Expédition Mbanza-Ngungu 2024 (République Démocratique du Congo)

Participants FFS : Bernard Lips, Josiane Lips, Jean-Philippe Dégletagne

Autres participants : Pascale Lahogue (Belgique), Michael Laumanns (Allemagne), Giuseppe Spitaleri (Italie), Nadège Ngala Ntambwe (RDC) et Nicy Bazebizonza (RC)

Entre le 10 et le 24 juillet 2024 l’expédition Mbanza-Ngungu 2024 a regroupé 3 spéléologues français (Josiane et Bernard Lips, Jean-Philippe Dégletagne), 1 allemand et 1 italien ainsi que des participants belges et congolais (Congo Kinshasa et Congo Brazzaville).  

Les travaux d’exploration s’intègrent dans le projet Géo-Ressources pour le Développement (GeoRes4Dev) du Musée de l’Afrique Centrale à Tervuren (Belgique). Ce projet vise à amener les étudiants en géologie de Brazzaville et de Kinshasa à un diplôme universitaire (DEA ou thèse) portant sur des recherches liées au karst, y compris la documentation des grottes.

L’équipe franco-italo-allemande de 5 spéléologues était budgétairement autonome, les autres participants étant financés par le projet GeoRes4Dev.

Cette nouvelle expédition fait suite à celle menée en 2023 et qui avait permis de topographier une dizaine de kilomètres de galeries dans 12 cavités. La surprise majeure de l’expédition de 2023 avait été la découverte de la grotte Ngungi, à l’ouest du village de Langa, topographié sur 2,1 km. L’arrêt des explorations 2023 ne se situait qu’à environ 600 m à vol d’oiseau de l’extrémité amont de la grotte de Ngovo.

Le principal objectif, cette année, était donc de tenter la jonction entre ces deux cavités. Une première sortie dans les amonts de la grotte de Ngovo a permis de retrouver l’amont de la rivière dans un méandre de même style que celui de la grotte de Ngungi et d’avancer de plus de 300 m.

Le lendemain deux équipes sont entrées respectivement dans la grotte de Ngungi et dans la grotte de Ngovo. C’est cette dernière équipe qui rejoint en premier, après 833 m de topographie, le cairn mis en place l’année dernière. L’équipe en provenance de la grotte de Ngungi arrive peu après. Deux autres sorties dans la grotte de Ngovo permettent de compléter la topographie. Nous avons ajouté en 4 sorties 2487 m. Finalement le réseau complet développe 9522 m, occupant ainsi la 13ème place par le développement des cavités africaines (et la 6ème place en excluant les cavités de Madagascar). La traversée directe entre la grotte de Ngungi et la grotte de Ngovo nécessite un cheminement de plus de 4 km et semble donc la traversée la plus longue du continent africain. A signaler que la résurgence du réseau n’est pas connue. Plusieurs sources peuvent correspondre mais il faudra faire des colorations.

Nous avons également retopographié la grotte de Ndimba, topographiée par Yves Quinif en 1984 mais dont les mesures étaient perdues. La cavité développe finalement 2130 m. Pendant notre séjour, une expédition archéologique franco-belge a consacré plusieurs jours à la grotte de Ndimba pour effectuer un sondage dans la zone d’entrée et pour étudier le remplissage de cette cavité. Cette expédition nous a également accompagnés dans la grotte de Ngovo.

Les villageois nous ont indiqué deux cavités, une perte et une résurgence, à proximité de la grotte de Ndimba. Des passages aquatiques et souvent étroits nous ont permis de jonctionner ces deux entrées, mettant en évidence une traversée de 500 m (grotte de Ntadi Masa, développement 566 m).

Deux journées ont été consacrées à la grotte de Nkieza, partiellement retopographiée l’année dernière. Nous avons trouvé une suite en aval et surtout une nouvelle petite entrée à proximité d’une petite résurgence dont l’eau se reperd directement sous terre. Cette découverte permet une autre traversée et surtout un accès plus rapide vers l’aval. L’exploration en aval a malheureusement été arrêtée trop rapidement pas un petit siphon. Nous avons ajouté 345 m portant le développement total à 1135 m. Une galerie fossile, certainement plus intéressante que l’actif, méritera probablement un essai de désobstruction. La résurgence de Nkieza ainsi que celle de la rivière parallèle, plus importante, de la grotte de Nkikolo ne sont actuellement pas connues. Il est d’ailleurs possible que les deux rivières se rejoignent sous terre.

Enfin une journée a été consacrée aux grottes de Ndundu, d’une part pour poursuivre l’étude lithographique de la grotte de Ndundu 1 et d’autre part pour explorer et topographier la grotte de Ndundu 3, récemment signalée par les villageois (développement 89 m).

L’inventaire de la faune souterraine, concernant principalement les invertébrés, a également été poursuivi dans les diverses cavités visitées.

Au total l’expédition ramène 5,74 km de topographie dont environ la moitié en première.  Elle a surtout mis en évidence trois nouvelles traversées. Nous avons passé 10 jours à Mbanza-Ngungu dont 9 jours en exploration spéléologique.

Il reste de nombreux points d’interrogation dans la zone pour comprendre le fonctionnement hydrologique et de nombreuses cavités, plus ou moins importantes, à explorer ou à retopographier.

Un problème logistique important concerne l’état des pistes. Le moindre déplacement prend beaucoup de temps (1 h pour parcourir en véhicule 4×4 les 12 km qui séparent notre lieu de résidence à Mbanza-Ngungu du village de Langa où s’ouvrent les grottes de Ngovo et de Ngungi.

Il faut également prévoir chaque jour, ce qui est habituel dans beaucoup de pays africains, un temps de négociations et de palabres dans chaque village pour obtenir les autorisations d’entrée dans les cavités.

Ce sont inversement ces moments de discussion qui permettent d’avoir des informations sur d’éventuelles nouvelles cavités.     

EXPE GOIAS 2024 V2

Communiqué de Jef Perret

Entrée intermédiaire terra Ronca 2 (Valérie Perret)

L’expédition spéléologique Goiás 2024 s’est déroulée du 20 juin au 7 juillet 2024. Elle a été organisée conjointement par le Groupe Spéléo Bagnols Marcoule de Bagnols sur Cèze dans le Gard, France et par le Grupo Bambui Pesquisas Espéléologicas de Belo Horizonte dans le Minas Gerais, Brésil. Cette expédition marquait l’anniversaire des 30 ans d’amitié et de collaboration entre les deux clubs. Cette histoire a commencé en 1994 sur ce massif du Goiás.

De 16 à 21 spéléologues français et brésiliens ont exploré le massif karstique de la Serra do Calcario et plus précisément la région du Parque Estadual de Terra Ronca dans l’état du Goiás. Le camp de base était installé dans le hameau de São João dans la commune de São Domingos, idéalement situé au cœur de la zone. A partir de ce point, les équipes ont pu rayonner dans toutes les directions. Les objectifs principaux se situaient entre 30 mn et 1h30 de voiture suivi d’une heure à cinq heures de marche sauf l’exceptionnelle grotte de Terra Ronca 1 dont l’entrée est au bord de la piste.

Plusieurs membres de l’expédition, notamment les plus anciens, connaissent très bien cette zone puisqu’elle a été l’objet de plusieurs projets depuis 1994. Les nombreuses découvertes réalisées durant ces années méritent d’être à nouveau inspectées voire re-topographiées avec des moyens plus modernes. Les principales cavités reprises sont : la partie aval de São Vicente1 et 2, Couro d’Anta, Gruta da Craibrinha, l’abismo de Vaca Brava, Terra Ronca 1 et 2, São Bernardo 1, São Bernado 3, São Mateus 4…
Avec les photos aériennes plus récentes, la prospection de nouvelles zones de la région a fait également partie des objectifs en particulier la partie à l’ouest de São João vers la perte de Vaca Brava ainsi qu’au sud entre São Bernardo 1 et São Bernardo 2. Pendant un peu plus de quinze jours, les équipes vont, soit arpenter le massif à la recherche de nouvelles cavités, soit chercher de nouveaux passages dans les réseaux connus ou bien réaliser de nouvelles topographies plus précises. Cette stratégie s’est avérée payante puisque de nombreuses découvertes ont ainsi été faites. Sans que toutes les données soient encore traitées, l’expédition ramène environ 20 km de topographie dont à peu près 6 km de première. Plusieurs nouvelles galeries et salles ont été inventées notamment dans São Bernardo 1, São Vicente 1, Terra Ronca 2, Gruta de Vitorino… De nouvelles cavités ont été inventées : Gruta da Onça, Gruta do Tintin, Sumidoro de Vaca Brava, Pertes du Rio Seco,…

Lors de cette expédition, de nombreux contacts ont été pris avec les guides locaux pour les sensibiliser sur divers points tels que la géologie, la biologie, l’environnement, la sécurité et le secours sous terre notamment lors d’une conférence.

Les résultats de cette nouvelle expédition dans cette région ont permis de constater qu’il y avait encore beaucoup de potentiel pour faire de belles découvertes. Certes, elles sont moins évidentes qu’il y a quelques années ou nous n’avions qu’à suivre les cours d’eau et explorer la galerie principale aux dimensions hors normes pour nous. Aujourd’hui, nous devons utiliser des techniques modernes pour effectuer des escalades, rechercher avec des logiciels des entrées probables, suivre des cours d’eau asséchés sur des cartes et parfois même faire un peu de désobstruction mais le travail s’est avéré payant et gratifiant. En bouquet final, qui est sans doute le plus important, l’expédition s’est déroulée dans une exceptionnelle convivialité.

Participants du GSBM : Olivier et Isabelle SAUSSE, Guy DEMARS, Valérie et JeF PERRET. Responsable de l’expédition et rédacteur : Jean-François (JeF) PERRET.

Köýtendag 2024 – seconde expédition spéléologique au Turkménistan

Agrément FFS 1 / 2024

Pays : Turkménistan

Région : Lébap, massif de Köýtendag

Du 8 avril au 2 mai 2024

Nombre de participants : 17 membres fédérés

Clubs : Individuels (Hérault), Club Spéléo Vulcain (Rhône), Alpina Millau (Aveyron), Gruissan Prospection Spéléologie (Aude), Clan des Tritons (Rhône), CRESPE (Alpes-Maritimes), Spéléo club Argilon (Saône-et-Loire), Società Speleologica Italiana (Italie), Slovak Speleological Society – Speleoklub Badizér, Ardovo (Slovaquie), SGCAF, Spéléos Grenoblois du Club Alpin Français (Isère), FJS, Furets Jaunes de Seyssins (Isère).

Responsable : Jean-Pierre Gruat.

Après une expédition de reconnaissance du 6 au 22 mai 2023, par une équipe de 10 spéléos, en 2024 ce sont 17 spéléos issus de plusieurs clubs français, italien et slovaque en partance pour le massif du Köýtendag.

Pour visualiser le compte-rendu 2023 et les documents annexes (cliquer sur cette phrase)

Pour 2024 ce sera une équipe pluridisciplinaire plus importante pour cette deuxième expédition au Köytendag, du 8 avril au 2 mai 2024 (il y aura quelques défections de dernière minute, notamment notre vidéaste Daniel Penez). Dix-sept personnes participent : Philippe Audra, karstologue, Université Côte d’Azur, Jo De Waele et Lionel Barriquand, spécialisés en géologie et karstologie, Josiane Lips et Jozef Grego, spécialisés en biospéléologie, Jean-Paul Héreil, Bernard Lips, Xavier Robert et Alexandre Pont pour la topographie, Gaël Cazes pour la topographie 3D par photogrammétrie, Jean-Marie Briffon, Claire Falgayrac, Jean-Philippe Grandcolas, Jean-Pierre Gruat et Freddo Poggia pour l’exploration et la prospection, Annie Guiraud et Philippe Crochet en charge de la couverture photographique.

Les objectifs sont multiples : photographie, topographie de l’existant, karstologie, biospéléologie, prélèvements et documentation, prospection et explorations nouvelles.

– 12 cavités sont visitées à plusieurs reprises et topographiées : certains jours, 5 équipes de 2 à 3 personnes ont réalisé de la topographie (8571 stations topographiques, 18,7 km de réseau topographié, profondeur maximum atteinte – 157 m).

Les principales cavités reprises et topographiées partiellement ou complètement :

Geophyzicheskaya

Tush-Yurruck

Kaptharana

Promeszutochnaya 

Hushm-Oyeek

Kutuzov cave ou grotte du Lac

Verticalnaya

Cupp-Coutunn

Malgré des « contraintes administratives » importantes, la zone se trouve sur une zone militaire, proche de la frontière ouzbèke, un temps journalier sur le terrain limité à 8 h maximum, il peut être envisagé de programmer une 3ème expédition en 2025 ou 2026, en envisageant d’explorer une autre zone en dehors de la zone militaire, toutefois la proximité de la frontière ne nous libère pas de toutes les contraintes. Cette année nous avons bénéficié de visas gratuits (119 dollars par personne en 2023), par contre comme en 2023, nous n’avons pas échappé au test PCR (29 dollars par personne en 2024) !

– Le 1er jour de l’arrivée à Ashgabat, avant de prendre le train pour Kerki, Philippe Audra, Lionel Barriquand, Gaël Cazes et Jean-Pierre Gruat, sont reçus par Mme Shirin Karryyeva, Mme Tatjana Rosen, M. Jumamyrat Saparmuradov et d’autres personnes. Ces personnes travaillent dans le cadre du projet CEPF/CLLC du Turkménistan (CEPF : Critical Ecosystem Partnership Fund et CLLC : Center for Large Landscape Conservation).

Ils souhaitaient échanger avec nous sur les objectifs de notre expédition, ils manquent d’informations sur la géologie et le karst du Koytendag et nous pouvons leur apporter certains éléments en ce domaine.

En parallèle, une autre partie de notre équipe (Jozef Grego, Josiane Lips et Jo De Waele) est reçue au Ministère de l’Environnement pour évoquer les autorisations nécessaires de prélèvement et d’exportation en biospéléologie (invertébrés) et en géologie (petits échantillons de pierre).

– Arrivée le 10 avril sur place au Koytendag, malgré quelques petits problèmes administratifs le 1er jour pour accéder aux grottes situées en zone militaire, nous avons pu réaliser les objectifs scientifiques, topographiques et photographiques durant l’ensemble du séjour. Seule, la prospection du massif n’a pas donné les résultats escomptés, puisqu’aucune nouvelle cavité majeure n’a été découverte, malgré l’exploration de porches difficiles d’accès dans certains canyons. Le massif est vaste et la prospection est difficile avec les nombreux et profonds canyons qui le découpent.

– Les scientifiques en karstologie, en géologie, biocorrosion ont pris des mesures de températures d’air et d’eau, des échantillons d’eau des sources et des lacs, relevé les failles et fractures, les emplacements de différents minéraux et concrétionnements.

Ils vont analyser tous ces éléments en laboratoire pour expliquer la formation de ces cavités, leur évolution et la présence des différents minéraux. Philippe Audra a aussi déposé un pluviomètre performant à basse altitude (maison de la réserve naturelle) et un autre à plus haute altitude (fond de la vallée). Tous les mois, M. Shaniyaz Mengliev, Directeur scientifique de la réserve du Koytendag relèvera l’eau, et plus tard, les isotopes seront étudiés.

– Une grande partie de la grotte de Geophysicalskaya a été relevée par photogrammétrie en 3D en collectant plus de 50 000 images superposées.

– L’équipe photographique s’est concentrée principalement sur deux cavités, Geophysicheskaya et Hushm-Oyeek. La présence de gypse en quantité en fait l’intérêt principal, Hushm-Oyeek , connue depuis plus longtemps, a été fortement endommagée alors que Geophysicheskaya, découverte plus tard, est relativement bien préservée. Cette dernière a été couverte photographiquement, elle est exceptionnelle : profusion de gypse sous toutes ses formes (chandeliers, stalagmites géantes creuses, aiguilles, fleurs, crosses, croûtes…), aragonite, vastes galeries aux plafonds rouges, immenses draperies colorées, un véritable festival pour les yeux tout autant qu’un concentré de phénomènes géologiques.

– Les scientifiques en biospéléologie ont fait beaucoup de prélèvements d’invertébrés dans les grottes et les sources. C’est un beau complément aux découvertes de l’an passé publiées dans le rapport 2023. Le tout est en cours de classification, d’analyse …

Des espèces nouvelles semblent avoir été relevées. Les scientifiques en biospéléologie – qui sont rentrés au bout de 15 jours passés au Turkménistan – ont délivré les premières informations sur leur découverte :

« Pour l’instant nous avons environ 3-6 candidats pour de nouvelles espèces de mollusques souterrains et de source. Les mollusques de surface nous ont également réservé quelques surprises, car dans deux cas, la famille de mollusques la plus proche se trouve à environ 500 km à l’ouest du Köytendag, et il est probable que ces données éloignées représentent également de nouvelles espèces. »

Jozef Grego rédigera prochainement un rapport préliminaire avec des photos.

Toutes ces études demandent beaucoup de temps et les éléments définitifs seront dans le rapport final de l’expédition.

– La prospection : des équipes légères (3 ou 4 personnes) ont parcouru certains secteurs du massif à la recherche de nouvelles cavités, sans résultat. De même, 2 équipes ont descendu des falaises pour atteindre des porches repérés en 2023 dans les canyons, ces porches se sont révélés être des baumes sans suite. Quelques escalades ont été tentées, sans résultat.

Toutefois, les hauts plateaux d’altitude à plus de 2000 mètres n’ont pas été parcourus, l’approche de la frontière ouzbèke nous étant interdite par les autorités turkmènes et un bivouac en altitude aurait été nécessaire. Cette zone reste à étudier dans les prochaines expéditions.

* Geophysicalskaya est absolument à protéger et à préserver de toute dégradation (et d’autres cavités du secteur), elle a des particularités rares et une beauté exceptionnelle avec des formations de gypse unique en splendeur et densité.

* Pour réaliser de nouvelles expéditions, il est nécessaire de trouver des financements, pour réaliser un travail scientifique, les études en laboratoire des résultats exigent aussi un apport financier important.

* Le nombre de photos ramenées de cette expédition 2024 permet de réaliser une publication sur les grottes du Köytendag, reste là aussi à trouver un financement.

Pour consulter la sélection des photos de Philippe Crochet (cliquer sur cette phrase)

Une équipe pluridisciplinaire pour l’expédition 2024 :

AUDRA Philippe, Docteur en géographie physique, karstologue, directeur du Département Hydroinformatique et ingénierie de l’eau et du Master hydroprotech, Université Côte d’Azur. CRESPE (Alpes-Maritimes).

BARRIQUAND Lionel, chimiste, doctorant Université Savoie-Mont-Blanc, Laboratoire EDYTEM de Dynamique des Environnements et Territoires de Montagne. Spéléo club Argilon (Saône-et-Loire).

BRIFFON Jean-Marie, spéléologue, médecin. Gruissan Prospection Spéléologie (Aude).

CAZES Gaël, Expert chez CENOTE Sarl, doctorant Université de Montpellier, Géosciences Montpellier. Individuel (Hérault).

CROCHET Philippe, hydrogéologue et photographe spéléologue. Individuel (Hérault).

DE WAELE Jo, Doctorat en prospection minière, Professeur en géographie physique et géomorphologie Université de Bologne. Società Speleologica Italiana (Italie).

FALGAYRAC Claire, spéléologue. Gruissan Prospection Spéléologie (Aude).

GRANDCOLAS Jean-Philippe, spéléologue. Clan des Tritons (Rhône).

GREGO Jozef, Doctorat diversité mondiale des gastéropodes stygobiotioc, diversité mondiale des Clausilidiae, chercheur indépendant, SubBio Lab Ljubljana University, Slovak Speleological Society – Speleoklub Badizér, Ardovo (Slovaquie).

GRUAT Jean-Pierre, responsable d’expédition, spéléologue. Alpina Millau (Aveyron).

GUIRAUD Annie, spéléologue, assistante-photographe. Individuelle (Hérault).

HEREIL Jean-Paul, spéléologue. SGCAF, Spéléos Grenoblois du Club Alpin Français (Isère).

LIPS Bernard, bio-spéléologue. Club Spéléo Vulcain (Rhône).

LIPS Josiane, bio-spéléologue. Club Spéléo Vulcain (Rhône).

POGGIA Frédéric, spéléonaute. FJS, Furets Jaunes de Seyssins (Isère).

PONT Alex, spéléologue. Clan des Tritons (Rhône).

ROBERT Xavier, Doctorat en Thermochronologie, Chargé de Recherche (CRCN) IRD, Thermochronologie, tectonique, géomorphologie, géologie de terrain, ISTERRE – Université Grenoble Alpes. Club Spéléo Vulcain (Rhône).

Le Turkménistan possède un patrimoine exceptionnel, caché au sein d’un magnifique massif montagneux : le Koytendag.

https://tm.ambafrance.org/Le-Turkmenistan-possede-un-patrimoine-exceptionnel-cache-au-sein-d-un

Un bel article paraitra dans le Spelunca de l’automne 2024, suivi d’une publication et du compte-rendu complet de cette expédition 2024.

Remerciements à la FFS/CREI pour son parrainage, à L’Enseigne Peinte, Chatou, Yvelines (gérant : Thierry Flon, membre FFS du Clan des Tritons) pour la conception et la fabrication gracieuse de l’autocollant Koytendag 2024.

Jean-Philippe GRANDCOLAS & Jean-Pierre GRUAT, juillet 2024.

KHAOPHUTHONG KHAOTHAKHANUN 2024

  Expédition spéléologique en Thaïlande – décembre 2023-avril 2024                             Summary /Résumé- auteur Didier Rateau pour l’équipe.

L’expédition se déroule en trois phases distinctes, et s’inscrit dans la suite des 9 précédentes Depuis 2016.Principalement dans la région de Kanchanaburi

(ci dessus ,ci contre,Tham Saohin clichés Karn Romyasai)

En premier lieu le mois de janvier est consacré à la poursuite des explorations dans le parc national de Saiyok Yai, topographies de nouvelles cavités dont Tham Tangodfri, repérées en 2020, arrêt sur étroiture boueuse à 625m de l’entrée, petit ruisseau affluent du système de Tham Keaw actif en cette période d’étiage , nous sommes dans une zone épi karstique qui réserve de belles surprises. Nous arrivons à 18km de réseaux topographiés dans le secteur de Saiyok Yai.

            Photographie Philippe Crochet Tham Nok Han Aen janvier 2024

Exploration de la zone d’entrée de Tham Nok han Aen (D 3000m),nous y accédons par une grande fenêtre karstique profonde de 120 mètres, (Swalow cave porche h 70x40met grotte du bivouac Ostermann 1986)-Rencontre avec les Rangers du Parc National de Lam Nkhlong Ngu pour préparer les prochaines phases de l’expédition, profitant de la présence de Philippe Crochet nous consacrons du temps à la photographie. Repérage de l’accès à Tham Yai aval du système actuel.(en cours d’exploration)

Tham Daoprasut, avec des niveaux de CO² supérieurs à 5% Un grand article sur ce karst hypogène est en cours.(nombreuses séances photos , et relevés des taux de Co2)

Tham Nam Mae Krabung, (Srinagarindra National Park)le développement atteint maintenant 3230m topographiés, et en cours d’exploration).

Ci dessous Photographies de Philippe Crochet Tham Dao prasut-Srinagarindra National Park

Dans un deuxième temps dans la continuité des deux formations précédentes le mois de février est consacré au stage de formation aux techniques de progression sur corde, et à la topographie avec distox2-xble pour les géologues de DMR et de la DGR (Bangkok). Pour compléter le parcours, l’exploration et la topographie de Tham Nok Han Aen 2 avec les Rangers, une partie des gigantesques galeries jalonnant le canyon du Mae Nam Nkhlong Ngu sur plus de 30Km suivant une Fracture, encaissée dans les massifs du permien supérieur d’une puissance de 200m .

(Formation de Um Luk -carte géologique Ban Muang Song Tho 1/50000 – édition 3-RTSD -4738 2011) et au contact de la formation Bong Ti beaucoup plus résistant et moins soluble , au contact à l’Est.(karst de Khao Bo Ngam)

Ci dessus deux Thaïlandais en formation -Ban MongKala -Amphoe Thongphaphum, ci dessous grappe de stagiaires……..

En troisième lieu, le début du mois de mars a été consacré à l’exploration de Tham Saohin, l’extrême aval du Lam Nkhlong Ngu, avec quelques spasmes dans le calendrier liés aux autorisations fluctuantes ! Le grand puits de 147 m a été descendu, et ce que l’on pense être la plus haute colonne de stalagmites du monde a été vérifié à 68,62 mètres(elle était inscrite comme la plus haute a 61.5m par les Anglais en 1995). Une rapide incursion dans Tham KangKhao ne permet pas de poursuivre vers l’aval qui cette année est obstrué par des embacles, le courant d’air n’est plus perceptible. Quelques prélèvements de pseudos scorpions millimétriques sont réalisés par Claudine Masson dans les différentes cavités, et des séances photographiques assurées par Thierry Masson et Alexis Rateau.

 Tham Saohin développe actuellement 3 210 mètres et ce n’est pas fini !!(les réseaux supérieurs sont en cours d’exploration)

La topographie de Tham Putoei est terminée et le développement dépasse maintenant un kilomètre. L’expédition 2025 est déjà en préparation, et une équipe sera en Thaïlande cet été.

Les topographies, contribution à une étude de géologie, biospéléologie, sont incluses dans le rapport qui est en cours d’élaboration.

(DMR Direction of Minéral Ressources, DGR Direction of Groundwater Ressources)

Liste des participants :

Janvier -Peter Lenahan , Andrew D.Foord NSS – Annie Guiraud , Philippe Crochet ,Didier Rateau FFS

Février stage de formation – Etienne Fabre , Didier Rateau FFS

DGR -DMR .  Kotchapan Loedtawiwong Miss , Kittipong Palee Mr , Chutikan Sittikot Miss , Phyatharine Sopitthammakul Miss , Jeamliga Duangkeawroen Miss , Russarint Siripattarapureenon Miss , Chaiporn Siripornpibul Mr , Jutamas Junpanghern Miss , Itsara Phromta Mr , Surachet Saengsawang Mr , Weerachon Unsen Mr , Piyaporn Hinsaeng Miss , Patinya Uttha Miss , Thiengthum Chaweenuon Mr , Narongrit Boonchaiwong Mr ,Suriya Pantawan Mr , Naruenat Kangwanwong Mr.

Participation de quelques Rangers occasionnellement.

De fin Février au 5 Mars

Marc Bourreau ,  Claudine et Thierry Masson , Alexis et Didier Rateau, Valentin Bertrand , Etienne Fabre FFS.

Intervenants étrangers non FFS – Ryan Gardner NSS , Emilie Bertrand , Sylvain Mercier, David Temple men , Karn Romyasai , Wataka Pink.

Fin mars

John Shepton, Harris Walter et Didier Rateau

ci dessus de gauche a droite , pseudo scorpion Tham Kangkhao Sai Yok ph.(Claudine Masson)-Tham Saohin Thongphaphum (ph. (Thierry Masson) – Tham Saohin ph.(Alexis Rateau).

Remerciements Aventure Verticale, Scurion, Croque Montagne, Subsa , CDS 37 ,avec le soutien de U.I.S. et FFS pour les actions internationales.

Photographie Thierry Masson-Tham Keaw – Sai Yok Yai-

KAPKO 2023

Communiqué de Alexandra Rolland

Contexte :
Ce projet d’expédition au Laos a été élaboré par un regroupement de clubs spéléo de toute la France :
• Le Spéléo Club de Paris (SCP – Club Alpin Paris)
• La section spéléo du Club Alpin Marseille Provence (CAF MP)
• Le club Spéléo Canyon du Pays d’Aubagne (SCPA – ESCANDAOU)
• Le Spéléo Club d’Aubenas (SCA)
• Le Gruissan Prospection Spéléologie (GPS)
• L’Association des Barbastelles dʼIssy-les-Moulineaux pour lʼExploration Spéléologique (ABIMES)
• Le Spéléo Club Saint Marcellois (SCSM)
KAPKO 2023 s’inscrit dans la continuité des expéditions spéléo déjà réalisées dans la région de Vang Vieng
depuis 1998. La ville de Vang Vieng est située à cent kilomètres au nord de la capitale, Vientiane, au bord de
la rivière Nam Song, sous affluent du Mékong. Celle-ci représente un des principaux lieux touristiques du
Laos, entourée de massifs calcaires.
Notre expédition a été officiellement parrainée par la Fédération Française de Spéléologie (la CREI étant
actuellement inactive)

Résumé de l’activité:
Nos principaux efforts se sont tournés vers le réseau de Tham Houey Yé / Tham Pha Leusi, vaste complexe
de plus de 12 km de développement. Nous avons systématiquement descendu les puits demeurés
inexplorés les années précédentes faute de matériel et nous avons réalisé les escalades entrevues les
mêmes années.
Nous avons longuement prospecté le poljé situé au milieu des formations calcaires surplombant le Nord de
l’agglomération de Vang Vieng et nous sommes retournés dans toutes les cavités déjà connues de ce poljé.
Nous sommes également allés bivouaquer dans le poljé supérieur, accessible uniquement à pied depuis le
poljé inférieur précédemment cité : là encore, nos efforts n’ont donné que de maigres résultats en terme de
découvertes.
Enfin, nous avons réalisé des observations sur la faune et sur les différentes traces de fréquentation
animales des cavités.
Principales cavités explorées :

  • Résurgence de Tham Nam Yen
    • Réseau de Tham Houey Yé / Tham Pha Leusi
    • Perte de la Nam Ka
    • Système de la Nam Sang
  • Tham Gnaï
    • Tham Nam Them
    • Pha Boua Sud
    • Tham Pha Bong Est
    Principaux résultats :
  • Spéléologie :
    Tham Houey Yé :

    200 m de première topographiée dans le réseau ouest
    400 m de première explorée non topographiée dans le réseau ouest à proximité de l’entrée
    Tham Nam Ka :
    39/62

    150 m de galeries topographiées
    Perte de la Nam Sang Taï :

    300 m de première explorée non topographiée
    Tham Gnaï IV :

    100 m de première topographiée
    • Biologie :

    Observation des tubes d’argile de Tham Pha Bong Est
    qui sont incontestablement des constructions
    d’origine animale. Des échantillons de ces tubes ont été prélevés et nous sommes dans l’attente des
    résultats des analyses.

    Observation des chiroptères dans la grotte tunnel de Tham Nam Thèm.
    • Karstologie :
    Observations sur la spéléogénèse du réseau de Tham Houey Yé
    / Tham Pha Leusi.
    Mesures de conductivité électrique et premières interprétations de circulation des eaux souterraines
    le système de la Nam Sang.
    Préparation de l’expédition et relations officielles avec les autorités laotiennes :
    dans
    Lors de la préparation de notre expédition, nous avons pris contact avec l’ambassade du Laos à Paris et
    nous avons rencontré un de ses membres le 7 février 2023 qui nous a mis en contact avec le Ministère de
    l’Information, de la Culture et du Tourisme (MICT).
    Parallèlement, nous avons contacté une agence de tourisme, Green Discovery Laos, afin qu’elle nous
    assiste pour obtenir les autorisations officielles pour notre expédition.
    À la fin de notre expédition, lors de leur retour vers la France, plusieurs membres de KAPKO 2023 ont
    rencontré des membres du MICT afin de leur présenter nos résultats. Ainsi, il ressort de cet entretien que le
    Ministère souhaite promouvoir une montée en gamme qualitative du tourisme dans la région de Vang Vieng.
    Ainsi, il nous a fait part de sa volonté de préserver les grottes et d’améliorer les conditions de leur
    exploitation à des fins touristiques. La possibilité d’une collaboration plus formelle avec les spéléos français
    a été évoquée afin d’aider le Laos à progresser dans la pratique de la spéléo ainsi que dans l’organisation
    de visites à vocation touristique
  • Les perspectives :
  • Beaucoup de travail d’exploration et de topographie reste à faire dans le réseau de Tham Houey Yé / Tham
  • Pha Leusi. D’autres cavités telles que la perte de la Nam Sang et les grottes du Sud du Pha Boua
  • mériteraient également la poursuite des travaux d’exploration. Toutefois, nous envisageons également
  • d’organiser une prochaine expédition sur des territoires plus au Nord que la région située à proximité
  • immédiate de Vang Vieng.

 Conférence « Karst, Caves and People », Sloup, République Tchèque. 20 au 24 septembre 2024

Mission réalisée par Philippe Fleury pour la Commission Scientifique et la Commission Environnement de la FFS

Stratégie de protection des cavités du karst morave

Stratégie de protection des cavités du karst morave

Le karst morave est la plus grande région karstique de la République Tchèque. Il s’étend  sur d’environ 100 km² sur une bande de 3 à 5 kilomètres de large qui remonte au nord de Brno jusqu’à Sloup, 25 kilomètres au nord environ. La partie souterraine du karst morave est très impressionnante avec 1 100 grottes répertoriées, plusieurs rivières souterraines et les deux réseaux souterrains les plus importants du pays : le réseau de la grotte des Amateurs qui dépasse 50 kilomètres et le réseau des grottes de Býčí skála (grotte du rocher du taureau) et de Rudické propadání de 13 kilomètres. Les réseaux du karst morave sont assez horizontaux, fréquemment noyés, leur profondeur n’excède pas 100 à 150 mètres.

La région a une très longue histoire dans laquelle son karst est essentiel.Les dépôts dans les grottes ont préservé des traces de la présence de l’homme de Neandertal il y a plus de 120 000 ans. On y trouve également des sculptures d’animaux datant de 10 000 à 13 000 ans avant notre ère, des traces d’extraction de minerai de fer durant les 8ème et 9ème siècles, etc. Cette proximité entre l’homme et le milieu karstique est une constante du territoire. Le karst morave est un des berceaux de la spéléologie avec dès la première partie du 18ème siècle une activité scientifique et d’exploration souterraine de plus en plus intense. 

Un autre point remarquable est la très forte insertion territoriale de la spéléologie et du tourisme souterrain. Les spéléologues sont nombreux mais surtout la visite des cinq grottes aménagées du secteur attire plusieurs centaines de milliers de touristes chaque année : grottes de Punkva, grotte de Balcarka, grotte de Kateřinská, grotte de Výpustek, grottes de Sloupsko-šošůvské et grotte de Kůlna ( https://www.caves.cz/en ).

Le karst morave est une zone paysagère protégée pour son patrimoine karstique souterrain et de surface et plus largement pour ses patrimoines naturels et culturels  ( https://moravskykras.nature.cz/ ). En termes de protection, les zones paysagères protégées sont l’équivalent de nos parcs naturels régionaux. Elles associent trois objectifs : conservation des patrimoines paysager, naturel et historico-culturel ;  développement d’un tourisme durable (tourisme de nature ou culturel) compatible avec les enjeux de conservation ; éducation à l’environnement.

La protection des cavités du karst morave s’inscrit dans la zone paysagère protégée et fait partie des missions de son administration avec du personnel dédié. Il y a deux niveaux d’intervention :

  • La fermeture et la réhabilitation des cavités. Pour Antonín Tůma, géologue de l’administration de la zone paysagère : « La fermeture des grottes est la mesure de protection de base, elle est fondamentale pour empêcher les personnes non autorisées d’y pénétrer et ainsi protège les sédiments et la faune souterraine ». Certaines portes ménagent un passage pour les chiroptères, dans d’autres cas il y a installation d’un sas climatique  composé de deux portes sans ouverture  pour isoler la cavité des influences climatiques extérieures. L’entrée dans les cavités peut se faire lors de visites organisées pour le grand public ou avec autorisation et accompagnement par un responsable. Les autres activités de protection des cavités concernent : la réhabilitation de dolines endommagées par le creusement de puits  aujourd’hui abandonnés et dangereux ; le nettoyage de cavités ; le balisage des chemins à respecter sous terre.
  •  L’enherbement de cultures pour la protection des eaux et milieux souterrains. En 2019 et 2020, 114 hectares de cultures ont été transformés en prairies à l’aplomb des réseaux souterrains et autour des dolines. Les effets de cette opération commencent à se faire sentir sur la teneur en pesticides des eaux souterraines, l’effet n’est pas encore significatif sur les teneurs en nitrates.

Conclusion

La visite de quelques cavités moraves montre que la grande attention portée aux milieux souterrains n’a pas toujours été de mise. Les spéléologues d’aujourd’hui doivent s’appliquer à effacer les stigmates de leurs prédécesseurs. Les méthodes de protection employées peuvent nous paraître excessives. Leur caractère assez administratif et autoritaire peut heurter notre culture de spéléologues français peu habitués à de telles réglementations. Celles-ci s’inscrivent dans un autre contexte social et politique que le nôtre. Ceci dit, ces stratégies de protection sont efficaces et même si aujourd’hui elles paraissent peu applicables telles que en France elles n’en sont pas moins des sources d’idées et d’inspiration.

Expédition Koytendag Turkmenistan 2023

Agrément FFS 5 / 2023.

Pays : Turkménistan

Région : Lébap, massif de Köýtendag

Dates : 6 au 22 mai 2023

Nombre de participants : 10 membres fédérés.

Clubs : Individuels (Hérault), Club Spéléo Vulcain (Rhône), Spéléo Club de Vesoul (Haute-Saône), Alpina Millau (Aveyron), Gruissan Prospection Spéléologie (Aude), Clan des Tritons (Rhône).

Responsable : Jean-Pierre Gruat.

Communiqué de Veronique Olivier- Crédit photos Philippe Crochet

Une expédition spéléologique de reconnaissance a été organisée du 6 mai au 22 mai 2023 sur le massif de Koytendag et, en particulier, dans le système des grottes de Kap Kutan et de Prometezmaya qui sont situées dans une réserve d’État sur le massif du Koytendag à 800 km à l’est d’Ashgabat. A l’issue des longues procédures administratives pour mener à bien ce projet (autorisations à obtenir du Ministère de l’Agriculture et de la Protection de l’Environnement et du Ministère des Affaires étrangères du Turkménistan), malgré la crise mondiale de la pandémie Covid19 durant 3 ans, nous avons enfin pu découvrir ce pays en mai 2023.

L’idée de ce projet avait germé, après avoir vu en 2019 depuis le village de Vandob en Ouzbékistan, l’immense falaise calcaire du Koytendag (600 à 1200 m de haut) qui s’étend sur 50 km de longueur et qui fait frontière entre le Turkménistan et l’Ouzbékistan. Ce massif constitue le dernier maillon des Monts de Gissar (zone occidentale du système Pamir-Alaï) qui débutent au Tadjikistan au nord de Douchanbé et qui traversent la province du Sourkhan-Daria en Ouzbékistan. En premier lieu, il a fallu rechercher la documentation existante concernant le massif du Koytendag (Kugitang) et les grottes de cette région. Cette documentation, qui date essentiellement des années antérieures à 1990 étant en russe, il a fallu la traduire. Grâce à l’aide de Son Excellence Maksat Chariev Ambassadeur du Turkménistan en France et de Mme Dilora Geldyeva de l’agence Owadan, nous avons obtenu toutes les autorisations nécessaires et la logistique indispensable pour mener à bien ce projet. Le 7 mai 2023, nous foulons enfin le sol du Turkménistan pour rejoindre, en train et en 4X4 notre camp de base à Köyten Genesligi, au bord de la rivière Kugitang. Nous avons été accompagnés et guidés durant notre séjour par Monsieur Shaniyaz Menliev, Chef du Département scientifique de la réserve du Koytendag. Dès le lendemain de notre arrivée sur place, nous accédons à la grotte de Kap Kutan, dans laquelle, malheureusement, une chute de bloc va nous priver de notre photographe pour le reste du séjour. Toutefois, notre expédition s’est poursuivie avec différentes activités : spéléologie dans les grottes situées au sud du massif près de Garlyk (anciennement Karkul), biospéléologie avec prélèvements d’invertébrés trouvés sous terre, prospection à la recherche de nouvelles cavités dans les beaux canyons du massif et enfin visite du site exceptionnel des empreintes de dinosaures au nord du Koytendag (sanctuaire de Hojapil). Le Turkménistan possède avec ce massif et ses cavités, un patrimoine exceptionnel et unique à étudier, protéger et valoriser :

– Le karst de montagne, qui culmine à 3139m au Mont Ayribaba, nous est apparu comme exceptionnel, tant par sa géographie (plateau incliné de 3000 m à 500 m d’altitude, coupé par d’innombrables canyons de 300 à 400 m de profondeur et de

20 à 30 km de long) et sa géologie (calcaire, gypse et présence de nombreux minéraux).

Ce coin magnifique, est resté depuis la chute de l’URSS, oublié des spéléologues et des karstologues.

– Le massif du Koytendag est une réserve d’État (Réserve naturelle de Köýtendag), composé de 3 sous réserves. Il possède un site remarquable de plus de 2000 empreintes de dinosaures au nord.

– Les chandeliers et les colonnes de gypse qui existent dans les grottes de Géophysiyeskaya et d’Hashimoyuk sont rares, exceptionnels et comparables à ceux que l’on trouve à la grotte de Lechugilla aux USA, considérée comme la plus belle cavité du monde.

– Les grottes connues sont toutes situées au sud du massif, près du village de Garlyk (anciennement Karkul), le reste du Koytendag n’ayant pas été, a priori, prospecté. Il recèle sûrement de nombreuses cavités à découvrir, aussi belles et spectaculaires que Géophysiyeskaya, grotte trouvée à la fin des années 1980. Vladimir Malsev (1957-2014), géologue et spéléologue russe est un des rares scientifiques à avoir étudié ces grottes dans les années 80, avant la dissolution de l’URSS. Tous ces éléments, nous conduisent à envisager dès 2024 une nouvelle expédition avec les objectifs suivants :

– réaliser des photos de qualité professionnelle,

– être accompagnés de scientifiques pour étudier les grottes et le karst du Koytendag et compléter les recherches faites il y a plus de 30 ans par Vladimir Malsev.

– scanner en 3D la grotte de Géophysiyeskaya.

– prospecter diverses zones, dont certaines en altitude pour découvrir de nouvelles cavités.

– réaliser une publication sur le massif du Koytendag, ses grottes et ses richesses.

– réaliser un film sur l’expédition.

Nous souhaitons établir un partenariat solide entre le ministère de l’Agriculture et de la protection de l’environnement du Turkménistan et la Fédération Française de Spéléologie (FFS) qui pourrait contribuer, si le Turkménistan le souhaite, à soumettre ce massif pour un classement en Géoparc mondial de l’Unesco.

Liste des participants de l’expédition 2023 :

•Bernard Lips, ancien président de la FFS,

Direction nationale de la Crei

•Josiane LIPS, trésorière adjointe de la

Commission scientifique de la FFS et spécialisée en biospéléologie, Direction nationale de la Commission documentation

• Philippe Crochet, hydrogéologue et photographe spéléologue

• Annie Guiraud, photographe spéléologue, et assistante de Philippe Crochet

• Jean-Marie Briffon, médecin, membre de la Commission médicale de la FFS

• Claire Falgayrac, trésorière de la Commission médicale de la FFS

• Jean-Philippe Grandcolas, Direction nationale de la CREI et de la Commission documentation/Centre national de documentation spéléologique (C.N.D.S.)

• Véronique Olivier, étudiante chercheuse en écologie, membre du Conseil technique de la CREI

• Philippe Auriol, médecin spéléologue

• Jean-Pierre Gruat, ancien membre du bureau et du Conseil d’administration de la

FFS, membre du Conseil technique de la CREI.

Expédition Qattine Azar, Comaty 2022 (attestation CREI 3-2022)

Communiqué Arnauld Malard

Liban, Monts Liban
17/08 à 31/08, 2022
L’expédition Qattine Azar Comaty 2022 (commune d’Aintoura El-Matn, Monts Liban) a rassemblé 10 membres de l’association Continent 8 et une trentaine de Libanais de l’Association Libanaise d’Études Spéléologiques (ALES). Les explorations du gouffre Qattine Azar se sont concentrées sur trois branches principales : (i) l’affluent de la Galerie des Français, (ii) l’affluent Chocapic et (iii) l’affluent du Mât, les deux derniers appartenant au secteur Mawla. Plus d’une trentaine d’escalades en libre et en techniques artificielles totalisant plus de 500 m de verticale (obstacles de 5 à 46 m) ont permis de rajouter environ 2’340 m de nouvelles galeries et de puits au réseau. Celui-ci se hisse maintenant à la première place des cavités les plus longues du Liban avec plus de 10 km de galeries (devant la grotte très connue de Jeita). Ce projet d’expédition est une réussite sur plusieurs plans. Tout d’abord il permet de renforcer les liens de collaboration Franco-libanaise, liens qui se sont distendues ces dernières années en raison des nombreuses difficultés économiques et sociales que traverse le Liban actuellement. La collaboration entre l’ALES et Continent 8 a été excellente et elle ouvre de nombreuses perspectives pour le futur. Ensuite, le projet a bénéficié d’une très large couverture médiatique au Liban, aussi bien presse écrite que télévision, en français, mais aussi en arabe, ce qui a permis un large rayonnement de l’activité spéléologique au Liban. Enfin les nouvelles galeries découvertes sont très variées, passant de grandes salles (Salle de la Dame Blanche, Salle Point 6, etc.) à des méandres magnifiquement sculptés et souvent très concrétionnés (galerie de la Fée Clochette, galerie des Cristaux, etc.). Le gouffre de Qattine Azar est une cavité véritablement exceptionnelle et le potentiel est encore très important. A noter que projet bénéficie du soutien de Béal, mx3 Nutrition, du comité spéléologique régional d’Occitanie, des comités départementaux de spéléologie de l’Ariège, du Gard, du Doubs et de la Haute Garonne, et du club des Compagnons de la Nuit Minérale. Plus d’informations et rapport en téléchargement sur le site de Continent 8 : www.continent-8.org. Un projet était prévu pour 2024, mais en raison des évènements mêlant Israël, le Hamas et le Hezbollah, la situation au Liban empire de jour en jour et il a été décidé conjointement avec les Libanais d’annuler le projet. Beaucoup de membres de l’ALES ont quitté le pays pour des raisons professionnelles et ne peuvent garantir leur soutien. Par ailleurs, les problèmes économiques persistent rendant les projections budgétaires et logistiques difficiles voire impossibles pour le moment.

Expédition Boi-Bulok 2021 (attestation CREI 6-2021)

Ouzbékistan, région du Sourkhandaria, massif du Chulbair
31/07 à 22/08, 2021
En dépit d’un contexte sanitaire compliqué et des évènements géopolitiques récents en Afghanistan, l’expédition Boy Bulok 2021 a pu se dérouler dans de bonnes conditions en raison des nombreux appuis politiques et administratifs et de l’excellente collaboration qui unit le groupe spéléologique de l’Oural (Russie) et l’Association Continent 8. Cette expédition fait suite à la première expédition commune en 2018 pendant laquelle le gouffre de Vischnevskii est topographié jusqu’à une profondeur de 700 m environ. En 2019, l’équipe Russe poursuit seule les explorations jusqu’à la côte de -1158 m. Le gouffre se rapproche significativement de Boi Bulok et notamment des galeries dans le secteur de la “New Part”, vers -600 m. En 2020, malgré de nombreux échanges avec les Russes, aucune expédition n’est organisée en raison de l’épidémie de COVID. Malgré l’effectif réduit (17 personnes), les explorations ont pu être continuées dans les gouffres de Boi Bulok et de Vischnevskii pendant 14 jours sur place avec à la clef : (i) de nouvelles galeries découvertes et topographiées dans les zones profondes ainsi que dans les amonts, (ii) une sécurisation des équipements en place et (iii) la retopographies des galeries anciennes. La jonction tant espérée entre les deux cavités n’a pas pu être réalisée mais les deux galeries potentiellement “jonctionnables” ont été identifiées dans les deux cavités. La distance manquante est d’environ 100 m, mais le passage est étroit et nécessite quelques aménagements. L’expédition est lauréate des Bourses Expé by Cabesto 2021 et bénéficie d’un soutien matériel et financier de la part des entreprises Cabesto, Petzl, Béal et Katadyn Group. Le projet bénéficie aussi du soutien des comités départementaux de spéléologie du Doubs (25) et de l’Ariège (09). Plus d’informations et rapport en téléchargement sur le site de Continent 8 : www.continent-8.org. Depuis février 2022, en raison de la guerre déclenchée par la Russie sur le sol ukrainien, toute collaboration avec les ressortissants russes est délicate, notamment aux yeux de l’UIS, et par extension de la FFS. Par ailleurs les vols Europe <-> Moscou permettant ensuite d’atteindre Tashkent sont devenus plus difficiles à réserver pour les occidentaux. La région du Sourkhandaria reste aussi en vigilance extrêmement élevée du fait de la proximité avec l’Afghanistan – actuellement contrôlée par les groupes armés. Pour toutes ces raisons, les projets d’expédition dans cette région sont suspendus.

Expédition Totesgebirge Griesskar 2020 (attestation CREI 7-2020)

Communication de Arnauld Malard

En dépit des difficultés liées au COVID 19, l’Edition 2020 de l’expédition Totesgebirge, Autriche, s’est déroulée sans soucis du 12 au 20 aout et a rassemblé 12 participants. Cette année, Les explorations se sont concentrées sur 4 cavités : le Bergwerkhöhle, l’Emmentalhöhle, le Dunstloch et le Tunnelhöhle. Le gouffre du Bergwerk (Bergwerkhöhle) a été exploré et connecté au réseau dans le secteur du Tunnelhöhle (+ 1’100 m de développement, 240 m de profondeur). L’Emmentalhöhle est une nouvelle cavité découverte cette année et explorée jusqu’à la cote de -47 m. La cavité développe 330 m et promet encore de belles découvertes. Dans le Dunstloch, plusieurs galeries ont été explorées dans les niveaux fossiles de Dagobah dont un nouveau passage (le « Triassic Park ») qui offre un accès plus aisé vers le fond. Une pointe a aussi été faite au fond du gouffre, repoussant sa profondeur à -564 m depuis l’entrée. La profondeur du réseau à cet endroit atteint donc la cote -706 m par rapport à l’entrée la plus haute (Tunnelhöhle). Au Tunnelhöhle, plusieurs travaux ont été menés : des explorations vers -350, du déséquipement et un travail de retopographie de la cavité entre la cote de -300 et la surface car nous nous doutions qu’il y avait une erreur. C’était bien le cas car le report topo indique une profondeur supplémentaire de 77 m ! Plus de 200 m de nouvelles galeries ont été découvertes et topographiées dans cette cavité en 2020. Quelques reconnaissances ont été faites en surface pour trouver de nouvelles entrées. Au total, ce sont 2’740 m de nouvelles galeries qui ont été explorées et topographiées pendant cette expédition. Fin 2020 le réseau du Griesskar développe 28’002 m pour une profondeur inchangée de 713 m. Le Fond du Dunstloch (- 706 m) est potentiellement le prochain record de profondeur du réseau car arrêt en tête d’un puits de 30 m. Cette expédition est avant tout un excellent travail de collaboration interclub entre Autrichiens, Français et Suisses de moyenne d’âge jeune. D’excellents contacts sont noués aussi avec les allemands qui explorent la partie supérieure du Tunnelhöhle. Plus d’informations et rapport en téléchargement sur le site de Continent 8 : www.continent-8.org. Les expeditions se sont poursuivies sur le massif en 2021, 2022 et en 2023