapportent forcément des tas d’explorations…
20 km topographiés, le plus long réseau du Laos qui atteint plus de 45 km, des jonctions, une grosse dizaine de siphons plongés, des découvertes biospéléos et paléontologique, plus de 2000 heures sous terre, …
Les explorations avaient lieu sur le massif du Khammouane au sud du Laos. Pitons karstiques et massifs découpés par l’érosion offrent des paysages grandioses mais impliquent des déplacements difficiles. En voiture déjà, car tout y est compartimenté. À pied surtout, car les reliefs ne sont que tsynguis…
Sous terre, les paysages sont tout aussi beaux, souvent largement concrétionnés. Les perles des cavernes se dénombrent par milliers et servent de munitions aux frondes des laotiens…
Les cavités explorées ont un profil subhorizontal souvent encombrées de chaos géants et ponctuées de montées et de descentes incessantes. Les explorations actuelles portent majoritairement sur des galeries qui doivent être atteintes en escalade, des réseaux perchés, ou sur les extrémités des anciennes explorations, les siphons terminaux. L’équipe mène aussi de rudes et longues prospections sur les tsynguis…
Techniquement l’exploration est donc plus aujourd’hui plus difficile qu’elle n’a pu l’être auparavant quand il s’agissait de parcourir les vastes galeries d’entrées situées près des villages.
Autre dépaysement, les spéléos ont eu la chance de découvrir loin sous terre un squelette d’éléphant…
K16 sera suivie par K17, et espérons-le par K18… Car le Laos est une terre d’exception pour l’exploration spéléo du début du XXIe siècle.
En 2016, trois expéditions parrainées par la FFS ont lieu au Laos et dans les trois cas, ces explorations sont suivies depuis plusieurs années et donnent lieu à des rapports et à des publications.
Cette année, la 23ème karstological school de Postojna avait mis le paquet ! Au départ, je trouvais les frais d’inscription élevés (150 €) mais avec le programme offert, on ne peut qu’applaudir une telle organisation où ce fut un plaisir de revoir ou découvrir des collègues du monde entier. D’entrée de jeu, le cadeau : je peux enfin serrer la main de Trevor Shaw, le pape de l’histoire de la spéléologie (son ouvrage History of Cave science réédité en 1992 reste une bible) qui tel un fringant octogénaire suit, anime toute cette semaine. En fait, je découvre le vrai Karst que je ne connaissais que par les livres et les films !
Planina Jama. Bernard Chirol
Les conférences s’enchaînent de la part de chercheurs du monde entier, beaucoup d’Europe centrale, des Amériques, des Antilles, d’Australie et Nouvelle-Zélande et pour notre pays, Philippe Audra, Christophe Gauchon et votre serviteur. La salle est vaste et souvent pleine, avec entre 100 et 200 spectateurs. Du mardi au jeudi, les après-midi sont consacrées à des excursions d’abord autour de Lubljana où nous admirons les paysages classiques du Karst éponyme, avec ses poljes, ses grottes géantes où s’engouffrent et ressortent de belles rivières souterraines. Nous sommes dans un relief compris entre 500 et 1000 m d’altitude, pas si différent de ce qu’on trouve dans le Jura. Nous visitons des sites pittoresquement karstiques, aux multiples entrées, arches naturelles (rivière Ljubljanica à Planinska jama, Rakov Skocjan, Cerknisko polje, etc). Didier Cailhol et Anaïs Debourg nous ont rejoints.
Vilenica Jama. Le Pdt sud-coréen de l’UIS Kyung Sik Woo remercie les gestionnaires spéléos. Bernard Chirol.
Certains lieux sont en accès libre, d’autres sont fermés et n’ouvrent qu’en week-end grâce aux spéléos comme la fameuse et merveilleuse grotte de Villenica qui fut (les actes écrits le prouvent) parmi les premières cavités mondiales à recevoir des visiteurs payants en 1633.
Le clou des visites fut cependant la grotte de Skocjanske jame (Slovénie) où on nous rappela la mise en charge presque totale des conduits lors de la création de l’UIS en 1965 (sur 160 m de hauteur environ) et la Grotta Gigante (Italie) au curieux cylindre central mesurant les mouvements de la croûte terrestre. Pour clore le tout, la zone de résurgence du Timavo nous accueillit pour une visite guidée des captages, tout près de l’Adriatique.
Des collations étaient prévues, des pique-niques lors des déplacements en car. Une organisation parfaite de la part des membres de l’Institut du Karst de Postojna, notamment Andrej Mihevc et Nadja Zupan Hajna, toujours prêts à commenter les excursions favorisées aussi par nos collègues spéléologues slovènes et italiens. J’eus également le plaisir d’assister aux communications de mes collègues germanophones : F. Knolle sur la spéléologie pendant la guerre froide en Allemagne, Stephan Kempe sur les cavités volcaniques et le magistral exposé de l’Autrichien Johannes Mattes, Docteur fraîchement désigné pour sa maîtrise de l’histoire spéléologique dans l’ancien Empire Austro-Hongrois (livre publié). Nous eûmes le privilège de voir l’intervention d’Andrej Kranjc, karstologue et historien slovène.
Protée à PLanina Jama.B. Chirol
Le bouquet final résida certainement en la visite de Postojna jama, l’incontournable où j’appréhendais de mettre les pieds à cause de son énorme fréquentation. Nous fûmes stupéfaits et comme des enfants dans un Disney-underground le long des 2 km de voies où le petit train serpentait à toute allure au milieu des concrétions de cette célèbre grotte, berceau de la spéléologie mondiale. La cérémonie du cinquantenaire se tint là, sous terre, avec les discours des dirigeants UIS, des politiques slovènes, au plus haut niveau et pour clore le tout un ballet lumineux bleuté orchestré par 4 danseurs sur une musique tecto qui n’affecta pas l’encaissant !
Restait à reprendre quelques forces au banquet de clôture, raffiné et animé de discours et rites surprenants. Durant le week-end, diverses réunions avec présence de Laurence Tanguille, Y. Contet, F. Delègue et C. Dodelin abordèrent la candidature officielle de la FFS pour un Congrès international UIS lyonnais en 2021 ainsi que la présentation du projet européen sur la spéléologie de Chypre (L. Satterfield). On peut retrouver ces activités et présentations dans le livret de cette 23ème Karstschool qui marquera l’histoire de l’UIS, si bien racontée par J. A. Labegalini dans le livre de 522 pages édité par l’UIS à cette occasion.
Après 1 semaine de terrain intense, des étapes administratives longues à Libreville et Port-Gentil, tout le monde est rentré dans ses pénates.
Quatre ans après la dernière expédition dans les grottes à crocodiles d’Abanda, au Gabon, la mission est une grande réussite.
Olivier Testa et Stéphanie Jagou, les spéléologues, ont pu effectuer des prospections en forêt, au-delà des sites déjà connus. Ils ont relevé de nombreuses nouvelles occurrences karstiques et cavités. Une nouvelle grotte, baptisée Grotte aux Minioptères, ouvre des perspectives de recherches nouvelles dans la région du fait de sa configuration propice aux remplissages sédimentaires et de ses spéléothèmes.
Dr Stephan Ntié (assisté d’Amour Guibingua, stagiaire), biologiste à l’Université des Sciences et Techniques de Masuku www.ustm.ga, a initié une campagne de prélèvement de matériel biologique à l’aide de « pièges à poils », une toute première en Afrique centrale, pour étudier la faune de rongeurs à proximité des cavités. Ces pièges non invasifs ont un faible impact sur les animaux et ne les stressent pas. Les échantillons récoltés sont nombreux, tout comme les crottes de céphalophes, les antilopes de forêt. Ce matériel permettra un premier inventaire sur cette zone vierge, grâce aux études ADN qui vont être menées.
Dr Makaya M’Voubou, géologue à l’Université des Sciences et Techniques de Masuku www.ustm.ga, a effectué des coupes sédimentaires sur l’ensemble des sites. Cette région du Gabon a été peu étudiée d’un point de vue paléoenvironnemental. Le dépôt sédimentaire, plus stable dans les grottes, joue comme un enregistreur des climats passés, et leur étude va permettre peut-être de comprendre comment s’est comporté le système karstique, et de déterminer la période au cours de laquelle les crocodiles se sont fait piégés.
L’annulation à moins de 48h du début de la mission, de Matthew Shirley, notre spécialiste crocodile (malencontreusement retenu en Côte d’Ivoire) a mis entre parenthèse le volet « capture et prélèvements sanguins » sur les reptiles. Cette expédition était la première réalisée en saison des pluies. Nous nous sommes fait rincer par des orages parfois dantesques, mais nous avons pu observer le fonctionnement du système karstique en saison humide. Toutes les grottes étaient ennoyées et une était inaccessible. Les crocodiles (oranges) étaient toujours là, beaucoup plus actifs qu’en saison sèche. Certains semblent même avoir « changé de cavité », entre des grottes non connectées par des passages exondés, ce qui confirme l’existence de tunnels noyés inexplorés qui relient les grottes entre elles et qui permettent à la population de perdurer.
Maintenant, les analyses commencent. Nous mettons au propre les relevés topographiques, nous analysons les échantillons prélevés, et l’extraction de l’ADN des crottes, des poils, des insectes est en cours. Les tri des photos et des nombreux rush est aussi en cours.
Expédition Abanda 2015,
Menée par l’association Hommes des Cavernes www.hommes-des-cavernes.org , en partenariat avec l’Université des Sciences et Techniques de Masuku
Sour le parrainage de la Fédération Française de Spéléologie et l’autorisation du Centre National de la Recherche Scientifique et Technique,
Avec le financement et le soutien logistique de la société Perenco Gabon, de l’association Hommes des Cavernes, de la Fondation Liambissi, de FTC Gabon, de Qiagen, de Petzl, de IEC Télécom.
Avec
Olivier Testa (Chef de mission, Hommes des Cavernes),
Voici les dernières nouvelles de notre expédition en Chine, en espérant que ce message vous parvienne car il n’est pas facile d’envoyer des messages avec de nombreux destinataires depuis la Chine. Le SMTP Google que j’utilisais jusqu’à présent est maintenant interdit en Chine en raison des révélations sur l’espionnage de cette société.
Tout d’abord tout le monde va bien, nos amis Li Ming Song, Rebecca et Carole l’on échappé belle, ils étaient à Katmandou deux jours avant la catastrophe et nous nous sommes retrouvé tous à Guiyang le jour du tremblement de terre.
De notre coté nous étions pendant la même semaine dans le Sichuan, et nous sommes passé à Wenchuan, ville tristement célèbre comme étant l’épicentre du tremblement de terre de 2008.
L’un des objectifs principaux de notre expédition était de photographier la plus grande salle souterraine du monde, dont voici des images où l’on peut deviner les personnages qui donnent l’échelle, la résolution des photos est réduite.
Voici également des photos du réseau amont et de sa rivière.
Vous trouverez un compte rendu plus complet de notre expédition de l’année dernière au même endroit sur ce lien :
Rendez-vous au congrès de Saint-Vallier de Thiey, où l’équipe sera tout juste revenue et nous racontera les dernières nouvelles du Gabon.
L’équipe de l’expédition est composée de deux spéléologues de la Fédération Française de Spéléologie, Stéphanie Jagou et Olivier Testa (chef d’expé), de Dr Matthew Shirley (USA, herpétologue), de Dr Stephan Ntié (Gabon, biologiste), de Dr Mike Makaya Mvoubou (Gabon, géologue) (tous deux de l’USTM) et de Régis M’Pouboué (Gabon, étudiant Master 1).