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EXPEDITION ULTIMA PATAGONIA

Communiqué de Bernard Tourte

L’expédition Ultima Patagonia 2023s’est déroulée de début janvier à fin mars, elle a mobilisé sur les Karsts et les glaciers de Patagonie Chilienne un total de 47 participants de l’équipe Centre Terre.

Plus de 12 scientifiques ont participé à cette Expédition sur le terrain, cette diversité d’expertises a aussi bien couvert les sciences de la Terre (géologues, karstologues,…), les sciences de la Vie (biologistes, spécialistes de la faune,…) que celles de l’Homme (archéologue).

Déroulement

Sur le plan exploratoire, cette expédition s’est déployée sur trois zones distinctes.

Dans un premier temps c’est l’Estuaire Calvo situé en zone glaciaire du « Campo de Hielo Sur » qui a été investi pour une quinzaine de journées passées en exploration sous glaciaire.

Dans un second temps, ce sont les explorations spéléo pure, qui se sont concentrées sur la zone du« Seño Barros Luco », au centre de l’île calcaire de Madre de Dios, en mettant de nouveau à profit lecamp construit en dur en 2017. Zone déjà parcourue au cours des expéditions UP-2017 et UP-2019 où de nombreux travaux restaient à faire.

Parallèlement, et tout au long de l’expédition, la zone Nord de l’île calcaire de Madre de Dios a été le théâtre de construction d’une nouvelle base de vie en dur, de prospections et d’explorations de ce nouveau secteur particulièrement riche et prometteur.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est UP-2023_340.jpg.

Résultats

Coté Glaciaire, en sus des travaux scientifiques conduits (prélèvement, photogrammétrie, mesure du déplacement de la masse glacière), ce sont plusieurs dizaines de moulins qui ont pu être explorés permettant aux équipes en place d’approcher la cote -100m dans deux d’entre eux.

Du coté de Madre De Dios, deux nouvelles cavités ont permis aux équipes de franchir la cote de -300m et d’explorer plusieurs nouveaux siphons.

Au total ce sont 7 systèmes souterrains majeurs découverts et explorés entre les secteurs glaciaires et calcaires, plus de 7500m de réseaux ont ainsi été topographiés au cours de l’expédition.

Productions

Ultima Patagonia 2023 a une nouvelle fois été une expédition de partage et de rayonnement de la Fédération Française de Spéléologie, avec la conduite d’un projet éducatif scolaire qui a réuni 24 établissements. 12 classes ont participé à un concours et remis une production associée au projet.

En parallèle, UP-2023 a permis la réalisation d’un film documentaire de 90 minutes pour la case « Science » d’ARTE, à paraitre début 2024.

Le rapport d’expédition et nombreuses publications scientifiques sont en cours de finalisation.

Partenariats et collaboration

Un très large réseau de partenaires a soutenu l’expédition.

Une étroite collaboration riche de partages s’est renforcée avec de nombreux membres de la Communauté autochtone des Kaweskar de Puerto Eden, dont les ancêtres ont nomadisé les environs depuis plusieurs millénaires.

Communication, Centre Terre

https://www.centre-terre.fr/

Yourte 2022 (SCOF et interclub)

 Picos de Europa, Massif Occidental (Macizo del Cornión)

communiqué de Hubert Fabriol

La campagne 2022 du SCOF à Fuente Prieta dans les Picos de Europa (Asturies, Espagne) fut brève. Nous pûmes réunir seulement 3 spéléos français (SCOF de l’Essonne, FSC et TRIAS du Lot) et un spéléo espagnol de Castellón. Le camp a duré 8 jours, dont deux de portage de montée et un de descente. Nous sommes retournés dans les gouffres FP 208 et 258 (voir rapport 2021). Dans le premier nous avons continué l’équipement de – 150 à près de – 400 m. La reprise de la topo d’avant 2003 a été continuée jusqu’à la salle Tibor (- 290 m). Le FP 258 a été redescendu jusqu’à la salle Euréka-Piste de ski, terminus de l’exploration de 2021. Mais la jonction avec le FP 208 n’a pu être réalisée car nous n’avons pas retrouvé le passage remontant vers cette salle. Cela restera à faire pour 2023.

Yourte 2021 (SCOF et interclub)

 Picos de Europa, Massif Occidental (Macizo del Cornión)

Communiqué de Hubert Fabriol

Le SCOF a mené cet été sa 42ème campagne d’exploration sur le flanc ouest du massif occidental des Picos de Europa, dans les Asturies (Espagne). Depuis 1975, les prospections se sont focalisées sur la zone Ozania-Fuente Prieta-Hou de Las Pozas qui borde au sud-ouest le massif occidental. Interrompues entre 1990 et 1999, les explorations ont repris depuis vingt-deux ans en interclub. Plus de 220 cavités ont été explorées, dont trois dépassent 500 m de profondeur, (FP 101, FP 208-FP210 et FP 266), et trois 600 m : FP 153 (- 619 m), FP 119-FP132 (- 640 m) et FP 202 (– 645 m). Le camp d’altitude est situé à 2100 m à 4h de marche du Lago Enol, terminus des véhicules, et 2h du Refuge de Vegarredonda.

Après un camp limité à une semaine et 4 spéléos en 2020, nous étions cette année 16 spéléos provenant de l’Essonne (SCOF), du Lot (FSC, TRIAS, et SCSC), de l’Isère (GSM-SS, LCF, GECKOS et SC-FLT) et de Castelló en Espagne (ECC), répartis entre le 24 juillet et le 13 août. Côté logistique, nous avons pu bénéficier d’un héliportage coordonné avec deux autres campagnes de spéléos espagnols sur les autres massifs des Picos.

Ci dessous :

Asturias, Espagne. En jaune, la zone d’exploration du SCOF (Carte extraite de la thèse doctorale de Daniel Ballesteros, Université d’Oviedo, 2016).

Carte du Parc National des Picos de Europa, Principado de

Notre premier objectif était de retourner dans le FP202 (Pozu Grande de la Torrezuela). C’est un gouffre d’accès facile depuis le camp qui avait été exploré jusqu’à – 406 m entre 1983 et 1985, avec arrêt sur méandre étroit. Les campagnes de 2017 et 2019 ont permis d’explorer la suite de ce méandre jusqu’à un passage très étroit et ennoyé à – 649 m, et … réellement infranchissable. Il nous restait cette année à voir le méandre qui fait suite à une lucarne dans le P100 et revenir dans le boyau qui permet la connexion avec l’actif exploré en 1984. Les cordes ayant été laissées en place, nous avons commencé par réviser l’équipement et sécuriser certains départs de puits. La descente dans le méandre de la lucarne n’a pas débouché sur de nouveaux développements, car il retombe dans la base du P100. Quant à la connexion avec l’actif de 1984, nous n’y sommes pas retournés, dans la mesure où les explorations dans le FP 208 et le FP 258 ont concentré tous nos efforts. Nous avons donc pris la décision de déséquiper complètement le FP202, pour ne pas laisser le matériel en place une année de plus.          

Notre deuxième objectif était de reprendre toute la topo du FP 208 (photo 1), déjà exploré jusqu’à – 540 m en 1986, puis revisité au début des années 2000. Ce gouffre fait partie avec les FP 207, FP 210 et FP 258 du système de la Horcada del Alba, qui comptait déjà au moins 4 grandes salles et deux P100. La grande nouveauté de cette année a été la découverte dès le début du camp de la connexion entre le puits d’entrée du FP 208 et le FP 207 (topo ci-dessous et photo 2). Nous savions que ce dernier communiquait avec le FP 258, ce qui nous a permis de retourner au sommet des étroitures entrevues en 2003 mais non franchies dans le FP 258. Les deux plus minces d’entre nous ont réussi à passer et sont descendus dans un très beau P152 (photo 3). L’exploration de ce nouveau développement du FP258 a occupé toute la deuxième partie du camp. Entre autres, un névé impressionnant de 100 m de long et une pente de 40° à 45° a été découvert à – 340 m (photo 4), malheureusement sans suite. Plusieurs escalades ont été tentées dans le P152 et le puits des ricochets, sans succès. Il restera le méandre étroit et soufflant à explorer à la base du P152. Concernant le FP208, il n’a été rééquipé que jusqu’au sommet du P60, faute de temps.

Les perspectives pour 2022 sont prometteuses, car les nouveaux développements découverts dans le système du Collado del Alba nous motivent encore plus pour continuer la reprise de la topo et chercher une suite dans le FP208 et le FP258. Par ailleurs, les explorations de 2019 dans le FP225 avaient permis de descendre jusqu’à – 275 m avec arrêt sur passage étroit à l’aplomb d’un puits où les cailloux ricochent pendant une dizaine de secondes. A suivre aussi en 2022 !

Hubert Fabriol (hublots@wanadoo.fr)

EXPEDITION KHAOPHUTHONG KHAOTHAKHANUN

THAILANDE -EXPE 2023

       Expédition spéléologique en Thaïlande- Khaophutong Khaothakhanun 8

                                                         Janvier-avril 2023-   Résumé/Abstract

                                                         Parrainage https://ffspeleo.fr/

           https://www.rodcle.com/            https://www.scurion.ch/jm19/fr/reseller-login-fr.html

            Tanks to the departmental Speleology committee of Indre et Loire – Rangers of the National park Lam Nklong Ngu – Saiyok Yai and Wildlife sanctuary for their kind authorization.    

 Fédération Française de spéléologie  

Sunanta Losuwan – Marc Boureau – Alexis Rateau (photographe)– Didier Rateau(chef d’expé)

ThailandGeological Survey Division, Department of Mineral Resources (DMR)

Dr. Apsorn Sardsud (Director of Geological Survey Division)

Mr. Norarat Boonkanpai (Director of Geological Management Section)

Mr. Chaiporn Siripornpibul (Advisor of Geological Survey Division)

Mr. Chaiyasit Kruasorn (DMR Staff)

Ms. Russarint Siripattarapureenon (DMR Staff)

Ms. Jutamas Junpangngern (DMR Staff)

Ms. Jeamliga Duangkeawroen (DMR Staff)

Ms. Piyaporn Hinsaeng (DMR Staff)

Ms. Kotchapan Loedtawiwong (DMR Staff)

Department of Groundwater Resources, Thailand

Mahippong Worakul (Geologist Expert Staff DGR)- Kittipong Palee(Staff DGR)….

National Speleological Society

Peter Lenahan -Page Aschwel -Andrew. D.Foord- (Robert Keith, Visitor)

Our eighth expedition is back after three months of explorations in the jungle, Kanchanaburi province, in central western Thailand.

A first team arrived in early January, went to recognize Tham Lung Choo, an unknown underground river discovered during our previous expedition (2022), in Srinagarindra National Park. The rain being part of the exploration was pushed back and resumed in February, we stopped several hundred meters away on a semi-drowned narrowness with a strong current of air and the hum of a powerful waterfall! It is the calcite deposited by the splashing of water which currently hinders the passage the problem will be solved in 2024.

The massif Above completely virgin and difficult to access, with 500 meters of drop and a karstified plateau around 800m to 1000m above sea level, has many cavities under exploration and study. It should be noted the presence of totally depigmented small fish that will be studied. Quick exploration of Tham Nam Mut where we progressed upstream and which is located in a small massif nearby, known cavity but the presence of c0² sometimes complicates explorations.

Most of January was devoted to the exploration, study and topography of new cavities, in the Ban Pak Mueang sector, and Saiyok-Yai. 6,700.00m (unpublished) are surveyed in total in this sector, with 57 new cavities, 38 of which are being explored (since 2022). Two large collectors have been highlighted with hydrological breakthroughs of more than fifteen kilometers with a complicated geology, let us add to that the difficulties of access and identification in the jungle and the presence of troops of elephants which sometimes prohibit the access of certain sectors.
A first tracing with fluorescein with the D.G.R allowed to Link the Tham Keaw river with one of the resurgences nearby, a larger project is planned in the next expeditions, after having warned all the parties. ( local authorities).

   During the month of February, we continued the topographies of caves discovered in past years, in particular Tham Samakkitham, and Tham Man Mongklon in the Ban Bon Ti Noi sector, accompanied by the wife of the village chief, as well as tham AOB in Ban MongKala. From February 4 to 8 in the National Park of Saiyok Yai, with our Thai colleagues from the D.M.R we organized an upgrade course, in distox and topodroid topography, on this occasion we worked on 3 cavities newly explored Tham Keaw Lokutram, Tham Pipong7, Tham Pumanav, we thank the National Park Rangers for providing a room and their authorization. Our research in the Erawan National Park has brought 4 new cavities, two of which are important.

Additional readings of C0² levels in a hypogene karst, Tham Daoprasut /Tham Pathim rattanatip Walee were carried out twice as well as additional topography.

A first reconnaissance is carried out on February 14 in the sector of Lam Nklong Ngu, Bo Ngam in particular in Tham Sao Hin, with the rangers of the National park, then a second at the beginning of March. The very interesting and promising sector is occupied by a large canyon, with several hundred meters of drop, and many large cavities, with complicated access. We have obtained authorization to carry out a dedicated expedition there at the beginning of 2024, it should be noted the presence of elephants in the sector.

The next expedition will take place from January to April 2024, with 3 main objectives which can be summarized as follows:

– Continuation of explorations and studies in the Saiyok yai sector, with one or two weeks of training in rope(S.R.T) progression techniques with our Thai friends from the D.M.R.

– Continuation of explorations in the Khao Krabung sector, and Ban Pak Mueang

– Explorations in the Lam Nklong Ngu National Park

A detailed principle schedule will be established in the fall and can be consulted on request as well as on our website-  https://thailandcavers.fr/

Our expedition is now taking place in collaboration with our Thai colleagues, we had the visit of Mrs. ASPORN SARDSUD, Ph.D Director of Geological Survey Division (D.M.R), and Mr. Mahippong Worakul Geologist Expert Level from the office of Groundwater Development (Lampang) during the tracing. The expedition ends in Bangkok with a common meal at the invitation of Chaiporn Siripornpibul (Advisor of Geological Survey Division).

For the Didier Rateau team on April 17, 2023

(Thanks to Éric David, for his help on Visual TOPO, and Marco Corvi for Topodroid)

http://vtopo.free.fr/download.htm#%C3%A9l%C3%A9ment1

http://marcocorvi.altervista.org/caving/speleoapps/speleoapks/TopoDroidApks.html

Expédition Cerro Rabón 2020

Coucher de soleil sur la montagne du Cerro Rabón (photo Diego Sanz)

Rentrés in extremis avant le début du confinement, c’était au milieu de la jungle mexicaine, qu’avait décidé de s’isoler une équipe de spéléos franco-helvético-italiano-américaine afin d’explorer le massif du Cerro Rabón (Etat d’Oaxaca au centre du Mexique). L’expédition s’est déroulée du 15 février au 13 mars 2020 et a rassemblé au total 19 spéléologues. L’objectif principal était de reprendre les explorations dans le système du Kijahe Xontjoa, un réseau karstique de grande ampleur dont les explorations, menées depuis les années 1980 et jusque dans les années 2000, ont déjà permis de découvrir ~30km de réseau pour ~1200m de profondeur. Le gouffre de Hard Rock, déjà en partie exploré, semblait être un accès plus direct au fond du système et c’est donc là que ce sont tout d’abord concentrés nos efforts pour permettre la jonction de cette cavité avec le reste du réseau du Kijahe Xontoja. 3 personnes ont été mobilisées sur 2 jours pour retrouver l’entrée de la cavité du Hard Rock et surtout pour tailler un chemin d’accès à travers la végétation tropicale afin de gravir les 300m de dénivelé et les 2,5km qui séparent le gouffre du camp de base. Un gros travail de rééquipement de la cavité a ensuite été nécessaire, et s’est vu perturbé par deux contraintes, une étroiture à -200m qui a fortement réduit les effectifs pour la suite de l’exploration et une météo très pluvieuse la première semaine du camp, freinant les descentes dans cette cavité. En effet, de nombreux puits, dont certains dépassent 150m de profondeur, sont parfois fortement arrosés. Plusieurs pointes ont permis d’une part la jonction de Hard Rock cave avec le système du Kijahe Xontoja vers –920m et d’autre part l’exploration de nouvelles galeries vers -650m. Face à une météo capricieuse et un temps restant limité, seule une pointe de 3 jours, réalisée par des suisses et des italiens, a permis de descendre au fond du Kijahe Xontoja afin d’évaluer les chances de poursuite du réseau. Au cours de cette expédition, 2,5km ont été rajoutés au réseau du Kijahe Xontoja qui atteint à ce jour un développement de 34,9km et une profondeur de 1206m.

Prospection par jour de beau temps dans la forêt mexicaine (photo Diego Sanz)

Dans le même temps, une autre cavité, Nita Nanga, s’ouvrant à proximité d’Hard Rock, a été explorée jusqu’à -250m présentant une succession de puits parallèles à ceux d’Hard Rock sans pour autant les rejoindre.

Parallèlement, une prospection a été initiée dans une grande doline située au-dessus du fond du réseau du Kijahe Xontojoa, moins loin du camp de base et moins haut en altitude. Bien que l’accès de cette zone soit relativement facile, la progression dans la doline en elle-même est difficile de part la densité de végétation dans la jungle et le relief karstique chaotique. Les signaux GPS se perdaient et nous avions alors recours aux levés topographiques de surface pour nous repérer. Les cavités explorées dans cette zone ne dépassent guère 100m pour l’instant, mais nos espoirs demeurent sur d’autres entrées repérées et encore non explorées, faute de temps.

D’autres secteurs ont également fait l’objet de prospections pour ouvrir de nouvelles zones d’exploration. La progression dans la jungle n’est pas toujours aisée. Il faut parfois jusqu’à 2h30 pour avancer de… 150m… Plusieurs cavités ont été repérées, quelques unes explorées dont la plus profonde, le gouffre de Crêtes, atteint -190m dans des volumes importants sans avoir pu être intégralement explorée, par manque de temps, et qui reste un objectif prometteur.

Exploration dans la cavité Nita Nanga, nom mazatec signifiant la « grotte du papillon » (photo Diego Sanz)

Suite à cette expédition 2020, la liste des cavités du Cerro Rabón s’enrichit donc 22 nouvelles cavités recensant ainsi un total de 180 cavités dont certaines offrent de belles perspectives d’exploration pour les prochaines expéditions. Au-delà du bilan spéléologique, l’expédition Cerro Rabón 2020 fut aussi une belle expérience humaine riche d’échanges linguistiques et philosophiques entre des spéléos venant de divers horizons, riche en partages avec les locaux, et (très) riche en tortillas et en chocolat (merci aux suisses !).

Cette expédition fut le fruit d’une collaboration entre membres de plusieurs fédérations de spéléologie européennes : FFS, SSS et SSI. Nous remercions ici particulièrement la Fédération Française de Spéléologie pour le parrainage de cette expédition par l’intermédiaire de la CREI.

Amandine Laborde, pour la team Cerro Rabón 2020.

 

Chinexplos, expédition spéléologique 2019 Guizhou & Guangxi (suite)

Le premier post faisant état de nos 1ères découvertes dans la province de Guizhou. Nous nous situions au sud-ouest de Pintang, autour de la ville de Tangbian. Les derniers jours ont été particulièrement  féconds puisque nous totalisons sur cette zone plus de 40 cavités explorées et 12,7 km de réseaux topographiés. Un 2nd tiankeng, Dinaotiankeng profond de 182m, a été exploré et nous a permis d’accéder à un réseau avec de très larges galeries avec 2,5 km de développement contrairement au 1er, Daoduotiankeng, qui était beaucoup plus profond 362 m mais sans développement à sa base. Ces phénomènes géologiques existant essentiellement en Chine ont suscité beaucoup d’intérêt pour la majeure partie de l’équipe (Ah le bonheur d’équiper avec 200m sous les pieds…).

A l’issue de 2 semaines sur cette zone, les bagages ont été refaits pour rejoindre le nord du Guangxi, où nous étions invités par les autorités locales. Le rayonnement de l’équipe s’est organisé autour de la ville de Donglan. Bien que plus au sud, la météo était moins engageante et il a régné tout au long de cette semaine une sorte de brume rendant l’atmosphère humide. Malgré cet aléa, nous avons pu poursuivre les travaux d’exploration déjà entamés par les japonais, italiens et français.

Outre la topographie partielle d’un ouvrage artificiel traversant le karst par 2 tunnels de plus de 10 km, 17 cavités dont 2 nouveaux tiankengs, qui offrent respectivement 200 et 154 m de profondeur, ont été topographiés. Chaque équipe était accompagnée quotidiennement par des spéléos chinois et une équipe de journalistes. Les échanges étaient nombreux, malgré la barrière de la langue, et ont permis une véritable coopération. L’hébergement hôtelier, nous a permis d’avoir un confort non négligeable notamment pour nos temps de réunion en fin de journée. Sur ces 5 jours, le total topographié atteint les 6,8 km. La semaine s’est conclue par une conférence de presse et diverses interviews.

Chacun est reparti avec son lot de topos a reporter sur Illustrator, et autre travaux pour la rédaction du rapport final. Nous continuons pour le moment à rêver de galeries géantes et de tiankeng immenses qu’on garde dans les yeux en attendant la prochaine expé.

Les participants de l’expédition remercient la FFS et la FSE pour leur soutien ainsi que l’Institut of Mountain Resources (Guizhou) et le xian de Donglan (Guangxi) pour leur invitation.

Les participants : FFS tous secteurs : Philippe Auriol, Jean Camplo, Christian Delaire, Jean- François Fabriol, Florence Guillot (resp.), Kévin Hocdé, Michel Isnard, Denis Langlois, Didier Lescure, Véronique Olivier, Christophe Verdet, Nathalie Verdier, Emmanuel Vitte, FFS secteur de Donglan : Jean Bottazzi, USB (Belgique) tous secteurs : Jean-Pierre Bartholeyns, Chine secteur de Pintang : Li Po, He Wei, Qunan Zhi, Xiang Hong, Thian Mao Gang, Zhang Kai Qi, Luo Hui, Yaosen Wang, Chine secteur de Donglan : Chen Li Xin, Hu Zhen Xiong, Vlu Hong Ying, Wang Hong, Li Zun, Xiang Hang, Zheng Min et Li Bin.

https://china.explos.org/category/journalier/

 

Expé Taurus 2019

Départ prochain de l’expé Taurus 2019 qui se déroulera du 3 au 18 aout dans les montagnes du Taurus occidental à l’Est d’Antalya.

Cette expédition est parrainée par la CREI et conduite sur place par Clément Loiseaux (Continent 8) et Ali Yamaç (OBRUK).

11 participants français prennent part à l’expédition, principalement des jeunes (de 19 à 38 ans, moyenne d’âge 25 ans). 7 participants turcs complètent l’effectif (groupe d’exploration OBRUK).

Les objectifs sont de continuer les explos à la suite de l’expé Taurus 2016 (deux cavités arrêt sur rien, resp. à -80 et à -220m) et de retourner aussi sur les zones de l’expé Yoruk 91. Les autorisations d’exploration sur le massif ont été obtenues via le ministère et nous avons l’appui direct du gouverneur local de la province de Gundogmus depuis 15 jours.

L’expé s’inscrit dans le cadre de l’Association Continent 8, partenaire FFS. Elle est aussi soutenue par les CDS01, 25, 46, 65, le CSR O, les clubs Ragaï, SNPA et EPIA.

Ils embarquent 130 kg de matériel collectif, dont 1200 m de cordes, 80 amarrages, des tonnes de goujons, dyneema et coinceurs.

Les infos sont disponibles sur le site  https://taurusexpress2019.home.blog/

Des mises à jour sont prévus pendant l’expédition pour suivre nos explos.

Expédition Boy Bulok 2018 – Ousbékistan

29 Juillet au 20 aout 2018

Le projet 2018 avait pour but de réaliser la jonction entre deux cavités du massif du Schulbair: le gouffre mythique de Boy Bulok (1450m de dénivelé) découvert et exploré jusqu’à son terminus dans les années 80 et le gouffre de Vishnevskii exploré actuellement jusqu’à -750 m. Du fait des profondeurs et des différences d’altitudes des entrées (2650 m pour Boy-Bulok et 3500 m pour Vishnevskii ), la jonction aurait porté le dénivelé du système à 2150 m environ, soit le troisième gouffre le plus profond au monde !

L’expédition se composait de 24 participants, treize Russes du groupement CGC (Sud-Oural), huit Français et trois Suisses de l’association Continent 8.

Pendant trois semaines, nous avons poussé les explorations en nous concentrant sur 4 objectifs:

  • Remonter l’affluent de -560 m dans la rivière de Boy-Bulok. Cet affluent serait en effet une des arrivées possibles du gouffre de Veschnevkii
  • Poursuivre les explorations dans les amonts de Boy-Bulok (cote +250 m) pour tenter une sortie en falaise vers 3500 m d’altitude
  • Poursuivre les explorations au fond du gouffre de Vishnevskii (cote actuelle -750 m) en direction de Boy-Bulok
  • Poursuivre les explorations des affluents de la rivière de Vishnevskii à la cote -400 pour trouver éventuellement d’autres rivières qui se développeraient en direction de Boy-Bulok

Au final la jonction entre les deux gouffres n’a pas été établie, mais les résultats de l’expédition sont encourageants:

  • Le gouffre de Boy-Bulok a été entièrement rééquipé jusqu’à la côte de -500 m. En effet certains des équipements en place – pour ne pas dire tous – dataient des années 1980.
  • A Boy-Bulok, dans l’affluent de -560 m, les escalades ont buté sur des méandres impénétrables.
  • Dans la partie amont de Boy-Bulok, un bivouac de 10 jours et une centaine de tirs ont permis de remonter 300 à 400 m de méandres en direction de la falaise
  • Au fond de Vishnevskii , tous les passages ont été fouillés systématiquement lors d’un bivouac de cinq jours. Plus de 700 m de topographie ont été levés dans cette partie. L’exploration est en arrêt sur rien dans un affluent rive gauche qui part en direction de Boy-Bulok sur 300 à 400 m.
  • Au bivouac 1 de Vishnevskii (cote -400 m), deux équipes se sont succédés sur une période de deux fois cinq jours et ont pu progresser dans trois affluents. Ils totalisent environ 700 à 800 m de première.

Au total, nous avons réalisé 4,5 km de topographie dont 2 km de nouvelles galeries, principalement dans le gouffre de Veschnevkii.

Les gouffres de cette région sont particulièrement exigeants: longs, froids, hauts en altitude, étroits, marche d’approche importante, etc. La progression y est lente et difficile en raison du poids des sacs (8h pour atteindre le fond de Vishnevskii sans kits, 14h avec un kit à bout de bras!…) et des accès souvent délicats (l’entrée de Vishnevskii s’ouvre dans une falaise à pic de 300 m).

A ces conditions s’ajoutent aussi les difficultés géopolitiques et les trafics de stupéfiants. Entre la fin des années 1990 et la fin des années 2000, les autorisations d’exploration ont été suspendues du fait de la présence américaine qui utilisait le sud de l’Ouzbékistan pour mener les raids en Afghanistan.

Enfin, il faut aussi prendre en compte l’éloignement de la zone. Depuis Tashkent, il faut compter 12 h de transport jusqu’à Boysun (train ou bus), 4 h de camion à 6 roues motrices pour rejoindre Dehibolo et 7 h de marche d’approche pour accéder au camp de base à 3000 m d’altitude.

Par conséquent, peu de gens vont la-bas; et à l’exception d’un certain “Jérome Dupuis” qui serait venu sur le camp en 1994, nous sommes manifestement les seuls francophones à avoir mis les pieds sur le massif !