A l’instar des précédentes, l’objectif de cette expédition, est de poursuivre l’exploration du karst, dans la région de Kanchanaburi .Cette région située à 200.00km au Nord de Bangkok est drainée principalement par la Mae Nam Kwae Noi, qui entaille sur quelques centaines de kilomètres des massifs calcaires datant du Permo-Carbonifère, qui présentent une puissance moyenne de 700m.
L’équipe du Spéléo club de Caniac du Causse(S3C Sunanta Losuwan, Alexis Rateau, Didier Rateau), renforcée de Christophe Rognon, et Gérald Jouillerot, tous deux du Département du Doubs, va privilégier les raids en équipes légères, avec bivouacs sommaires. Sur les bases acquises , l’études des données géologiques, et photographies aériennes, une partie de la team positionne au préalable, les résurgences jalonnant la rivière Kwae sur une centaine de km en pirogues.
Autorisations en kit, obtenues auprès des différentes instances administratives , et propriétaires nous entrons dans la jungle .Sur Ban pilok, nous reprenons l’exploration de Tham Nam Pya Seaw, sur plus de 600m, et stoppons par manque de temps et matériel sur une dernière cascade de 18m.
Sur Khao Phu Thong, seul avec mes fidèles compagnons Karens Pida et Khao nous passons une semaine sur le massif après deux jours de crapahut hors-piste, explorons une partie du réseau Tham Nam Phi qui s’enfonce de plusieurs kilomètres sous la montagne, nous stoppons par manque de matériel à 3650m de l’entrée principale .Le Co² et un orage auront raison de notre optimisme !
Tham Chai Boy (vu en 2018)qui est une entrée en aval du réseau, présente un débit moins important et le co² deviens acceptable a 3.2% nous permet d’espérer de shunter la portion pénible l’ exploration est stoppée par manque de matériel, et je suis seul avec deux Karens.
Tham Haob Krajok, la résurgence probable du système est plongée en reconnaissance par Christophe Rognon, avec du matériel bidouillé in situ vue a -20m plonge vers le sud dans le pendage et continue étroit et boueux.
Sur Erawan, nous prolongeons de quelques centaines de mètres Tham Nam Tok , le Co² encore une fois aura raison de nous, ce qui porte le développement à 1260métres.
Parfois quatre parfois deux, la progression en équipes légère nous a permis de prospecter un grand périmètre , mais a limité les possibilités de grandes explorations .Le courage, et la volonté ne suffisent pas à oublier le poids des sacs dans une jungle humide , hors des pistes connues.
Ban Bong ti Noi, ce nom inconnu, est devenu un objectif, invités par les villageois, nous avons exploré, découvert et redécouvert des sites ornés de peintures et gravures peu étudiés, ainsi que nombre de cavités .Les villageois nous invitent en 2020 à poursuivre les recherches.
En cours d’expédition nous allons rendre visite à Thierry Tournier , sur Lamphun, reconnaitre et explorer Tham Chian Dao (5170 m) ce qui donnera lieu à un compte rendu comique, nous explorons quelques cavités, dont une prometteuse, étant seul à descendre les puits , je me limite à quelques dizaines de mètres Thierry n’ayant aucun matériel.
A cette occasion nous nous retrouvons face à une découverte du corps d’un moine dans Tham To Nam dans une galerie que Thierry n’avait pas explorée, cette rencontre inattendue avec l’au-delà, nous entrainera dans une histoire formidable.
Les perspectives d’avenir sont très encourageantes , et nous préparons déjà l’éxpé de 2020.
Nous clôturons cette expédition par un passage a la grotte de Tham Luang , rendue célèbre par suite de la disparition des adolescents, bloqués plus de 10 jours par une crue !
Ainsi après trois mois formidables, nous clôturons a Bangkok cette expédition avec le professeur Chaiporn Siripornpibul, en charge de l’inventaire des cavités en thailande, nous le mettons en contact avec Thierry Tournier.
Merci à nos partenaires Aventure verticale, Petzl, Scurion, Rodcle. et bien sûr à la CREI pour les infos diverses principalement pour les conseils en dessin et reports topo.
Nos accompagnateurs KARANG du village de BAN MONG KALA, Khao, Boy, Chai, Pi Da, l’adjoint au chef du village, Come TONG, pour les principaux. Sans oublier AEK ranger du parc qui s’est plié en 4 (à titre personnel) les semaines précédant notre arrivée, pour nous introduire auprès des chefs de villages ….
Le secteur reconnu est représenté par un massif au SSW de L’Amphoe THONGPHAPHUM 250km au nord-ouest de KANCHANABURI.
Le massif totalement vierge d’explorations spéléologique (et autres) situé dans une forêt primaire très peu fréquentée, a été reconnu en périphérie en 1995 par des Anglais
(Dean SMART) avec le Royal Forest Département of BANGKOK (source : Martin ELLIS), quelques cavités furent à l’époque reconnues , en Aout 2017 avec Sunanta LOSUWAN et Alexis , Adrian RATEAU, nous avons repéré des résurgences et obtenu des informations sur l’existence de grandes cavités, ainsi que exploré une cavité de 500m de développement .Géologiquement le karst se développe dans le niveau Permo-Carbonifère. Les six mois précédents cette éxpé furent consacrés à de très nombreuses démarches auprès des autorités locales, et des habitants avec nos contacts sur place.
L’objectif de cette première expédition était de pénétrer dans la jungle, et repérer un maximum de cavités pour la prochaine expédition en débutant, un partenariat, avec les villageois. Nous avions privilégié le secteur de KHO PHU THONG petit sommet local bordé par un plateau, qui comporte au Sud-Ouest de grandes dépressions avec notamment un lac de 600.00m x 300.00m (nommé localement NAM THIP). Plusieurs grands puits sont repérés sur photo aériennes.
L’expédition s’est déroulée sur deux semaines dans la période du 21 fevrier au 9 mars 2018.Nous avons dû modifier notre programme, une grosse troupe d’éléphants venus du MYANMAR à quelques KM ayant envahie la zone des NAM THIP. Il nous faudra palabrer plusieurs jours avant d’obtenir l’autorisation et surtout un accompagnement dans la jungle, (les rangers ayant refusé) période durant laquelle nous explorons quelques cavités dans le secteur de BAN MONG KALA, en effet le peu (de semblant) de pistes existantes est difficilement praticable, et surtout truffé de pièges pour le gibier. L’omniprésence de serpents venimeux , et d’animaux sauvages impose la présence de locaux qui se surveillent mutuellement .Nous obtenons un premier RDV avec deux chasseurs , ces derniers seront en fait absent le jour prévu prétextant les risques d’orages et les dangers inhérents, nous finirons par avoir la chance de trouver 4 Karang qui acceptent de nous accompagner pour seulement 3 jours(obligations religieuses) .L’équipe s’accorde sur le fait de la rareté voire inexistence de points d’eau connus, et nous fixons un objectif sur leurs conseils a proximité d’une vasque soit disant potable dans une grotte à 6h de marche du village. Nous gagnerons quelques KM en approchant avec le 4×4.La montée est raide 400m de dénivellation presque tout droit dans la pente, devant Pi DA et Khao taillent une piste à la machette. C’est d’après eux le parcours le plus simple pour pénétrer dans le massif. Nous installons le bivouac dans un talweg bordé de falaises De ce point nous allons explorer quelques cavités qui se terminent souvent sur étroitures, une rencontre avec un serpent nous refroidira, et nous ne ramperons pas pour cette fois ! Les Karang escaladent les falaises environnantes, grimpant dans les lianes avec une agilité déconcertante. Ils se plient en 4 pour trouver des grottes !!!Ils finissent par nous dénicher une riviere souterraine, au fond d’une doline (puits) une petite entrée lessivée, donne sur un méandre et sur un ruisseau qui se jette dans une rivière ! Nous avons enfin la preuve qu’il y a de l’eau là-dessous beaucoup et du volume. Le CO2 nous freine pour l’instant. Nous explorons quelques cavités autour du bivouac. Autour du feu de camp en discutant avec nos guides, nous avons confirmation que des puits existent, mais à une journée de marche de notre bivouac, et n’aurons pas le temps d’y aller cette fois ci, il n’y aurait à priori pas d’eau labas… (sauf peut etre au fond des puits). Il faut déjà repartir, ce furent 3 jours d’échanges intense avec les Karangs, découvertes et échanges mutuels de culture et de nourriture, expérience inoubliable !!Les jours suivants seront consacrés à l’exploration de grottes à proximité du temple de Mong Kala Kiri Wong Ou les moines nous ont autorisé de pénétrer après nous avoir consacré une cérémonie, un villageois nous guide dans d’immenses puits reliés par des galeries ou nous accédons en escalade désescalade !!(nous pensions à des dolines mais non puits, avec arbres et végétation au fond, totalement différente de la jungle environnante un biotope unique a étudier !).Nous irons ensuite explorer le versant Ouest du massif de KHAO THA KHANUN, celui ou il y a les éléphants… les Rangers, le chef du village de KRAYENG, ainsi que quelques villageois nous incitent à faire demi-tour, nous devons nous y résoudre !! Une piste longe le massif sur 15 KM et l’accès par ce versant en est facilité, ce sera pour la prochaine éxpé. Nous en profitons pour repérer la résurgence Tham Nam Khao Tha Khanun , reconnue par les Anglais sur 80m , ils l’ont pointée sur Google mais avec une erreur de 1km, nous finirons par trouver et l’explorer en partie , une fois encore un serpent nous impose un demi-tour sur des pincettes en traversant une foret de bambou occupé par des King Cobras ……..
Cavités principales en cours de premières explorations…
Tham Nam Chai Boy rivière souterraine en cours d’exploration arrêt sur Co², -15 D 60.00m arrêt sur rien bruit de cascade…. Cote 611.00m
Tham Haob (ovale) représenté par deux immenses puits reliés par des galeries et une perte fossile, N14.571121 E 98.677623 -70m D 500m
Tham Nam Haob Krajok regard sur circulation souterraine de gros volume, faible courant émergence temporaire, siphon amont de 2.5m x 3.00m Z 240.00m
Tham Nam Tha Khanun résurgence à l’Ouest du massif Co² – 12 D 145.00m
De nombreuses autre cavités modestes ou pas, ainsi que des résurgences en bordure de la rivière Nam kwae Noi ont été repérées et restent à explorer.
Pour conclure ce résumé, le massif est resté inexploré jusqu’à notre venue et il nous avons compris pourquoi !! Pentes très raides pour y accéder, absence de piste, royaume de quelques chasseurs cueilleurs, refuge d’animaux sauvage, repère de serpents venimeux, difficultés de progression liées au relief, monter descendre et monter escalade désescalade, végétation luxuriante épineuse……Cavités de type alpin, avec méandres étroitures, mais cavités, une circulation souterraine est découverte ce qui fait un nouveau point d’eau.
Difficultés avec les autorités notamment les chefs rangers du parc inquiets de devoir le cas échéant venir nous secourir…
Le massif nous a livré des accès vers son secret… Les prochaines expéditions programmées sur la base des données hydrogéologiques relevées, avec le partenariat du village de BAN MONG KALA qui est prêt à nous apporter son soutien, promet de belles découvertes et surtout des litres de sueur et des bobos ! Il faudra sans doute des années…
C’est un réel engagement humain de continuer ce projet, ou tout est à découvrir, de la flore a la faune, avec en point de mire bien sur les dessous du massif ! nous avons prouvé un potentiel de 400m de dénivellation avérée, mais que dire des trous situés 300m plus haut ? Les grands puits restent vierges. Le secteur de Khao Ti Phu est truffé de grottes…
Sans traducteur c’est mission impossible, sans les Karang c’est mission impossible.
Rassurons-nous, tout de meme nous n’avons pas vu l’ombre d’un moustique dans la jungle ! est-ce la une perspective d’ouverture offerte par cette forêt primaire quasi inexplorée, trouée par un karst très ancien qui reste à étudier et promet des surprises ! Nous avons été les premiers !
L’expédition Dao 2015 en Thaïlande, organisée par l’Équipe Spéléo de Bruxelles, Belgique a été reconnue projet EuroSpéléo. L’expédition aura lieu le 9 février 2015 jusqu’au le 6 mars 2015 et se rendront dans les provinces thaïlandaises de Loei un Chiang Mai. Des spéléologues de Belgique, France, Serbie, Pologne, Canada et les États-Unis feront partie de l’équipe. L’objectif principal sera d’initier la reconnaissance et l’exploration d’une zone calcaire montagneuse de la province de Chiang Mai. L’hydrologie montre que des collecteurs doivent exister dans cette zone. L’objectif secondaire sera de continuer l’exploration de zones karstiques de la province de Loei où plusieurs grottes ont été trouvées au cours des cinq dernières années
Plus d’informations sur l’expédition peuvent être consultées sur