Porracolina 2020 à 2023

Communication Patrick Degouve

Pays : Espagne

Région : Santander

Clubs : GSHP (65) et S. C. Dijon(21)

Responsable : Patrick Degouve, 33 rue de Labat 64800 Asson

Participants :

N. Bondon (S.C.Dijon), P. Degouve (S.C. Dijon/GSHP), S. Degouve (S.C. Dijon/GSHP), C. Clary (SCV), A. Fuentes (AER – Espagne), L. Garnier (GSV), L. Guillot (ASPP – 39), O. Haure (GUCEM), A. Lorentz (GSHP) R. Martinez (Wychy)(AER – Ramales Es), Ph. Mathios (SCC – 31), J.N. Outhier (ASPP), B. Pernot (S.C.V.), G. et M. Simonnot (+ famille), P. Smith (Matienzo caves – GB), M. Tessane (GUCEM), M. Ulises (GSHP), D. Vidal (GSHP), F. Verlaguet (GSVO – 64).

Malgré les perturbations liées au Covid, les explorations ne se sont pas vraiment interrompues durant ces 4 années. Celle-ci se sont principalement concentrées sur 5 secteurs situés sur les massifs de Porracolina, du Fraile, de la Lusa, de Piluca et du Mortillano. Elles ont été réalisées pour la plupart en collaboration avec des clubs Espagnols notamment l’AER (Ramales) mais aussi avec des anglais du Matienzo Cave Project pour la partie nord de la vallée d’Asón.

Malheureusement, en 2023, elles ont été endeuillées par la disparition de notre ami Bruno Pernot lors d’une exploration dans le massif de la Lusa. Bruno était depuis plus de 30 ans un pilier de nos explorations en Cantabria et sa disparition va laisser un grand vide.

Explorations sur le massif de Porracolina

·        Réseau Cueto-Coventosa et environs

En amont de la résurgence de la Cubera, principal exutoire du réseau Cueto-Coventosa, nous nous intéressons depuis de nombreuses années à une émergence temporaire dont l’origine reste énigmatique : la fuente del río Sordo. Motivés par un fort courant d’air, des travaux de désobstruction ont été entrepris mais pour le moment sans résultat. Nous avons donc repris les plongées dans le siphon qui se présente à une cinquantaine de mètres de l’entrée. Celui-ci avait été reconnu sur 190 m avec un point bas à -39 m (P. Degouve 1993 puis Y. Tual en 2005 et 2009). En 2019 Fredo Verlaguet effectue une nouvelle plongée de reconnaissance mais après une remontée jusqu’à -20 m, la suite n’est pas trouvée. En fait, l’amont de ce delta souterrain semble plutôt se situer au point le plus bas du siphon (-43 m). Une nouvelle plongée prévue en juillet 2023 a été contrariée par une crue inattendue. De ce fait, elle constitue un objectif prioritaire pour l’année à venir.

En 2020, un autre siphon situé dans une cavité voisine a été reconnu sur 70 m (-10 m) par Manu Tessanne. Il est prolongé jusqu’à 120 m deux ans plus tard par Fredo Verlaguet qui atteint la profondeur de -36 m. La jonction entre les deux conduits noyés est quasi certaine mais reste à concrétiser.

Parallèlement nous avons repris l’exploration des galeries situées juste avant le siphon terminal de la cueva Coventosa. C’est une zone de conduits étagés, assez complexe, mais qui a déjà livré quelques bonnes surprises avec la découverte d’environ 440 m de nouveaux conduits.

En altitude, après quelques travaux, le gouffre de la Ruine a livré une succession de puits explorés jusqu’à la profondeur de -230 m.

Massif du Fraile

·        Réseau du Gándara :

Durant ces dernières années, nos recherches se sont essentiellement concentrées sur l’aval du réseau et le delta souterrain qui se développe dans son extrémité orientale. Celle-ci est caractérisée, sur un plan géologique, par la présence de lentilles à Mudmouds qui favorisent la confluence de drains totalement indépendants plus en amont. Suite à quelques travaux de désobstruction parfois ingrats, nous avons pu accéder a des galeries post siphons dont l’exploration, réalisée dans les années 80, n’avait jamais été reprise. Cela nous a permis de connecter une nouvelle entrée au réseau et de découvrir des conduits fossiles qu’on ne soupçonnait pas. Au total 2200 m de galeries ont été parcourus. Le développement du réseau est désormais de 119 km pour un dénivelé total de 814 m.

·        Cueva Tonia :

La cavité a été ouverte par désobstruction en 2019 notamment par José Leroy et son exploration a débuté dans la foulée aboutissant à la découverte d’un ruisseau souterrain qui a pu être remonté sur près d’un kilomètre jusqu’à une trémie. En 2020 une escalade est réalisée peu avant le terminus. Elle donne accès à un conduit fossile, continuation logique de celui existant peu avant. 900 m de nouvelles galeries ont ainsi été ajoutés au développement qui passe à 2025 m (± 170 m). Cette cavité constitue l’ultime affluent rive gauche du collecteur de la Gándara, mais la jonction semble peu évidente.

·        Torca del Pasapuré

Située à l’aplomb même du réseau, nous pensions pouvoir établir sans trop de difficulté la jonction entre les 2 cavités. Une trémie en a décidé autrement et à stoppé notre progression à -326 m (développement : 1404 m)

·        Recherches dans le secteur de la Lunada, la torca de Lastrias 1

A l’envers du massif, sur les extrêmes amonts du réseau, nous nous sommes intéressés à des cavités anciennement explorées par nos amis de Burgos. Dans l’une d’elle, la torca de Lastrias, un improbable boyau aspirant s’est révélé être l’accès à un gros conduit parallèle que nous avons pu explorer sur plus de 1100 m (développement total : 1756 m ; -144 m)

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Massif de la Lusa

·        Torca de los Copetes :

Curieusement, la torca de los Copetes avait échappé aux recherches des différentes équipes étant intervenues sur le secteur. Nous l’avions repérée en 1987 lorsque nous explorions le réseau de la cueva del Lobo puis en 1991, mais compte tenu de l’altitude, nous avions imputé le courant d’air soufflant aux différentes entrées supérieures. Mais il fallait quand même en avoir le cœur net et il faudra attendre 30 ans pour que nous y retournions pour constater qu’il existait une autre origine à ce courant d’air violent et glacial. Après quelques travaux de désobstruction nous sommes parvenus à une série de puits rejoignant vers -200 m un niveau de galeries. L’exploration a livré près d’un kilomètre de conduits pour une profondeur totale de 242 m. Dans ce secteur d’autres gouffres ont été découverts et les chances d’atteindre un collecteur semblable à ceux s’écoulant plus au nord ne sont pas négligeables.

Massif de Piluca (Nord d’Arredondo)

·        Torca de Rotura

Nous avions découvert ce gouffre en 1988 et exploré jusqu’à -73. A l’époque nous nous étions arrêtés devant un boyau impénétrable et parcouru par un violent courant d’air.

Trente ans plus tard, en février 2018, nous nous décidons à revoir le terminus car entretemps, une grande cavité, la cueva de la Vallina, a été explorée par nos amis anglais et l’une de ses galeries passe environ cent mètres sous l’entrée de la torca. Cinq sorties très sporadiques réparties entre 2018 et 2022 seront nécessaires pour ouvrir un conduit sur 7 m, accéder à deux autres petits puits de 14 et 10 m et rejoindre la cueva de la Vallina à -95 m.

Massif du Mortillano et karst de la Sierra Verde:

·        Cueva de Carcabon

Ce réseau pourtant prometteur reste d’un accès délicat en raison de sa forte sensibilité aux moindres variations du niveau d’eau. En crue la grande majorité des galeries explorées (13 km au total) se retrouvent sous l’eau à l’exception de quelques conduits fossiles situés bien au-dessus de la zone épinoyée (point haut à +190 m). Pour cette raison et à cause d’une météo très capricieuse l’été, les explorations menées avec l’AER (Ramales) ne progressent pas aussi rapidement que nous le souhaiterions. Réalisées au cours de bivouacs rendus nécessaires pour atteindre les points les plus éloignés, elles ont toutefois permis de progresser de plus de 2,5 km durant cette période. Curieusement, sur la totalité du réseau que nous avons parcouru, la rivière souterraine n’est jamais visible à l’exception de quelques regards sur des niveaux noyés. En 2022 à l’extrémité d’une longue galerie épinoyée, mais totalement sèche lors de notre visite, nous nous sommes arrêtés pour la première fois à l’aplomb d’un véritable actif. Faute de cordes suffisantes nous n’avons pas pu l’atteindre. A suivre en 2024.

·        Torca de los Cubillones

Face à ces difficultés nos efforts se sont donc reportés sur les recherches en surface afin de trouver un autre accès. Une bonne cinquantaine de nouvelles cavités ont été explorées, mais rares sont celles qui dépassent 50 m de profondeur. Toutefois parmi elles la torca de los Cubillones idéalement placée par rapport au réseau a pu être explorée jusqu’à la profondeur de 255 m suite à deux désobstructions épiques. La seconde, dans un étroit méandre arrosé, a percé la voûte d’une gigantesque salle de 130 m x 180 m et haute de plus de 70 m (salle José Gambino) offrant ainsi une spectaculaire descente plein vide. Malheureusement les quelques puits qui lui font suite sont tous colmatés et plusieurs escalades se sont soldées par des échecs.

Autres activités

·        Inventaire

Notre travail d’inventaire se poursuit sur ces différents massifs. A la fin de l’année 2023 celui-ci contient un peu plus de 3560 références consultables pour une partie sur le site karstexplo.fr (fiches téléchargeables) et désormais sur la base de données fédérale karsteau.org . Toutes les infos sont en accès libre. Elles concernent à ce jour 2588 entrées assorties de 6511 documents.

·        Participation au 14° congrés Eurospéléo (Burgos et Ramales) :

Conférence sur le réseau de la Gándara.

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Légende des photos

Bruno.jpg : Bruno Pernot (1968–2023), un ami et un pilier de nos explorations en Cantabria (Photo Damien Grandcolas)

Cartesecteurs.jpg : situation des principaux massifs.

Carte-Carcabon.jpg : La cueva de Carcabon ( 13055 m ; ±213 m) et la torca de los Cubillones (-255 m)

CoupeSalleGambino.jpg : Coupe développée de la salle José Gambino (torca de los Cubillones)

SHUANGHE 400 : BILAN DE L’EXPÉDITION EN CHINE

BARTHOLEYNS Jean-Pierre, BOTTAZZI Jean, FAVERJON Marc, HUGON Bruno

Ci dessus Galerie du Far West – Bojiyandong                                        Photo Bertrand Hauser

jp.bartholeyns@gmail.comjbottazzi@laposte.net marc.faverjon@yahoo.com –  bruno.hugon@orange.fr

Introduction

«SHUANGHE 400», la 22e expédition scientifique internationale dans le réseau de Shuanghedong, Suiyang, Guizhou a été organisée sur l’initiative concertée du géoparc national de Shuanghedong et de Shierbeihou (Twelve Backs Tourism Development Co., Ltd., en charge du développement touristique).

  • en partenariat avec le Guizhou Institute of Mountain Resources, GIMR et le Guizhou Cave Association, Guizhou Tourism Geoscience Society,
  • grâce à l’invitation de l’Académie des sciences du Guizhou,
  •  avec le parrainage de l’Union Internationale de spéléologie (UIS), de la Fédération européenne de spéléologie (FSE), de la Commission des relations internationales et des expéditions – CREI de la Fédération française de spéléologie (FFS), et de la Société italienne de spéléologie (SSI)
  •  avec le sponsoring de SCURION via la FSE.

Elle s’est déroulée du 16 septembre au 8 octobre 2023, sur et sous le massif de Shuanghe qui est situé sur le district de Suiyang, Zunyi, province du Guizhou en Chine,

Shuanghe 400 n’a pas bénéficié des meilleures conditions météorologiques. Une forte motivation et une allure régulière, acharnée, a permis de tirer le meilleur des objectifs accessibles en toute sécurité.

Explorations

Duiwodong

Le tiānkēng de Duiwodong laissait espérer une extension du réseau au nord/est. Hélas, les 3 principaux points d’interrogation du secteur n’ont pas remplis nos espérances. L’affluent en aval du siphon de la rivière du 500 m nage libre (300 l/s) a butée sur un siphon suspendu faiblement alimenté au bout de 260 mètres. L’affluent du Mâconnais a, lui aussi, buté rapidement sur un grand puits remontant. La galerie fossile de l’amont des Croûtes (350 m) s’est soldée par 4 arrêts différents sur des étroitures impénétrables bien ventilées, produites pour 3 d’entre elles par des coulées de calcites, et une étroiture en voûte mouillante pour la dernière.

L’aval de la petite rivière des Croûtes a bouclé au bout de quelques centaines de mètres avec le réseau connu.

Dans la paroi ouest du tiānkēng, face à notre ligne de descente, un semblant départ de galerie attirait notre attention. Il a été atteint après avoir été ouvert intégralement sur 800 mètres à la machette dans de très raides pentes envahies par des bambous et épineux variés. Il s’en est suivi une descente sur corde de 30 mètres enchaînant sur une vire. Grosse déception de constater que la galerie convoitée n’était qu’un petit puits remontant impénétrable au flanc éventré !

Par ailleurs, le seul problème de bouclage topo de tout le réseau a été résolu en refaisant quelques centaines de mètres de relevés.

Le développement ajouté à la topographie de Duiwodong est de 1319 m.

Les espoirs d’extension du réseau vers Zheng’an par Duiwodong résident désormais dans une branche aval non ventilée de la rivière.

Xiujiandong (traversée des Elagueurs)

Lors de l’ouverture du sentier d’accès évoqué ci-dessus, nous sommes tombés dans le fond d’un ravin sur une petite ouverture au courant d’air aspirant. Un petit réseau sympathique avec un P14, et de 219 m de développement nous a permis de ressortir à l’extérieur, dans un beau canyon, juste au sommet de la grande cascade ouest qui se jette dans le tiānkēng de Duiwodong.

Bien que située sans doute au-dessous du seuil de déversement du tiānkēng, les 219 m topographiés dans cette cavité ne seront pas comptabilisés dans le développement du réseau de Shuanghedong.

Bojiyandong

Les explorations à Bojiyan ont été facilitées et sécurisées par la pose de cordes sur l’accès qui présente des vires et désescalades faciles mais exposées. La trémie désobstruée à -100 a été re-calibrée et ne présente plus d’étroiture sélective.Nous avons descendu le P60 (en fait un P45) pour retomber dans les plafonds de la grosse galerie retrouvée. Coté aval elle bouclait avec la zone du P20 où plusieurs puits sans suite ont été descendus. Seul le rayon du laser est passé au-dessus des puits, nous épargnant un dur labeur. Coté amont, la grande galerie retrouvée (galerie du Cap Nord) a été suivie sur 800 mètres, après avoir dû traverser le grand puits du Coup de Bambou, et passer un passage très bas dû à une trémie et à un amas d’argile.

ci dessus Galerie du Cap Nord – Bojiiyandong        Photo Bertrand Hauser

Une petite rivière latérale a été remontée jusqu’à un puits remontant arrosé. Le terminus exploré est un nouveau grand puits, descendu partiellement et en face duquel la galerie pourrait peut-être se poursuivre ?

Ces découvertes ouvrent sur des zones «blanches » à l’ouest du réseau.

Une autre galerie latérale, la galerie de la Chauve-souris a été parcourue sur plus de 700 m après le franchissement de plusieurs petits puits en vire. La partie terminale qui bute sur des bouchons de calcite est particulièrement concrétionnée.

Lors d’une journée avortée à cause d’une crue quelques prolongements ont été topographiés dans un enchevêtrement de petites galeries.

Salle de la Da coupole – Huoyangping                                                     Photo Bertrand Hauser

Un autre gros objectif à Bojiyan était le « P110 » situé vers -120 m au terminus de la galerie d’entrée. Il s’agit en fait d’un P240 ! (220 m depuis le palier d’accès). Le puits arrosé a été équipé hors crue, ce qui se traduit par «dans la boue !». Un pendule acrobatique à 25 m du fond a permis de rejoindre une galerie fortement ventilée qui a été parcourue sur environ 300 m, arrêt sur pincement de la fracture. Le réseau est un des plus «chers» de la Shuanghe !

Dans ce puits, le long réseau qui débute en lucarne a fait l’objet d’un début de déséquipement.  Une branche a été découverte à cette occasion qui reste à poursuivre. 

Développement ajouté à Bojiyan = 4697 m

Huoyangping

La branche la plus à l’ouest, où l’exploration était arrêtée sur un P30 au sommet d’un grand vide, a été poursuivie par la découverte de deux grandes salles de 150 x 120 mètres et de 120 x 80 mètres. Des galeries chaotiques ont été poursuivies de part et d’autre, mais elles butent assez rapidement sur des colmatages ne laissant aucun espoir de suite. A noter que cette découverte nous rapproche grandement de l’aval de la galerie du Far-West de Bojiyan, qui semble en constituer le prolongement.

L’escalade, commencée en 2019, d’un affluent au-dessus des grands puits (P200), a été terminée. Après 35 mètres d’escalade bien arrosée, la petite rivière du SMIC (c’est le prix qu’on estime avoir été payé pour l’escalade) à été poursuivie sur quelques centaines de mètres, jusqu’à une trémie avec radicelles. Dans une petite galerie latérale, l’exploration reste à poursuivre.

Dans la branche d’accès aux grandes salles, l’enchaînement de 2 puits de 17 et 60 mètres n’a pas permis de terminer cette branche qui se poursuit par un P50 non descendu.

Peu avant les grandes salles un P30 a été descendu, avec pour seule suite des puits fissures impénétrables.

Développement ajouté à Huoyangping = 1468 m

Hongdingyan

Entre le P36 et le P18, un P25 fractionné au départ boueux a livré accès à la rivière de la salamandre. Ce beau méandre caractérisé par de grandes marmites continue. La météo faisant craindre des orages, l’exploration a été interrompue au niveau d’un petit affluent arrosant un passage en opposition.

Développement ajouté à Hongdingyan : 168 m

Hors réseau… pour l’instant

A l’extrême sud, mais non connectée au réseau, une traversée  de 2,5 km avait été réalisée en 2019 entre Liangfengdong et Liangfengshangdong. En rentrant par cette 2 ème cavité, les plafonds où subsistaient d’éventuels points d’interrogation, ont été auscultés minutieusement, permettant de clore définitivement tout espoir de suite. Dans le même ordre d’idée et dans le même secteur, la grotte Dawandong a été ré-inspectée pour être définitivement classée comme terminée.

La fin de l’expé nous a conduit à Zheng’an , à Mawangdong, entrée inférieure du réseau de Jishedafengdong, une cavité qui semble aujourd’hui ne pas pouvoir rejoindre le réseau de Shuanghedong. Le franchissement d’une escalade de 8 m nous a notamment permis d’explorer plus de 700 m de galeries chaotiques en direction du sud-est tandis que la rivière poursuit sa course à la profondeur de-334 m.

 Développement ajouté à Jishedafengdong  : 1118 m (développement total : 6830 m).

Dayingyandong, une cavité connue depuis 2023 a été poursuivie. Cette résurgence dans le poljé de Ranghui ne rejoindra jamais le réseau de Shuanghedong mais peut livrer un beau système sous le massif voisin de Kuankuoshui. Cette exploration a permis de détecter et corriger trois grosses erreurs dans le pointage des grottes du poljé de Rangshui qui alimente le réseau de Shuanghedong par la perte de Dadong.

Des prospections systématiques ont été conduites. Sept autres cavités, de moins de 200 m de développement chacune, totalisent 743 m de développement et complètent nos informations sur la karstification de la partie haute et de la bordure nord-ouest du massif sous lequel se développe le réseau de Shuanghedong. On notera notamment la grotte de Goujiadang qui, à 1640 m d’altitude, est la plus haute des cavités en exploration du secteur.

Enfin, une toute petite entrée perdue dans la montagne, Xiutanqidong (Snifette),  a été parcourue sur 284 m. Elle pourrait devenir une des nombreuses têtes de réseau de Shuanghedong.

Shuanghedong Réseau, 09/2023: 415 km, -912 m. Jean Bottazzi, Marc Faverjon, Jo De Waele

Résumé des explorations en quelques chiffres :

10112,02 m topographiés en tout dont 7386,01 m dans Shuanghedong.

Le réseau de Shuanghedong à la fin de l’expédition affichait un développement de 414062 m pour une profondeur (inchangée) de 912 m.

Observations scientifiques

Jo De Waele et Wang Deyuan ont focalisé leurs efforts sur l’observation et l’échantillonnage de roches dans des cavités telles que Pixiaodong, Bojiyan, Shanlingdong, Hejiaodong, Liucaoguxiadong, Mawangdong et Datutianjiaodafengdong  pouvant éclairer la question de la genèse du réseau. Les sites ont été sélectionnés principalement en fonction de la présence de gypse et de célestite et de la position par rapport aux strates de schistes.

Croûte de gypse (blanc) couvrant la célestine (Blue) – Pixiaodong        Photo Jo De Waele

La participation des spéléologues

L’équipe de base a réuni 8 spéléologues européens dont 5 Français : Jean Bottazzi, Marc Faverjon, Bertrand Hauser, Bruno Hugon, Gilles Connes  ; un Portugais : Carlos Placido, et deux Belges : Jean-Pierre Bartholeyns et Jo De Waele.

L’équipe d’expédition est composée et organisée autour de différentes compétences adaptées aux exigences de l’organisme qui nous invite : spéléologues, instructeurs en techniques de spéléologie, topographe ayant aussi des connaissances en géologie, cristallographie, informatique, cartographie, photographie et protection du karst. Chaque jour, ils ont travaillé en trois ou quatre équipes autonomes, selon l’importance et la difficulté des objectifs à atteindre et déterminés par la connaissance du terrain et les analyses topographiques. Relativement nombreux lors de cette expédition, des spéléologues chinois ont parfois été intégrés aux équipes d’exploration. Ils ont été plus de 27 dont Li Po, He Wei, Qian Zhi, Zhou Wenlong, Wang Deyuan, Zhang Kaiqi, Zhao Zhongguo, Zhao Fei, Ye Rurui, Liu Jia, Gao Zhan Dong, Wang Qiaoneng, Wang Sunhong, Wang Liangtong, Zhang Hongzhi, Luo Shuwen, Lorue, Kriss, Chao Jian, Yuan Na, Wuhai Bo, Hui Changwang, Wang Yong, Wang Rong, Shi Yichen, Tom.

Le temps passé sous terre par l’ensemble des participants atteint un total de 1059 heures, en ce non comptées les heures, non négligeables, passées à prospecter avec l’aide des volontaires locaux et qui ont permis la localisation de nouvelles entrées de grottes. Les renseignements ainsi glanés lors de ces journées de prospection sont précieusement archivés et géolocalisés sur carte. Leur interprétation permet une meilleure connaissance générale de la zone karstique étudiée.                                                                                                                           

Stage de formation

Mettant fin à 3 années d’interruption, la tradition des stages de formation à la spéléologie a été relancée. Treize stagiaires y ont participé. Nous avons été surpris par le niveau d’autonomie d’un bon nombre d’entre eux.

Conclusion et perspectives

La question prioritaire à laquelle cette expédition voulait répondre, à savoir les possibilités d’extension sous le karst de Zheng’an situé au nord-est, a trouvé une réponse déplaisante : ce ne sera pas facile du tout.

Par contre, le «blanc de la carte» au nord-ouest présente un potentiel suffisant pour épuiser bien des spéléologues. Bien que le grignotage systématique conduit par conduit constitue dorénavant la méthode d’investigation la plus efficace, des découvertes comme la galerie du cap nord montre que de grandes galeries peuvent encore être découvertes et offrir des avancées spectaculaires. 

L’expédition «Shuanghe 400» a bénéficié d’une très large couverture médiatique tant dans la presse écrite que sur les plus importantes chaîne télévisées chinoises. Elle a également fournit un cadre pour un reportage sur les expéditions spéléologiques franco-chinoises en tant que modèle de réussite par l’amitié et la coopération.

TALASSEMTAN-OUED FARDA

EXPEDITIONS FRANCO-MAROCAINES

2-18 août 2022 et 10-23 août 2023-Communiqué Michel Chassier

Le site de l’expédition.

Maroc, Province de Chaouene, Cercle de Talembote. Dorsale calcaire du Rif, massif du Lakraa-Tissouka.

Les participants.

2022 : Michel CHASSIER, Frédéric BERTRAND et Pascal CHASSIER (Spéléo Club de Blois), Pierre MARECHAL (Spéléo Club de Touraine), Abdelmoghit El HASNAOUI (Association Chefchaouene de Spéléologie et Activités de Montagne), Mohamed Amin LASRI (Association Marocaine de Spéléologie de Taza).

2023 : Frédéric BERTRAND, Michel CHASSIER, Pascal CHASSIER, Hubert DUPOU, Jean-François HAZON et Patrick JULLIEN (Spéléo Club de Blois), Abdelmoghit El HASNAOUI (Asociación de Deportes de Montana y Medio Ambiente en Xaouen), Ayoub NEHILI, Soufian KAAB, Taha Younes ARRAD (Moroccan Explorers), Soumia El MOUTAOUKIL (biologiste) et Samira KADDOURI (géologue).

Résultats.

  • Kef Ansar Tinioune : 852 m supplémentaires topographiés en 2022 grâce aux pompages mis en place par les autochtones pour l’irrigation, le développement atteint 1 989 m.

Le fonctionnement de cette exurgence temporaire a pu être mieux compris, les possibilités de continuation sont limitées (siphon étroits), mais une étude hydrologique globale reste à faire.

  • Kef Bradâa : découvert en juin 2022 par des spéléos de Chaouene, exploré et topographié sur 1 164 m en 2022, le développement atteint 3 209 m en 2023.

Ce système en cours d’exploration comprend deux réseaux qui se sont recoupés par capture. L’actif principal situé au niveau supérieur prend désormais une autre direction.

Comme dans le cas du Kef Ansar Tinioune ce réseau subhorizontal met en évidence la présence d’aquifères étendus qui restent à étudier pour déterminer leur niveau de base, leur potentiel et les conditions géologiques qui ont conduit à l’établissement de drains karstiques importants.

Une expédition est prévue en 2024 en liaison avec les spéléos marocains afin de poursuivre les explorations au Kef Bradâa et d’entreprendre des recherches en surface.

Quelques cavités ont été explorées sur le massif, portant le bilan à 2 261m topographié en 2022, 2045 m en 2023.

A ce jour 217 cavités sont explorées dans ce secteur de la Dorsale calcaire, pour un développement total de 25 519 m.

Ci dessus Le siphon amont du Kef Bradâa (Oued Abdoune)

Expédition « Nord-Pérou 2023 » (n° 14/2023)

Communiqué de J.L Guyot

Pays : Pérou

Club : Groupe Spéléo Bagnols Marcoule – GSBM

Responsable : Jean-Yves BIGOT (jeanbigot536@gmail.com)

Participants fédérés à la FFS : Jean-Loup GUYOT, Jean-Yves BIGOT, Julien JEANNIN, Pierre BEVENGUT

Autres participants : Andreas KLOCKER (AT), Antonio de POMAR (PE), Boaz LANGFORD (IL), Chris DENHAM (GB), Dominik FROHLICH (DE), Elisa ARMIJOS (EC), Gareth DAVIES (GB), Liz HIDALGO (PE), Martin HOLROYD (GB), Mike FUTRELL (USA), Olivier FABRE (FR), Peter TALLING (GB), René HAEMERS (NL).

Dates : 25 août -> 30 novembre 2023

L’expédition Nord Pérou 2023 s’est déroulée dans les régions d’Amazonas, de Loreto et de San Martín. Avec 17 participants, les explorations se sont portées sur des terrains variés pendant plus de deux mois.

Première partie en altitude : massif de Granada (Rodriguez de Mendoza, Amazonas)

L’expédition a débuté en altitude (3500 m) sur les sites repérés en 2022, avec une équipe internationale de 9 spéléos, malheureusement sans présence française suite à une succession de problèmes personnels. Le Tragadero de la Soledad repéré l’année précédente a donné une suite prometteuse (2345 m, -205 m), et de nombreuses autres pertes ont été repérées et partiellement explorées dans le même secteur. Plus au Nord, au-delà du Pico del Oro, deux gouffres indiqués par le guide Lorenzo ont été explorés jusqu’à -150 m, arrêt par manque de corde dans ces deux cavités, très bien situées au-dessus de la source du Rio Negro (20 m3/s) située 2500 m plus bas… Bilan : 7 cavités explorées et topographiées (3102 m de développement) et plusieurs gouffres/pertes repérés – non explorés.

Deuxième partie à Luya et Soloco (Luya/Chachapoyas, Amazonas)

Au cours de la seconde quinzaine de septembre, une équipe franco-péruvienne réduite (2 péruviens et 1 français) explore quelques petites cavités dans les environs de Luya, puis se dirige à Soloco pour entreprendre l’exploration du Tragadero de Santa Maria découvert en 2003 ! Cette perte n’avait jamais été explorée, malgré sa situation remarquable en tête du réseau de Parjugsha, le système karstique le plus long connu à ce jour au Pérou. En deux sorties, ce groupe a atteint la profondeur de -160 m pour un développement estimé de 500 m, mais sans réaliser de topographie précise. Bilan : 4 cavités explorées dont 3 topographiées (110 m de développement), et ça continue gros à Santa Maria…

Troisième partie à Soloco (Chachapoyas, Amazonas)

L’équipe franco-péruvienne, maintenant au complet (5 personnes) se retrouve à Soloco. Les premiers jours sont dédiés au secteur de Toclón situé dans les parties hautes du massif de Soloco. Une cavité (Toclón 50) avait échappé à nos prospections menées depuis le camp d’Ancayrrumo en 2018. Cette cavité, nommée Tragadero Olvidado, est reconnue et topographiée (300 m, -69 m) jusqu’à une cascade infranchissable. Le collecteur en crue (environ 1 m³/s) ne nous permet pas de poursuivre l’exploration. Dans le même secteur, d’autres cavités sont explorées sans grand succès : Toclón 09 (102 m, -54 m), Toclón 10 (102 m, -80 m), Toclón 11 (87 m, -46 m) et Toclón 23 (47 m, -26 m). L’équipe reprend ensuite l’exploration du Tragadero de Santa Maria, sans dépasser le terminus de l’équipe précédente en raison de fortes pluies, et réalise une topo partielle (270 m, -91 m). Bilan : 7 cavités explorées (823 m), et 2 cavités repérées – non explorées.

Quatrième partie : mission hydrologique (Loreto, Amazonas et San Martín)

La fin de l’expédition correspond à une mission pour l’IRD aux stations hydrologiques de Borja (Alto Amazonas, Loreto) et Chazuta (San Martín, San Martín) du Service d’Observation HYBAM. En cours de route, un détour permet de découvrir un nouveau massif inexploré à Valle Andino, riche en cavités selon les habitants du secteur (Rodriguez de Mendoza, Amazonas). A suivre…

Plus d’informations sur le site www.gsbm.fr

Détails de l’expé : https://www.gsbm.fr/expeditions-speleo-perou/expedition-nord-perou-2023/

Photo : Tragadero de la Soledad (Vista Alegre, Rodríguez de Mendoza, Amazonas, Pérou) – M. Futrell.

Expédition « Nord Pérou 2022 » (n° 4/2022)

Communiqué de J.L Guyot

Pays : Pérou

Club : Groupe Spéléo Bagnols Marcoule – GSBM

Responsable : Jean-Loup GUYOT (jloup@gsbm.fr)

Participants fédérés à la FFS : Gino STACCIOLI, Jean-Loup GUYOT, Jean-Yves BIGOT, Patrice BABY, Pierre BEVENGUT, Raphael GUEIT, Sara GUYOT

Autres participants : Antonio de POMAR (PE), Carol ROMERO (PE), Fleur LOVERIDGE (GB), Liz HIDALGO (PE), Mirla RAMIREZ (PE), Olivier FABRE (FR), Patricio REATEGUI (PE), Peter TALLING (GB)

Dates : 04 septembre -> 04 novembre 2022

L’expédition Nord Pérou 2022 s’est déroulée dans trois régions du Pérou : Amazonas, San Martín et Cajamarca. Avec une douzaine de participants, les explorations se sont portées sur des terrains variés pendant deux mois.

Première partie en altitude Granada – Pico del Oro (Chachapoyas et Rodriguez de Mendoza, Amazonas)

L’expédition a débuté en altitude (3500 m) avec une équipe réduite, sur les hauteurs du village de Granada à la recherche de gouffres et de pertes alimentant la puissante résurgence du Rio Negro (20 m3/s) située 2500 m plus bas. Les distances, l’altitude, les problèmes de santé, et le temps réduit n’ont pas permis de grandes avancées dans l’exploration de ce massif distant du « Pico del Oro ». Le 20 septembre, la seconde vague de participants a rejoint l’équipe initiale, ce qui a permis la reprise de l’exploration du Tragadero de la Laguna Maria Gondolan (LMD). Là aussi, les difficultés techniques rencontrées ont été telles, que l’équipe a décidé d’écourter l’exploration de la perte et de la reprendre lors de la prochaine expédition. Bilan : une cavité explorée et topographiée près du village de Granada (Cueva del Rio Cashcala : 427m), une autre prolongée mais non terminée (Tragadero LMD : 48 m de plus), et 8 gouffres/pertes repérées dont le Tragadero de la Soledad.

Deuxième partie à Soloco, le secteur de Toclon (Chachapoyas, Amazonas)

Le 23 septembre, l’équipe au complet (sauf Fleur et Peter rentrés en Angleterre) s’installe à Soloco. Delà, nous empruntons la piste nouvellement construire qui nous permet d’atteindre en 40 min (15 km) les hauteurs du karst de Toclon (3100 m). Le secteur est immense et d’innombrables méga-dolines se présentent en contrebas de la piste. En deux semaines, une trentaine de ces dolines sont visitées, certaines colmatées, d’autres s’ouvrant sur des puits. Seuls, 6 tragaderos (gouffre-perte) sont explorés dont ceux de la Ventanilla (738 m, -114 m), et de Toclon 03-04 (1183 m, -165 m) donnant accès à un beau collecteur (200 l/s). Bilan : 6 cavités explorées et topographiées (2311 m de développement) et 10 gouffres repérés – non explorés.

Troisième partie dans l’Alto-Mayo (Rioja, San Martín)

Le 8 octobre, le groupe quitte Soloco pour s’installer à la Cueva de Palestina (850 m), notre traditionnelle base arrière dans l’Alto-Mayo. Une dizaine de grottes et gouffres sont explorés dans les secteurs de Palestina (Nueva Cajamarca) et de Aguas Claras (Pardo Miguel), dont le Pozo de Satanas (-101 m). Le 17 octobre, l’essentiel de l’équipe quitte Palestina et rentre à Lima via Tarapoto. Seuls Antonio et Jean-Yves restent sur place, où ils font une reconnaissance à Vista Alegre (Rodriguez de Mendoza, Amazonas), et y repèrent quelques cavités. Bilan : 6 cavités explorées (286 m), et 5 cavités repérées – non explorées.

Quatrième partie au Sud de Cajamarca (Cajamarca, Cajamarca)

Les deux spéléos restant se dirigent au sud de Cajamarca, dans les districts de San Juan et Asunción où ils explorent 3 cavités, dont la Cueva de la Peña Blanca (582 m, -101 m). Bilan : 3 cavités explorées et topographiées (672 m de développement).

Plus d’informations sur le site www.gsbm.fr

Détails de l’expé : https://www.gsbm.fr/expeditions-speleo-perou/expedition-nord-perou-2022/

Rapport d’expé : https://www.gsbm.fr/bulletin-eca-gsbm-nord-perou-2022-perou/

Article dans Spelunca : https://www.gsbm.fr/publications/perou/2023_Spelunca_170_Guyot.pdf

Photo : Tragadero de la Ventanilla (Soloco, Chachapoyas, Amazonas, Pérou) – J.Y. Bigot.

Expédition « Biospéologie au Maroc » (n°17-2023)

Communiqué de Bernard Lips

Pays : Maroc

Club : G. S. Vulcain

Responsable : Bernard Lips, 4, avenue Salvador Allende, 69100, Villeurbanne

Participants fédérés à la FFS : Bernard Lips, Josiane Lips

Autres participants : Sylvain Lecigne (spécialiste des araignées) et Soumia Moutaouakil (chercheuse marocaine en biospéologie)

Dates : 6 au 15 novembre 2023

Cette expédition fait suite à notre participation au congrès spéléo international de Rabat qui s’est déroulé du 2 au 5 novembre (voir compte rendu correspondant).

Le projet de cette expédition est le résultat de plusieurs années de contacts et de travail dans le domaine de la biospéologie marocaine.

Soumia, après participation à deux stages de biologie souterraine en France (Aude et Chartreuse, 2018), organisés par le GEB, a démarré une thèse concernant la biologie souterraine du Maroc à l’université de Marrakech.

Josiane et moi avons encadré le module scientifique (biologie souterraine et topographie) de deux stages de formation, respectivement à Babou Idir (sud de Taza) en 2018 puis à Agadir en 2019. Ces deux stages ont été l’occasion de continuer à aider et à suivre Soumia dans son travail de thèse.

Dans le cadre de ce travail, Sylvain a été contacté pour déterminer des spécimens d’araignées récoltés dans diverses cavités. Plusieurs spécimens se sont révélés correspondre à des espèces nouvelles pour la science et Sylvain a pu décrire ainsi 5 nouvelles espèces.

Désirant poursuivre ce travail d’inventaire, il nous a suggéré d’organiser une expédition dans ce but.

Nous avons fixé les dates de cette expédition en tenant compte du congrès spéléo international de Rabat.

Pendant 10 jours nous avons parcouru la partie centrale du Maroc pour rechercher des araignées dans diverses grottes mais également à l’extérieur dans divers biotopes. Au total nous avons visité 9 cavités et chaque jour nous avons prospecté un ou deux sites extérieurs.

Nous avons profité également de ces visites pour continuer à collecter le reste de la faune souterraine ce qui permettra de compléter l’inventaire de cette faune. Josiane et moi avions visité et même topographié plusieurs de ces cavités lors de notre séjour au Maroc de septembre 1979 à juillet 1981.

Liste des cavités prospectées dans l’ordre chronologique :

* kef el Baroud, visité lors de la journée touristique du congrès,

* ghar Hordaifa, visité en compagnie de Jean-Philippe Dégletagne et Lionel Barriquand avant leur départ pour la France,

* ghar Takkout près d’Oualidia sur la côte atlantique, non loin de Safi,

* ghar Goran, une grande cavité labyrinthique entre Oualidia et Safi, toujours sur la côte atlantique,

* ghar Karkar, une cavité importante creusée dans le gypse au nord de Marrakech,

* la Perle de Ait, nouvelle cavité découverte par le club de Béni Mellal, rencontré lors du congrès, qui nous guide dans cette visite,

* Tagzout, une cavité à l’est de Béni Mellal,

* Ifri ou Berrid, une perte dans la zone de la forêt de cèdres au sud d’Azrou,

* Ifri Ouska, un court tube de lave, à quelques kilomètres d’Ifri ou Berrid.

La plupart de ces cavités ont des développements assez modestes et aucune n’a nécessité de matériel spécifique de progression. Chaque visite durait entre 2 et 3 h, temps nécessaire pour parcourir quelques dizaines de mètres tout en prospectant minutieusement les parois, le sol et les flaques d’eau à la recherche de faune. La plupart des animaux observés ont été photographiés sur site.

Il ne reste plus qu’à faire le plus important : trier, conserver dans de bonnes conditions et déterminer le matériel récolté.

Sylvain s’occupe spécifiquement des araignées. Soumia a gardé au Maroc la majeure partie de la récolte des autres groupes. Bernard a ramené les coléoptères pour faire déterminer, au moins les espèces de la famille des Tenebrionidae, par un spécialiste du musée lyonnais de la Confluence.

Comme d’habitude pour ces expéditions de biospéologie, il faudra l’aide de nombreux spécialistes et des mois, sinon des années pour avoir une liste complète des espèces. En attendant, Josiane tient à jour un diaporama avec les photos des espèces prélevées, accessible sur le site du GEB.

Congrès International du karst, spéléologie et valorisation du patrimoine naturel

3ème édition

Jeudi 2 au dimanche 5 novembre 2023 (Rabat, Maroc)

Communiqué de Bernard Lips

Participants français : Fabien Hobléa, Jean-Philippe Dégletagne, Lionel Barriquand, Josiane Lips, Bernard Lips

Nous sommes 5 spéléos français, tous de la région Rhône-Alpes, à participer au Congrès International de Rabat. Fabien est au Maroc depuis 4 jours, les 4 autres ont pris le même avion mercredi soir à Lyon pour atterrir à Casablanca.

Hicham Benani, membre du comité d’organistion, nous attend à l’aéroport pour nous amener à un hôtel à Casablanca.

Jeudi 2 novembre

Hicham nous recherche jeudi matin à 7 h et nous partons ensemble à l’Université de Rabat, où se déroulera la première journée du congrès. Le lieu rappelle des souvenirs à Bernard puisque qu’il y a enseigné la chimie en tant que jeune coopérant entre septembre 1979 et juillet 1981.

Après les classiques discours inauguraux puis une pause-café, la première session démarre vers 11 h 30 et jusque vers 13 h 30 avec trois conférences dont celle de Fabien Hobléa. Environ 70 personnes sont présentes.

Après le repas servi sur place la 2ème session démarre vers 15 h jusque vers 16 h 30, puis dans la foulée pour gagner du temps, la 3ème session de 16 h 30 à 18 h.

Bernard part avec Soumia Moutaouakil à l’aéroport de Rabat pour chercher Sylvain Lecigne, non spéléo mais spécialiste des araignées et qui est donc le 6ème participant français au congrès.

Le soir nous nous installons dans un studio, loué par Soumia, à Temara.

Ci dessous Josiane Lips présente la Cosci et le Spéléoscope (photo B.L 04-11-2023°

Vendredi 3 novembre

La suite du congrès se passe à la bibliothèque nationale du Maroc, non loin de l’université. Nous y arrivons vers 9 h 30 et les sessions démarrent vers 10 h jusque vers 13 h 30. Soumia présente la faune de ghar Aziza vers la fin de la session. Josiane fait la promotion de Spéléoscope et de la plaquette de la faune souterraine.

Nous déjeunons sur place. Nous reprenons à 15 h jusqu’à une pause vers 18 h. Lionel présente son travail sur la bio-corrosion. Enfin une dernière séance démarre à 18 h 20 jusque vers 20 h.

Nous dînons à l’entrée de la médina puis nous parcourons assez longuement les ruelles de cette magnifique médina marocaine. Retour à l’appartement à Temara peu avant minuit.

Samedi 4 novembre

Nous arrivons à la bibliothèque nationale vers 8 h. Nous prenons le petit déjeuner sur place, en attendant le démarrage d’une nouvelle session. Jean-Philippe présente la technique et des exemples de photogrammétrie. Il présente deux exemples de la grotte de Foissac (le squelette Arthur et une petite salle concrétionnée), un exemple de puits recoupé par l’érosion en Saône-et-Loire puis enfin la grotte Aziza. Nous avons droit à une visite virtuelle de la grotte Aziza avec report sur l’écran de la vision de Soumia dans son casque de réalité virtuelle. Sa présentation a beaucoup de succès. Après deux autres présentations, pause-café de 11 h 10 à 11 h 40 puis reprise des présentations jusqu’à 13 h 30.

Repas puis reprise vers 15 h.

Une table ronde à partir de 16 h permet de faire un bilan du congrès et de spécifier les axes d’études à encourager.

Conclusions

Sur les 56 conférences, communications et posters prévus, 40 ont effectivement été effectuées. Le congrès a regroupé des participants de nombreux pays : France, Italie, Tchéquie, Grande-Bretagne, Canada, Amérique du Sud,  et de nombreuses villes du Maroc. Mais seules 2 associations spéléologiques marocaines étaient représentées.

L’inventaire spéléologique du Maroc reste à poursuivre. Les cavités actuellement connues ne représentent probablement qu’un petit pourcentage des cavités existantes et le seul inventaire publié date de 1981 (Josiane et Bernard y avaient d’ailleurs contribué).

Il faut encourager les clubs spéléos du Maroc à travailler avec les scientifiques et les universitaires. Lors du prochain congrès, il faudra inviter spécifiquement les associations spéléologiques marocaines.

La spéléologie marocaine doit se développer sur 3 niveaux :

  • Niveau scientifiques haut niveau (spécialistes)
  • Niveau Etudiants à encourager
  • Associations, donc amateurs

Pour cela, il faut faire travailler ensemble associations et jeunes chercheurs. Les clubs de spéléologie dans les instituts universitaires pourront proposer des sujets de recherches connectés à la spéléologie.

Un réseau de chercheurs du milieu spéléo et une base de données des adresses de ces chercheurs devront être créés.

Il faudra également ouvrir le milieu spéléo au public par des expositions et conférences publiques

Enfin un thème important reste à développer : droit et obligation dans les grottes.

Le prochain congrès se déroulera très probablement à Béni Mellal en 2025.

Le repas de gala du congrès se déroule de 20 h à 22 h dans un restaurant.

Dimanche 5 novembre : journée touristique du congrès

Pour nous éviter des aller-retours de Temara à Rabat, nous utilisons notre voiture de location pour suivre le bus lors de cette journée touristique.

Quittant l’appartement vers 9 h 15, nous retrouvons le bus du congrès sur la route côtière et nous le suivons jusqu’à la première halte, un abri sous roche d’intérêt archéologique et objet d’importantes fouilles.

Reprenant la route, nous faisons un autre arrêt vers une autre cavité d’intérêt archéologique qui s’ouvre dans le jardin d’une copropriété de la banlieue de Rabat.

Continuant vers le sud nous quittons l’autoroute à Mohamedia pour obliquer vers l’est. Nous nous arrêtons à un restaurant attenant à une station-service pour prendre un thé. Enfin nous arrivons à kef el Baroud, principal but de la sortie, vers 14 h. Le terminus de la piste sert de campement à plusieurs familles marocaines.

Une petite marche et une grimpette nous amènent à la cavité, courte mais avec un beau volume. Il s’agit d’une grotte perchée dans un lambeau de calcaire avec plusieurs entrées sous forme d’un porche et de puits. La cavité présente également un intérêt archéologique et a fait l’objet de plusieurs campagnes de fouilles. Nous visitons assez longuement et c’est l’occasion pour nous de faire nos premiers prélèvements bio.

Après la visite, nous retournons au restaurant de la station-service pour déjeuner (il est 16 h et le restaurant est presque plein) avec un excellent tajine. Nous quittons le restaurant à 17 h en prenant congé du reste des congressistes dans le car.

Ci dessous le groupe prés de Kef el Baroud

Résumés des conférences des participants français

From cave to speleo-geosite: the endokarst, a natural heritage with multiple values

Prof. Fabien Hoblea

UMR Edytem CNRS-Université Savoie – Mont Blanc

There are countless caves around the world resulting of karstic phenomena (dissolution of limestone and evaporitic rock), although most of them are little-known to most people. Their formation is the result of geochemical and physical processes influenced by the geodynomic and hydrogeological context, often supplemented by biogenic processes (biocorrosion, etc.,). Caves are also habitats for specific fauna and flora. All these attributes mean that caves and their contents can be considered as natural obiects of both geodiversity and biodiversity.

Speleological explorations and multidisciplinary scientific studies have revealed the geo(morpho)logical and biological values of certain caves, paving the way for them to be recognised as « natural monuments ». After recalling and illustrating the wealth of the multiple natural scientific values attributed to caves, we will provide an overview of the methods and processes used to reveal and manage the natural heritage values of the most remarkable caves, from selection / evaluation to enhancement, via preservation and protection. We will conclude by presenting the geoheritage approach to caves, leading to the concept of speleo-geosite.

Ci dessous Kef El Baroud (photo B.L 05-11-2023)

Photogrammétrie en sous-sol

Mr Jean-Philippe Dégletagne

Société privée française : Eleana SASu

Après avoir rapidement reposé les attendus et les principes de la photogrammétrie, nous présenterons des résultats obtenus et discuterons des méthodologies utilisées dans différentes situations souterraines ou apparentées :

* Captation / Restitution d`une surface plane

– « Arthur au repos éternel », Grotte préhistorique de Foissac (Fr)

* Captation / Restitution d’un volume linéaire :

– « La galerie des coupoles de kef Aziza ». Errachidia (Ma)

* Captation / Restitution d’un volume vertical 1

– « Le puits à cannelures », Vergisson (Fr)

* Captations / restitutions de volumes complexes ;

– « Méduse en grotte », gouffre de la Morgne (Fr)

– « J’ai coincé des bulles en 3D tout mon dimanche », grotte préhistorique de de Foissac (Fr)

– « Bosquet de calcite », grotte préhistorique de Foissac (Fr)

Pour chaque situation, nous aborderons :

– le(s) but(s) de la captation,

– les contraintes sur site,

– le workflow de traitement mis en œuvre.

Puis nous critiquerons les résultats obtenus afin d’en tirer des axes de progression.

Pour conclure nous ferons un rapide tour d’horizon des autres méthodes de captation / restitution :

– LIDAR, NeRF, Sketchfab. OculusQuest2, UnReaI.

Chauves-souris et karst : biocorrosion et archives environnementales

Lionel Barriquand * 1,2, Philippe Audra 2,3, Hicham Benani 4,5, Mohamed El Kadiri Boutchich 2, Vasile Heresunu 6, Ayoub Nehill 5,7, Michel Renda 7

1. Université Savoie-Mont-Blanc. EDYTEM. UMR 5204, Bat. « Pôle Montagne », 5 bd. de la mer

Cospienne, 73376 Le Bourget-du-Lac cedex, France

2 Fondation Vallee de Zezgzet, 6.3300 Berkane, Maroc

3 Polytech’Lab EA 7498, Université Côte d’Azur, 930 route des Colles, 06903 Sophia-Antipolis, France

4 Department of Geology, Faculty of Sciences, Mohammed V University, Rabat, Maroc

5 Moroccan Explorers Society, Casablanca, Maroc

6 Centre interdisciplinaire de Nanoscience de Marseille {ClNaM, CNRS – Aix Marseille University-CNRS, Campus de Luminy, case 913, l3288 Marseille cedex 9, France.

7 Département de Géographie, laboratoire dynamique des paysages, risques et patrimoine,

Faculté lettres et sciences humaines. Université Sutton Moulay Slimane, Béni Mellal, Maroc

8 IFREEMIS. 57l chemin du Chalet Vert, l N00 Castelnaudary, France – IFREEMIS, France

La corrosion due aux chiroptères est une nouvelle façon de penser concernant l’évolution des grottes. Depuis quelques années de nombreuses études ont été réalisées en France et quelques cavités sont en cours d’étude au Maroc. Les chauves-souris sont des occupants emblématiques des grottes qui abritent des colonies parfois de tailles gigantesques pendant de très longues périodes. Ces occupations sont à l’origine d`accumulations de guano qui libèrent des substances agressives. Ces dernières agissent directement sur la roche et des concrétions en les altérant. De plus, de par leur température corporelle et leur respiration, les colonies de chauves-souris peuvent entraîner une modification de l’aérologie d’une cavité et ainsi provoquer des phénomènes de condensation-corrosion sur les parois. La conjugaison de ces impacts peut s’avérer considérable et entrainer des changements significatifs sur la morphologie des cavités. Les études les plus récentes menées en France montrent que le guano peut se conserver pendant des dizaines de milliers d’années quand les conditions climatiques sont favorables. Il préserve en son sein de nombreuses archives environnementales qui permettent de mettre en lumière les environnements naturels du karst et les modifications liées à l’anthropisation qui étaient jusqu’alors méconnus.

Nous ferons le point sur les connaissances acquises dans ce domaine ces dernières années à travers des exemples pris au Maroc et en France.

Trajectoires comparées de la patrimonialisation des grottes et du karst dans les Géoparcs du Massif des

Bauges (France) et du M’Goun (Maroc)

Fabien Hobléa * 1,2, Yahia EI Khalki 3,4 Salah Edinne Kottabi 4,5, Ayouis Nehili 3,4

1 EDYTEM – Université Savoie Mont Blanc – France

2 USMB -Laboratoire Edvtem. Université Savoie Mont Blanc -France

3 DPRP – Maroc

4 usms – Maroc

5 DPRP/Edytem – Maroc

Les usages anciens et modernes des grottes ont fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques. Il s`agit ici de les considérer dans une perspective patrimoniale par une approche diachronique comparative de l’histoire et des modalités de l’exploration, de la protection et de la mise en valeur des cavités de deux territoires karstiques : le massif des Bauges (Préalpes du nord françaises) et la région du M’Goun (Haut Atlas central marocain) devenus Géoparcs mondiaux respectivement en 2011 et 2014. Il s’agit notamment d’interroger l’effet du label Géoparc sur les processus de patrimonialisation des grottes et du karst regroupés dans les trois domaines suivants ;

  • les activités d’exploration et de recherche spéléo-karstologiques ;
  • les stratégies et actions de protection ;
  • les plans et actions de valorisation, notamment éducative et touristique.

KAPKO 2023

Rapport préliminaire de l’expédition

Communiqué de Olivier Luschevici

Ce projet d’expédition au Laos a été élaboré par un regroupement de clubs spéléo de toute la France :

  • Le Spéléo Club de Paris (SCP – Club Alpin Paris)
  • La section spéléo du Club Alpin Marseille Provence (CAF MP)
  • Le club Spéléo Canyon du Pays d’Aubagne (SCPA – ESCANDAOU)
  • Le Spéléo Club d’Aubenas (SCA)
  • Le Gruissan Prospection Spéléologie (GPS)
  • L’Association des Barbastelles dʼIssy-les-Moulineaux pour lʼExploration Spéléologique (ABIMES)
  • Le Spéléo Club Saint Marcellois (SCSM)

KAPKO 2023 s’inscrit dans la continuité des expéditions spéléo déjà réalisées dans la région de Vang Vieng depuis 1998. La ville de Vang Vieng est située à cent kilomètres au nord de la capitale, Vientiane, au bord de la rivière Nam Song, sous affluent du Mékong. Celle-ci représente un des principaux lieux touristiques du Laos, entourée de massifs calcaires.

L’équipe

  • Magali ARCANGELI (SCPA)
  • Rose-Marie ARNAUD (CAF MP)
  • Sabrina BERLENDIS (SCPA)
  • Jean-Marie BRIFFON (GPS)
  • John CARTER (SCPA)
  • Fabien COUTURIER (ABIMES)
  • Bruno DELPRAT (SCP)
  • Christophe DUVAL (SCPA)
  • Claude-Pascale DUVAL (SCPA)
  • Claire FALGAYRAC (GPS)
  • Ivan GRENETIER (SCP)
  • Marion HAYE (SCA)
  • Olivier HELENE (SCPA)
  • Jérôme JOURET (SCA)
  • Christophe LONGIN (SCA)
  • Joris LOYE (SCSM)
  • Olivier LUSCHEVICI (CAF MP)
  • Louis RENOUARD (SCP)
  • Alexandra ROLLAND (SCPA)
  • Vassilissa VINOGRADOFF (SCPA)
  • Alexandre ZAPPELLI (SCPA)

Nos principaux efforts se sont tournés vers le réseau de Tham Houey Yé / Tham Pha Leusi : vaste complexe de plus de 12 km de développement. Nous avons systématiquement descendu les puits demeurés inexplorés les années précédentes faute de matériel et nous avons réalisé les escalades entrevues les mêmes années.

Nous avons longuement prospecté le poljé situé au milieu des formations calcaires surplombant le Nord de l’agglomération de Vang Vieng et nous sommes retournés dans toutes les cavités déjà connues de ce poljé. Nous sommes également allés bivouaquer dans le poljé supérieur, accessible uniquement à pied depuis le poljé inférieur précédemment cité : là encore, nos efforts n’ont donné que de maigres résultats en terme de découvertes.

Enfin, nous avons réalisé des observations sur la faune et sur les différentes traces de fréquentation animales des cavités.

Principales cavités explorées :

Résurgence de Tham Nam Yen

Réseau de Tham Houey Yé / Tham Pha Leusi Perte de la Nam Ka

Système de la Nam Sang Tham Gnaï

Tham Nam Them Pha Boua Sud Tham Pha Bong Est

Principaux résultats :

Spéléologie :

Tham Houey Yé :

200 m de première topographiée dans le réseau ouest

400 m de première explorée non topographiée dans le réseau ouest à proximité de l’entrée

Tham Nam Ka :

150 m de galeries topographiées

Perte de la Nam Sang Taï :

300 m de première explorée non topographiée

Tham Gnaï IV :

100 m de première topographiée

Biologie :

Observation des tubes d’argile de Tham Pha Bong Est qui sont incontestablement des constructions d’origine animale. Des échantillons de ces tubes ont été prélevés et nous sommes dans l’attente des résultats des analyses.

Observation des chiroptères dans la grotte tunnel de Tham Nam Thèm.

Karstologie :

Observations sur la spéléogénèse du réseau de Tham Houey Yé / Tham Pha Leusi.

Mesures de conductivité électrique et premières interprétations de circulation des eaux souterraines dans le système de la Nam Sang.

Préparation de l’expédition et relations officielles avec les autorités laotiennes :

Lors de la préparation de notre expédition, nous avons pris contact avec l’ambassade du Laos à Paris et nous avons rencontré un de ses membres le 7 février 2023 qui nous a mis en contact avec le Ministère de l’Information, de la Culture et du Tourisme (MICT).

Parallèlement, nous avons contacté une agence de tourisme, Green Discovery Laos, afin qu’elle nous assiste pour obtenir les autorisations officielles pour notre expédition.

À la fin de notre expédition, lors de leur retour vers la France, plusieurs membres de KAPKO 2023 ont rencontré des membres du MICT afin de leur présenter nos résultats. Ainsi, il ressort de cet entretien que le Ministère souhaite promouvoir une montée en gamme qualitative du tourisme dans la région de Vang Vieng. Ainsi, il nous a fait part de sa volonté de préserver les grottes et d’améliorer les conditions de leur exploitation à des fins touristiques. La possibilité d’une collaboration plus formelle avec les spéléos français a été évoquée afin d’aider le Laos à progresser dans la pratique de la spéléo ainsi que dans l’organisation de visites à vocation touristique.

Les perspectives :

Beaucoup de travail d’exploration et de topographie reste à faire dans le réseau de Tham Houey Yé / Tham Pha Leusi. D’autres cavités telles que la perte de la Nam Sang et les grottes du Sud du Pha Boua mériteraient également la poursuite des travaux d’exploration. Toutefois, nous envisageons également d’organiser une prochaine expédition sur des territoires plus au Nord que la région située à proximité immédiate de Vang Vieng.

EXPEDITION SPELEOLOGIQUE INTERNATIONALE

SURAT THANI

Janvier 2020

The 2020 interntional team, from left to right, standing: Irina Ermakova (Russia), Helmut Steiner (Germany), Michael Laumanns (co-ordinator, Germany), Xinnan Zhao (China); kneeling: Thierry Masson (France), Bertrand Valentin (France), Ting Wang (China) (photo: Thierry Masson).

Traduction/révision

Bertrand Valentin

valentinb73@live.fr

Auteurs : (crédit photos Thierry Masson)

Helmut Steiner & Michael Laumanns

helmut.steiner@hoehlenkataster-hessen.de

laumi59@gmx.com

Abstract

The karst of Surat Thani province in southern Thailand was targeted

by a team of French, Russian, Chinese and German speleologists

in January 2020. A considerable number of isolated karst massifs,

located outside of the regional national parks, were visited. Twentynine

caves with a total of about 9 km of passages were surveyed,

including the new longest cave of Surat Thani province (Tham Plup

Pla Ta Yom, over 2.1 km long), as well as Tham Sila Tiab (1,825

m) and Tham Nhong-Lai (1,032 m). Many caves serve as Buddhist

temples. Biospeleological observations completed the research work.


Résumé
Le karst de la province de Surat Thani, dans le sud de la Thaïlande, a été l’objectif d’une équipe de spéléologues Français, Russes, Chinois et Allemands en janvier 2020.

Un nombre considérable de massifs karstiques isolés, situés en dehors des parcs nationaux de la région ont été visités.

Vingt-neuf grottes avec un total d’environ 9 km de passages ont été topographiées, dont la nouvelle plus longue grotte de la province de Surat Thani, Tham Plup Pla Ta Yom, de plus de 2,1 km de long, ainsi que Tham Sila Tiab (1 825m) et Tham Nhong-Lai (1 032 m).

De nombreuses grottes de la région servent de temples bouddhistes.

Des observations bio spéléologiques ont complétés les travaux de recherche.


Introduction
Contrairement au nord de la Thaïlande où sont situées les plus longues grottes connues du pays, par exemple Tham Phra Wang Daeng avec 13,8 km de longueur ou  Tham Mae Lana de 12,7 km de long (Ellis & Laumanns 2016) et en l’état actuel, les résultats des recherches concernant les grottes du sud de la Thaïlande sont  plutôt modestes.

Le karst qui y est présent – prédominant dans les calcaires du Permien inférieur et moyen – souvent à partir de montagnes calcaires isolées et les cavités présentes semblent plutôt peu attrayantes pour les chasseurs de records…
Seuls les deux parcs nationaux de la province de Surat Thani (Tai Rom Yen et Khao Sok) ont de grands massifs calcaires continus, (ne sont toutefois accessibles qu’avec une autorisation officielle)
et nécessitent des recherches  sur un terrain totalement dépourvu de sentiers. Ils sont donc relativement peu étudiés.
Les grottes du sud de la Thaïlande ont jusqu’à présent été principalement définies par une série
d’importantes grottes sous-marines – en particulier par Tham Sra Kaeo (240 m de profondeur) près de Krabi
Près du village de Ban Sa Wan, dans la province de Surat Thani deux résurgences  distantes de 1,5 km auraient été connectées en plongée.  La documentation est manquante (Ellis& Laumanns 2016)

Sur recommandation du spéléologue britannique vivant en Thaïlande Martin Ellis, qui a créé le site web :  www.thailandcaves.shepton.org.uk ainsi que l’inventaire des grottes Thaïlandaises,
notre équipe à donc visitée la province de Surat Thani en janvier 2020, afin d’une part d’en évaluer le potentiel spéléologique pour envisager la poursuite des recherches d’ exploration dans cette région et d’autre part vérifier et au besoin compléter  les informations déjà existantes sur certaines cavités et notamment en faire un relevé topographique correct.


Précédentes expéditions dans la province de Surat Thani :
La recherche spéléologique à Surat Thani a commencé en 1987 avec une expédition de l’Association Pyrénéenne de Spéléologie (APS). L’expédition était dirigée par Louis Deharveng, biospéléogue .

 En conséquence, les résultats portent essentiellement sur la faune souterraine et se trouvent dans l’excellent rapport d’expédition de l’APS.

Un certain nombre de grottes facilement accessibles, également dans le parc national de Khao Sok,  sanctuaire des grottes de Tham Yai et Tham Khuha, ont été topographiées (Rigal & Delnatte 1987, Deharveng 1988).
Le Club français Société Spéléologique Ariège – Pays d’Olmes a exploré les grottes du parc national de Khao Sok au cours d’une expédition en 1997, où plusieurs petites grottes ont été documentées
( Jarlan & Mouret 1997 ).

Le groupe a poursuivi ses travaux dans le parc national en 1998 (Jarlan & Caron-Jarlan 2000).
Les spéléologues britanniques ont également contribué à la connaissance des grottes à Surat Thani.

Le Bristol Exploration Club a dirigé en 1998  la seule expédition à ce jour dans le parc national de Tai Rom Yen et a publié un rapport qui, bien qu’il contienne des topographies ne donne aucune spécification de longueur (parfois plusieurs centaines de mètres) sur les cavités. (Harper 1998).

D’ autres visites de grottes avec une série de publications descriptives ont été réalisées par divers clubs britanniques plus récemment (par exemple le Shapton Mallet Caving Club avec visite de Tham Sila Tiab).

Il faut noter le grand travail en solo du spéléologue Américain Page Ashwell de 2012 et 2015, qui a fourni un certain nombre d’indications très précieuses pour l’expédition internationale de 2020.

Grottes explorées en 2020 :

Les grottes les plus importantes de Surat Thani sont d’origine phréatique et se développent souvent dans la zone de fluctuation des eaux karstiques – pendant l’été (saison des pluies) les grottes sont en partie ou complètement remplies d’eau et s’assèchent en hiver, de sorte que les galeries (en partie très boueuses) deviennent praticables.

D’autres grottes, généralement plus courtes et richement décorées, sont fossiles et souvent converties en temple bouddhiste.

Ces dernières possèdent souvent de grandes salles avec des ouvertures à la lumière du jour en plafond.

Prévue comme une expédition de reconnaissance, l’expédition 2020 s’est rapidement transformée en expé « topographique extrême » dans quelques cavités excessivement boueuses…

Tham Plup Pla Ta Yom :

Déjà la première grotte sur notre liste (Tham Plup Pla Ta Yom) était beaucoup plus longue que précédemment décrite…Après deux visites, plus de 2,1 km de galeries étaient inscrites dans notre carnet topographique et cette cavité devient  la plus longue de la province.

Une partie de cette grotte est facilement accessible en canot pendant la saison des pluies. Mais pendant la saison sèche, le niveau de l’eau baisse et tous les passages se transforment en de méchants bains de boue parfois jusqu’à la taille rendant la progression très difficile.

Tout le matériel devait être nettoyé complètement le soir.

Nous avons pu noter plusieurs prolongements avec la présence d’un courant d’air laissant présager d’autres entrées. Dépasser la longueur des trois kilomètres semble probable.

Cependant nous n’avons pas eu la motivation nécessaire pour effectuer d’autres explorations et topographies par la suite…

 Tham Nhong-Lai :

 Tham Nhong-Lai  est une grotte bien connue des locaux et semi-touristique (en accès libre).

 La cavité se compose d’une salle d’entrée avec une belle statue du Bouddha.

Un passage en pente raide avec un ressaut vertical étroit mène à une salle plus élevée avec un puits de lumière du jour.

La grotte a servie comme « mine » pour en extraire le guano de chauves-souris.

Le couloir principal menant au NE possède une deuxième entrée avec une échelle menant à une salle en hauteur et un prolongement de ramifications en partie assez boueux.

La longueur totale de la grotte est de 1 032 m (sans autre suite évidente).

Tham Sila Tiab :
En revanche, Tham Sila Tiab (actuellement 1 825 m de long) nécessiterais au moins
une autre série d’explorations. La grotte se trouve sur les lieux d’un monastère bouddhiste et possède également une statue du Bouddha en zone d’entrée.

De là, un couloir, qui a été minutieusement abaissé par la communauté du temple, mène à une grande salle (70 x 45 m et jusqu’à 50 m de haut) avec un puits de lumière au plafond qui ponctu la fin de la partie touristique.

De cette salle des passages en partie labyrinthiques, assez bas et boueux, mènent à plusieurs entrées en direction de l’ouest.

La partie la plus septentrionale de la grotte n’a été qu’ esquissée par manque de temps et continue… A titre d’anecdote

il convient de mentionner que le dernier jour de l’expédition les moines du monastère nous attendaient  à l’entrée de la grotte en nous précisant que « pour l’instant, on devait attendre des gens du gouvernement local »…

 Le chef de la police du district s’est présenté avec un certain nombre d’employés qui ont vérifiés nos données personnelles et s’est enquis du but de la visite.

Après avoir détaillé nos objectifs, fait la présentation de notre matériel et donné l’accord sur une heure de retour, nous avons pu entrer dans la cavité.  L’intention des autorités n’était pas nous refuser l’accès à la grotte, mais étaient simplement préoccupés pour notre sécurité. L’accident de la grotte de  Tham Luang (nord de la Thaïlande)  avec une équipe de jeunes footballeurs est toujours très présent dans les esprits !
Nous avons explorés également La grotte de Tham Pla (825 m), une belle rivière souterraine qui traverse un piton calcaire.

Plusieurs grottes, déjà explorées par les précédentes expéditions, ont été à nouveau revisitées, notamment les importantes « grottes temples »  Tham Yai et Tham Khuha.

Une grande surprise a été la visite de la grotte du temple Tham Sing Khon, longue de 401 m.

Les résidents locaux nous ont conduits à l’entrée de deux autres grandes grottes situées dans la montagne du même nom,

Sing Khon (rivière araignée) (440 m de long) et Tham Thung Yai

(150 m). Nous avons pu constater et apercevoir  plusieurs puits dans cette montagne qui restent  inexplorés